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Aït Menguellet ou la lucidité inquiète
17/12/2008 04:05
Quoi de nouveau sous le soleil ?
Interrogé au cours de ses dernières apparitions en public sur un éventuel produit artistique qu’il couverait dans ses carnets, Aït Menguellet répond simplement qu’il n’est pas encore inspiré. Une réponse simple au contenu complexe, et pour cause. Être inspiré, recevoir une ‘’révélation’’ de l’intérieur de soi, n’a visiblement rien à voir avec le jeu des anagrammes ou du scrabble.
Plus que des mots à aligner et des prépositions à installer pour les mettre en relation, Aït Menguellet nous a habitués à l’exploration de nous-mêmes pour faire l’aventure intérieure. Il dit pour nous les inquiétudes de l’être et du monde face à une réalité en perpétuelle métamorphose.
Le dernier produit d’Aït Menguellet remonte à 2005. La profondeur et la portée de Innad Umghar semblent venir couronner un parcours, une réflexion et une méthode. Dans un premier travail, nous situons au moins trois poèmes dans le champ d’investigation sur lequel nous nous sommes engagés jusqu’ici, à savoir la réflexion philosophique sur l’être et le monde. D’abord, les deux chansons qui justifient le titre même de l’album : Amghar azemni mi t id nesteqsa et Maci di tesleb ddunit, ensuite Tekkerd sbah gher ceghlik. Cette dernière traite de la fuite du temps, du déroulement d’une vie faite de labeur et de simplicité à la manière de pauvre Martin de Brassens immortalisé en kabyle par Mohia dans Amuh n’Muh wwet aqabac. C’est un thème qui a fait l’objet de profondes études menées par des philosophes comme Bergson et par des écrivains dans leurs œuvres de fiction et dont la plus importante sans doute est Le désert des Tartares écrite par Buzzati. Baudelaire, dans son poème L’Horloge, traduit parfaitement ce sentiment de la fuite du temps en nous jetant dans l’absurde d’où sont exclues hypocrisie et illusions.
Les deux poèmes qui font intervenir, dans un dialogue, le peuple qui constate l’âpreté et le flou de la vie actuelle, et le vieux sage qui répond que “cela a été toujours ainsi’’, constituent la substantifique moelle d’une pensée qui, en ces temps de médiocrité et de mépris, se veut vigoureuse, vigilante et, de surcroît, esthétiquement éthérée et haute en couleurs. Même si, comme le soutient un penseur, tout a été dit par le passé, y compris, pouvons-nous ajouter, dans la culture kabyle, le plus important pour
la société-qui, en fin de compte ne fait qu’écrire le même livre depuis toujours- est la nouvelle formulation, l’appréhension personnelle que fait le poète des problèmes de toujours, la nouvelle esthétique qui prend en charge tous ces questionnements et ces observations.
Démence du monde
Pour revenir au dialogue établi par Lounis entre la société et le vieux patriarche, il importe de dire qu’il touche à tous les aspects de la vie : cognitif, social, politique, individuel,…
" Le monde n’es-il pas pris de démence ?
L’erreur surpasse la rectitude ;
Où s’arrêtera la tragédie
Lorsque des hommes en arrivent à tuer leurs semblables ?
Le ciel même a subi un changement ;
Nous l’apprîmes de ceux qui se souviennent encore.
Vieux, nous voulons savoir
Ce qui aujourd’hui est en train de voir le jour.
Nous voyons le temps comment il est bâti ;
Démoli, nulle trace de lui.
Ce que nous estimons être bon,
On nous ordonne de l’abandonner, car ‘’altéré.’’
Les interrogations de l’ ‘’assemblée’’ continuent en citant tous les travers, incompréhensions et impasses qui se dessinent devant les horizons des hommes. La justice? Elle est chassée et remplacée par l’arbitraire. Le pauvre ? Il subit son sort dans le silence et l’indifférence des riches. L’amour? L’âge mûr l’a éloigné des horizons même si, paradoxalement, on en rêve toujours. La santé ? Elle est malmenée par les épreuves et les vicissitudes de la vie.
" A chaque fois que nous nous lavons,
Nous reprenons nos saletés.
Comment voulez-vous qu’il vous écoute,
Celui qui a subi un lavage de cerveau ?
