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AIT-MENGUELLET À LA SALLE ATLAS - 19 ANS APRÈS
21/02/2010 10:16
Chanson. Le comeback de Lounis ait menguellet : Le barde de retour
Cet après-midi, le grand chanteur mais surtout poète, sera sur la scène de l’Atlas, vingt ans après ses fameux concerts.
Qui se souvient encore de cette année 1991 où l’art et la culture commençaient à être bannis ? Suite à des menaces islamistes, la chanteuse portugaise, Lynda de Suza, avait été obligée de reprendre sa « valise en carton », humiliation historique pour les traditions d’hospitalité de l’Algérie et camouflet à l’Etat qui l’avait invitée par l’un de ses organismes. Même les chanteurs algériens n’avaient pas échappé à cette répression morale qui annonçait des années tragiques. Là où l’on ne peut chanter, la haine et la mort ne sont jamais loins… Quand Lounis Aït Menguellet annonça un concert à l’Atlas, les menaces redoublèrent de férocité. On chuchotait à Alger que cela se terminerait par un bain de sang. C’était sans compter sur la détermination du poète et l’engouement de ses innombrables admirateurs qui se recrutent dans toutes les régions du pays, même parmi ceux qui ne comprennent pas le kabyle ou une autre version de tamazight. Il y eut non seulement un concert mais plusieurs, portés par des foules prêtes à tout pour écouter l’homme aux paroles ciselées et aux musiques authentiques.
Cette mobilisation citoyenne demeurera dans les mémoires comme un fait marquant de la résistance à l’obscurantisme, mais aussi une démonstration, rare dans le monde, de l’attachement d’un public à un artiste et à son art. Lounis Aït Menguellet est d’abord un poète qui incarne, dans les temps modernes, la sagesse et l’audience profonde de ses prédecesseurs, tels Si Mohand Ou M’hand, Mostefa ben Brahim et d’autres encore, porte-parole des espoirs et des peines de leurs frères et sœurs, témoins de leurs époques et voix des sentiments humains. Mais il est aussi un homme de cœur, toujours attentif à la détresse des autres, un véritable acteur social qui n’a jamais hésité à mettre une main sur le cœur et l’autre à la poche pour diverses œuvres et actions au bénéfice des démunis. Et c’est loin d’être une posture chez lui ou une action de marketing car, c’est souvent bien après qu’on apprend ici ou là ses bienfaits.
Né à Ighil N’bwammas en 1950, ce toujours jeune sexagénaire, écrit et compose depuis plus de quarante ans avec un talent qui ne néglige ni les paroles ni la musique toujours interprétée de manière sobre avec une économie instrumentale qui respecte le texte et s’appuie sur des mélodies qui « parlent » à tous les Algériens. Il a connu plusieurs fois l’Olympia de Paris, à partir des années 1970 où sa réputation commença véritablement à s’établir et à s’étendre en Algérie, dans l’émigration algérienne et auprès de nombreux mélomanes étrangers. L’ONCI (Office national pour la culture et l’information) qui organise ce concert, est assuré de faire le plein cet après-midi. Certains des admirateurs du poète pensent même que l’opérateur culturel pourrait programmer plusieurs concerts. Ils attendent surtout de l’artiste qu’il reprenne ses titres les plus connus et les plus aimés (difficile de choisir !) mais qu’il leur fasse le plaisir et la primeur d’une ou deux nouvelles chansons.
En effet, Lounis Aït Menguellet, a annoncé jeudi, sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, qu’il préparait pour ce printemps un nouvel album auquel il ne manquerait que deux titres. Avec ce concert hautement symbolique, cette nouvelle était tellement attendue.
Salle A
Par Saïd Belazzouzi
tlas, Bab-El-Oued, samedi 20 février 2010, de 16 à 18 h
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AIT-MENGUELLET - LE GÉNIE DE LA CULTURE ET LES OUTILS DE SA TRANSMISSION
12/11/2009 02:58
Lire, analyser et traduire : jeux et enjeux. Exemple de la poésie d’Aït MenguelletLe génie de la culture et les outils de sa transmission
L’analyse et la traduction s’imposent dès qu’il y a une œuvre ou une accumulation d’œuvres littéraires d’une certaine envergure, lesquelles, abandonnées dans le cercle primaire de leur aire de production, risqueraient d’être mal prises en charge par les générations montantes et d’être également à la marge de la production universelle qui impose non seulement des modèles de pensées, mais aussi des stéréotypes esthétiques. Ces derniers mettent à mal l’imaginaire et la culture d’autrui sous le seul motif de la force commerciale et industrielle. L’exception culturelle, telle qu’elle est clamée par certains pays européens pour faire valoir leur spécificités dans le frénétique processus de mondialisation, ne doit pas rester un vain mot.
