A 10h30, Lounis Aït Menguellet arrive à Bouira. Il est tout de suite “happé” par les jeunes de Tagherma et des membres du comité des fêtes de la ville. L’artiste suivra ses hôtes à la salle Errich, histoire “d’apprivoiser” la scène où il est programmé. La salle semblait lui convenir. Une seule appréhension cependant : contiendra-t-elle les inconditionnels de Lounis qui viendraient même des wilayas limitrophes ? Entouré de jeunes au salon de Errich, le poète essaye, sans en donner l’impression, de comprendre Bouira (culturellement s’entend). “Nous vous attendions depuis très longtemps, Lounis”, lui reprochera presque un jeune. “On m’a jamais sollicité”, répondra-t-il tout simplement. L’entretien informel aida sans doute l’artiste à se faire une petite idée de Bouira. L’un des organisateurs l’invite à le suivre à la Villa d’hôtes pour se reposer. Il ne bougera pas avant de s’assurer du “sort” de ses musiciens. 17 h, une heure avant le coup de clap du gala, un dispositif important maîtrise les alentours de la salle. Une, deux, trois…générations se sont entremêlés par la grâce et le génie du awal intemporel de Lounis. 18 h passées, Aït Menguellet entre en scène : “L’âeslama-nnwen (bienvenus !)… mmh”. Lounis n’en dira pas plus. Il termine son “…mmh” par “d ayen (ça y est) !” Pas étonnant le “d ayen”. Les poètes ne parlent pas : ils disent. Il ne parle pas. Il préfère mettre celle qu’il aime sur ses genoux pour caresser ses fils et nous faire voyager à travers les générations et suspendre le temps dans une salle envoûtée. Le public y trouvait son compte et plus. “Telt ayam di lâemer-iw”, “abernus-iw”, “asefru”, “Louisa”, “da Yidir” …le répertoire a été maintes fois interrompu par des fleurs offertes en signe de reconnaissance par un public conquis, depuis très longtemps. “Amghar azemni” est la chanson qui sera entrecoupée d’applaudissements et écoutée comme un oracle. Lounis terminera sa première soirée à Bouira avec “Ketchini ruh, nek ad quimegh”.
T. Ould Amar