MEDJAHED HAMID = JOYEUX ANNIVERSAIRE POUR LES 40 ANS DE CHANSONS
26/10/2009 21:07
Hommage à Medjahed Hamid
“Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons”
Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée queMedjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporellessont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical,chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées.
L’hommage rendu hier à l’artiste polyvalent Medjahed Hamid était exemplaire. Une sympathique réception a été organisée en son honneur, au cours de laquelle, l’artiste a rencontré ses amis qu’il n’a pas revu depuis une dizaineannées. La cérémonie a été marquée par une présence remarquable des différentes figures artistiques algériennes. Qu’ils soient, chanteurs, musiciens ou comédiens, ils étaient tous présent pour dire un seul mot à Medjahed Hamid «Joyeux anniversaire pour tes quarante ans de chansons». L’association «El Marhada» de Aïn Benian qui a concocté cet hommage, a accueilli pour sa part, des chanteurspour puiser à cette occasion dans le répertoire du chantre de l’amazighité. La commémoration était certes organisée par l’association «El Marhaba», et a été parrainée par l’Office national des droits d’auteurs (ONDA).
Les initiateurs de cet hommage n’ont pas manqué de répéter et d’insister sur l’idée queMedjahed Hamid, est un précurseur c’est lui qui a ouvert la voie de la musique à des centaines de chanteurs de la nouvelle génération qui ont pris aujourd’hui la relève. Ses chansons intemporellessont passées de génération en génération sans qu’elles perdent de leur sens et de leur intensité. Pour cela, et sur le volet musical,chacun des chanteurs présents a présenté une chanson au menu des activités programmées. De nombreux chanteurs de renom se succéderont sur scène, venus spécialement pour participer à l’événement. L’hommageaura ainsi ciblé une musique amazighe dans sa richesse et sa variété. Le coup d’envoi de cette célébration a été donné par le chanteur Izoran, en chantant l’une de ses meilleures chansons.Suivi par les autres chanteurs et chanteuses, parmi eux, on peut citer Louiza, Nouara, ldjida thamchtouht, Ahcene Abassi, Farid Faragui, ….et d’autres «voir les impressions ». L’ambiance était familiale et conviviale en même temps. Très ému, Medjahed Hamid n’a pas cessé, tout au long de la soirée, d’exprimer ses remerciements à ses invités et aux organisateurs de cet événement. Avec les invités et ses amis qu’il a reçus dans cette salle de fête, il s’est remémoré le long parcours, riche en bons… et en moins bons souvenirs. Une demi-journée consacrée à cet homme de la chanson Kabyle n’était pas suffisante pour remémorer dans ses moult détails une nostalgie commune, gravée dans la mémoire de cette famille artistique.
Il n'ya plus aucun doute : Idir est bel et bien le digne ambassadeur de la chanson Kabyle. Son spectacle du 10 juillet au Métropolis de Montréal le confirme.
Dès 17h30, la 1ère file devant l'entrée de la salle ne suffisant pas, le service de sécurité était dans l'obligation de faire patienter les gens dans une 2ème file. À 18h30, c'est l'entrée. Le balcon et les places assises étant pleins, les gens ont décidé carrément d'occuper le parterre.
Le groupe Syncop a fait l'ouverture de la soirée avec des chansons aux rythmes variés allant du Rap, au Rai et au châabi. Malgré l'excellente performance de ce jeune groupe, les spectateurs avaient hâte de voir leur idole.
Enfin, la star fait son entrée : C'est un grand moment d'émotion : les applaudissements et les youyous fusaient de partout. Durant tout le spectacle, seconde par seconde, toute la salle chantait et dansait en écho avec lui.
Nous lui avons posé quelques questions au lendemain du spectacle :
T.Ould-Hamouda : Vous êtes considéré par la majorité des Kabyles comme l'ambassadeur de notre culture dans le monde, qu'en pensez-vous ?
IDIR : C'est avec fierté et honneur que je fais connaître ma culture, s'il y a une chose que je ne négocierai jamais : c'est mon identité berbère. Je fais ce que je peux et du mieux que je peux.
T.Ould-Hamouda : Vos impressions sur le spectacle d'hier ?
IDIR : C'était un spectacle exceptionnel : ça m'a fait énormément plaisir de trouver un public si nombreux et qui était si heureux de m'accueillir comme s'il recevait un membre de sa famille venu de Kabylie. C'était un moment de grande émotion, il y avait un lien très fort : celui du sang.