Par : Amar Naït Messaoud
En lui-même, l’acte de traduction nous met face à de lourdes responsabilités tant les enjeux liés à cette entreprise sont multiples et empreints d’un caractère de gravité. En effet, rendre la pensée de l’autre dans une langue autre que celle dans laquelle elle a été dite originellement constitue un défi que reconnaissent les meilleurs spécialistes en la matière. Et lorsque la matière à traiter se compose de textes littéraires dont la consécration est réalisée par la société, la complexité et les efforts à accomplir sont certainement plus grands encore.
S’il y a bien un thème d’étude en Algérie qui mérite une attention particulière dans le domaine des sciences de la traduction, ce sera sans doute cette longue histoire des translations de textes kabyle en langue française depuis les premières années de l’occupation française jusqu’à nos jours.
Initiée par des porteurs d’une culture allogène, cette pratique répond souvent aux canons du regard étranger qui s’exerce sur notre culture. Un regard caractérisé par la distance, le recul, et les différences des structures mentales et des structures des langues (une langue faisant partie de la famille chamito-sémitique et ayant perdu depuis longtemps l’usage de la graphie et une langue de la famille indo-européenne ayant le statut d’une langue internationale) ; et, enfin, des différences sociologiques qui pèsent indubitablement sur l’entreprise de traduction.
Parmi les travaux menés dans ce sens par certains militaires français, des Pères Blancs et des chercheurs de profession, il nous a été donné de lire des traductions réussies- c’est-à-dire les moins infidèles comme aime à les qualifier Mouloud Mammeri- et d’autres restitutions approximatives qui ont fait perdre au texte et son âme et sa substance.
Comme le reconnaîtra expressément Malek Ouary, le but de la traduction pour les chercheurs kabyles comme lui était de sauver d’une disparition qui s’annonçait certaine ce qui restait du patrimoine kabyle oral. Traduire des poèmes du kabyles au français, c’est assure Ouary, les mettre dans une cage comme un oisillon capturé dans la libre nature ; la cage d’une langue de transfert qui ne rend jamais les subtilités, les non-dits, les images métaphoriques d’une culture riche de son oralité même. Mais, explique-t-il devant cette double impasse, il vaut mieux que cet oisillon reste dans la cage que de le voir disparaître à jamais.
C’était au milieu du siècle dernier où d’autres écrivains, poètes et chercheurs collectaient des textes du patrimoine oral pour les traduire en français sans qu’ils les fassent accompagner de leur version originale kabyle. Il en fut ainsi de Jean Amrouche et de sa sœur Taos qui nous ont transmis de précieuses pièces de la culture kabyle orale directement en français (poèmes, adages, proverbes, devinettes…). Il est vrai qu’à l’époque, la perspective de donner une écriture à langue kabyle et au berbère en général n’avait pas acquis la maturité qui est aujourd’hui la sienne. D’ailleurs, une édition bilingue (kabyle/français), réalisée par Tassadit Yacine, du livre de Jean Amrouche, publié dans les années 1940 sous le titre Chants berbères de Kabylie, a vu le jour en 1989. Dans ce domaine des éditions bilingues, cet ouvrage a suivi le chemin tracé par Moumoud Mammeri avec Les Isefra de Si Mohand U M’hand (1969) et Poèmes kabyles anciens (1979).
Passions et limites des rapporteurs
Les travaux de translation réalisés par Mouloud Mammeri ont reçu un bon accueil par la quasi totalité des critiques. Malgré cela, cet auteur émet lui-même des réserves sur cet exercice et relativise le rendu du texte d’origine. Il y a d’abord le statut social et intellectuel du traducteur. Loin de la fausse modestie, Mammeri redoute qu’il soit "un rapporteur plus perverti qu’averti" ; perverti peut-être par le fossé possible qui existerait entre le sens donné aux mots par les poètes kabyles du 18e ou 19e siècles- mots traduisant une vision du monde, un état d’esprit particulier, voire inintelligible, une cosmogonie même)- et leur appréhension actuelle prise sous l’empire d’une modernité qui reste, en tout cas, à définir. Dans Poèmes kabyles anciens, Mammeri écrit à propos des poèmes qu’il a traduits : "Le dépaysement dans le livre leur enlève toute substance, les prive de tous les harmoniques de a transmission vivante (…) Le ver dit par un homme à des hommes, en des circonstances données, souvent au cours d’un rite ou à la faveur de l’attente, orchestre et multiplie les réussites de la réalisation, dépasse de partout les limites formelles d’un texte . Cependant, il explique la motivation première de l’œuvre de recension et de traduction en ces termes : "Il était temps de happer les dernières voix avant que la mort ne les happe".
