Sur les hauteurs du Djurdjura, Tassaft perpétue ainsi son authentique art de vivre.
«Si Tassafth Id Ghigh Asghar Macci De Dderya Ughanim», avait tranché le magistral Aït Menguellet. Dans la langue de Molière, cela donne, à peu près: «Je suis issu du chêne et non du roseau.» C’est dire que les gens de la montagne n’ont pas pour habitude et encore moins pour principe de courber l’échine. En voici l’illustration parfaite: sous le slogan «Awyd Aylaw» (donnez-moi mon droit), le village de Tassaft, s’apprête à ce rituel, tant attendu par tous avec un engouement particulier pour cette fête ancestrale, qui allie mythe et traditions. Une tradition qui résiste au temps et à la modernité et se perpétue de génération en génération pour la plus grande joie des grands et des petits qui l’attendent avec impatience chaque année. Elle est aujourd’hui, intensément pratiquée, dans ce village et perdure aussi dans quelques villages kabyles. La manifestation ne prendra pas un caractère festif mais se limitera à l’esprit de solidarité et de paix marquant un bon présage pour la nouvelle année qui est la caractéristique essentielle de la célébration de ce rendez-vous. Le moment tant attendu s’annonce, et est visible grâce aux diverses friandises étalées dans les commerces et magasins. A cette occasion, les mères de famille préparent leurs produits exposés dans la cour, devant la porte d’entrée, dans l’attente de ces révoltés en herbe. Très tard dans la nuit, vers deux heures du matin, souvent jusqu’aux premières lueurs de l’aube, les enfants parcourent les ruelles du village. Passant de maison en maison, ils réclament des denrées alimentaires, plus souvent des friandises, des oeufs ou de la monnaie en scandant très fort: Awid aylaw. La tradition veut que, par ce geste d’offrande, des liens se tissent avec les forces invisibles, un contrat d’alliance qui place la nouvelle année sous d’heureux auspices. La solidarité entre les villageois veut qu’à la fin de la quête des enfants, tous les dons collectés sont remis aux plus démunis et ce, dans la discrétion totale. Vivre en harmonie avec soi-même, les autres et notre mère-patrie est une source de bonheur et de plénitude. Les villageois se réunissent, en partageant cette façon de voir le monde et veulent la vivre et la cultiver au quotidien. Le village est un projet collectif, où chacun apporte sa touche, sa propre créativité. Tolérance, ouverture d’esprit et joie de vivre sont des valeurs partagées par tous les habitants de Tassaft. Il ne s’agit pas de «sortir du troupeau» pour en reformer un autre... bien au contraire. «Se rassembler sans se ressembler» est un véritable art de vivre! Awid aylaw est un événement incontournable pour tous les habitants de ce village, et toutes les familles se font un devoir d’être présentes avec leurs enfants même celles qui vivent en dehors du village ou à l’étranger. D’ailleurs, ce rendez-vous annuel est considéré comme une pépinière de militants qui serviront leur patrie et toutes les causes justes. A cet effet, le village de Tassaft Ouguemoun a marqué l’histoire nationale grâce aux sacrifices de ses dignes et valeureux fils. Il est à remarquer que chaque crise que traversa notre pays à été funestement marquée, pour ce village, par la perte de l’un de ses valeureux fils tel, Amar Ould Hamouda, militant de la cause nationale et membre du PPA. Durant la guerre d’Algérie, nommé colonel à la tête de la Wilaya 3 hisorique, Amirouche Aït Hamouda tomba au champ d’honneur, martyr parmi tant d’autres martyrs, en 1959. Quelques décennies plus tard, le terrorisme barbare arracha deux dignes fils à ce village, en l’occurrence Djaffer Ouahioune et Kamel Aït Hamouda. La crise que traversa la Kabylie, connue sous le nom de Printemps noir, emmènera avec elle Azzedine Yousfi. Ainsi, dès leur plus jeune âge, les enfants de Tassaft sont initiés à cette coutume qui nourrit l’esprit de revendication et l’esprit de militantisme, selon le témoignage des habitants de Tassaft Ouguemoune. En effet, l’enseignement et la retransmission de ces valeurs est un facteur décisif dans la définition sereine et honnête de l’identité nationale. Elle est également une source d’unité et de paix pour former une relève face aux conflits qui surgissent inévitablement dans les domaines politique, économique et social. Ainsi, il devient possible de vivre les nouvelles situations sans amoindrir la dignité transcendante de la personne humaine.