(…) Vieux, nous voulons savoir
Ce qui aujourd’hui est en train de voir le jour. "
Dans l’erreur, ils continuent leur chemin
Les réponses du patriarche sont trempées dans la sagesse ancestrale, qui ne se fait pas trop d’illusions sur le monde, le sort de l’humanité, les destins individuel et collectif. La même course du soleil, la même terre supportant les hommes, les mêmes problèmes qui se posent à l’humanité depuis qu’elle existe. ‘’Vanité des vanités, tout est vanité !’’ dit l’Ecclésiaste, en ajoutant que ‘’il n’y a rien de nouveau sous le soleil’’, citation que Lounis reprend dans une interview. Les problèmes se déplacent, se transforment, prennent d’autres aspects ; mais, ils ne disparaissent jamais. C’est, sans doute la raison pour laquelle on a imaginé le péché originel. A la recherche éperdue de bonheur, l’homme mourra sans en avoir connu la teneur. C’est le désir de l’absolu. Ce bonheur existe-il seulement ? Tchekhov nous apprend que le bonheur n’existe pas, seul existe le désir d’y parvenir. A moins que cela soit, comme le suggère le philosophe Alain, de petits instants fugaces que peu d’hommes savent happer dans la foulées des épreuves et de la démence du monde. Dans sa réponse, le patriarche avance :
"Ce qui advient, même si c’est d’une autre façon,
C’est déjà produit jadis.
Rien de nouveau n’a eu lieu.
Le toit du ciel recouvre la terre ;
Il la regarde depuis qu’elle est là.
Il observe les jours qui font les siècles.
Il sait ce qui est déjà arrivé et ce qui arrive.
Il a vu des hommes tuer leurs semblables,
Et ceux qui, dans l’erreur, continuent leur chemin.
(…) La justice est une parole en l’air ;
Un membre forcé de la famille.
L’arbitraire a toujours mené le monde.
Lorsqu’il a pris place parmi vous,
Il est bien sustenté par la peur ".
Dans un éternel recommencement, l’humanité retombe dans les mêmes travers, n’arrive pas à faire émerger ni encore moins à faire régner la justice, le bonheur et le bon sens.
" Ceux qui aspirent à la paix,
N’en trouvent nulle trace.
Ceux qui en jouissent,
N’en connaissent pas la valeur. "
Retrouvant ses excellentes tournures qui expriment la dialectique de la nature, Aït Menguellet nous replonge dans une sorte d’aporie grecque où l’effet et la cause se mêlent pour créer une situation d’absurdité indépassable :
" Avec de l’eau propre, tu t’en vas te laver.
L’eau sera salie, et tes mains seront nettoyées.
Vous salissez ceux qui vous souhaitent propreté.
Vous lâchez la bride de ceux qui sont tordus. "
Nous retrouvons évidemment dans les anciennes chansons de Lounis ces exemples de métaphores où les contraires se nourrissent les uns les autres en donnant lieu à des situations d’apparence absurde.
" Sans doute que c’est le couteau qui nous a égorgés
Qui pourra nous faire relever " (1989)
" Celui qui a bien vu a fini par dire :
Pourquoi le soleil a dévoré l’eau,
Et l’eau a voilé le soleil "
in album Awal 1994.
En abordant des thèmes aussi profonds, et qui réellement constituent une continuité de la réflexion de l’auteur depuis une trentaine d’années, Lounis Aït Menguellet projette incontestablement la poésie kabyle dans l’arène de l’universalité la plus raffinée. C’est, assurément, en partant de l’héritage culturel kabyle- que Mouloud Mammeri place dans le panthéon de la pensée humaine- que Lounis a su donner une autre dimension à cette littérature qui rejoint aujourd’hui, dans ce qu’elle a de plus profond et de plus fondamental, la grande littérature mondiale. Le théâtre de Samuel Becket, ‘’Le Mythe de Sisyphe’’ de Camus, La Conversation de Claude Mauriac et les romans de Kafka ne sont pas les seules œuvres de l’expression du sentiment de l’absurde. Il faut ajouter à ce panel une forme rare de la formulation de cette catégorie philosophique : la poésie d’Aït Menguellet. Car, en poésie, seul Baudelaire a pu dire de la façon la plus pertinente les sentiments de la déchéance de l’homme, du sens équivoque des choses et du non-sens de la vie. " C’et le privilège splendide des poètes que de savoir parer de rythmes la prose des jours et exalter l’action des prestiges de la parole ", disait Mouloud Mammeri.