Sur le plan technique, l’on sait fort bien que la traduction d’un texte littéraire-par-delà la polémique se rapportant au degré de fidélité du texte traduit par rapport au texte d’origine- n’obéit pas aux mêmes canons que la traduction d’un texte scientifique ou d’une harangue politique. En tout cas, certains registres de langue offre des possibilités de standardisation assez étendues en matière de typologie de traduction si bien que, depuis quelques années, des logiciels prêts à l’usage sont conçus pour des travaux individuels ou de groupe. Il est vrai qu’une marge d’erreur, d’infidélité ou d’incohérence subsiste toujours étant entendu que la machine ne pourra jamais les subtilités et les nuances du cerveau et de l’esprit humains. Mais, pour les besoins de la cause, le pari semble être bien accepté par ceux qui activent dans ce domaine.
En revanche, l’on est en droit de poser la question de connaître la possibilité de traduire des textes littéraires, de la poésie de surcroît, si l’on ne possède aucune forme de sensibilité littéraire ou poétique ; lorsque, par exemple, on n’a pas gribouillé, au moins une fois dans sa vie, quelques vers ou quelques paragraphes. Ou, pire, lorsqu’on n’arrive pas à se délecter des textes des autres, poésie ou prose. Telle est la question que se posent beaucoup de critiques littéraires. Le souci de donner un minimum d’âme au texte, de ne pas en faire une suite froide et désincarnée de mots et de syntagmes reliés par la seule logique de la grammaire, devrait assurément présider au travail de traducteur. Nous avons parcouru avec un sentiment de déception non feinte des poèmes américains traduits en français. Aucune esthétique littéraire ne semble être la préoccupation du traducteur. Nous osons nous demander à quoi servira un tel travail de translation qui fait du “mot à mot”. L’adage qui dit traduttor, traditore (traducteur, traître) semble trouver ici toute son expression.
Ce n’est pas le cas, en revanche, du roman américain d’Edgar Poe, Histoires extraordinaires, traduits par Baudelaire. Le poète français a su rendre la mystique et la profondeur psychologique de l’écrivain américain. Le poème d’Edgar Poe intitulé Le Corbeau a été admirablement traduit par Stéphane Mallarmé au point d’y voir un nouveau travail de création. Le poème de Rudyard Kipling Être un homme est beaucoup plus lu dans sa traduction française faite par André Maurois que dans version anglaise d’origine.
En tout état de cause, entre une traduction qui prétend la fidèlité dans les formes mais assure la froidure dans la substance, et une traduction qui prend quelques libertés formelles avec le texte d’origine pour mieux faire sentir le texte, l’alchimie des sens et l’intelligibilité des signes, le choix semble se pencher vers la seconde variante.
Les complexes dimensions de la poésie
Le premier travail de traduction et de première approche d’analyse de l’œuvre d’Aït Menguellet qui a eu une large audience, malgré quelques imperfections qui l’affectent, a été réalisé par Tassadit Yacine en 1989. Publié aux éditions “La Découverte”, le livre “Aït Menguellet chante…” s’est donné pour ambition de transcrire un grand nombre de poèmes de Lounis (soit 104 compositions) et d’en donner la traduction française, comme il étale sur pas moins de 80 pages une courte préface de Kateb Yacine et une longue introduction/analyse de l’auteur, Tassadit Yacine. En s’attelant à une telle entreprise, l’auteur s’expose indubitablement à plusieurs difficultés dont la confirmation ne tarde à venir à la lecture de son texte. Cela est certainement dû à des raisons objectives dont les principales sont liées à la nouveauté de la tâche, à une mauvaise compréhension de certains termes kabyles que l’auteur, originaire des Ath Braham (wilaya de Bordj Bou Arréridj), a traduits d’une manière hâtive, voire erronée (le problème s’est d’ailleurs aggravé avec le livre qu’elle a consacré à Cherif Kheddam). Dans son “Avertissement”, T. Yacine écrit : “Il est aussi difficile que passionnant de travailler avec et sur un poète comme Aït Menguellet. Car, il est poète au vrai sens du terme. Il souhaite, en particulier, que son œuvre soit étudiée indépendamment de sa personne. Il est donc tout au long de cette analyse - qui n’est qu’une des lectures possibles de l’œuvre- présent et absent.’’