La salle « Le-Patro-le-Prévost » ne pouvait suffire pour contenir tout le monde venu voir pour la première fois « As u nejmâa » à Montréal. En effet, la pièce d’une durée de 3 heures environ, a fait rire, pleurer et rappeler les nostalgiques au souvenir de la vie villageoise.
Après l’ouverture de la pièce par la chanson « Ass u nejmâa » de Lounis Ait-Menguellet, les acteurs firent leur entrée sur scène.
La pièce théâtrale « Ass u nejmâa » dont le texte et la répartie poétique sont d’une richesse linguistique d’une grande qualité apporte un nouveau souffle au théâtre amazigh.
L’interprétation des personnages a été intelligemment élaborée en attribuant à chacun le rôle qui lui sied le mieux.
L’Hadj avec ses manières d’homme conservateur, nous a fait rire aux larmes. Cheikh el djamaa (imam du village) a joué son rôle à merveille avec calme, et sérénité. Dda Muqran, dans son rôle de directeur de l’école du village reflète l’authentique intellectuel de l’époque. Mennad, jeune universitaire, nouvellement arrivé à l’assemblée du village voulait insuffler à Tajmâat, une nouvelle vision basée sur la démocratie et l’ouverture aux idées nouvelles.
Arab Sekhi, auteur de la pièce a excellé dans son rôle. Dans le personnage de Dda Yidir, propriétaire du café du village, il a su se faire l’interprète de toutes les sensibilités des villageois
En fin de compte la pièce a été une réussite totale grâce au sérieux et à la richesse intellectuelle de ses membres. Le public n’a pas tari d’éloges envers eux par des ovations et des applaudissements nourris.
Encore une fois, félicitations aux membres du Théâtre du Renouveau Amazigh d’Ottawa qui nous honorent à chacune de ses apparitions.
Depuis que l’actuel président du club a ravi la JSK à la Kabylie (20 ans déjà), cette valeureuse équipe qui était un symbole immanent dans le cœur de chaque citoyen kabyle est transformée en fonds de commerce pour des intérêts personnels et immoraux.
Souvenons-nous. Il a outrageusement manipulé l’innocence de la mère de Matoub pour l’exhiber comme un trophée – à défaut de conquêtes sportives - à Bouteflika au stade du 5 Juillet.
Ce personnage, avide d’argent, sans honneur et sans retenue, a fermé la porte à toute prétention sportive de la jeunesse kabyle en recrutant à sa guise, ici et là, des joueurs qu’aucune raison sportive, économique ou culturelle ne justifie.
D’ailleurs, le pâle palmarès de sa gestion illustre parfaitement le déclin de ce club que les Kabyles ont longtemps considéré comme le catalyseur par excellence des luttes pour l’identité et la démocratie. Avant la mainmise de cet inconscient, la JSK jouissait de ce statut particulier qui l’a transcendée parmi le gotha des élites footballistiques du pays et même du continent africain.
Son passage sur Berbère-TV, ce 5 octobre 2009 a été un exemple de provocation contre tous les téléspectateurs devant lesquels il a affiché arrogance et mépris en même temps qu'il a étalé toute son ignorance, son manque d'éducation et sa nullité politique.
Aujourd’hui, par sa faute, elle est devenue une vulgaire marchandise vendue au diable et même au pire ennemi de la Kabylie. Et comme si la situation végétative du club ne suffisait pas, il vient de l’offrir en sandwich à Echorouk, un journal arabophone raciste, spécialisé dans la haine antikabyle. Sans égard pour ses milliers de supporters et pour son histoire qui remonte à 1946 ! L’insulte et le crachat d’Echorouk contre les supporters kabyles sera désormais sur les maillots que portera chaque joueur de la JSK.
A ce personnage honteux et exécrable, nous disons : Si 1,5 milliard de centimes suffisent à assouvir votre appétit, vous ne saurez jamais vous acquitter moralement de vos dettes envers la Kabylie.
Nul ne peut impunément disposer à sa guise de ce club qui appartient avant tout à ses supporters. Son président magouilleur est tenu de le savoir.
