Jeunesse Sportive de Kabylie : Hannachi va-t-il vendre l'âme du club ?
30/09/2009 13:53
Argent sale et criminalité politique
Selon le magazine sportif Compétition DZ le président Moh-Chérif Hannachi s'apprêterait à signer dans les tous prochains jours un contrat de sponsoring avec le journal arabophone Echourouk.
Le dirigeant du club de la Jeunesse Sportive de Kabylie prend le risque incommensurable de faire évoluer la JSK la saison prochaine avec le sigle Echourouk, un quotidien arabophone rejeté en bloc par les militants de l'identité berbère, connu pour ses aberrations négationnistes envers le peuple kabyle.
Ce même journal avait poussé le bouchon trop loin ces derniers mois incitant à la haine interethnique en devenant l'exemplarité même de la haine sioniste en Algérie.
Une cérémonie sera organisée lors de la signature du contrat qui aura lieu vraisemblablement au début du mois d’octobre.
Il ne suffisait pas que le football algérien soit lié de près aux maffias locales et au proxénétisme. A quelques mois du mondial en Afrique du Sud, le pouvoir d'Alger réussit là une OPA sur les supporters du club, profitant de l'engouement suscité par les Verts en Kabylie qui voit évoluer dans leur rang de nombreux joueurs kabyles, se servant aussi des groupes de supporters sous étroite surveillance.
Le souvenir du directeur de campagne de Abdelaziz Bouteflika serrant la cravate à Moh Cherif Hannachi, président de la JSK quelques minutes avant la tenue du meeting de Bouteflika à Tizi-Ouzou était pourtant encore tout frais dans les esprits.
Stéphane ARRAMI, Kabyle.com
Le journal le plus kabylophobe que connaisse l'Algérie vient de signer un accord de partenariat avec la JS Kabylie lors d’une cérémonie organisée le dimanche 27 septembre à l’hôtel Hilton à Alger.
Moh Chérif Hannachi Président du club, Ali Fodhil Directeur Général du quotidien ont conclu leur partenariat en présence de l’ancien entraîneur de l’équipe nationale de football Mahieddine Khalef.
El Chorouk El Youmi est un quotidien d’information créé en 1990 sous le nom d’El Chorouk El Arabi (L'Orient Arabe) : çà ne s'invente pas !
Ali Fodhil a bien indiqué en conférence de presse que cet accord répondait à la politique sportive édictée par l'Etat algérien et la Fédération Nationale du Football algérien.
Quant à Mohand Chérif Hannachi, il s'est dit heureux de d'engager son club dans un "partenariat multiforme" avec ce journal qu'il considère comme étant le "leader de la presse écrite en Algérie". Il dira que cet accord conforte les liens déjà "existants entre le journal numéro 1 d’Algérie, en l’occurrence Echorouk et le club de football le plus titré du pays, la JS Kabylie."
Le club kabyle sera désormais frappé des lettres arabes du quotidien et devient sans plus de discrétion un fieffé collaborationniste du régime algérien de Bouteflika. Reste à connaître maintenant l'attitude du peuple kabyle face à cette énième avanie.
Pétition pour exiger la résiliation du contrat de sponsoring entre la JSK et Echourouk
Hannachi, président du club phare de la Kabylie, la JSK, vient de franchir le Rubicon, en signant un contrat de sponsoring avec un quotidien intégriste et de surcroît, antikabyle, Echourouk, en l’occurrence. Ce porte-voix et confident attitré des intégristes et des racistes antikabyle de tous bords, ne s’est offert au club kabyle en réalité que pour provoquer, davantage, une région qui ne veut pas se plier devant ses desseins obscurantiste. Hannachi, fidèle serviteur du pouvoir assassin n’en est pas à sa première traîtrise. Après avoir nommé Bouteflika président d’honneur des Canaris, après avoir offert un burnous kabyle à l’ex-chef du gouvernement islamiste Belkhadem, après ses soutiens inconditionnels et opportunistes au pouvoir, après tant de manipulations de sa part de la JSK à des fins personnelles, d’abord et pro pouvoir ensuite, le voila cette fois-ci qui se met au service des ennemis de la Kabylie. Nous fidèles supporters des Canaris symbole des couleurs d’une région à l’opposé des mœurs politiques des Hannachi et ses sponsors de tout acabit, exigeons la résiliation pure et simple du contrat de sponsoring avec ce journal. Exigeons aussi des excuses publiques de Hannachi pour toute la Kabylie, pour cet infâme audace, sous peine d’appeler l’ensemble des amoureux de la JSK à boycotter le club jusqu’au départ de M. Hannachi, désormais seule alternative pour la réhabilitation de cet illustre symbole de réussite, et d’honneur qu’est la JSK.