Le livre de Tassadit Yacine, tout en constituant une première tentative hardie de faire connaître Aït Menguellet par le moyen de l’écrit, est grevé de certains travers dus à une inexplicable hâte de tout dire en même temps. Ce qui a conduit l’auteur à procéder à une classification arbitraire des thèmes développés par les chansons de Lounis. Ainsi, un poème aussi philosophique que “Addounitiw”, qui traite du destin, du libre arbitre et de l’angoisse existentielle est classé dans les chansons dites d’“amour’’ au même titre que “Azzin Arqaq”. Nous avons souvenir d’une déclaration de Lounis à un hebdomadaire régional dans laquelle il dit “ne pas se reconnaître’’ dans ce livre.
L’exigence d’honnêteté du poète- qui n’exclut pas la possibilité de travailler sur ses œuvres et de les analyser selon la vision et les outils intellectuels de l’auteur- est d’autant plus recevable qu’elle porte sur des éléments ‘’techniques’’ d’une évidente simplicité. On ne peut pas faire valoir la complexité des textes de Lounis pour les ‘’malmener’’ au point d’induire en erreur le lecteur non averti.
Un autre livre parut pendant les années 1980 sous la plume de feu Chabane Ouahioune et porte aussi sur la poésie de Lounis. Intitulé ‘’Ballade avec Aït Menguellet’’, l’ouvrage n’a pas de prétention universitaire ; sous forme de chronique intimiste, il savoure et fait savourer quelques aspects de la poésie lounisienne que l’auteur à éclectiquement placés dans le décor du terroir, la Kabylie.
C’est à une œuvre plus profonde, animée par le souci de pénétrer le sens de la chanson de Lounis, que nous avons affaire avec le livre de Moh Cherbi et Arezki Khouas publié par les éditions ‘’Paris- Méditerranée’’ en 1999 sous le titre ‘’Chanson kabyle et identité berbère : l’œuvre d’Aït Menguellet’’. Après une ‘’Tazwart’’ (présentation) en kabyle, les auteurs ont subdivisé le livre en trois chapitres (le contexte social, politique et culturel- histoire de la chanson kabyle- l’œuvre d’Aït Menguellet). Le tout se termine par une conclusion et un entretien avec le chanteur. Les auteurs écrivent dans le ‘’préambule’’ : " Notre ouvrage a pour ambition de contribuer à la sauvegarde et la diffusion d’un chapitre important de notre culture berbère, culture essentiellement orale qui a su se maintenir en dépit de multiples répressions au cours des siècles. Aujourd’hui, notre génération porte une lourde responsabilité : celle de sauver de l’oubli tout ce qui peut l’être encore, avant que la mort ne le happe, comme disait Mouloud Mammeri. Notre but est de permettre à un grand nombre de lecteurs, berbérophones ou non, de découvrir le rôle de la chanson kabyle contemporaine dans la sauvegarde de ce patrimoine séculaire ".
L’“intraduisible” et l’“inaudible”
Moh Cherbi et Arezki Khouas ont, eux aussi, dans la présentation des textes de Lounis, procédé à leur une classification thématique. Mais, ici, la répartition est plus proche de la vérité que celle que nous avons rencontrée chez Tassadit Yacine. Elle a, en plus, le mérite d’ajouter un autre volet qui a été complètement omis ailleurs, celui de la chanson philosophique. Il y a lieu, cependant, de relever que le poème ‘’Siwliyid tamacahut’’ est plutôt une grande métaphore politique qui décrit l’état d’un terroriste, repenti, qui, dans ses moments de lucidité retrouvée, voudrait revivre l’innocence que lui ont ravie ses commanditaires qui lui désignaient ses victimes. Le chapitre des poèmes philosophique s’est, bien sûr, renforcé d’une manière puissante avec l’album ‘’Yennad Umghar’ ’sorti au début de 2005.
"Comment interpréter une poésie aussi complexe sans risquer de la “banaliser”, sans réduire la portée de son message ? Comment contrôler notre propre subjectivité, sachant l’emprise qu’exerce sur nous la poésie de Lounis ? Comment traduire “’intraduisible”, “l’inaudible” sans trahir la profondeur de la pensée du poète ?". Telles sont quelques questions que les deux auteurs n’ont pas manqué de se poser.