Amar Naït Messaoud
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MEDJAHED HAMID, L'EXCELLENCE MUSICALE
17/12/2008 04:01
Hamid Medjahed , l’excellence musicale
En musicien chanteur compositeur de renommée, Hamid Medjahed , tout au long d’une carrière humble, discrète et effacée, s’est plutôt consacré à la promotion de la musique kabyle. Toute son attention s’est portée sur l’équilibre indispensable qui s’impose entre la voix, la musique et la thématique. Son répertoire personnel témoigne d’un travail fourni avec beaucoup d’adresse. Medjahed s’est distingué à ses débuts particulièrement par sa chanson combinée avec la voix de Taous Amrouche sur le rythme d’une berceuse. En effet, le compositeur, après une introduction distinctive, fait glisser dans une agréable continuité la voix majestueuse de la diva de la chanson kabyle. Il conclut le chant avec le célèbre appel d’un vieux conte de chez nous qui fait implorer la roche de s’élever encore plus haut pour voir apparaître la maison des parents de l’égarée. La sollicitation à l’élévation est en fait le symbole permanent dans notre culture toujours à la recherche invariant des horizons élancés vers la liberté. Tout au long du répertoire Medjahed domine justement cette quête de la liberté de toujours aller plus loin dans la perfection dans l’harmonie et les harmoniques. La plupart de ses chansons sont restées des enregistrements radio diffusées sur des intervalles par la Chaîne II. Une fois devenue à son tour le principal animateur de la célèbre émission radiophonique “Les Chanteurs de demain” “Icennayen uzekka”, après le maître Chérif Kheddam, Medjahed se fait intraitable et non complaisant. Il sait, lui, que la chanson est un domaine où on ne trompe pas où l’olifant n’a pas cours. Tout en mettant à l’aise les nombreux prétendants à une carrière artistique, Hamid n’hésite pas à stopper net un bruitage musical, non sans prodiguer les conseils d’arrangement et de redressement nécessaires. Grâce à cette attitude clairvoyante, nous disposons aujourd’hui d’une pléiade de bons chanteurs kabyles. Pour l’année 2007, Medjahed nous revient avec son unique album enfin mis sur le marché. L’engouement du public, ancien et nouveau, qui s’est rué sur cette œuvre musicale et artistique est l’expression de toute l’admiration qui lui est portée.
Ecouter ou réécouter Hamid Medjahed , c’est le plaisir d’entendre la très belle chanson kabyle.
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LE CISELEUR DE VERS - LOUNIS AIT-MENGUELLET
16/12/2008 03:30
Il est plus enraciné que jamais dans les tréfonds de son pays. Le chanteur et poète Lounis Aït Menguellet est différent des autres artistes, nombreux, qui sont complètement déracinés et dont certains marchandent même leur personnalité et l’image du pays uniquement pour se faire offrir un titre de séjour dans l’Hexagone.
vendredi 3 septembre 2004.
Lounis Aït Menguellet reste l’inamovible interprète des rêves et le traducteur fidèle des réalités et du vécu de ses auditeurs.
L’ailleurs pour lui, c’est ici ; ce sont sa culture, sa langue, sa personnalité identitaire, et sa terre. Lors d’une tournée en France, raconte-t-il, une journaliste du Monde venue l’interviewer lui demande pourquoi il ne chantait pas en français. « J’ai ma propre langue madame ! » , lui répond-il. « Pourquoi êtes-vous en France alors ? », questionna-t-elle, encore. Lounis, solidement attaché à son pays et à sa culture, lui répond : « En France, j’ai un important public, et c’est pour lui que je suis là. Autrement , j’aurais visité la tour Eiffel et je serais rentré dans mon pays. » Les répliques étaient telles que la journaliste n’a pas publié l’interview, témoigne-t-il encore.
Après 37 ans de carrière, plus de 200 chansons produites et une notoriété bien établie, Lounis est toujours resté ce campagnard fier, ce montagnard au fort caractère, coulant des jours paisibles dans son village, Ighil Bouamas (Tizi Ouzou). « La vie au village n’est pas aussi ennuyeuse qu’on le pense. Le village où l’on est né présente des attraits que d’autres personnes ne peuvent pas voir. Le fait de me réveiller le matin et de voir la même montagne depuis que je suis né m’apporte toujours quelque chose. » De l’inspiration, de la réflexion, de la méditation, certainement. Et du recul par rapport à une actualité pressante, harcelante. La fin des années 1990 et le début de ce millénaire, il les a vécus dans la douleur. Des articles de presse enflammés contre sa personne, une regrettable diatribe avec le regretté chanteur Matoub Lounès, une invitation à controverse à la campagne du président Bouteflika en septembre 1999 ont meublé ses jours, lui, qui défend sa liberté de « vivre en homme à part entière », de mener sa vie de poète, et de créateur à l’écoute des pulsions de sa société, loin des considérations temporelles et des alliances conjoncturelles.