A travers cette opération qui lui serait conseillée par les proches de Bouteflika, il y a manipulation politicienne devant conduire à tuer dans le cœur de chaque Kabyle cet autre symbole politique de la Kabylie qu'a continué malgré tout d’incarner ce club.
Le MAK s’insurge contre le bradage éhonté de la JSK. Il dénonce ce contrat publicitaire contre-nature qui aliène la personnalité du club en même temps qu’il insulte tout le peuple kabyle.
En tout état de cause, le MAK tient un dossier ouvert relatif à toutes les exactions et leurs auteurs contre la cause kabyle.
Il est né à Taourirt Moussa Ouamar "beni douala" kabylie. le 24 janvier 1956, en Algérie. Il meurt le 25 juin 1998, assassiné sur la route d' Ath Douala . Officiellement, cet assassinat est attribué au GIA. Mais le pouvoir algérien est accusé, notamment par sa famille, de l'avoir assassiné.
A l'age de neuf ans, il fabrique sa première guitare à partir d'un bidon d'huile de moteur vide, et compose ses premières chansons durant l'adolescence.
Sa prise de conscience identitaire et culturel débute à la confrontation armée entre les Kabyles et les forces gouvernementales en 1963-1964.
En 1968, le gouvernement algérien introduit une politique d'arabisation dans le système éducatif au détriment du berbère. Matoub réagit en n'allant pas à l'école. Finalement, il quitte le système éducatif et devient autodidacte. En 1978, il émigre en France à la recherche de travail.
Arrivé en France, Matoub Lounès anime plusieurs soirées dans des cafés parisiens fréquentés par la communauté kabyle. C'est là qu'il se fait remarquer par le chanteur Idir qui l'aide à enregistrer son premier album, Ay Izem, qui remporte un vif succès.
En 1980, le poète se produit pour la première fois à l'Olympia en plein évènements du printemps berbère. Il monte alors sur scène habillé d'une tenue militaire pour manifester son soutien aux manifestants kabyles.
Depuis la sortie de son premier album Ay izem (Ô lion), Matoub Lounès célèbre les combattants de l'indépendance et fustige les dirigeants de l'Algérie à qui il reproche d'avoir usurpé le pouvoir et de brider la liberté d'expression. Chef de file du combat pour la reconnaissance de la langue berbère, il est grièvement blessé par un gendarme en octobre 1988. Il raconte sa longue convalescence dans l'album L'Ironie du sort (1989).
Les textes de Matoub Lounès sont revendicatifs et se consacrent à la défense de la culture berbère.
Il s'oppose à la politique d'arabisation et d'islamisation de l'Algérie. Il parle le kabyle, le français, et comprend l'arabe sans l'employer. C'est un partisan de la laïcité et de la démocratie, et s'est fait le porte-parole des laissés-pour-compte et des femmes.
Opposé à l'islamisme et au terrorisme islamiste, il condamne l'assassinat d'intellectuels. Il fut enlevé le 25 septembre 1994 par le GIA (Groupe Islamique Armée), puis libéré au terme d'une mobilisation de l'opinion publique de la communauté kabyle. La même année, il publie un ouvrage autobiographique, Rebelle, et reçoit le Prix de la mémoire des mains de Danielle Mitterrand.
Matoub acquiert un statut de martyr pour les Kabyles et même auprès des autres Algériens, qui estiment que leurs droits sont bafoués.
citation de lounes matoub:
«Mais la paix renaîtra un jour et mes chants parmi vous célébreront à nouveau le printemps si cher à nos cœurs..».
La chanteuse kabyle a exprimé par sa voix, depuis qu'elle a pu le faire publiquement, la condition de la femme de Kabylie reléguée par l'ordre patriarcal dans un statut social subalterne, transmis depuis toujours par la coutume jusqu'à ce que l'Etat codifie en 1984 cette oppression dans un texte, le Code de la famille.