Le résultat de tant de préoccupations est un travail d’une remarquable qualité qui ne demande qu’à être renforcé et poursuivi par d’autres auteurs en actualisant le contenu du livre par les nouvelles productions de l’auteur et en approfondissant l’étude des thèmes philosophiques dans les poèmes de Lounis - qui se retrouvent même dans les chanson des années 1970 - et des aspects universels de son œuvre.
En 2003, l’universitaire M’hammed Djellaoui a publié aux éditions ‘’Pages Bleues’’ un ouvrage intitulé “L’Image poétique dans l’œuvre de Lounis Aït Menguellet’’ qui est une traduction d’un livre qu’il a publié la première fois en arabe. L’étude, qui porte le sous-titre “Du patrimoine à l’innovation”, est une tentative de dégager une ‘’poétique’’ dans l’œuvre d’Aït Menguellet selon des canons plutôt universitaires. L’auteur résume en deux point l’ambition de son étude : mettre en relief “la relation créative entre les œuvres du poète et l’apport patrimonial riche et diversifié de son environnement qui donne une profondeur et une authenticité à son expérience poétique’’, et “son ambition innovatrice visant le développement du texte poétique amazigh ainsi que son enrichissement par des dimensions sémantiques et figuratives qui le hisse au rang des textes poétiques des littératures universelles contemporaines’’. Le livre se subdivise en deux grands chapitres : l’image patrimoniale chez Aït Menguellet (mythes, légendes, contes populaires, adages, croyances, valeurs et principes) et l’innovation dans la figuration (figurations romantique et symboliste). Des extraits de poèmes (en kabyle et en français) illustrent les différents thèmes abordés.
C’est une étude originale qui s’appuie sur les acquis de la rhétorique et de la sémiotique et qui gagnerait à englober d’autres poètes kabyles contemporains dans un but d’étude comparative. En tout cas, malgré la discipline universitaire que s’est imposée l’auteur, la lecture de ce livre nous fait découvrir des facettes insoupçonnées de l’élaboration poétique chez Aït Menguellet.
Un autre livre, publié en 2008 aux éditions MKP, est écrit par Belkacem Saadouni où il présente, sur 442 pages, la traduction en arabe des chansons d’Aït Menguellet de 1967 à 2007. Saadouni, un ancien inspecteur de l’éducation originaire de la Kabylie des Bibans (wilaya de Bordj Bou Arréridj, s’investit dans un travail peu sollicité, à savoir la traduction du kabyle à l’arabe. C’est une première qui a été favorablement accueillie par les médias. Il reste le travail de la critique qui est censé se prononcer le degré de ‘’fidélité’’ au texte original et sur le rendu du sens.
Porteurs de valeurs : une analyse originale
L’étude de Farida Aït Ferroukh portant le titre : "Situation d’impasse et agents de la culture", qui fait partie d’un ouvrage collectif intitulé "Algérie, ses langues, ses lettres, ses histoires" publié par les Editions du Tell en 2002 examine le ‘’statut’’ de deux hommes, personnages mêlés à l’histoires tourmentée de la Kabylie et qui en sont en même temps les symboles emblématiques. Il s’agit de Cheikh Mohand Oulhocine et Aït Menguellet.
L’auteur met en relief la situation d’impasse- au sens social, culturel et psychologique- qui caractérise les deux périodes respectives où ces personnages ont émergé. Ils sont des “figures du sens” dans les situations de blocage et d’apparente aporie. "En effet, souligne l’auteur, si l’on considère l’histoire de la Kabylie, on remarque qu’elle déploie, face aux bouleversement de toutes sortes, un mécanisme de défense en hissant à chaque époque un agent à la mesure de la situation. Le travail de ce dernier consiste à annuler une situation d’anomie ou du moins à la bloquer. Une fois sa précellence établie, cet agent qui revêt un statut précis à travers les siècles : guerrier, saint , chanteur… a pour tâche un ensemble d’opérations patientes dont l’objectif est de neutraliser chaque brèche (…) L’amusnaw, c’est donc cet intellectuel du groupe qui a pour lourde tâche d’en porter les aspirations et l’idéal. Tout comme il a pour devoir de puiser dans la mémoire active et de la nourrir à son tour. C’est dans cet éclairage qu’il faut replacer l’insistance de leurs contemporains auprès de Cheikh Mohand Oulhocine et de Aït Menguellet pour qu’ils interviennent. Figures de relais du récit généalogique, ces agents qui surgissent à chaque époque et à chaque impasse sont porteurs de la Voix, celle du refuge utérin, (Taqbaylit), articulant par-là même l’être-présent avec l’être-passé".
