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YENNAYER AVEC TAFSUT - 2010 - 2960
26/01/2010 23:02
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TAFSUT AUX FOLKLORIES DE MONTRÉAL
26/01/2010 22:55
C'est le 23 juin que le festival "Folklories de Montréal" a eu lieu dans la salle de l'Église Notre-dame-de-Grace "spécial Jour de l'an".
Après l'ouverture officielle, le groupe chinois s'en est suivi avec de très belle danses relatives à la célébration du jour de l'an Chinois.
Après un long résumé de présentation et d'explication de Yennayer par l'animateur de la soirée, c'est au tour de Tafsut, de faire quelques danses de réjouissances.
Plusieurs groupes ont pris part à cette célébration et chacun a fait connaitre à l'assistance la célébration du jour de l'an :Russes, Bulgares, etc....
Tanemirt aux filles de Tafsut qui ont réussi cette épreuve professionnelle.
Tanmirt à Tonny venu de la Vancouver et son ami d'Ottawa, de s'être déplacé de si loin. Tanemirt à Noureddine et à M. Assous pour leur disponibilité.
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IDIR CHANTERA AVEC AZNAVOUR ET CABREL SUR SON NOUVEL ALBUM
26/01/2010 22:45
Exclusif“Chanter en Algérie, oui mais en toute liberté !”
Dans cet entretien exclusif accordé à la Dépêche de Kabylie, le chanteur Idir parle de son nouvel album auquel il associe Charles Aznavour et Francis Cabrel et qui est attendu pour cette année, de la tournée qu’il aimerait faire en Algérie, de la Kabylie, du débat portant sur l’identité en vogue en France, et plein d’autres sujets. Notre reporter l’avait accroché lors de la récente cérémonie offerte par la mairie de Paris à l’occasion du Nouvel an berbère.
Entretien réalisé à Paris par Djaffar Chilab
La Dépêche de Kabylie : Vous avez toujours été de ces rencontres instaurées par la mairie de Paris en partenariat avec BRTV. Qu’est-ce que cela vous procure ?
C’est important, car la mairie de Paris est un lieu symbolique, un endroit important de l’institution républicaine et en plus, c’est une capitale désignée comme la plus belle ville du monde. Et puis en nous invitant ici, ils tiennent compte de notre existence en tant que Berbères. Et à travers Yennayer, ils reconnaissent notre particularité, nos us, ce qui fait de cette rencontre un événement empreint d’une grande symbolique. Car il y a déjà ce côté officiel venant d’une institution qu’est la mairie de Paris, mais aussi ce côté émotionnel né de ce partage avec l’autre. Maintenant, à nous de leur montrer qu’être berbère n’est pas une fin en soi, dans la vie mais d’essayer de faire en sorte que l’identité berbère peut s’inscrire avec d’autres identités.
En parlant d’identité, quel commentaire faites-vous sur le débat instauré ici en France, sur ce sujet, objet de réactions controversées ?
Qu’ils en parlent, cela pourrait être utile mais pas indispensable. Ce que je relève personnellement, c’est un débat qui a lieu à une période très opportuniste. Même avec la meilleure bonne volonté qui soit, on ne peut pas ne pas penser à des échéances électoralistes. Dans une autre période, il n’y aurait eu aucune réserve. Pour moi, c’est un débat inutile dans la mesure où on ne peut pas définir une identité sachant que celle-là évolue sans cesse. L’instant est vite dépassé par celui qui vient après. Et ce n’est pas évident que les enfants héritent de l’identité de leurs ascendants.
Il serait impossible d’unir une identité française avec 65 millions de personnes, qui viennent chacune de son côté. Chirac, Zidane, Noah et je ne sais qui encore, à eux seuls, ne forment pas un peuple, chacun a son origine qui lui est propre. Mais une nation oui. Et au sein de cette nation, tout le monde peut se reconnaître à travers les principes républicains de citoyenneté et de laïcité. C’est mon raisonnement, mais je ne peux considérer que sur ce même sol français, qu’un Breton ou quelqu’un qui s’abreuve de cassoulet à Toulouse ou encore un Marseillais, qui se tape de la bouille-à-baisse, dans son coin, ont la même identité. Ce ne sont pas des références d’une identité qu’on voudrait unifier. Car quand on parle d’une identité unique, il y a une assimilation à faire pour uniformiser les gens. Or, on n’en est pas encore là. Et seul le temps pourrait amener les choses dans ce contexte.
Non loin de ce sujet, dans la diversité ambiante, bien des figures kabyles ou elles le sont par origine ont réussi à émerger du lot. Ceci vous procure-t-il satisfaction ?
D’abord, il faut préciser que ce ne sont pas les Kabyles, dans leur ensemble qui ont émergé. Mais il s’agit de personnes qui ont réussi une certaine ascension. Maintenant, si ces personnes venaient à dire chacune : “Je profite de ma position pour œuvrer pour tamazight”, là oui, je peux être d’accord mais si cette personne se contentait d’entretenir son propre succès, là, je dirais que cela ne fera pas avancer notre cause, car il ne faut pas perdre de vue que c’est malgré elle ou lui qu’il est né kabyle. Il aurait pu naître chinois.
Mais dans tous les cas, ces réussites restent des repères pour le peuple kabyle...
C’est logique, et je dirais même heureusement d’ailleurs, mais il ne faut pas que l’on reste là.
Et si on en venait maintenant aux nouvelles d’Idir ?
Je suis en plein chantier de mon nouvel album.