Lounis Aït Menguellet est tellement simple, entier et sans calculs qu’il ne songe jamais qu’il y a des pièges tendus et des plans à déjouer. Il ne laisse pas indifférent tant il impose le respect et que sa parole porte toujours, car il est demeuré invariablement lié à son entourage, à sa société, à son pays. Son incarcération en 1985 pour une sordide histoire de « détention d’armes de guerre » a duré 6 mois. Durant les années 1991 et 1992, dans un élan humanitaire et social, il organise des galas pour collecter des fonds pour la construction de châteaux d’eau à Ibarbachen (Barbacha), dans la région de Béjaïa. Généreuse initiative que nul artiste n’a songé à mettre en œuvre. Mais, au visionnaire, il est reproché paradoxalement son « manque d’engagement ».
« Sensible aux sensibilités » Pour Lounis Aït Menguellet, les manifestations publiques « sont devenues tendancieuses. Dans le royaume de l’étiquetage et du catalogage », il ne peut s’empêcher d’éviter les colleurs d’étiquettes. Il s’explique : « Je suis sensible aux problèmes des gens et du pays, je suis également sensible aux sensibilités, mais sans que l’on soit catalogué. Car il arrive toujours qu’on vous reproche votre présence dans une manifestation et non pas dans une autre, parce que tout simplement, c’est tendancieux. » Le poète est libre de ses pensées, des dires. Ne s’empêche-t-il pas alors, tout en reconnaissant « les capacités extraordinaires » de son peuple, de débiter des vérités amères sur le même peuple.
La chanson Ayaqbayli est une pièce de l’histoire moderne du pays, une critique des féodalités, une dénonciation de l’aliénation culturelle et des rivalités dévastatrices. Beaucoup d’amertumes et de désillusions après un combat inachevé. Chaâlat agh tafath (éclairez-nous), s’était-il écrié, il y a plusieurs années. Le plus grand auteur algérien, Kateb Yacine, dans la préface à l’ouvrage Aït Menguellet chante de Tassadit Yacine, a écrit : « Incontestablement, Aït Menguellet est aujourd’hui notre plus grand poète. Lorsqu’il chante, que ce soit en Algérie ou dans l’émigration, c’est lui qui rassemble le plus large public : des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au cœur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents. » Observateur averti, il énonce des réalités et dénonce des injustices. Tout en posant des questions sur l’avenir, il se remet en question et interpelle les consciences. Le visionnaire n’a pas été écouté et l’on ramasse aujourd’hui les morceaux d’un édifice écroulé. L’illusoire union tant chantée s’est aujourd’hui effilochée.
Dans une Kabylie hyperpolitisée, Lounis , malgré lui, et grâce à sa stature, est un élément nodal. A travers lui seul, une lecture de son œuvre, l’on peut avoir le déroulé de la scène politique dans la région de Kabylie des deux dernières décennies ; les avancées, les stagnations et les régressions. Il récolte, néanmoins, abondamment de reproches. « Il essaie de se mettre toujours au-dessus de la mêlée », dit-on. Il dérange. N’est-ce pas sa raison d’être ? Aujourd’hui, le poète, n’a-t-il pas raison, au moment où « les agitateurs politiques » n’ont pas fait leur mea culpa. Pourtant, l’échec est patent. Il est loin le temps où il faisait sa formation en ébénisterie à Alger, une ville dans laquelle il était quasiment « honni » de s’exprimer en kabyle. Premières amères expériences d’un déni linguistique.