De l'Algérienne des années 50, paysanne, épouse d'émigré, gardienne des valeurs qui organisaient sa propre sujétion, jusqu'à la femme lettrée du 21e siècle qui se bat pour être légale de l'homme en droits et en devoirs dans une société démocratique, un demi-siècle d'évolution et de luttes féminines est passé. Un ouvrage en apparence anodin, mais néanmoins précieux, paru en 2001 aux éditions Akili de Tizi Ouzou, sous le titre La chanteuse kabyle, retrace sur cinq décennies à travers le corpus des chants de six femmes, les jalons et les repères de cet itinéraire libérateur. Dans notre société à culture orale, c'est la chanson qui a déchiré le voile du silence. La femme n'avait que ses cordes vocales pour fredonner les inénarrables douleurs de l'oppression, et dire avec de simples mots, les maux qui lui rongent l'âme et le corps. Les chanteuses ont porté dans la rue et diffusé sur les ondes, ce cri solitaire murmuré en sourdine, ce "chant de la meule et du berceau" comme le désignait la grande cantatrice Marguerite Taos Amrouche. Depuis le fameux "Bqa âla khir a y Akbou" de Chérifa, cri de rupture symbolique avec le monde médiéval où la femme valait souvent moins cher qu'une vache jusqu'au "Voile du silence" le brûlot de la chanteuse Djura, travail pour lequel entre autres, elle reçut l'insigne de Chevalier de l'Ordre du mérite de l'Etat français, la chanson kabyle a constitué le principal aliment de la mémoire culturelle locale. Par son interprétation, sa voix, son engagement, la chanteuse kabyle a été le témoin privilégié et souvent l'acteur de cette évolution. Réalisée, à l'origine dans le cadre d'une recherche pour l'obtention du magister de langue et culture amazighes, la thèse de Hassina Kherdouci, chargée de cours à l'université de Tizi Ouzou, est finalement parue en livre au grand bonheur des amoureux de la poésie féminine d'expression kabyle. Cette compilation constitue déjà un incontournable document pour les artistes et les chercheurs dans le monde de l'art. L'universitaire a donc choisi six figures emblématiques de la chanson kabyle, six femmes qui chacune à sa façon, à des périodes différentes mais complémentaires se sont réappropriées le pouvoir de dire, traditionnellement réservé à l'homme, en dénonçant le statut d'infériorité dans lequel était tenue la femme. Hnifa et Cherifa, sont choisies parmi les nombreuses pionnières de la chanson féminine qui ont réussi le tour de force de se faire une place en tant qu'artistes à la radio parmi les hommes dans les années 50. Nouara, la chanteuse des années 60, a prêté sa voix au message féministe de l'après-guerre, au moment où les esprits rétrogrades voulait remettre entre les murs la femme qui venait, aux côtés de l'homme, de libérer la nation de 130 années de colonisation. Malika Domrane, la femme révoltée contre un ordre familial rigoriste, bravant la mise en quarantaine de son père, incarne le "Je" féminin, la femme qui a désacralisé l'espace masculin en osant s'asseoir dans Tajmaât, l'agora des hommes, et prendre place à la table d'un café avec les jeunes du village kabyle. Le choix de la chercheuse universitaire s'est porté sur la chanteuse Djura, l'aînée des sœurs du groupe "Djurdjura", ces chanteuses de l'émigration algérienne en France qui affrontent d'autres contradictions, d'autres valeurs dans un mode de vie où le chant féminin porte pourtant le même message libérateur. Dans les années 90 Massa Bouchafa, avec sa chanson engagée, s'inscrit dans la lignée des pionnières qui ont arraché le droit d'exister en tant qu'artiste, en tant que femme libre.