Pour votre information : la pétition ci-dessus n'est pas l'oeuvre de pétitionduweb.com, nous sommes uniquement un support de diffusion.
AWID AYLAW - TASSAFT OUGUEMOUN CÉLÈBRE CETTE TRADITION
29/09/2009 17:24
TASSAFT OUGUEMOUN CÉLÈBRE CETTE TRADITION
Sur les hauteurs du Djurdjura, Tassaft perpétue ainsi son authentique art de vivre.
«Si Tassafth Id Ghigh Asghar Macci De Dderya Ughanim», avait tranché le magistral Aït Menguellet. Dans la langue de Molière, cela donne, à peu près: «Je suis issu du chêne et non du roseau.» C’est dire que les gens de la montagne n’ont pas pour habitude et encore moins pour principe de courber l’échine. En voici l’illustration parfaite: sous le slogan «Awyd Aylaw» (donnez-moi mon droit), le village de Tassaft, s’apprête à ce rituel, tant attendu par tous avec un engouement particulier pour cette fête ancestrale, qui allie mythe et traditions. Une tradition qui résiste au temps et à la modernité et se perpétue de génération en génération pour la plus grande joie des grands et des petits qui l’attendent avec impatience chaque année. Elle est aujourd’hui, intensément pratiquée, dans ce village et perdure aussi dans quelques villages kabyles. La manifestation ne prendra pas un caractère festif mais se limitera à l’esprit de solidarité et de paix marquant un bon présage pour la nouvelle année qui est la caractéristique essentielle de la célébration de ce rendez-vous. Le moment tant attendu s’annonce, et est visible grâce aux diverses friandises étalées dans les commerces et magasins. A cette occasion, les mères de famille préparent leurs produits exposés dans la cour, devant la porte d’entrée, dans l’attente de ces révoltés en herbe. Très tard dans la nuit, vers deux heures du matin, souvent jusqu’aux premières lueurs de l’aube, les enfants parcourent les ruelles du village. Passant de maison en maison, ils réclament des denrées alimentaires, plus souvent des friandises, des oeufs ou de la monnaie en scandant très fort: Awid aylaw. La tradition veut que, par ce geste d’offrande, des liens se tissent avec les forces invisibles, un contrat d’alliance qui place la nouvelle année sous d’heureux auspices. La solidarité entre les villageois veut qu’à la fin de la quête des enfants, tous les dons collectés sont remis aux plus démunis et ce, dans la discrétion totale. Vivre en harmonie avec soi-même, les autres et notre mère-patrie est une source de bonheur et de plénitude. Les villageois se réunissent, en partageant cette façon de voir le monde et veulent la vivre et la cultiver au quotidien. Le village est un projet collectif, où chacun apporte sa touche, sa propre créativité. Tolérance, ouverture d’esprit et joie de vivre sont des valeurs partagées par tous les habitants de Tassaft. Il ne s’agit pas de «sortir du troupeau» pour en reformer un autre... bien au contraire. «Se rassembler sans se ressembler» est un véritable art de vivre! Awid aylaw est un événement incontournable pour tous les habitants de ce village, et toutes les familles se font un devoir d’être présentes avec leurs enfants même celles qui vivent en dehors du village ou à l’étranger. D’ailleurs, ce rendez-vous annuel est considéré comme une pépinière de militants qui serviront leur patrie et toutes les causes justes. A cet effet, le village de Tassaft Ouguemoun a marqué l’histoire nationale grâce aux sacrifices de ses dignes et valeureux fils. Il est à remarquer que chaque crise que traversa notre pays à été funestement marquée, pour ce village, par la perte de l’un de ses valeureux fils tel, Amar Ould Hamouda, militant de la cause nationale et membre du PPA. Durant la guerre d’Algérie, nommé colonel à la tête de la Wilaya 3 hisorique, Amirouche Aït Hamouda tomba au champ d’honneur, martyr parmi tant d’autres martyrs, en 1959. Quelques décennies plus tard, le terrorisme barbare arracha deux dignes fils à ce village, en l’occurrence Djaffer Ouahioune et Kamel Aït Hamouda. La crise que traversa la Kabylie, connue sous le nom de Printemps noir, emmènera avec elle Azzedine Yousfi. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les enfants de Tassaft sont initiés à cette coutume qui nourrit l’esprit de revendication et l’esprit de militantisme, selon le témoignage des habitants de Tassaft Ouguemoune. En effet, l’enseignement et la retransmission de ces valeurs est un facteur décisif dans la définition sereine et honnête de l’identité nationale. Elle est également une source d’unité et de paix pour former une relève face aux conflits qui surgissent inévitablement dans les domaines politique, économique et social. Ainsi, il devient possible de vivre les nouvelles situations sans amoindrir la dignité transcendante de la personne humaine.
Mardi 15 septembre 2009, le public était tellement nombreux que la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou a eu du mal à le contenir. Avides, les organisateurs ont vendu plus de tickets que la salle n’en comptait de sièges – à 300 DA/1 place contrairement aux 200 DA/1 place pour les autres soirées –, les escaliers, les couloirs et la piste de danse étaient tout occupés avec tous les risques que cela suppose si urgence il y aurait eu !
Il faut dire que la soirée s’annonçait grandiose, deux têtes d’affiche exceptionnelles : Nouara et Medjahed Hamid, qui ne sont pas apparues sur la scène artistique de Tizi-Ouzou – et même de Kabylie et de toute l’Algérie – depuis plusieurs années, c’en fût certainement une des rencontres artistiques les plus réussies du programme de cette année des soirées du mois du Jeûne.
Il était presque 21 heures au moment où nous sommes arrivés au niveau du portail de la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou, une vingtaine de personnes attendaient devant les grilles faisant face aux agents de sécurité. Ceux-ci ne laissaient personne passer, impossible de réserver sa place à l’avance comme partout dans le monde, « il faut faire la chaine » comme tout le monde.
Un bon quart d’heure s’écoulera avant, qu’enfin, ils ne se « décident » à ouvrir le portail, sur ce, le public s’y engouffre et une foule se forme au niveau du guichet pris d’assaut. Cet « écueil » passé, le public ne s’arrêtera pas de « s’installer » qu’après 22 heures, ceci fait, Medjahed Hamid fera son entrée sur scène sous les acclamations du public.
C’est ainsi qu’il interprètera une bonne douzaine de chansons de son propre répertoire, les deux chansons qui captiveront le plus le public ont étaient celle qu’il aurait proposée à Lounès MATOUB et qui aurait été intéressé, mais n’a pas eu le temps de la chanter ainsi que sa fameuse chanson « D kem » (C’est toi) que le public reprendra en chœur.
La dernière chanson entamée, Medjahed Hamid s’adressera au public, il dira : « Aujourd’hui, je suis venu avec un cadeau. Je n’ai pas arrêté de la supplier de venir, au final, elle a accepté. » La surprise, c’est la diva Nouara, son apparition sur la scène sera suivie d’un tonnerre d’applaudissements. Après avoir salué le public, elle dira : « Je suis très heureuse de me trouver ici, aujourd’hui, avec vous. Ça me fait un très grand plaisir ! »
La diva entamera son « programme » et interprètera avec sa voix, restée intacte malgré les années qui sont passées, ses plus belles chansons faisant ainsi revisiter des souvenirs à elle-même ainsi qu’à tout le parterre, au bout de sa troisième chanson elle affirmera émue : « D ul ig cennun, maci d imi ! » (C’est le cœur qui chante et non la langue).