Retrait de la scène en 1991 C’était dans les années 1960. En 1991, après avoir atteint le firmament de la gloire, il songea carrément à se retirer de la scène. Dans un entretien publié en 1991 dans le n°1 de la revue Tinhinan (qui a cessé de paraître depuis), Aït Menguellet justifiait son intention d’arrêter de chanter : « Quand on commence à chanter, c’est parce qu’on a envie de s’exprimer. Par la suite, arrive un moment où cette envie devient un devoir. (...) La chanson s’est avérée une arme terrible, car elle a contribué à changer les choses. Je ne sais pas si je suis arrivé à apporter ma petite contribution mais je sais pertinemment que je l’ai fait en toute sincérité. A un certain tournant de l’histoire, on est quandmême parvenus à un résultat. Les choses ont changé. Je me suis dit que j’avais eu assez de leçons par le passé. Des gens avaient chanté avant moi, avaient été portés aux nues, adulés et puis d’un seul coup, ils ont été oubliés parce qu’ils n’ont pas su s’arrêter au bon moment. Je ne voudrais pas vivre le même cheminement. » L’ouverture démocratique du début des années 1990 a été indirectement un coup d’assommoir à la chanson contestataire tous azimuts ; des chanteurs sont oubliés et d’autres se sont fait oublier. Mais Lounis Aït Menguellet n’est pas uniquement chanteur ; il est surtout poète. C’est pour cette raison qu’il est toujours là, plus de 10 ans après ces déclarations.
Toujours porteur d’espoir Aujourd’hui, à 54 ans, autant certains de ses titres sont d’un pessimisme débordant, autant l’artiste est toujours porteur d’espoir. Les cinq ans d’absence de la scène (de 1999 à 2004) ne l’ont pas coupé de son public. Il a eu à le vérifier le mois de juin dernier lors de sa production à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Pour beaucoup de ses fans, c’était un virage difficile à prendre pour reprendre la ligne droite. Celle qu’il a tracée en commun avec son public. Les cinq années de rupture sont longues et pouvaient semer le doute dans les esprits d’un public sevré de spectacles, meurtri par la répression policière puis avachi par des déchirements fratricides. Cinq galas, l’un après l’autre, tous semblables ; qualité de l’auditoire, prestations de l’artiste et sentiment de satisfaction renouvelé et partagé. Belaïd, gérant des éditions musicales Izem, qui a apporté sa touche aux spectacles de Lounis Aït Menguellet, s’exclame : « Ce qui fait énormément plaisir, c’est la présence de jeunes de moins de 20 ans dans la salle. Cela prouve que la chanson à textes est toujours vivante. » Lounis Aït Menguellet, que nous avons suivi dans sa loge, est concentré, mais visiblement heureux. Il n’en demandait pas tant. Nous ne savions pas si l’on pouvait lui poser des questions au risque de le perturber.
Celui que l’on présente comme un personnage austère et inaccessible est finalement très modeste et très courtois. La surprise a été agréable. Il livre ses sentiments sur son come-back. « C’est extraordinaire ! La réaction du public m’a aidé et il n’y a pas eu réellement de perte de repères. C’est comme si mon dernier gala remonte à la semaine dernière. Il y a toujours de la constance dans le comportement du public. » Dans sa loge, des bouteilles d’eau sont déposées sur le sol, des thermos à café et des fruits sont posés dans un coin de la pièce. Le repas est toujours léger. Avant de monter sur scène, un chanteur amateur se produisait. Au bout de la troisième chanson, Lounis se lève et se rapproche de la scène. Il demande toujours à ses accompagnateurs qui veillent « à sa récupération et à son repos » l’état de l’ambiance dans la salle. C’est un rituel. Histoire de prendre la température de cette atmosphère joyeuse et festive. Il est crispé ; il a toujours le trac avant d’entrer sur scène, avoue-t-il. Le répertoire qu’il a proposé à ses spectateurs est tout un programme. Expression plutôt de ses perceptions des choses, ses appréhensions, ses espoirs et sa détermination à refléter les aspirations des siens. Sur scène, des décors nouveaux sont plantés ; des banderoles portant des extraits de ses chansons sont accrochées. Ahkim ur nsaa ara ahkim (pouvoir sans contre-pouvoir), Idul sanga anruh, (le chemin est long) Nekni swarach n ldzayer (nous, les enfants d’Algérie).
Aït Menguellet a délibérément choisi de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invite au public à une lecture et au sens. Aigri par la situation sociale et politique du pays, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts. Chanteur à textes, Lounis Aït Menguellet n’en n’a pas moins introduit une recherche musicale depuis que son fils Djaâffar, musicien, fait partie de son orchestre qui ne dépasse pas quatre membres (deux percussionnistes, un guitariste et son fils qui joue au synthétiseur et à la flûte).