D’autres tentatives de traduction ont été effectuées en arabe. L’une d’elles a été publiée en 2007. Il est pour le moment ardu et prématuré de porter un jugement sur la qualité du travail en l’absence d’un regard critique qui serait jeté par des personnes ou des instances qualifiées. Il n’en demeure pas moins que l’entreprise en elle-même constitue une avancée originale dans le domaine qu’il y a lieu d’encourager.
Au vu de l’importance et de la dimension de l’œuvre d’Aït Menguellet, qui continue à alimenter la culture kabyle et algérienne de son verbe magique, le travail de décryptage, d’analyse, de traduction et de vulgarisation vient à peine de commencer. Cette entreprise réclame compétence et honnêteté intellectuelle. Les premiers travaux que nous venons de citer ont placé quelques jalons pour une recherche plus étendue, plus étoffée et plus approfondie donnant leurs lettres de noblesses aussi bien à l’acte de traduction qu’à celui de l’analyse des textes.
A. N. M.
iguerifri@yahoo.fr
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AIT-MENGUELLET LOUNIS - BIOGRAPHIE
15/10/2009 04:43
Mots-clés : AIT-MENGUELLET [ajouter]
Lounis Ait Menguellet
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Né le 17 janvier 1950, Lounis Abdendi Aït Menguellet est originaire d'Ighil Bouamas (le "coteau du milieu"), un petit village kabyle de la chaîne montagneuse de la Djurdjura. Il est le dernier né d’une famille de six enfants ( il a trois sœurs et deux frères ). « J’ai eu la chance de naître, et grandir dans une famille un peu particulière mais très enrichissante. En fait, j’ai eu le privilège d’avoir quatre grands-mères. Mon grand père que je n’ai pas connu s’est marié avec trois femmes qui ont toujours vécu ensemble jusqu’à leur disparition. Ce qui fait que j’ai plusieurs oncles issus des trois liaisons. Ma quatrième grand-mère est celle maternelle de ma propre mère ». (la dépêche de Kabylie, 25 avril 2005). Ce grand-père est décédé en 1945, soit cinq ans avant la naissance de Lounis. Les hommes de la famille, dont son propre père, sont presque émigrés dans la région oranaise. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie » (Ibid). Il fait à peine sa rentrée à l’école à Ighil Bouamas, en pleine guerre d'Algérie. « J’y été pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddine. Je me dis que je lui ai porté chance » (Ibid). «[la suite] a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger ou j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique ou j’ai fais trois ans » (Ibid). Il y reçoit un formation d'ébéniste. Durant sa dernière année s'étude, il doit tout abandonner : son grand frère qui l’avait à sa charge, et avait un travail, meurt dans un accident de circulation. Son autre frère étant parti de son côté, Lounis doit se retrousser les manches pour assumer son rôle de tuteur de ses soeurs, le père étant souvent absent après s’être remarié à Oran. « Je me suis fait embaucher au ministère des Travaux publics comme secrétaire subdivisionnaire. J’étais là pour la réalisation de la première tranche du complexe du 5 Juillet. Après, j’ai été admis sur concours dans la dernière banque française qui était encore installée en Algérie. J’ai fait une année avant de me retirer pour rentrer au village, en 1970. » (ibid). Parallèlement, Lounis Aït Menguelet commence une carrière musicale. Son début dans le domaine remonte, en fait, à 1967 au sein du groupe "Imazighen" avec Lamara Boukhalfa, El Hachemi N’Aït Kaci, Djaffar Fettouchi de Souamâa, Malik, et son frère M’hena. Dalil Omar se joint par la suite à la troupe. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kabylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, j’en garde un très bon souvenir. C’était là notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisé. Les gens nous avaient bien accueillis et encouragés. Ce jour là, il y avait avec nous Ramdane Metref qui jouait du violon, Ahcène de Souamâa à la mandoline que j’ai d’ailleurs retrouvés, il y’a deux ans à Souamâa. Ça m’a fait vraiment plaisir de les revoir avec les anciens copains ». De cette période, Lounis se rappelle aussi de ce jour où son cousin Ouahab l’a pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission « Nouva Ihafadhen » (« Chanteurs de demain ») sur la chaîne 2 en langue kabyle de la radio télévision algérienne animée par Cherif Kheddam. Il y arrive la guitare à la main et interprète