Parlons-en de cette production…
Je suis en plein dedans.
Comptez-vous associer de grands noms de la chanson française ? Vous confirmez ?
Tout à fait, il y en aura un ou deux.
Est-ce vrai que Charles Aznavour en fait partie ?
Normalement oui. On s’est déjà vus, on a pris des cafés ensemble, pour la petite histoire, c’est même lui qui a payé (rire !). Il m’a proposé de m’en faire un texte. Alors, je lui ai dit : “L’idéal serait que tu le chantes aussi.” Maintenant, tout dépendra du fait s’il parviend à assimiler la mélodie qu’on mettra dessus. On verra le moment venu.
Et l’autre ?
C’est Francis Cabrel.
Il composera également son texte ?
Non. Lui, il souhaite que ce soit à nous de lui composer tout, le texte et la mélodie. Donc, c’est pour cela que je dois justement voir ces jours-ci un poète qu’on appelle ici le “Grand corps malade”, pour parler de tout ça, et préparer quelque chose à Francis.
Vous y avez sans doute déjà pensé. Mais qu’est-ce qui pourrait réunir Idir et Aznavour ou Cabrel dans une chanson ?
Pour Aznavour, on a convenu qu’il fasse un texte en français sur le temps qui passe. Pour Francis, je serais fixé d’ici le 19 de ce mois. C’est à cette date que j’ai rendez-vous avec le poète dont je parlais tout à l’heure. Mais mon souhait en faite, c’est de replonger dans ce nouvel album de manière générale dans les chants anciens du terroir.
Où en êtes-vous, dans la préparation du reste de l’album ?
J’en ai déjà des titres, quelques musiques pour ne pas dire des chansons prêtes. Mais tant que ce n’est pas finalisé, le travail est soumis à de perpétuels perfectionnements.
Du slow ? Du rythmé ?
Pas nécessairement. Chaque texte a sa meilleure convenance en notes musicales, on essayera de s’en approcher le plus possible pour avoir de belles chansons. Maintenant, pour le rythmé, je pense qu’il y a bien des gens, qui le font beaucoup mieux que moi. Cela dit, j’essaye d’en faire aussi. Il y a bien eu Zwit Rwit, qui n’est pas la meilleure chanson à écouter en attendant le sommeil sur un lit. Il y a eu aussi Urar, Azwaw…
Combien de titres cet album contient-il?
Très probablement entre douze et quatorze chansons en kabyle bien sûr, en dehors de ce que vont chanter Aznavour et Cabrel.
Les sujets ? C’est une suite naturelle de ce qu’a toujours été Idir ?
Exactement. Je continuerais à être témoin de mon temps. Cela me tient à cœur de faire revivre ce côté traditionnel qu’on a quelque peu délaissé. Et dans ce contexte l’album Chasseurs de lumières constitue une référence à éveiller. Voilà ! Au jour d’aujourd’hui, ceci avance bien, nous en sommes à mettre au point les maquettes avant d’entamer prochainement l’enregistrement. Probablement, dès février.
Peut-on retrouver cet album bientôt dans les bacs ?
Dans tous les cas, sa sortie est prévue pour bien avant la fin de l’année.
Idir et la Kabylie ?
C’est mon plus bel amour.
Vous y allez ?
Oui. De temps à autre, pour deux, trois jours. J’en profite pour saluer tout le monde là-bas.
On ne peut pas finir cet entretien sans évoquer vos autres projets. A quand cette tournée en Algérie que vous avez déjà évoquée, par le passé. Est-elle sérieusement envisagée ?
Moi, quand je m’avance sur une chose, je suis toujours sérieux. J’en ai répondu à plusieurs organisateurs, qui m’ont sollicité mais sans suite.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ces interlocuteurs ?
Ils sont plusieurs.
Et si c’est le ministère, une institution de l’Etat, qui viendrait vous solliciter. Vous répondrez avec la même disponibilité ?
A la limite, je voudrais m’y rendre pour chanter en toute liberté à qui voudrait bien m’écouter. Je ne suis avec aucun parti, ni au pouvoir ni dans l’opposition.
Je suis un artiste libre, qui dit ce qu’il pense, sans que personne vienne me signifier : “Ne dis pas cela parce que ça nuirait à notre parti qui prendrait en charge votre tournée.”
Mais sinon que l’invitation me parvienne de telle ou telle institution, ça ne fera pas de moi un complexé, je suis Algérien de nationalité avant tout. Même si je ne suis pas d’accord avec certains objectifs du pouvoir, je les combats, et ça ne fait pas de moi un Algérien moins que les autres.
Je ne veux pas aller sous l’égide d’un ministère ou d’un pouvoir officiel quelconque, si je dois remettre en question mes principes selon lesquels je combats, mais si je pouvais aller en toute liberté pourquoi pas. Si j’ai bien répondu aux ministères canadien, américain et j’en passe alors, il serait illogique de ma part de ne pas répondre à un ministère de mon pays. Mais au risque de me répéter, il faudrait que cela se fasse en toute liberté. J’ai déjà eu à recevoir une invitation me proposant de chanter dans le cadre de l’Algérie, capitale de la culture arabe, mais...
Tout le monde sait que vous n’y êtes pas allé. Mais comment avez-vous pris la chose ?
Eh bien, je me suis posé une seule question en fait pour trouver ma réponse.
Quelle est cette question ?
Je me suis interrogé sur ma propre définition dans un festival qui s’intitule “Alger, capitale de la culture arabe” ?