"Déchirer le voile du silence" Au regard du statut social personnel de chacune de ces femmes-artistes, nous mesurons tout le chemin parcouru et les résultats concrets de l'engagement des chanteuses dans la douloureux combat de l'émancipation. Ainsi, Hassina Kherdouci constate que Cherifa l'artiste révoltée des années 50 est une femme divorcée avec un enfant adoptif. Tout comme l'était Hnifa jusqu'à sa mort en exil. Nouara, la diva des années 60, est restée célibataire, alors que les chanteuses des années 80 comme Malika Domrane et Djura sont des mères de familles vivant avec leurs maris. L'engagement de ces femmes dans le combat de la dignité a obligé la société à changer de regard par rapport à l'artiste féminin, au point de voir dans le cas de Massa Bouchafa, le mari encourager sa femme dans l'accomplissement de sa vocation de chanteuse. Parmi les premières femmes à casser le tabou des tabous, oser chanter en public dans les années 50, l'auteur a choisi Cherifa et Hnifa, archétype de la marginale qui a défié un ordre social primitif et brutal dans lequel la femme était un véritable animal. Pour l'époque faire intrusion dans le monde des hommes et prendre la parole par le chant était inconcevable. Chanter sa condition misérable était un pas de géant accompli par la femme dans la voie de sa libération, et chanter l'amour constituait un coup de semonce pour la société puritaine où le rôle social de la femme n'était surtout pas celui-là ! Dans cette société qui voyait dans l'art une forme de prostitution, dans la chanteuse une débauchée, Cherifa et Hnifa ont su montrer par leurs poèmes, les non-dits et remettre en question une morale puritaine qui justifiait par des arguments sexistes toutes les misères qui frappaient la femme en priorité. Durant la décennie 60, Nouara, l'élève de Chérif Khadam et l'interprète de textes révolutionnaires comme ceux du poète Ben Mohamed, demande des comptes à l'homme et surtout aux poètes qui ne voient dans la femme que sa beauté, reproduisant les règles qui enterrent ses droits. "Allume la lampe et regarde-moi, tu m'as longtemps laisse dans l'obscurité", résumera-t-elle dans l'une de ces envoûtantes mélodies. C'est à Malika Domrane qu'échoit le rôle de représentante de la chanson revendicative de la fin des années 70, le temps de l'affirmation identitaire. En s'adressant à l'homme elle dit : "Ö Azouaou, je suis heureuse d'être la fille des Imazighéns, ceux-là dont le nom est célèbre". Elle délivre également, en chantant les textes de Mohia, le message de la femme préoccupée par le sort des siens, de sa langue, de son pays, mais surtout les détails de l'oppression subie par la femme dans la société kabyle qui n'est pas aussi démocratique qu'on a tendance, par une certaine indulgence coupable à le faire croire. Selon H. Kherdouci, la chanson kabyle féminine a connu sa plénitude en exil. Avec le groupe Djurdjura, la chanson porte tous les thèmes du drame culturel vécu par l'émigré en général et la femme ne particulier : le déracinement, le racisme, la déculturation. Dans un espace autre que celui de ses origines, la chanteuse dénonce la xénophobie et le statut de femme-objet, tout en exprimant l'appartenance à une culture et des valeurs universelles qui font que la Kabyle est une femme comme toutes les citoyennes du monde. L'ouvrage de Hassina Kherdouci a le mérite de réunir, dans un continuum poétique, cinq générations de chanteuses qui ont bravé chacune dans son contexte, les tabous et les règles qui instituaient l'asservissement de la femme. Elles ont prêté leur voix à l'espérance féminine. Elles ont chanté la tendresse et l'amour, mais aussi l'engagement, le sacrifice, le combat pour la liberté. Pour paraphraser Kateb Yacine nous dirons "qu'une femme qui chante sur les femmes vaut son double pesant de poudre".
Entretien avec Medjahed Hamid, ¡§Chanter est un plaisir pour moi¡¨
01/10/2009 00:48
Medjahed Hamid est l’un des artistes kabyles les plus discrets. Pourtant, il n’est plus à présenter. Son talent parle pour lui. Ses chansons que diffuse régulièrement la Chaîne II sont des chefs-d’œuvres. Il n’a jamais fait de cassettes. Pour lui, l’art et le commerce sont incompatibles. Un vrai artiste fait des chansons. Nous avons rencontré Medjahed Hamid au siège de la Radio nationale à l’occasion de l’émission “Tibugharin Gid” de Arezki Azouz, où un hommage a été rendu à Nouara.
La Dépêche de Kabylie : Quelle est votre appréciation sur cet hommage rendu à l’une des plus belles voix de la chanson kabyle, Nouara ? ƒÜƒÜ Medjahed Hamid : Ce genre d’hommage est positif d’un côté. En même temps, il a son aspect négatif parce qu’on le fait toujours en retard. Un artiste aimerait bien être reconnu bien avant, pas en fin de carrière. J’ai lu dans un journal qu’il s’agit là de la dernière sortie publique de Nouara.
Mais, il vaut mieux tard que jamais ? ƒÜƒÜ Moi, je préfère que ces hommages se fassent plus tôt. Nouara est quand-même une grande figure de la chanson.
Que représente Nouara pour vous ? ƒÜƒÜ Elle a tout donné à la chanson. La chanson ne lui a rien donné.