T.Ould-Hamouda : Que pensez-vous du public montréalais ?
IDIR : Le public a été formidable. J'ai senti qu'il avait un attachement et un engouement pour sa culture et son identité.
Je le remercie pour son accueil chaleureux. Je pense qu'avoir un tel public est le voeu et le souhait de chaque artiste.
T.Ould-Hamouda : Êtes-vous satisfait de ce spectacle ?
IDIR : J'en suis même ravi. J'ai été très touché par l'accueil du public. Je les remercie tous du fond du coeur.
T.Ould-Hamouda : Tanemirt a Yidir
Entrevue téléphonique réalisée par T.Ould-Hamouda le Vendredi 11 juillet - Montréal pour www.Kabyle.com
40 ANS AU SERVICE DE LA CHANSON KABYLE - MEDJAHED HAMID
23/10/2009 00:53
Article consulté 204 fois
Il sera abrité par la salle Prestige de Aïn Benian
Hommage à Medjahed Hamid pour ses 40 ans de chansons
Un grand hommage lui sera rendu le 25 octobre 2009 à 14h00 à la salle "Prestige" de Ain-Benian. L'artiste mérite tous les hommages, non seulement il a réalisé des chansons phares de la culture Kabyle, exemple "Taous, hommage à Taos Amrouche", "A Yul", etc... Il a aidé aussi plusieurs jeunes à se faire un nom dans la chanson kabyle. L'Association El Marhaba, Centre Culturel Taleb Abderrahmane de Ain-Benian célèbre les 40 ans consacrés à la chanson kabyle et à la découverte de nouveaux talents d'hier et d'aujourd'hui du grand artiste Medjahed Hamid. Avec son émission "Ighennayen U zekka", (les artistes de demain), il a reçu des centaines de jeunes qui sont devenus aujourd'hui des artistes connus (ex. Allaoua qui à l'âge de 12 ans reçu dans l'émission).
Source : www.kabyle.com
Photo : T. O Hamouda de l’Association Tafsut de Montréal.
Un grand hommage lui sera rendu le 25 octobre 2009 à 14h00 à la salle "Prestige" de Ain-Benian. L'artiste mérite tous les hommages, non seulement il réalisé des chansons phares de la culture Kabyle, exemple "Taous, hommage à Taos Amrouche", "A Yul", etc... Il a aidé aussi plusieurs jeunes à se faire un nom dans la chanson kabyle.
L'Association *EL MARHABA* Centre Culturel Taleb Abderrahmane de Ain-Benian célèbre les 40 ans consacrés à la chanson kabyle et à la découverte de nouveaux talents d'hier et d'aujourd'hui du grand artiste "Medjahed Hamid".
En effet, Medjahed Hamid mérite tous les hommages, non seulement il réalisé des chansons phares de la culture Kabyle, exemple "Taous, hommage à Taos Amrouche", "A Yul", etc... Il a aidé aussi plusieurs jeunes à se faire un nom dans la chanson Kabyle.
Si l'on survole la Kabylie caméra au poing, et en prenant des vues en plongée, les images reçues devraient être aussi belles que tourmentées.
La Kabylie c'est une suite presque ininterrompue de creux et de pics, de chemins qui montent et qui descendent, de proéminences et d'anfractuosités. C'est un peu l'épiderme vu en gros plan d'un gigantesque dinosaure.
Si le vol se fait de Tizi-Ouzou, vers le Sud, en passant par Takhoukht et Beni-Yeni et en se dirigeant sur le col de Tizi-N'kouilal, on verrait, si l'avion perdait de l'altitude, trois chapelets de villages en forme de colonnes vertébrales : à gauche le "chapelet" des Yatafen, à droite celui des Ait Ouacifs et au centre, Iboudraren.
Si la caméra se concentre sur le "chapelet" du centre et si elle cherche quelque part entre les épines (dorsales dirions-nous) formées par Ait Ali Ouharzoune et Ait Eurvah, elle verrait une autre épine : c'est Tassaft-Ouguemoun.
En rapprochant le plan doucement, comme cela se fait dans certains films, on se rendrait compte que cette "épine" est un agglutinement de maisons plutôt "out" que "in", cachet propre à la plupart des villages kabyles des temps présents. Maintenant si le film est tourné un vendredi, à la veille de l'Aid, et si la caméra fouillait les ruelles sombres du village, elle serait attirée par une modeste "place" enguirlandée… et là, la fiction rejoindrait la réalité puisque ….