Je suis Algérien, je le sais, j’ai une double culture berbère et arabophone, je le sais aussi. Mais ça s’arrête là. Donc, il m’était illogique de cautionner plus. Mais je précise que si une telle manifestation avait eu lieu à Dubaï par exemple, et qu’on m’avait invité en tant qu’artiste, j’aurais pu partir avec bonheur. Je ne suis pas contre la culture arabe, elle est belle, je dirais même magnifique. Mais essayer de me projeter dans un truc qui ne me rend plus moi-même, en agissant sur l’opération, je dis non.
D. C.
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conférence "Les Attributs
26/01/2010 22:40
La spécificité de la langue Kabyle
Ferhat Mehenni
La linguistique n’est pas ma spécialité. Toutefois, pour les nécessités de mon combat, j’ai eu à en fréquenter quelques arcanes, depuis les années soixante-dix. Comme chez la plupart des militants kabyles dits « berbéristes » ayant cheminé le long du fleuve amazigh, mes connaissances, approximatives ou approfondies dans ce domaine, m’avaient apprêté davantage à défendre le postulat de l’unité de la langue amazighe qu’à le remettre en cause. Le conflit vertical qui nous opposait au pouvoir algérien empêchait un débat horizontal, entre nous, sur ce sujet. Aujourd’hui que le combat pour l’autonomie de la Kabylie nous a ouvert les yeux sur une tout autre réalité, nous avons pour devoir de lever tous les obstacles idéologiques qui se dressent encore sur le chemin de la liberté du peuple kabyle, à commencer par ces idées sur la langue, reçues en héritage de nos aînés et dont n’ont pu s’affranchir nos devanciers sur la scène politique.
Pour avoir été un militant berbériste depuis ma tendre jeunesse, j’ai, moi aussi, ma part de responsabilité dans cette confusion des genres par laquelle nous avons tous entretenu notre propre auto-dévalorisation en tant que peuple. Que nul ne se sente visé par ces propos, c’est, avant tout, mon autocritique que je formule. Mais, « que celui qui n’a jamais péché lance la première pierre ! »
Depuis environ 60 ans, les élites kabyles sont prisonnières d’une erreur d’appréciation sur notre langue, ayant nourri dans nos propres consciences un double déni :
1) Ayant cru en l’unité de la langue amazighe, nous avons soustrait au kabyle le droit à un statut de langue à part entière. Le kabyle a été, ainsi, rabaissé au rang de dialecte, de « patois », c’est-à-dire, de sous-langue.
2) Puisqu’il n’y a qu‘une seule langue, la langue amazighe, il n’y aurait donc qu’un seul peuple et une seule nation amazighe. Ceci est d’autant plus insidieux que le bon sens admet volontiers que là où il y a patois, nécessairement, il n’y a pas de peuple. La logique équationnelle établit tacitement que langue=peuple, dialecte=ethnie. La conséquence de ce raisonnement sous forme de jeu de quilles, en a été le ravalement du peuple kabyle au rang de simple « ethnie » berbère.
Quand bien même l’existence d’une langue commune n’entrainerait pas automatiquement celle d’un seul et même peuple, nous avons longtemps cru que le destin des Amazighs était un et indissociable. Nous avons même ignoré le fait que les Arabes, avec une seule et même langue, forment plusieurs peuples, nations et plusieurs États sans que cela ne les chagrine outre mesure. Chez les Amazighs, tout en étant identitairement et linguistiquement fort distincts, ils sont nombreux à s’entêter à nous projeter comme un seul peuple avec une seule langue. Il est des phantasmes à la peau dure !
Maintenant que nous savons que même une langue « amazighe » commune n’invalide pas l’existence d’un peuple kabyle parmi les Amazighs, voyons en quoi consiste la spécificité de sa langue.
Le kabyle est une langue
Il est pour le moins choquant de se retrouver devant des interlocuteurs auxquels vous devriez faire la preuve ou la démonstration de votre existence. Pour survivre, leurs catégories idéologiques et politiques sont tenues de vous tuer. Ces promoteurs ne réalisent pas que leurs idées sont révolues, qu’elles incarnent un passé inapte à garantir l’avenir et que leurs catégories jouent à des prolongations qu’elles n’ont pas méritées. Alors, tordons-leur le cou.
1) En linguistique, la parenté n’est pas l’identité
La parenté du kabyle avec les autres « idiomes » amazighs n’est plus à démontrer. Mais la parenté n’est pas l’identité. Tout comme chez les humains, les frères et sœurs linguistiques sont des individus, chacun avec sa propre identité. Autrement, nous serions dans le cas des enfants siamois dont l’un doit survivre au détriment de l’autre. Dire que le touareg est la même chose que le chleuh, que celui-ci est la même langue que le mozabite ou le kabyle est un grossier mensonge qui ne résiste même pas à la pratique quotidienne. Il y a deux ou trois ans, j’ai vu une émission sur Berbère-TV dans laquelle une journaliste kabyle est allée au Gourara interviewer des artisans bijoutiers. Notre kabyle posait des questions que les Gourari ne comprenaient pas, mais qui, devant le micro tendu, se sentaient en devoir de répondre… nécessairement à côté. La journaliste qui ne comprenait pas les réponses avait une série de questions qu’elle continuait de poser sans se soucier de ce que ses interlocuteurs disaient. Un beau dialogue de sourds pourtant tout empreint de bonne volonté de part et d’autre. Ce qui nous amène à notre deuxième thèse.
2) La langue amazighe n’existe pas, il existe une famille de langues amazighes.