C’est le destin des vrais artistes, en général... ƒÜƒÜ Oui,ainsi est le destin du vrai artiste. Un artiste ne devient pas milliardaire. Il est riche par son art. Quand quelqu’un meurt et que l’on parle de lui, c’est ça la vraie richesse. Nouara représente la modernité et la belle voix. On ne retrouve pas beaucoup de voix comme la sienne dans la chanson kabyle et même dans la chanson algérienne.
Comment expliquez-vous que Nouara reste la reine de la chanson kabyle féminine ? Est-ce dû uniquement à la beauté et à la force de sa voix ? ƒÜƒÜ Nouara a commencé dès son jeune âge, c’est un don de Dieu. Elle a aimé la chanson et elle est venue à la Radio.
Vous lui avez composé des chansons. Parlez-nous de cette expérience... ƒÜƒÜ J’ai fait cette expérience pour tester mes capacités dans le domaine de la composition musicale, voire si je pouvais faire comme Chérif Kheddam. Pour moi, Chérif Kheddam est le grand monsieur de la musique. Je voulais aller vers cette école.
Etes-vous satisfait du résultat obtenu ?ƒÜƒÜ Je suis satisfait en apprenant qu’en diffusant mes chansons, les animateurs disent : “paroles et musique : Chérif Kheddam”.
Parlez-nous un peu de vous ?ƒÜƒÜ Que voulez-vous que je vous dise sur moi ? Je suis un peu spécial aussi. Comme Nouara.
Vous avez eu le même destin que Nouara ? ƒÜƒÜ C’est le même destin inexplicable. Avons-nous raison, avons-nous tort ? Tout le monde nous en veut mais rares sont ceux qui nous comprennent.
N’est-ce pas le propre de l’artiste que de ne pas être compris ? ƒÜƒÜ C’est le propre de certains artistes. Il y a l’artiste et il y a le “chansonnier”, c’est-à-dire le commerçant de la chanson.
Vous êtes connu pour être un artiste qui ne produit pas beaucoup, mais c’est parce que vous misez sur la qualité. Vos chansons sont des œuvres... ƒÜƒÜ Je ne produis pas beaucoup. Pour la qualité, c’est aux autres de juger. Mais je n’ai jamais édité mes chansons en cassette.
Pourquoi ? ƒÜƒÜ Parce que je ne suis pas commerçant. C’est aussi simple. Je chante pour un public, et parmi ce public, il y a ceux qui m’aiment. Ces derniers ont le droit d’aimer mes chansons. Je ne peux pas me mettre à genoux pour satisfaire mon public. Il y a des principes qu’on doit respecter. Je demande à mon public qui m’aime de m’excuser, car la chanson aujourd’hui, n’est plus comme avant.
Pourquoi cette régression ? ƒÜƒÜ Beaucoup de chanteurs ne sont pas artistes. Ils font des cassettes, ils marchent dans la rue avec leurs albums, ils aiment bien passer à la télévision... Pour moi, un chanteur ne demande pas, il doit être sollicité.
Et le public dans tout ça ? ƒÜƒÜ Le public n’est pas responsable de cette situation. Celle-ci est due au matraquage publicitaire. Quand on vous rabâche à longueur de journée, que ce soit à la radio, ou à la télévision ou encore dans la presse écrite, des navets qui passent toutes les dix minutes, tous les jours, le résultat ne peut être que celui qu’on constate. Heureusement que ce genre de chansons ne restent pas dans la durée. Il ne subsiste que les chansons de qualité.
Est-ce qu’il y a quelque chose qui vous a marqué, positivement, dans votre carrière ? ƒÜƒÜ Plus j’avance, plus je découvre que beaucoup de gens m’aiment, alors que je croyais que personne ne m’aimait.
Est-ce que vous composez actuellement ? ƒÜƒÜ Oui, je compose mieux que ceux qui existent. Mes nouvelles chansons sont prêtes. J’attends le moment d’être réellement écouté pour les rendre publiques. Ça ne sert à rien de chanter, pour chanter.
Parmi les nouveaux artistes, avez-vous des noms de jeunes ayant du talent ? ƒÜƒÜ Oui, il y a par exemple Lani Rabah qui compose bien. Il y en a d’autres. Il y en a beaucoup même. Je cite Lani Rabah juste au hasard. Ces jeunes artistes ne doivent pas courir après l’argent. L’argent tue l’âme de l’artiste. Si j’avais fait des cassettes à mes débuts, en voyant que cela me rapportait de l’argent, j’en aurais fait le maximum. J’aurais composé n’importe quoi. Moi, je travaille ailleurs. Pour moi, la musique, c’est comme le sport. Je la fais pour le plaisir.