D’une modestie extraordinaire, Nouara donna des frissons au public composé essentiellement d’adultes, mais qui n’a pas cessé de l’ovationner et de réclamer son retour sur scène plusieurs fois, l’émotion était grandiose au point d’en faire pleureur plus d’un, elle-même a versé quelques larmes en interprétant certaines de ses chansons à l’image de l’« acewwiq » intitulé « Iɛdawen » dédié à Lounès MATOUB.
Il faut rappeler que Nouara a marqué de son sceau la chanson kabyle avec des chansons qui traduisent des situations sociales complexes interprétées avec une voix magique avec laquelle elle notamment donné la réplique à Cherif KHEDAM et Lounès MATOUB dans des duos immortels.
Repères historiques Le colonel Amirouche : discours Aoùt 1958 à Akfadou : d’une actualité accablante
Les secrets d’un discours – Août 1958 Akfadou (Grande Kabylie)
Par Abdenour Si hadj Mohand
“Mes frères, si je vous réunis aujourd’hui, c’est parce que la situation est grave. Un complot organisé par l’ennemi et qui vise à noyauter la Révolution vient d’être découvert. Des traîtres sont parmi nous. Notre Révolution est en danger. Vous savez que nous n’avons pas les moyens de garder longtemps les détenus, étant donné la situation de guerre dans laquelle nous nous trouvons. Il importe de traiter donc le problème avec la rigueur et la fermeté qui s’imposent, en prenant soins de juger chaque cas avec équité. Il y va du salut de notre Révolution. Nous n’avons pas le droit de trahir les martyrs qui ont versé leur sang pour ce pays, ni de décevoir ce peuple qui a misé tous ses espoirs sur nous pour retrouver sa liberté et sa dignité. Prenez vos responsabilités ! Je ne veux être accusé demain devant l’Histoire, d’être un criminel. Nous sommes la génération sacrifiée. Nous sommes condamnés à triompher ou à mourir. Mais si nous mourons, d’autres viendront à notre place pour continuer notre combat sacré. Une chose est sûre, cependant, c’est que l’Algérie sera indépendante, tôt ou tard. La lutte sera encore plus difficile, mais l’issue sera inéluctable. Il faut que vous sachiez que la situation ne restera pas, comme elle est, actuellement. L’ennemi est en train de se préparer pour une offensive de grande envergure avec une nouvelle stratégie. De Gaulle fera tout son possible pour détruire notre potentiel militaire afin de nous rendre vulnérable pour nous imposer "ses offres de paix". Il voudra créer une troisième force avec laquelle il envisagera de négocier la paix et nous reléguer au même titre que les Messalistes, les pieds noirs et ceux qu’il appellent les "amis de la France", tels que bachagha Boualem, Mlle Sid Cara et autres. Ainsi, le rôle du FLN sera dilué à travers ces autres représentations fantoches pour le déposséder de la place d’interlocuteur valable et incontournable. Jusqu’à présent, les grandes opérations de ratissage avec des milliers d’hommes, n’ont fait que décevoir les états-majors français pour les faibles résultats obtenus. D’ailleurs, il ne faut jamais négliger mes instructions à ce sujet. Pas d’affrontements avec l’ennemi durant les ratissages ,mais au retour lorsque les soldats ont perdu leur vigilance, qu’ils sont fatigués, il faut les attaquer à l’entrée des camps, aux portes des casernes, sur les routes. L’ennemi doit subir nos coups ; au moment où il s’y attend le moins. Cette stratégie permet non seulement de lui porter des coups durs, mais aussi de détruire le moral des soldats. En effet, ces derniers ne rencontrant pas de résistance tout au long de leur progression en force avec couverture aérienne, finiront par baisser de vigilance ; c’est au moment où ils s’attendent le moins qu’il faut attaquer. L’ennemi est en train de préparer des forces militaires considérables et prépare d’autres plans d’attaque. Devant d’éventualité de cette nouvelle stratégie il faut d’ores et déjà vous préparer à stocker les denrées alimentaires, les médicaments et l’habillement dans le plus grand secret”.
Parler de Lounis Ait-Menguellet n’est pas une entreprise des plus aisées.