Il était admis que tamazight est une langue qui regroupe tous les parlers qui lui sont apparentés dont le kabyle. Si tel était le cas, a) nous ne serions pas devant des situations aussi absurdes que celle que je viens de décrire b) où est-elle ? Sommes-nous devant le cas du latin ou celui du vieux grec qui sont encore enseignés dans les écoles en tant que langues mortes ? Non ! Nous sommes plutôt devant le cas des langues germaniques ou celui des langues slaves. Elles se ressemblent entre elles sans qu’il y ait de langue étalon comme dans le cas des langues latines. Ainsi, quand on connait le danois, l’allemand, l’anglais ou le néerlandais, on est frappé par leurs saisissantes ressemblances, mais nulle ne se confond avec l’autre, avec sa sœur. Si, un jour, une langue amazighe unique a dû exister, nous n’en avons pas encore la preuve. Pour le moment, nous assistons à l’absence d’intercompréhension linguistique naturelle entre le mozabite et le touareg, le kabyle et le chleuh… Mais peut-on en créer une qui soit une langue standard entre Amazighs ?
3) Une langue artificielle est possible en tant que mort-née
Croire que la solution est dans la création volontariste d’une langue commune aux Berbères est une autre absurdité. Bien sûr que matériellement cela est possible, mais elle serait la langue de qui ? Dans « Algérie : la question kabyle », j’avais déjà évoqué l’impasse dans laquelle nous nous mettrions en essayant de créer une langue commune sur la base de celles qui existent. Dix langues berbères auront à donner chacune 10 % pour la bâtir. Au bout du compte, nous aurions comme résultat une langue étrangère à 90 % pour chacun de nous. Dans le même registre, nous pouvons méditer sur l’infortune de l’espéranto qui, au lieu de devenir la langue internationale pour toute l’humanité, arrive à peine, quarante ans après sa création, à n’avoir que quelques milliers de pratiquants. Par ailleurs, pourquoi faut-il créer une langue commune lorsque la nature et l’Histoire nous ont si bien dotés de langues aussi belles que les nôtres ? Qui a le courage de tuer sa langue pour une autre qu’il ne connait même pas ? En ce qui me concerne, ma langue, le kabyle est si vital pour moi que je n’accepterais pour rien au monde de la changer contre une autre. Pourquoi ?
4) Le kabyle est une langue et non une « variante » du berbère
Le kabyle est la langue du peuple kabyle au même titre que le touareg est celle du peuple touareg ; le néerlandais celle du peuple flamand. Le réduire à une simple « variante » de la langue berbère est une insulte envers nous-mêmes et envers l’humanité. C’est un racisme linguistique. Utiliser la notion de « variante » d’une langue, pour en caractériser une autre, est juste une manière d’éviter de blesser ses interlocuteurs. On use diplomatiquement du mot « variante » là ou les vocables « patois », « dialecte » et autres « sabirs » susciteraient de vives réactions d’indignation et de révolte. Mais, pour revenir au kabyle, que ses détracteurs dévalorisent à souhait, connaissez-vous un patois de dix millions de locuteurs ? Un non-sens !
Sans vouloir faire violence à la linguistique que certes je ne maîtrise pas autant qu’un linguiste, ma fréquentation du monde amazigh m’a montré que le kabyle ne se confond avec aucune autre langue amazighe. En dehors de quelques mots qui sont communs dans toute famille de langues, la langue kabyle a une morphologie, une grammaire et une lexicologie distinctes de ses sœurs. La Kabylie lui a donné son cachet et le peuple kabyle son âme, à nulle autre pareille.
Conclusion
Pour aller de l’avant vers son destin de liberté, le peuple kabyle a besoin de réhabiliter sa langue et son identité. Il ne s’agit pas pour nous de l’éloigner des autres amazighs, mais de cesser de le confondre avec eux, par respect pour chacun d’entre eux et pour lui-même. Mon intervention vise à larguer les amarres de mon peuple en nous souhaitant bon vent ! Le laisser là où il est, c’est le condamner à une mort certaine.
Pour que le peuple kabyle accède enfin à une nouvelle vie officielle, le détour par la linguistique pour en briser les obstacles était pour moi une nécessité.
Communication donnée aux « Jeudis de la langue »
Montréal le, jeudi 14 janvier 2010
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CONFÉRENCE À L'UQAM DE M. MÉHENNI
26/01/2010 22:26
Construction d’un État kabyle
19 janvier 2010
Les étapes nécessaires.
Avant de parler des étapes de la construction d’un État, parlons d’abord de l’État lui-même. Qu’est-ce que c’est ? Sommairement, l’État est un ensemble d’institutions coiffées par un gouvernement disposant de la puissance publique. Celle-ci est incarnée par une armée et une administration. Il poursuit des objectifs différents selon sa nature. Protéger un peuple ou un pouvoir.
Les étapes nécessaires.
Avant de parler des étapes de la construction d’un État, parlons d’abord de l’État lui-même. Qu’est-ce que c’est ? Sommairement, l’État est un ensemble d’institutions coiffées par un gouvernement disposant de la puissance publique. Celle-ci est incarnée par une armée et une administration. Il poursuit des objectifs différents selon sa nature. Protéger un peuple ou un pouvoir. Il ya des États qui asservissent les peuples et ceux qui les libèrent et les épanouissent. Les États de l’antiquité et du Moyen âge étaient ceux de l’esclavage et de l’asservissement. Les États coloniaux dont nous avons hérité prolongent toujours des pratiques aux antipodes de la démocratie et des droits humains.