Vers 21h 30mn du 21 juin dernier, Tajemaât N'Tassaft est inhabituellement animée, toute la journée, le bruit a couru "qu'il y aura spectacle ce soir". C'est ainsi que dès la nuit tombante, les gens commencent à affluer, les hommes s'asseyant sur les bancs de pierre, ou s'adossant aux murs, les femmes accroupies en demi-cercle devant l'estrade de fortune confectionnée pour la circonstance. Entre les deux, les enfants vont et viennent avec plus ou moins de chahut.
La température est tiède comme peut être un début de soirée d'été. Les cigales se sont tues, mais des "éphémères" tournoient autour des lampes incandescentes. Tout le monde attend le spectacle promis par l'association culturelle "Amar ATH HAMOUDA", association créée en mars 1989 et qui a déjà à son actif plusieurs "shows" culturels dont une bonne exposition sur la révolution jumelée avec une "culturelle", le 29 mars dernier à l'occasion de l'anniversaire de la mort d'AMIROUCHE.
Cela commence par une "musique d'entrée" improvisée par des jeunes de l'association. Ensuite il y eut la troupe folklorique "Tizemarine" qui est aux gens de Tassaft ce qu'est la madeleine" à Marcel Proust, puisque autant que je m'en souvienne, "Tizemarine" (sorte de hautbois maison, fait avec 2 bouts de roseaux troués) ont toujours été de la fête à Tassaft même si l'on a la chance de disposer de deux chanteurs "attirés", ce qui est le cas présentement. Les dernières notes de ce "récital" se perdent dans les informations d'un poème émouvant : "yemma" écrit et lu par Mr BEDAD Boudjemaa, poème qui a titillé les glandes lacrymales de bon nombre de femmes présentes.
Vient le tour de la chorale composée de fillettes superbement habillées à la traditionnelle et de garçonnets qui exécutent quelques chants légers mais non démunis de charme.
La troupe théâtrale "AGRAW IMAZIGHEN", issue de l'association, profite de l'occasion pour livrer son dernier produit : il s'agit de "FIYITA", pièce écrite et mise en scène par BEDAD Boudjemaa, auteur en même temps du rôle principal et visiblement un des membres les plus actifs de l'association. "TIYITA" est, somme toute, un travail théâtral d'assez bonne facture et qui traite de la situation "socio- politico culturelle du moment, comme le dit M. Ait Mouloud Hmimiche, président de l'association.
Enfin, la soirée plutôt consistance, est relevée par l'apparition des deux chanteurs du "terroir" en l'occurrence BENAMER Arab et OUAHIOUNE Hocine qui, chacun dans son style, égaye la foule, le tout saupoudré de quelques poèmes retentissants de M. AIT MOULOUD Mohammed.
Avant l'aube d'une autre journée, "Tajemaât n'Tassaft" replonge dans l'obscurité des autres ruelles. Mais le temps d'une soirée, le cœur des "Tassaftis", a battu au rythme de "Yemma", "TIYITA", les voix mélodieuses des enfants de la chorale, les sons des mandolines : le temps d'une soirée, les cœurs ont battu à l'unisson. Puissent-ils le faire à l'instar des autres villages d'Algérie aussi longtemps que possible! Je dis bien à l'unisson et non à "l'unicité".
Mardi 15 septembre 2009, le public était tellement nombreux que la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou a eu du mal à le contenir. Avides, les organisateurs ont vendu plus de tickets que la salle n’en comptait de sièges – à 300 DA/1 place contrairement aux 200 DA/1 place pour les autres soirées –, les escaliers, les couloirs et la piste de danse étaient tout occupés avec tous les risques que cela suppose si urgence il y aurait eu !
Il faut dire que la soirée s’annonçait grandiose, deux têtes d’affiche exceptionnelles : Nouara et Medjahed Hamid, qui ne sont pas apparues sur la scène artistique de Tizi-Ouzou – et même de Kabylie et de toute l’Algérie – depuis plusieurs années, c’en fût certainement une des rencontres artistiques les plus réussies du programme de cette année des soirées du mois du Jeûne.
Il était presque 21 heures au moment où nous sommes arrivés au niveau du portail de la salle de spectacle de la Maison de la Culture Mouloud MAMMERI de Tizi-Ouzou, une vingtaine de personnes attendaient devant les grilles faisant face aux agents de sécurité. Ceux-ci ne laissaient personne passer, impossible de réserver sa place à l’avance comme partout dans le monde, « il faut faire la chaine » comme tout le monde.