L’homme a suscité maints écrits d’auteurs aussi connus les uns que les autres qui ont essayé de cerner la personnalité aussi bien du poète que de l’homme lui-même, c’est-à-dire ( le moi individuel personnalise : celui du don inné et le moi collectif : la personnalité de base.
Kateb Yacine disait de Lounis "il est incontestablement notre plus grand poète".
Pour Ait-Menguellet, la poésie était un destin semblable à celui de Si-Mohand ou M’hand et nous pouvons, sans nous tromper, l’affubler de la description qu’en fait Mouloud Mammeri de ce grand poète errant : "Pour lui, la poésie n’était ni un métier, ni un accident : il ne l’avait ni cherchée, ni choisie, elle s’est imposée à lui comme un fatum. Il avait reçu, au vrai sens du mot (la vocation), il avait été (appelé) : testunfk as".
Rien en effet n’est aussi naturel pour Lounis que de composer un poème en l’espace d’une nuit ou même de quelques heures !
Lounis Ait Menguellet n’est pas l’homme qui appartient seulement à son milieu villageois. Natif d’Ighil Bwamas, il est malgré lui le symbole de tous les Kabyles "toutes générations confondues", n’en déplaise aux islamo-baathistes et autres serviteurs du pouvoir.
Lounis a chanté l’amour, le désespoir, l’exil, l’espérance avec tant d’intensité et une profondeur humaine que seul un don inné peut en être l’explication, comme le dit si bien Mouloud Mammeri "testunefk as".
Pour appuyer nos propos, nous nous contenterons de citer un extrait de l’interview (rencontre avec le poète - Timlilit d umedyaz) qui s’était déroulée de 13h00 à 16h30 à Ighil Bwamas le 24 Aout 1996. *1
Question :
Au moment de la création poétique, est-ce que les textes vous viennent d’eux-mêmes ou est-ce plutôt vous qui allez à leur recherche ?
Réponse du poète :
Les moments de créativité viennent sans prévenir ; je ne sais jamais d’avance quand j’écrirais un poème ; et lorsqu’on me demande quand est-ce que je réécrirais de nouveau, je réponds, je ne sais pas, il se peut que cela se fasse l’après-midi même ou bien une année après. J’aurais tellement aimé pouvoir contrôler les moments d’inspiration.
Question :
Croyez-vous (alors)en l’existence des Djinns de la poésie aux forces cachées derrière l’acte d’écrire sachant surtout que les plus grands de nos poètes "comme on dit à propos de Si Mohand et Slimane Azem - qui n’ont pénétré le monde de la poésie qu’après l’apparition de l’ange de la poésie ?
Réponse du poète :
Absolument pas ! Mais ce serait plutôt agréable ! Parce que lier les oeuvres d’un poète à une quelconque force invisible est une preuve du génie et de la qualité de la poésie. Ces créations reflètent, d’autre part, les moments d’éblouissement dus à l’acte poétique qui dépasse de très loin l’imagination humaine. C’est ce qui est arrivé à Si Mohand ou-M’hand puis à Slimane Azem.
Nous terminerons cette modeste contribution au sujet de Lounis en citant cet extrait de l’oeuvre de Platon (le banquet) :
"Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes faits, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis".
Résumé biographique du poète
Abdennebi Ait-Menguellet est né au coeur du Djurdjura en 1950 a Ighil-Bwamas. Il fut prénommé Lounis par sa grand-mère après qu’il lui soit apparu en rêve.
Le prénom officiel de Abdennebi (prénom qui lui a été donné par son oncle qui travaillait à Oran ) était ignoré de tous, même par les membres les plus proches de la famille et ne sera connu qu ?à la constitution du dossier scolaire.
Il n’avait pu entrer à l’école qu’à l’âge de 11 ans à Alger. Concevoir un enseignement n’était pas chose aisée en période de guerre et juste après l’indépendance.
Une fois le cycle primaire achevé, Lounis s’est dirigé vers le collège technologique de (Champ de manoeuvre ) où il a suivi une formation d’ébéniste, métier où il excelle et qui constituera durant longtemps un de ses loisirs favoris.