Si Lounis écrit des vers et compose des airs, il parle peu. Son public l’admire. Il a besoin d’artistes comme lui, tout comme le ciel a besoin des étoiles. Aït Menguellet l’a si bien chanté.
Parcours Lounis Aït Menguellet est né le 17 janvier 1954 à Ighil Bouammas où il vit toujours. Il est père de six enfants. Il a fait ses études en ébénisterie à Alger dans les années 1960. Ses premiers pas dans la chanson, il les fit à l’âge de 17 ans dans l’émission « Ighanayen ouzekka » (chanteurs de demain), une émission radiophonique (Chaîne II) animée par l’artiste Chérif Kheddam. Ce n’est qu’en 1973, après son service militaire qu’il effectua à Blida et à Constantine, qu’il se consacra profondément à la chanson. Lounis dit qu’il est incapable de donner le nombre exact de ses chansons, qui avoisinent les 200 titres. Lounis est son prénom de tous les jours (donné par sa grand-mère avant même sa naissance). A l’état civil, son oncle l’enregistre sous le prénom Abdennebi.
En 1985, dans le sillage de la création de la Ligue des droits de l’homme et l’arrestation de ses éléments, il est également arrêté pour une histoire montée de détention d’armes à feu. Il était pourtant connu pour être un collectionneur d’anciennes armes ayant servi durant la guerre de Libération. Il fera quand même six mois de prison.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture des textes. De nombreux ouvrages et études ont été consacrés à son œuvre en tamazight, en arabe et en français.
Par Saïd Gada, El Watan
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YENNAYER AVEC MOURAD GUERBAS, ZAHIR ABDJAOUI, ZAHIA ET TAFSUT
15/12/2008 00:30
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YENNAYER AVEC MOURAD GUERBAS, ZAHIR ABDJAOUI, ZAHIA ET TAFSUT
13/12/2008 16:47
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MOURAD GUERBAS ET ZAHIR ABDJAOUI ENFLAMERONT LA SALLE LE CHATEAU
13/12/2008 00:46
La célébration de YENNAYER 2959 sera cette année grandiose avec les nombreux invités auxquels Azul de Kabylie a fait appel.
L'ambiance sera de mise avec Mourad Guerbas et Zahir Abdjaoui. Zahia, à la voix d'or nous transportera certainement en Kabylie avec les chants d'antan et de chorale.
La troupe Tafsut qui viendra en force, nous éblouira, comme toujours avec ses superbes danses.
Aeggas ameggaz à vous tous et toutes et soyez nombreux à ce spectacle grandiose.
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Idurar-iw
11/12/2008 02:50
Hemlagh-k ay adrar-iw
Tezgid guer walniw
xas aka bâdagh fellak
muhal ak yestu w uliw
Tarnid ch'bah it murt-iw
Mennagh wi n yarzan ghurak
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BELKACEM MESSAOUDI,
10/12/2008 02:20
17 novembre 2008
Belkacem MESSAOUDI, un poète de Tassaft
Belkacem MESSAOUDI est né le 05 octobre 1942. Aprés les études primaires au village et secondaires à Alger où il fréquente pendant une année l’école des beaux arts, il entre en qualité de journaliste à la radio, chaîne II et animera plusieurs émissions dont la plus célèbre : Nouva Ighriven.
Il compose son premier poème à l’âge de 16 ans. Son œuvre poétique comprend plus de cinq cent pièces dont certaines sont chantées par Mouloud HABIB et Boualem CHAKER entre autres.
TAHBULT
Tahbult nni bw-3rum Tinna ken teggwa yemma Yemm3ed fell as lqum Ihewsasen t id ay athma Lukan di gehdeq xersum Ula y3er yerna rregma
Ikecm I y id 3er w xxam Yufa-d tahbult tehma Ur ifhim ur issefham Yerna i3il d nneqma Ièèa ahric iw s ttmam Bla ccert bla ssuma
Akka id lqum yerkan Fell i itεeggid isnuffus Issekr i y i s gw-mkan Ikkes i yi tij3welt s gw-fus Iccadd ifassen iw wqaan Azelmad akw d uyeffus
Yeqqim yerbeh yufa t Tisegsa id yessa usu s Yehrem fell I tafat Itett dgi am ssus Aseksut d yufa yerba t S zzur ig-èèa seksu s
LA GALETTE
Cette fameuse galette-là Celle que ma mère a pétri Des sauvages sont venus mes frères Et l’ont emportée de force Si du moins ils étaient polis Ils n’y ajouteraient pas d’insultes.