Pour un peuple, la mise sur pied d’un État répond à une nécessité vitale : être maître de son propre destin, s’autogouverner et cesser d’être malmené par un État qui lui est hostile et étranger. L’État est au peuple ce que la maison est à la famille. C’est un espace de vie organisé, mettant ses membres à l’abri des éléments et des prédateurs, un havre dédié au confort et l’intimité. Un peuple sans État est de nos jours, un peuple orphelin, un peuple colonisé. C’est le cas des Kabyles.
Le peuple kabyle est encore un peuple colonisé.
Après la colonisation française, le peuple kabyle croyait enfin pouvoir accéder à son propre État. Il s’était gravement trompé en ayant pris l’État algérien pour le sien. Celui-ci s’est avéré être son pire ennemi. À travers le soulèvement armé derrière le FFS (29 septembre 1963 au 14 mars 1964), la Kabylie avait perdu son ultime bataille pour le contrôle de l’État algérien. Les tentatives du néo FFS et de son clone RCD pour le récupérer apparaissent de ce fait bien dérisoires, voire puériles au regard de cette impossible entreprise. En tant que partis « kabyles », ces deux formations ne sont en fait que des Don Quichotte des temps modernes !
En tant qu’Algériens, les Kabyles n’ont même pas la reconnaissance officielle en tant que « minorité nationale ». Le peuple kabyle est nié dans son existence et vit sous la menace de sa disparition à travers la politique de dépersonnalisation à laquelle le soumet l’État algérien par le biais de l’école, de l’administration et des médias. N’ayant pas d’État qui lui soit propre, la Kabylie est colonisée par un autre. L’État algérien n’est pas celui de la Kabylie, mais son fossoyeur, son assassin déclaré. C’est ce qui explique pourquoi, depuis 1962, l’affrontement ouvert ou sournois a toujours caractérisé leurs relations. L’occupation militaire de la Kabylie depuis 2004 est là pour nous rappeler au moins deux choses :
1) l’État algérien a pour objectif de nous tirer dessus et non de nous protéger.
2) Lui qui n’a jamais eu confiance en nous, redouble plus que jamais de méfiance et de haine à notre encontre. Il nous a toujours surveillés comme du lait sur du feu. Il n’a pas hésité à tirer sur nos enfants et à assassiner nos élites quand il n’a pas pu les corrompre. Il n’hésitera jamais à le refaire chaque fois qu’il en sentira la nécessité. Par la répression et l’absence de débouchés, il a poussé la plupart des Kabyles à l’exil. Par la fiscalité il s’entête à essorer l’économie kabyle jusqu’à l’étouffement. En s’érigeant en tant que seul banquier et seul patron de l’Algérie, il fait du chantage à nos municipalités devenues des relais de la misère et de la corruption, de la dictature et des passe-droits. Par la mosquée, il réhabilite des assassins qui tentent d’imposer l’islamisme et l’intolérance dans les têtes de nos jeunes et des villageois illettrés... C’est dire combien la Kabylie est politiquement, militairement et culturellement colonisée.
Aujourd’hui, elle n’a plus le choix. La Kabylie doit à tout prix se doter de son État si elle veut continuer de vivre, de perpétuer le souffle de ceux qui ont fait son âme depuis la nuit des temps. Elle est arrivée à un point de non-retour pour la construction de son avenir qui passe prioritairement par la construction de son État.
Première étape : la reconstruction d’une conscience nationale kabyle.
Restée latente et frileuse des décennies durant, elle commence à avancer à pas de géant. La reconstruction de la conscience nationale kabyle a débuté avec la guerre du FFS. La défaite de 1964 était si amère à digérer que chaque kabyle s’était mis instinctivement à ruminer, seul ou en groupe, un désir de revanche. Faisant face à une répression toujours sauvage, les élites kabyles ont entretenu une conscience qui leur est propre à travers l’avatar amazigh. La générosité dont elles ont toujours fait preuve à travers leurs appels à la fraternité, à la redéfinition de l’algérianité à laquelle elles essayaient vainement d’incorporer la Kabylie, n’était qu’une manière pour elles de légitimer un peu plus notre besoin de conscience nationale kabyle. L’expérience du FFS et du RCD ont fini par produire cette certitude qui se retrouve dans « Aɣurru », la chanson-testament de Matoub Lounès et selon laquelle dès lors que le Kabyle est aussi isolé, il n’a pas d’autre choix que de se construire sa patrie. Le « printemps noir » de 2001 a été le moment où cette conscience est sortie au grand jour. Timidement dans la « plate-forme d’El-Kseur », courageusement avec le MAK. Les dernières marches organisées par ce dernier ont drainé des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la Kabylie en faveur d’un État kabyle.
Le mouvement associatif kabyle, autrefois tapi derrière l’amazighité commence à basculer dans la revendication d’une identité spécifiquement kabyle. Ainsi, en France, la fédération des ACB (Associations culturelles berbères) s’est rebaptisée en CABIL, un sigle qui réaffirme sa kabylité. Un autre témoin de ce basculement est l’ACB des Kabyles de l’Essonne d’Athis-Mons. Sinon, l’ATKP (Association des Taxis kabyles de Paris) est la première organisation corporatiste à se revendiquer clairement de son appartenance au peuple kabyle, à donner une réalité à sa conscience nationale kabyle. L’Association des Kabyles de Suisse, Solidarité Québec-Kabylie, amitié Allemagne-Kabylie, la radio kabyle-FM… sont autant de bourgeons qui vont amplifier l’émergence de cette conscience nationale kabyle. Ponctuée régulièrement par des marches, des actions quotidiennes sur le terrain, en Kabylie ou à l’étranger, son avenir est garanti. On peut même dire que cette étape est aujourd’hui, en voie d’achèvement. Beaucoup de chanteurs, de poètes, de caricaturistes, d’intellectuels, le peu de cinéastes et d’écrivains actuels commencent à lui dédier leur temps, leurs œuvres et leurs espoirs.