C’est vers la fin de l’année 1966 et le début de 1967 que le parcours artistique de Lounis a commencé dans l’émission (les chanteurs de demain : Ighenayen u zekka) animée par Chérif Kheddam. Il a participé avec sa première chanson intitulée Ma trud : si tu pleures.
Ma trud ula ad nek aktar
tzarzegd iyi ad dunit-iw
Am umesluv yakfa svar
deg zenkan yenza yexf-iw
Il faut également souligner que Lounis avait crée en compagnie d’autres jeunes, produits par l’émission (chanteurs de demain) un groupe qui portait le nom d’Imazighen. Le but du groupe était à la fois artistique, politique et idéologique mais qui n ?a pas duré longtemps.
Suite à cela, Lounis a quitté Alger et est reparti à son village où il y demeure toujours et qu’il ne quitte qu’en de rares occasions.
M.CHERIFI
*1- M’hamed Djellaoui - L’image poétique dans l’oeuvre de Lounis Ait-Menguellet)
a yit’ij h’ader a ttγlid’, la nleh’u maddam tellid’, nuggwad ad aγ dd-yelh’eq yid’, a yid’ul sangga a nruh’, nsawel-ak-in ma teslid’, neh’ma neggwad an ismmid’, nesarem ad yid-nneγ tellid’, a yid’ul sangga a nruh’,
h’man idammen i tikli, xas akka ifadden-nneγ aεyan, ned’meε tagmatt di lγaci, ad neγsen seg-nneγ wurfan, xas ma la nteddu h’afi, a netbeε later iγ dd-ððan, akken ad aγ dd-lhun wusan, a yid’ul sangga a nruh’,
tiγilt i(gg) yekkfan felleγ, a dd-tban mazal tayed’, lweqt i ttεeddi, i εerqeγ, id aγ dd-icqan d-asiwed’, laεqel ma yebda yett(e)ffγeγ, xas ma yettnuz at i dd-naγ, a yid’ul sangga a nruh’….
A 10h30, Lounis Aït Menguellet arrive à Bouira. Il est tout de suite “happé” par les jeunes de Tagherma et des membres du comité des fêtes de la ville. L’artiste suivra ses hôtes à la salle Errich, histoire “d’apprivoiser” la scène où il est programmé. La salle semblait lui convenir. Une seule appréhension cependant : contiendra-t-elle les inconditionnels de Lounis qui viendraient même des wilayas limitrophes ? Entouré de jeunes au salon de Errich, le poète essaye, sans en donner l’impression, de comprendre Bouira (culturellement s’entend). “Nous vous attendions depuis très longtemps, Lounis”, lui reprochera presque un jeune. “On m’a jamais sollicité”, répondra-t-il tout simplement. L’entretien informel aida sans doute l’artiste à se faire une petite idée de Bouira. L’un des organisateurs l’invite à le suivre à la Villa d’hôtes pour se reposer. Il ne bougera pas avant de s’assurer du “sort” de ses musiciens. 17 h, une heure avant le coup de clap du gala, un dispositif important maîtrise les alentours de la salle. Une, deux, trois…générations se sont entremêlés par la grâce et le génie du awal intemporel de Lounis. 18 h passées, Aït Menguellet entre en scène : “L’âeslama-nnwen (bienvenus !)… mmh”. Lounis n’en dira pas plus. Il termine son “…mmh” par “d ayen (ça y est) !” Pas étonnant le “d ayen”. Les poètes ne parlent pas : ils disent. Il ne parle pas. Il préfère mettre celle qu’il aime sur ses genoux pour caresser ses fils et nous faire voyager à travers les générations et suspendre le temps dans une salle envoûtée. Le public y trouvait son compte et plus. “Telt ayam di lâemer-iw”, “abernus-iw”, “asefru”, “Louisa”, “da Yidir” …le répertoire a été maintes fois interrompu par des fleurs offertes en signe de reconnaissance par un public conquis, depuis très longtemps. “Amghar azemni” est la chanson qui sera entrecoupée d’applaudissements et écoutée comme un oracle. Lounis terminera sa première soirée à Bouira avec “Ketchini ruh, nek ad quimegh”.