L’intrus est entré chez moi Et a trouvé chaude ma galette Il ne comprend ni n’explique Utilisant la seule violence Il a mangé ma part entière Sans autre forme de procès
Ainsi est le malpropre Qui m’invective en criant Il me fait lever de ma place Et me prend la cuillère de la main Et il me ligote mes mains ensemble La gauche et la droite liées.
Il s’assied et se restaure Se ménageant sa literie Alors qu’il m’enlève la lumière Il me ronge comme un ver Il posa le couscoussier sur ses genoux Et de force il en mangea le couscous.Tahbult nni bw-3rum Tinna ken teggwa yemmaYemm3ed fell as lqumIhewsasen t id ay athmaLukan di gehdeq xersumUla y3er yerna rregmaIkecm I y id 3er w xxamYufa-d tahbult tehmaUr ifhim ur issefham Yerna i3il d nneqmaIèèa ahric iw s ttmamBla ccert bla ssuma Akka id lqum yerkanFell i itεeggid isnuffusIssekr i y i s gw-mkanIkkes i yi tij3welt s gw-fusIccadd ifassen iw wqaanAzelmad akw d uyeffusYeqqim yerbeh yufa tTisegsa id yessa usu sYehrem fell I tafat Itett dgi am ssus Aseksut d yufa yerba t S zzur ig-èèa seksu s Cette fameuse galette-là Celle que ma mère a pétriDes sauvages sont venus mes frèresEt l’ont emportée de force Si du moins ils étaient polisIls n’y ajouteraient pas d’insultes.L’intrus est entré chez moiEt a trouvé chaude ma galette Il ne comprend ni n’expliqueUtilisant la seule violenceIl a mangé ma part entièreSans autre forme de procèsAinsi est le malpropreQui m’invective en criant Il me fait lever de ma placeEt me prend la cuillère de la mainEt il me ligote mes mains ensembleLa gauche et la droite liées.Il s’assied et se restaureSe ménageant sa literieAlors qu’il m’enlève la lumièreIl me ronge comme un ver Il posa le couscoussier sur ses genouxEt de force il en mangea le couscous.
Source: Youssef NACIB, Anthologie de la poésie kabyle, Editions Andalouses, Alger, 1993.
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Entrevue avec HAREB Khelifa, Membre du Cercle Azar
09/12/2008 02:13
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Montréal - Canada
Entrevue avec HAREB Khelifa, Membre du Cercle Azar
mardi 16 octobre 2007, par OULD HAMOUDA Tassadit
Kabyle.com : Azul a khelifa, ansuf yissek ar Kabyle.com.
K.Hareb : Azul Fell-am a Tassadit, azul à tous les internautes fideles à Kabyle.com ainsi qu’à tous les Imazighens dans le monde entier.
Kabyle.com : Parlez-nous un peu de votre cercle de solidarité AZAR du Village de Tassaft Ouguemoune ?
K.Hareb : L’idée est née vers la fin de l’année 2005 et elle s’est concrétisée en 2006 , c’est une initiative prise avec des amis de mon village Tassaft avec qui je partage l’amour de notre Kabylie et qui sont pour la plupart à l’extérieur du pays soit en France ou au Canada et même aux USA .
Kabyle.com : Le mois de Juin dernier, vous avez honoré une lauréate du baccalauréat du Village de Tassaft lors d’une réception organisée en son honneur . C’est tout à votre honneur d’encourager et d’honorer nos étudiants, comment vous est venue cette idée ?
K.Hareb :L’objectif principal de notre cercle est d’apporter l’aide aux nécessiteux et aussi d’encourager et d’honorer les étudiants qui réussissent.
Pour l’année 2006/2007, Melle Ammour Tounsia (Fille de Abdellah) a été la méritante. Nous lui souhaitons une bonne continuation dans ses études. Nous lui avons offert un Micro-Ordinateur lors d’une réception organisée en son honneur et en l’honneur des autres bâcheliers. Cet évenement a été une réussite grâce aux efforts du groupe et grâce au travail de Lounis et Krimou qui ont la chance d’être sur place pour cette reconnaissance.
Je dois ajouter qu’il y aura beaucoup de surprises l’année prochaine car notre credo est que la solidarité commence par des actions qui peuvent susciter l’espoir d’une vie meilleure malgré le marasme social que vivent nos compatriotes au village.