L’amplification de ce mouvement à travers une plus grande implication des élites et des producteurs culturels est attendue. Le mouvement associatif est appelé à s’élargir autant que faire se peut en faveur de la Kabylie et de son identité. L’aspiration à un destin de liberté du peuple kabyle est de plus en plus massivement partagée.
À cet effet, je lance un appel à tous ceux qui restent encore en dehors de ce mouvement pour le rejoindre à travers des productions, des prises de position officielles et des cotisations pour conjuguer nos efforts dans la fraternité et la solidarité en vue de l’avenir de paix et de liberté pour notre jeunesse actuelle et nos futures générations, pour les enfants, de nos enfants. Le MAK leur tend la main et leur ouvre ses bras pour qu’ensemble nous remportions très vite cette bataille sans précédent de notre destin commun.
La deuxième étape : se donner les attributs de la souveraineté.
Le MAK a déjà entamé la phase d’une carte d’identité kabyle. Un concours est lancé et d’ici le mois de juin, ce document sera opérationnel et mis en circulation pour tous ceux qui le souhaitent. Plus tard, il sera loisible de passer à la confection d’un passeport kabyle. Les Kabyles ont à monter leur propre administration, leur propre économie et leurs propres sphères de concertation et de décision. À cet effet, la mise hors la loi de l’institution judiciaire algérienne est une nécessité. Pour échapper à l’injustice à laquelle le peuple kabyle est soumis, il y a lieu de revenir à la tradition kabyle de résolution des conflits et cesser de s’adresser à l’arbitraire d’une « justice » d’une autre langue, d’une autre jurisprudence et d’un autre code pénal étranger à notre culture et opposé à nos intérêts.
Des cours de kabyle sont à généraliser à travers un enseignement dans les villages et les quartiers de nos villes, au sein de l’émigration.
La troisième étape : l’internationalisation de la question kabyle
Depuis son émergence, le MAK a entrepris des actions auprès des instances internationales. Il a été reçu par des institutions de l’Union Européenne, des parlementaires de nombreux pays, le State-Department aux États-Unis, au Parlement québécois et, le 26 mai 2009 à la tribune de l’ONU dans le cadre du Forum permanent des Nations Unies pour les peuples autochtones. Aujourd’hui, le MAK est représenté dans de nombreux pays occidentaux par des cadres qui démarchent et sensibilisent sur le sort de la Kabylie et de son peuple. Pour en accentuer l’action, disposer de nos propres médias est une nécessité absolue.
La dernière étape : la mise sur pied d’institutions officielles, dont celle d’un gouvernement kabyle.
La mise sur pied d’un État et de ses départements articulés sur les instances de la Kabylie viendra parachever ce processus.
Solennellement, en ce 16 janvier 2010, à partir de Montréal, devant les hommes et devant l’Histoire, je déclare ouverte la construction officielle de l’État kabyle. Elle prendra le temps que les épreuves lui imposeront, mais elle ira jusqu’au bout. C’est ma certitude.
Communication Donnée à l’Université du Québec À Montréal (UQÀM)
Le 16 janvier 2010 à 14 :00
Pavillon de gestion - 315, rue Ste-Catherine Est, (Métro Berri), Montréal
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CALENDRIER DU MOUVEMENT AMAZIGH DU QUÉBEC
05/01/2010 22:15
Le MAQ distribue un calendrier amazigh à Montréal
Aujourd’hui le 3 Janvier, le Mouvement des Amazighs du Québec (MAQ) a commencé une compagne de distribution d’un calendrier amazigh gratuit à Montréal, ce produit est dédié spécialement au groupe TAFSUT, Chants et Danses de Kabylie.
L’idée de faire des calendriers est concrétisée par un groupe dont les noms sont : Mourad ITIM. Mourad MEDJBER. Ali MADACI. Dahman DJENADI. Khelifa HAREB. Et sans oublier la contribution du site aqvayli.com dans la conception.
 - Calendrier Amazigh 2960 - Montréal
Un grand merci à tous ces gens et surtout à Tassadit OULD-HAMOUDA et son Groupe TAFSUT qui se sont toujours distingués par leur courage et leur bon sens dans leurs innombrables activités socio-culturelles.
Cette modeste contribution marque un point de départ concrèt dans la mise en valeur réelle de notre dimension amazighe à Montréal et à travers toute la Belle Province. Nous espérons que cette action va consolider davantage l’union des forces militantes et la production amazighe dans toute sa diversité.
Aseggas Ameggaz 2960. Bonne année 2010.
Montréal, le 03/12/2009
Un militant autonome.
www.aqvayli.com
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TAFSUT ET LE MAIRE DE MONTRÉAL
30/12/2009 23:08
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TAFSUT AUX FOLKLORIES DE MONTRÉAL
30/12/2009 23:07
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Entrevue avec Maurice Monnoyer
13/12/2009 20:50
T.Ould-Hamouda : M. Monnoyer, bonjour et bienvenue chez les Kabyles.
Maurice Monnoyer : Bonjour.