Si un jour on décidait de vous rendre un hommage, comme celui rendu à Nouara aujourd’hui, allez-vous accepter ? ƒÜƒÜ Ça sera très difficile à accepter.
- Entretien réalisé par Aomar Mohellebi, La dépêche de Kabylie
Mardi 15 septembre 2009, le public était tellement nombreux que la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou a eu du mal à le contenir. Avides, les organisateurs ont vendu plus de tickets que la salle n’en comptait de sièges – à 300 DA/1 place contrairement aux 200 DA/1 place pour les autres soirées –, les escaliers, les couloirs et la piste de danse étaient tout occupés avec tous les risques que cela suppose si urgence il y aurait eu !
Il faut dire que la soirée s’annonçait grandiose, deux têtes d’affiche exceptionnelles : Nouara et Medjahed Hamid, qui ne sont pas apparues sur la scène artistique de Tizi-Ouzou – et même de Kabylie et de toute l’Algérie – depuis plusieurs années, c’en fût certainement une des rencontres artistiques les plus réussies du programme de cette année des soirées du mois du Jeûne.
Il était presque 21 heures au moment où nous sommes arrivés au niveau du portail de la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou, une vingtaine de personnes attendaient devant les grilles faisant face aux agents de sécurité. Ceux-ci ne laissaient personne passer, impossible de réserver sa place à l’avance comme partout dans le monde, « il faut faire la chaine » comme tout le monde.
Un bon quart d’heure s’écoulera avant, qu’enfin, ils ne se « décident » à ouvrir le portail, sur ce, le public s’y engouffre et une foule se forme au niveau du guichet pris d’assaut. Cet « écueil » passé, le public ne s’arrêtera pas de « s’installer » qu’après 22 heures, ceci fait, Medjahed Hamid fera son entrée sur scène sous les acclamations du public.
C’est ainsi qu’il interprètera une bonne douzaine de chansons de son propre répertoire, les deux chansons qui captiveront le plus le public ont étaient celle qu’il aurait proposée à Lounès MATOUB et qui aurait été intéressé, mais n’a pas eu le temps de la chanter ainsi que sa fameuse chanson « D kem » (C’est toi) que le public reprendra en chœur.
La dernière chanson entamée, Medjahed Hamid s’adressera au public, il dira : « Aujourd’hui, je suis venu avec un cadeau. Je n’ai pas arrêté de la supplier de venir, au final, elle a accepté. » La surprise, c’est la diva Nouara, son apparition sur la scène sera suivie d’un tonnerre d’applaudissements. Après avoir salué le public, elle dira : « Je suis très heureuse de me trouver ici, aujourd’hui, avec vous. Ça me fait un très grand plaisir ! »
La diva entamera son « programme » et interprètera avec sa voix, restée intacte malgré les années qui sont passées, ses plus belles chansons faisant ainsi revisiter des souvenirs à elle-même ainsi qu’à tout le parterre, au bout de sa troisième chanson elle affirmera émue : « D ul ig cennun, maci d imi ! » (C’est le cœur qui chante et non la langue).
D’une modestie extraordinaire, Nouara donna des frissons au public composé essentiellement d’adultes, mais qui n’a pas cessé de l’ovationner et de réclamer son retour sur scène plusieurs fois, l’émotion était grandiose au point d’en faire pleureur plus d’un, elle-même a versé quelques larmes en interprétant certaines de ses chansons à l’image de l’« acewwiq » intitulé « Iɛdawen » dédié à Lounès MATOUB.
Il faut rappeler que Nouara a marqué de son sceau la chanson kabyle avec des chansons qui traduisent des situations sociales complexes interprétées avec une voix magique avec laquelle elle notamment donné la réplique à Cherif KHEDAM et Lounès MATOUB dans des duos immortels.
Pour Kabyle.com : AJQAS
Mise à jour : Mercredi 23 Septembre 2009, 05:16 la kabylie le 23.09.09 à 04:14 dans ARTISTES KABYLES - Lu 22 fois