un morceau de sa composition "Ma trud" ("Si tu pleures") qui le fait connaître. Lorsque qu'il évoque Cherif Kheddam, il dit : « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Moi, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même durée près de 3 ans ». De retour chez lui à Ighil Bouamas, Lounis se fait recruter comme secrétaire à la Kasma de la région, et se marie. Mais il a doit quitter son poste après seulement quelques mois d’exercice, pour aller sous les drapeaux. Sa première fille vient au monde alors qu’il accomplit l’instruction à Blida avant d’aller faire dix huit mois de service militaire à Constantine. C’est aussi à cette période qu’il s’élance véritablement dans la chanson sous l'égide d'un autre grand nom de la chanson algérienne : Kamel Hamadi. « Kamel Hamadi m’avait, en faite, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission week-end, et Kamel me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. A l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine dimanche en soirée ». C’est ainsi qu’il ne s’en rendra compte du succès qu’a son second tube « A Louiza » que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne... » Qualifié au début d'artiste de variété et sévèrement critiqué à ce titre, il trouve vite un important public, notamment chez les jeunes. Dès le départ, il se situe en rupture avec les orchestrations luxuriantes (et souvent inutiles à son avis) de la musique "berbère" de cette époque. Son langage est à la fois poétique et revendicatif. Il est devenu un symbole de la musique amazighe, à tel point qu'on l'a souvent qualifié de Brassens kabyle, comparaison qu'il mérite. Bien qu'il s'en défende, Lounis Ait Menguellet est un grand mélodiste, un grand chanteur et un excellent guitariste. Si l'orchestration est le plus souvent limitée à la guitare acoustique, aux percussions traditionnelles et la flûte, elle est d'une très grande efficacité et d'une technique impeccable servant de superbes mélodies. Musicalement, son talent est énorme. Interrogez cependant l'artiste sur ce point et il vous répondra que sa musique n'est que de la musique traditionnelle de Kabylie, qu'il joue depuis son enfance. En privé, il est d'une modestie désarmante, presque timide, et d'une grande gentillesse. A ses yeux, le plus important sont ses textes. Ils sont d'une très grande poésie. Ils pointent les problèmes de la société actuelle à la lumière de la sagesse ancienne, avec une lucidité qui dépasse de loin la culture amazighe dont il est un des ardents défenseurs. Il dit de lui : "Je suis avant tout un regard porté sur l'espace et le monde qui m'entourent " (Algérie Actualités, juillet 1984). C'est un héritier des grands poètes kabyles, comme Si Mohand, dont il connaît bien l'œuvre. Le grand écrivain algérien Kateb Yacine a dit de lui : "Il est incontestablement notre plus grand poète". Le 11 février 1978, il fait pour la première fois l'olympia. Son succès va alors montant. Le 26 mars 1985, il chante au Zénith à Paris devant six mille personnes. Le 25 octobre 1985 intervient une décision absurde de la part de la justice algérienne : il est condamné à trois ans de prison pour détention illégale d'arme de chasse et de guerre. En fait d'armes, le chanteur ne possédait qu'un vieux fusil de chasse, ce qui est courant en Kabylie. Ce procès apparaît comme politique, puisqu'il avait apporté son soutien peu de temps auparavant au chanteur Fehrat Méhenni, incarcéré pour son appartenance à la nouvelle ligue des droits de l'homme en Algérie. Suite à de nombreuses protestations, il retrouve la liberté quelques mois plus tard. Humaniste, Aït Menguellet s'est lancé dans un projet de collecte d'insuline pour les Algériens diabétiques, et pour la prise en charge de 400 malades durant une année. Lunis Aït Menguellet est un homme libre, dont la conduite est parfois déroutante, mais marquée par une profonde cohérence. Il refuse l'exil, estimant que son bonheur est parmi les siens : "(...)ne pas tomber dans le panneau de la célébrité, de l'argent et des villes est une chose bien difficile. Tout chanteur de chez nous rêve de Paris, moi j'ai toujours souhaité avoir les moyens moraux et matériels de rester dans mon patelin, j'y suis arrivé "(Algérie Actualités, juillet 1984). Il vit toujours dans son village de Kabylie, qu'il ne quitte que pour les tournées et les séances de studio. Il s'est toujours revendiqué apolitique. Il