T.Ould-Hamouda : Avez-vous vécu en Kabylie et peut-on savoir dans quelles circonstances avez-vous connu Mouloud Feraoun ?
Maurice Monnoyer : Je n’ai pas vécu en Kabylie, mais j’y suis allé plusieurs fois et j’ai aimé cette région typique et attrayante. J’ai vécu à Alger, en qualité de journaliste, de janvier 1948 à décembre 1956. C’est Emmanuel Roblès qui m’a proposé de rencontrer Mouloud Feraoun, pour une interview dans mon journal « l’Effort Algérien » dont j’étais le rédacteur en chef.
T.Ould-Hamouda : Vous êtes auteur de plusieurs ouvrages qui se rapportent souvent à des faits vécus, pourquoi ?
Maurice Monnoyer : Je suis, en effet, l’auteur de douze livres publiés par plusieurs éditeurs. Ils sont différents. Ce sont des témoignages, des récits, des cris du cœur, des nouvelles, des réflexions sur la vieillesse, des souvenirs et un roman. Pourquoi les avoir écrits ? Je suis un communiquant. J’ai désiré transmettre ce que j’avais vécu en Algérie (un témoignage), mais aussi mes réflexions sur le journalisme, la vie, mes origines, ma foi et la vieillesse.
T.Ould-Hamouda : Vous étiez journaliste à l’époque de la guerre d’Algérie, vous êtiez pour ainsi dire, un acteur-témoin de cette période, pouvez-vous nous en parler ?
Maurice Monnoyer : J’ai vécu deux ans et trois mois de la guerre d’Algérie. J’ai donc été un témoin et, avec mes amis du journal, j’ai tenu à m’exprimer. Nous étions contre la violence et pour le dialogue. Nous voulions que les Algériens et les pieds-noirs vivent en bonne intelligence. Les assassinats nous choquaient. Nous rêvions de construire une Communauté algérienne dans la justice pour tous et la fraternité. Nous étions sur la même ligne qu’Albert Camus. Quand il est venu parler à Alger, en janvier 1956, au cours d’une séance historique, j’étais présent. Le lendemain, j’ai été menacé d’être expulsé par la police parce que j’avais, dans mon journal, publié l’appel de Camus : il demandait que les combattants épargnent les femmes et les enfants. Son appel n’a pas été entendu par le gouvernement français et le F.L.N.
T.Ould-Hamouda : Vous avez vécu en Algérie et vos enfants y sont nés, comment avez-vous vécu l’après indépendance où les français étaient obligés de quitter leurs biens, leurs maisons ?
Maurice Monnoyer : Douloureusement. D’abord, parce que j’avais du, à regret, quitter l’Algérie, ma patrie d’adoption. Ensuite, parce que notre projet n’a pas été compris. Je regrettais aussi le départ précipité des pieds-noirs dont l’Algérie était la patrie. J’étais retourné à « Nord Eclair » mais avec un salaire diminué de 30 pour cent. Je travaillais la nuit, je n’avais pas de voiture et je devais rembourser les dettes de la construction de ma maison à Hydra. Cette maison, a été construite par un disciple du Corbusier, M.Roland Simounet, Grand prix national d’architecture. Le gouvernement l’a confisquée, sans tenir compte que j’avais lutté à « l’Effort » pour le bonheur des Algériens (reconnaissance de leur dignité, plus de justice, etc.) Mais jamais je n’ai oublié l’Algérie. Je suis resté en contact avec Mouloud Feraoun et Mohammed Dib, de vrais amis.
T.Ould-Hamouda : Parmi vos romans, on trouve certains dont on aimerait bien avoir un résumé, ex. : « Journaliste en Algérie ou l’histoire d’une utopie » , « Voir Dieu, enfin ! » ?
Maurice Monnoyer : « Journaliste en Algérie ou l’histoire d’une utopie » (L’Harmattan) est un témoignage sur le travail courageux et désintéressé de personnalités catholiques qui désiraient une autre Algérie, dans les années 50, plus juste pour tous, plus humaine, mieux organisée, pacifique. J’ai expliqué cela dans mon livre qui dit ce que beaucoup d’historiens n’ont pas dit, ce qui explique pourquoi mon livre fait aujourd’hui autorité. Il faut donc le lire si l’on s’intéresse à l’histoire de l’Algérie. « Voir Dieu, enfin ! » est une lettre adressée au Seigneur, lettre d’un catholique qui voit la mort s’approcher. J’ai 89 ans.
T.Ould-Hamouda : Vous étiez aussi ami de Albert Camus, pouvez-vous nous en parler ?
Maurice Monnoyer : Camus ? C'est un grand écrivain, prix Nobel de littérature, pied-noir qui voulait le bonheur de tous les habitants de l'Algérie ( son reportage sur la Kabylie est la preuve de son humanité). Il ne souhaitait pas l'indépendance, il voulait que pieds-noirs et Algériens vivent ensemble et en fraternité, comme le souhaitait "l'Effort Algérien". Mon grand regret : ne pas avoir demandé à le rencontrer pour discuter avec lui de l'avenir de votre pays, avant mon départ d'Algérie. Nous étions sur la même ligne. Je l'ai écouté lorsqu'il a lancé son appel pour une trêve civile en janvier 1956, il avait le visage décomposé en entendant venant de l'extérieur les cris des ultras(futurs OAS) : "A mort, Camus !" A la fin de la réunion, je lui ai serré la main en silence, puis j'ai signé son appel.