Kabyle.com : Avez-vous beaucoup de membres dans votre cercle ?
K.Hareb : Plusieurs membres font partie de notre cercle et la condition exigée pour tous est de cotiser régulièrement.
Kabyle.com : En quoi consistent vos actions ?
K.Hareb : Notre cercle a beaucoup d’ambition et de projets mais cela néssecite aussi beaucoup de travail et de dévouement pour être concrétisés.
Pour celà, nous invitons tous les gens de Tassaft, jaloux de la réussite de leurs enfants, à participer à cette mission de grande envergure : Une cotisation symbolique de tout un chacun, serait la bienvenue afin que notre cercle puisse réussir ses projets.
Kabyle.com : Quel sont vos souhaits à travers cette expérience ?
K.Hareb : Je souhaite une longue vie à notre cercle et j’éspère que d’autres organisations fleurissent partout en Kabylie afin que notre mère-patrie puisse bénéficier de la richesse de ses enfants qui sont actuellement un peu partout dans le monde .
On peut parler réellement d’une vraie diaspora Kabyle, qui a réussi plus au moins que ce soit à l’interieur ou à l’éxterieur du pays , ce qui manque c’est un vrai feed-back.
Kabyle.com : Comment les gens peuvent-ils entrer en contact avec vous ?
K.Hareb : Nous avons crée un blog qui est géré par Arezki Ait-Ouahioune que nous remercions au passage :
http://kabylie.vip-blog.com/vip/article/3362524,Cercle-Solidarit%C3%A9-de-Tassaft—AZAR..html
Kabyle.com :Votre mot de la fin Khelifa ?
K.Hareb : Je remercie tous les membres du cercle "Azar" et Je remercie tous les gens qui croient à notre sincérité. Je profite de l’occasion pour rendre hommage à la femme Kabyle et j’ai à l’esprit le nom d’une combattante pendant la guerre de libération 54-62 Mme Terkia At-Hamuda.
J’aimerai pour terminer vous lire ce poème écrit par Bachir Hadj Ali en hommage à Rabah Oussidhoum du village de Darna (membre des brigades internationales, mort au champs d’honneur en Espagne par solidarité avec les républicains durant les années trente) :
Les raisins du Zejel sèchent sur les belvédères de Grenade L’ acanthe des azuléjos verse sur le couchant des reflets amers A regret nous fuyons Malaga derrière la cavalerie du zagal Après un siège de cinq mois. Boabdil avait trahi. Alfarez des Brigades, Rabah Oussidhoum, rêvait Comme on va à la fontaine pour n’avoir jamais de rides Son coeur a éclaté sur le coeur de Madrid (...) Alger, septembre 1961 (p.31).
J’ai à rajouter celà : La beauté de la kabylie ne se fige pas à l’image de ses montagnes et ses rivières, mais elle réside dans cette histoire tumultueuse faite par ses enfants qui ont la tête haute sans relâche.
Kabyle.com : Tanemirt a khelifa.
Réalisée par T.Ould-Hamouda Le 14 Octobre 2007.
http://tassaft.vip-blog.com/vip/categories/28108.html
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TASSAFT, MON VILLAGE
09/12/2008 01:59
http://tassaft15251.afrikblog.com/albums/souvenirs__/photos/999556-ouacifs_depuis_tassaft.html
Un lien pour visualiser les paysages de mon village :
TADDART-IW -- MON VILLAGE
On le voit de tous les horizons Perché sur une colline, entouré de monts Plus on se rapproche, (plus) il est fascinant Il est si beau et impressionnant Le village de mon père et de mes grands parents Il est tellement loin, il me manque tant.
Je garde encore en moi, les souvenirs d'été où soeurs, frères, cousins, la famille réunie Dans la cour, à l'air pur, on restait pour veiller Se raconter des blagues, discussions infinies des rires, des chants, des "ourars", on improvisait C'était le bon temps, qui ne reviendra jamais.
Je le revois encore en hiver, enneigé Sous un manteau blanc, ses arbres alourdis Le Djurdjura autour, lui donnant ses reflets Les ravins, les rivières, au bas à son chevet Ce beau panorama n'existe dans nul pays Je donnerai cher pour le retrouver.
Tassadit Ould Hamouda
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Extrait du blog :
http://tassaft.blogs-de-voyage.fr/archive/2008/11/17/belkacem-messaoudi-un-poete-de-mon-village.html