Un bon quart d’heure s’écoulera avant, qu’enfin, ils ne se « décident » à ouvrir le portail, sur ce, le public s’y engouffre et une foule se forme au niveau du guichet pris d’assaut. Cet « écueil » passé, le public ne s’arrêtera pas de « s’installer » qu’après 22 heures, ceci fait, Medjahed Hamid fera son entrée sur scène sous les acclamations du public.
C’est ainsi qu’il interprètera une bonne douzaine de chansons de son propre répertoire, les deux chansons qui captiveront le plus le public ont étaient celle qu’il aurait proposée à Lounès MATOUB et qui aurait été intéressé, mais n’a pas eu le temps de la chanter ainsi que sa fameuse chanson « D kem » (C’est toi) que le public reprendra en chœur.
La dernière chanson entamée, Medjahed Hamid s’adressera au public, il dira : « Aujourd’hui, je suis venu avec un cadeau. Je n’ai pas arrêté de la supplier de venir, au final, elle a accepté. » La surprise, c’est la diva Nouara, son apparition sur la scène sera suivie d’un tonnerre d’applaudissements. Après avoir salué le public, elle dira : « Je suis très heureuse de me trouver ici, aujourd’hui, avec vous. Ça me fait un très grand plaisir ! »
La diva entamera son « programme » et interprètera avec sa voix, restée intacte malgré les années qui sont passées, ses plus belles chansons faisant ainsi revisiter des souvenirs à elle-même ainsi qu’à tout le parterre, au bout de sa troisième chanson elle affirmera émue : « D ul ig cennun, maci d imi ! » (C’est le cœur qui chante et non la langue).
D’une modestie extraordinaire, Nouara donna des frissons au public composé essentiellement d’adultes, mais qui n’a pas cessé de l’ovationner et de réclamer son retour sur scène plusieurs fois, l’émotion était grandiose au point d’en faire pleureur plus d’un, elle-même a versé quelques larmes en interprétant certaines de ses chansons à l’image de l’« acewwiq » intitulé « Iɛdawen » dédié à Lounès MATOUB.
Il faut rappeler que Nouara a marqué de son sceau la chanson kabyle avec des chansons qui traduisent des situations sociales complexes interprétées avec une voix magique avec laquelle elle notamment donné la réplique à Cherif KHEDAM et Lounès MATOUB dans des duos immortels.
Né le 17 janvier 1950, Lounis Abdendi Aït Menguellet est originaire d'Ighil Bouamas (le "coteau du milieu"), un petit village kabyle de la chaîne montagneuse de la Djurdjura. Il est le dernier né d’une famille de six enfants ( il a trois sœurs et deux frères ). « J’ai eu la chance de naître, et grandir dans une famille un peu particulière mais très enrichissante. En fait, j’ai eu le privilège d’avoir quatre grands-mères. Mon grand père que je n’ai pas connu s’est marié avec trois femmes qui ont toujours vécu ensemble jusqu’à leur disparition. Ce qui fait que j’ai plusieurs oncles issus des trois liaisons. Ma quatrième grand-mère est celle maternelle de ma propre mère ». (la dépêche de Kabylie, 25 avril 2005). Ce grand-père est décédé en 1945, soit cinq ans avant la naissance de Lounis. Les hommes de la famille, dont son propre père, sont presque émigrés dans la région oranaise. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie » (Ibid). Il fait à peine sa rentrée à l’école à Ighil Bouamas, en pleine guerre d'Algérie. « J’y été pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddine. Je me dis que je lui ai porté chance » (Ibid). «[la suite] a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger ou j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique ou j’ai fais trois ans » (Ibid). Il y reçoit un formation d'ébéniste. Durant sa dernière année s'étude, il doit tout abandonner : son grand frère qui l’avait à sa charge, et avait un travail, meurt dans un accident de circulation. Son autre frère étant parti de son côté, Lounis doit se retrousser les manches pour assumer son rôle de tuteur de ses soeurs, le père étant souvent absent après s’être remarié à Oran. « Je me suis fait embaucher au ministère des Travaux publics comme secrétaire subdivisionnaire. J’étais là pour la réalisation de la première tranche du complexe du 5 Juillet. Après, j’ai été admis sur concours dans la dernière banque française qui était encore installée en Algérie. J’ai fait une année avant de me retirer pour rentrer au village, en 1970. » (ibid). Parallèlement, Lounis Aït Menguelet commence une carrière musicale. Son début dans le domaine remonte, en fait, à 1967 au sein du groupe "Imazighen" avec Lamara Boukhalfa, El Hachemi N’Aït Kaci, Djaffar Fettouchi de Souamâa, Malik, et son frère M’hena. Dalil Omar se joint par la suite à la troupe. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kabylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, j’en garde un très bon souvenir. C’était là notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisé. Les gens nous avaient bien accueillis et encouragés. Ce jour là, il y avait avec nous Ramdane Metref qui jouait du violon, Ahcène de Souamâa à la mandoline que j’ai d’ailleurs retrouvés, il y’a deux ans à Souamâa. Ça m’a fait vraiment plaisir de les revoir avec les anciens copains ». De cette période, Lounis se rappelle aussi de ce jour où son cousin Ouahab l’a pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission « Nouva Ihafadhen » (« Chanteurs de demain ») sur la chaîne 2 en langue kabyle de la radio télévision algérienne animée par Cherif Kheddam. Il y arrive la guitare à la main et interprète un morceau de sa composition "Ma trud" ("Si tu pleures") qui le fait connaître. Lorsque qu'il évoque Cherif Kheddam, il dit : « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Moi, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même durée près de 3 ans ». De retour chez lui à Ighil Bouamas, Lounis se fait recruter comme secrétaire à la Kasma de la région, et se marie. Mais il a doit quitter son poste après seulement quelques mois d’exercice, pour aller sous les drapeaux. Sa première fille vient au monde alors qu’il accomplit l’instruction à Blida avant d’aller faire dix huit mois de service militaire à Constantine. C’est aussi à cette période qu’il s’élance véritablement dans la chanson sous l'égide d'un autre grand nom de la chanson algérienne : Kamel Hamadi. « Kamel Hamadi m’avait, en faite, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission week-end, et Kamel me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. A l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine dimanche en soirée ». C’est ainsi qu’il ne s’en rendra compte du succès qu’a son second tube « A Louiza » que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne... » Qualifié au début d'artiste de variété et sévèrement critiqué à ce titre, il trouve vite un important public, notamment chez les jeunes. Dès le départ, il se situe en rupture avec les orchestrations luxuriantes (et souvent inutiles à son avis) de la musique "berbère" de cette époque. Son langage est à la fois poétique et revendicatif. Il est devenu un symbole de la musique amazighe, à tel point qu'on l'a souvent qualifié de Brassens kabyle, comparaison qu'il mérite. Bien qu'il s'en défende, Lounis Ait Menguellet est un grand mélodiste, un grand chanteur et un excellent guitariste. Si l'orchestration est le plus souvent limitée à la guitare acoustique, aux percussions traditionnelles et la flûte, elle est d'une très grande efficacité et d'une technique impeccable servant de superbes mélodies. Musicalement, son talent est énorme. Interrogez cependant l'artiste sur ce point et il vous répondra que sa musique n'est que de la musique traditionnelle de Kabylie, qu'il joue depuis son enfance. En privé, il est d'une modestie désarmante, presque timide, et d'une grande gentillesse. A ses yeux, le plus important sont ses textes. Ils sont d'une très grande poésie. Ils pointent les problèmes de la société actuelle à la lumière de la sagesse ancienne, avec une lucidité qui dépasse de loin la culture amazighe dont il est un des ardents défenseurs. Il dit de lui : "Je suis avant tout un regard porté sur l'espace et le monde qui m'entourent " (Algérie Actualités, juillet 1984). C'est un héritier des grands poètes kabyles, comme Si Mohand, dont il connaît bien l'œuvre. Le grand écrivain algérien Kateb Yacine a dit de lui : "Il est incontestablement notre plus grand poète". Le 11 février 1978, il fait pour la première fois l'olympia. Son succès va alors montant. Le 26 mars 1985, il chante au Zénith à Paris devant six mille personnes. Le 25 octobre 1985 intervient une décision absurde de la part de la justice algérienne : il est condamné à trois ans de prison pour détention illégale d'arme de chasse et de guerre. En fait d'armes, le chanteur ne possédait qu'un vieux fusil de chasse, ce qui est courant en Kabylie. Ce procès apparaît comme politique, puisqu'il avait apporté son soutien peu de temps auparavant au chanteur Fehrat Méhenni, incarcéré pour son appartenance à la nouvelle ligue des droits de l'homme en Algérie. Suite à de nombreuses protestations, il retrouve la liberté quelques mois plus tard. Humaniste, Aït