Camus était un visionnaire. Alors que les gens de gauche en France admiraient l'Union soviétique et Staline (Sartre, en tête), il a dénoncé à la fois l'hitlérisme et le marxisme. Sartre lui en a voulu et l'a dit publiquement. J'admire Camus. Il n'avait pas la foi, mais c'était un homme intègre, aimant les faibles et les déshérités. Peu avant sa mort, il s'est entretenu avec le Cardinal Duval.Voilà deux hommes qui ont aimé passionnément l'Algérie.
T.Ould-Hamouda : Vous avez échangé plusieurs lettres avec Mouloud Feraoun, avez-vous une que vous aimeriez partager avec les lecteurs ?
Maurice Monnoyer : Oui, Mouloud et moi avons échangé une correspondance. Nous étions amis, de grands amis. Son assassinat m’a bouleversé. J’ai pleuré car j’avais perdu un être cher et tellement bon. Ses lettres, inédites il y a quelques mois, ont été insérées dans le livre de M.Akbal « Mouloud Feraoun – Maurice Monnoyer. Histoire d’une amitié » (Editions El_Amel) La plus émouvante pour moi est celle qui dit « Je vous aime beaucoup ».
T. Ould-Hamouda : Vous vivez maintenant dans votre ville natale, avez-vous des regrets par rapport à l’Algérie, auriez-vous aimé vivre toute votre vie la-bas ?
Maurice Monnoyer : Je vis à Montpellier et non pas dans ma ville natale (Namur). Je suis né en Wallonie et naturalisé français depuis 1967. J’ai fait toute ma carrière de journaliste en France et en Algérie. Oui, je regrette que les circonstances aient voulu que je quitte l’Algérie. J’aurais aimé y finir ma vie, dans la maison d’Hydra.
T.Ould-Hamouda : Combien de livres avez-vous écrit ?
Maurice Monnoyer : Je vous l’ai dit : douze ouvrages depuis 1988. Les plus importants : « Journaliste en Algérie ou l’histoire d’une utopie », « J’irai vers le soleil ou la passion d’informer », « Vieux : oui – Vieillard : non. Journal (imaginé) d’un octogénaire », « Histoire d’une amitié » née en captivité en Allemagne (à ne pas confondre avec le livre de M. Akbal), « Célébration de la Wallonie » et « Le seul amour de ma vie », roman.
T.Ould-Hamouda : Comment peut-on les avoir. Sont-ils disponibles dans toutes les librairies ?
Maurice Monnoyer : On peut se procurer les ouvrages publiés par L’Harmattan (quatre) chez l’éditeur à Paris ou dans les bonnes libraires qui devront les commander à l’éditeur. Les autres, chez moi, en joignant un chèque: 75, rue Jacques-Tati, 34070 Montpellier. Consulter ma liste pour le prix de chaque ouvrage.
T.Ould-Hamouda : Le mot de la fin M. Monnoyer ?
Maurice Monnoyer : Merci pour l’intérêt que vous portez à mon travail d’écrivain et d’ami de l’Algérie.
Entrevue réalisée le 11 décembre 2009
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Hamid Médjahed : Il faut enterrer la médiocrité pour que fleurisse la qualité.
09/12/2009 23:56
Hamid Médjahed«Il faut enterrer la médiocrité pour que fleurisse la qualité»
La Dépêche de Kabylie : Quelle conception faites-vous du festival culturel local de la musique et de la chanson kabyles ?
Hamid Médjahed : Quand on essaye de faire quelque chose, même sil ya des lacunes, on les oublie et on les met de côté. L’essentiel, c’est de le faire.
En ce qui me concerne, je suis émerveillé, car, toutes les générations se sont rencontrées, artistes et public. C’est aussi l’occasion pour les jeunes talents qui viennent tenter leur chance. Mais, c’est très bien de renforcer cela par des professionnels : C’est une très bonne idée et moi, je suis pour. Je suis avec tous ceux qui travaillent même s’ils ne réussissent pas à 100%. Ils n’y a que ceux qui ne font rien qui ne se trompent pas.
Ceux qui travaillent, eux, peuvent s’améliorer. J’ajouterai aussi qu’en ce qui concerne la chanson kabyle, ce festival est l’occasion de la montrer aux non kabyles qui seront certainement surpris de sa beauté et sa qualité. Enfin, je suis sûr qu’à ce rythme, il y aura certainement un jour un festival international de la chanson amazighe qui pourrait avoir lieu même en dehors de l’Algérie.
Que pensez-vous du public que vous avez gratifié d’un « Chdah ulac » ?
Ah çà, j’y tiens. Avec moi, « Chdah ulac ». Cela s’est très bien passé et le public a été merveilleux : Il était venu nous écouter et non pas pour nous entendre.
Le public vous a écouté chanter mais aussi parler durant les conférences du festival. Ne pensez-vous pas que cela devrait être une tradition ?
Exact. Il ne faudrait pas que cela se limite aux évènements du genre « droits de la femme uniquement le 8 mars » Vous voyez ce que je veux vous dire. Il faut que cela devienne une culture qui permettra à tout le monde d’apprendre et de découvrir. Et cela est valable aussi pour tous les arts.
Pour terminer, en matière de travail, vous êtes connu pour être très exigeant et vous avez raison.
Je suis exigeant parce que je suis pour le peu et le bien. Je suis un fervent supporter du peu et bien. La quantité ne peut pas amener la qualité. Alors, ma dernière phrase sera : Il faut enterrer la médiocrité pour que fleurisse la qualité.
Propos recueillis par : Amastan S.
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