Menguellet s'est lancé dans un projet de collecte d'insuline pour les Algériens diabétiques, et pour la prise en charge de 400 malades durant une année. Lunis Aït Menguellet est un homme libre, dont la conduite est parfois déroutante, mais marquée par une profonde cohérence. Il refuse l'exil, estimant que son bonheur est parmi les siens : "(...)ne pas tomber dans le panneau de la célébrité, de l'argent et des villes est une chose bien difficile. Tout chanteur de chez nous rêve de Paris, moi j'ai toujours souhaité avoir les moyens moraux et matériels de rester dans mon patelin, j'y suis arrivé "(Algérie Actualités, juillet 1984). Il vit toujours dans son village de Kabylie, qu'il ne quitte que pour les tournées et les séances de studio. Il s'est toujours revendiqué apolitique. Il estime ses textes comme poétiques, et n'a jamais été membre d'un quelconque parti : en 1992, il déclare : "(...)D'abord comme simple citoyen, je ne peux pas rester neutre, je le dis tout net. L'intégrisme, je n'en veux pas.. En janvier dernier après le premier tour des législatives, il y avait urgence et il y avait danger, il fallait absolument stopper l'intégrisme. Et je suis d'accord avec la façon dont cela a été fait. Tout en disant cela, je reste fidèle à mes convictions démocratiques, à mes convictions sur les droits de l'Homme et les libertés. Nous devons naturellement rester vigilants sur ces questions et refuser tout arbitraire, même quand ses victimes peuvent être intégristes" "Je ne me suis jamais détourné de ceux qui cherchent à apporter leur pierre au bien-être de ce pays où qu'ils se trouvent. Si je n'ai pas été embrigadé politiquement dans les années difficiles, ce n'est pas aujourd'hui que cela commencera. Je continuerai à être ce que j'ai toujours été.." Sa parole sert énormément pour la culture amazighe parce qu'elle est l'expression de la sagesse ancestrale. Il se rend à un meeting du Président de la République algérienne, Abdelaziz Bouthéfika, à Tizi Ouzou, peu après l'élection de celui-ci. Il l'applaudit et accepte même de lui serrer la main. Il s'ensuit une polémique, certains l'accusant d'être un traître. Il répond à ces accusations avec sa simplicité et sa franchise coutumière. D'abord, ce n'était qu'une geste de politesse envers le Président, qui n'implique aucunement son adhésion à la politique de celui-ci. Il rappelle qu'à ce moment, bien des Algériens attendaient beaucoup du nouveau Président. Ensuite, il espérait obtenir un rendez-vous pour réellement discuter avec le Président de la situation de la culture amazighe, ce qui n'était pas possible dans ce meeting. L'attitude de Lounis Aït Menguellet concernant l'année de l'Algérie 2003 en France montre à nouveau son indépendance. Alors que s'engage une campagne de boycott, il la refuse. Il revendique une participation critique, pour faire entendre la voix des Imazighen. Il revendique sa liberté. Il insiste sur le fait qu'il est membre de l'Arch de son village d'Iboudraren(1), et que cette question y a été discutée : il tourne en France. Certains détracteurs s'enflamment à nouveau contre lui. Pourtant l'artiste n'est pas présent au concert lançant l'année de l'Algérie à Alger, ce qui est significatif. Il tourne en France, et sa parole libre se fait à nouveau entendre. Convergences l'accueille à Roubaix en juin pour un magnifique concert. En 2004, il se produit au festival de Timgad, dans les Aurès. Cette participation a été vivement critiquée par certains. Ce festival s'est en effet déroulé peu après une violente répression dans le village de Tkout . L'affaire est partie de la mort d'un jeune homme dans des conditions suspectes qui entraîne des manifestations de la populations. L'attitude des autorités algériennes est une fois de plus disproportionnée, marqué par des arrestations de jeunes et des violences inadmissibles sur leurs personnes. Les forces de l'ordre en profite pour jeter en prison des militants des Arouch des Aurès. Le festival de Timgad a été considéré comme une provocation organisée par le pouvoir algérien, et la participation d'Aït Menguellet très critiquée. En 2005, il nous revient avec un nouveau CD "Yenna-d umgar" (le sage a dit). Afin de se faire comprendre de tous, Lounis fait figurer dans le livret des traductions de ces textes en français, en anglais et en arabe. Comme il le dit lui même, il n'a pas changé : il interroge toujours sa culture amazighe ancestrale. Il répond aussi à ses détracteurs.
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