estime ses textes comme poétiques, et n'a jamais été membre d'un quelconque parti : en 1992, il déclare : "(...)D'abord comme simple citoyen, je ne peux pas rester neutre, je le dis tout net. L'intégrisme, je n'en veux pas.. En janvier dernier après le premier tour des législatives, il y avait urgence et il y avait danger, il fallait absolument stopper l'intégrisme. Et je suis d'accord avec la façon dont cela a été fait. Tout en disant cela, je reste fidèle à mes convictions démocratiques, à mes convictions sur les droits de l'Homme et les libertés. Nous devons naturellement rester vigilants sur ces questions et refuser tout arbitraire, même quand ses victimes peuvent être intégristes" "Je ne me suis jamais détourné de ceux qui cherchent à apporter leur pierre au bien-être de ce pays où qu'ils se trouvent. Si je n'ai pas été embrigadé politiquement dans les années difficiles, ce n'est pas aujourd'hui que cela commencera. Je continuerai à être ce que j'ai toujours été.." Sa parole sert énormément pour la culture amazighe parce qu'elle est l'expression de la sagesse ancestrale. Il se rend à un meeting du Président de la République algérienne, Abdelaziz Bouthéfika, à Tizi Ouzou, peu après l'élection de celui-ci. Il l'applaudit et accepte même de lui serrer la main. Il s'ensuit une polémique, certains l'accusant d'être un traître. Il répond à ces accusations avec sa simplicité et sa franchise coutumière. D'abord, ce n'était qu'une geste de politesse envers le Président, qui n'implique aucunement son adhésion à la politique de celui-ci. Il rappelle qu'à ce moment, bien des Algériens attendaient beaucoup du nouveau Président. Ensuite, il espérait obtenir un rendez-vous pour réellement discuter avec le Président de la situation de la culture amazighe, ce qui n'était pas possible dans ce meeting. L'attitude de Lounis Aït Menguellet concernant l'année de l'Algérie 2003 en France montre à nouveau son indépendance. Alors que s'engage une campagne de boycott, il la refuse. Il revendique une participation critique, pour faire entendre la voix des Imazighen. Il revendique sa liberté. Il insiste sur le fait qu'il est membre de l'Arch de son village d'Iboudraren(1), et que cette question y a été discutée : il tourne en France. Certains détracteurs s'enflamment à nouveau contre lui. Pourtant l'artiste n'est pas présent au concert lançant l'année de l'Algérie à Alger, ce qui est significatif. Il tourne en France, et sa parole libre se fait à nouveau entendre. Convergences l'accueille à Roubaix en juin pour un magnifique concert. En 2004, il se produit au festival de Timgad, dans les Aurès. Cette participation a été vivement critiquée par certains. Ce festival s'est en effet déroulé peu après une violente répression dans le village de Tkout . L'affaire est partie de la mort d'un jeune homme dans des conditions suspectes qui entraîne des manifestations de la populations. L'attitude des autorités algériennes est une fois de plus disproportionnée, marqué par des arrestations de jeunes et des violences inadmissibles sur leurs personnes. Les forces de l'ordre en profite pour jeter en prison des militants des Arouch des Aurès. Le festival de Timgad a été considéré comme une provocation organisée par le pouvoir algérien, et la participation d'Aït Menguellet très critiquée. En 2005, il nous revient avec un nouveau CD "Yenna-d umgar" (le sage a dit). Afin de se faire comprendre de tous, Lounis fait figurer dans le livret des traductions de ces textes en français, en anglais et en arabe. Comme il le dit lui même, il n'a pas changé : il interroge toujours sa culture amazighe ancestrale. Il répond aussi à ses détracteurs.
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CONNAÎTRE AIT=MENGUELLET
23/09/2009 03:44
Musique > Portraits > Portrait de Lounis AIT-MENGUELLET
Portrait de Lounis AIT-MENGUELLET
Par Madjid Chérifi
mardi 14 octobre 2003
Parler de Lounis Ait-Menguellet n’est pas une entreprise des plus aisées.
L’homme a suscité maints écrits d’auteurs aussi connus les uns que les autres qui ont essayé de cerner la personnalité aussi bien du poète que de l’homme lui-même, c’est-à-dire ( le moi individuel personnalise : celui du don inné et le moi collectif : la personnalité de base.
Kateb Yacine disait de Lounis "il est incontestablement notre plus grand poète".
Pour Ait-Menguellet, la poésie était un destin semblable à celui de Si-Mohand ou M’hand et nous pouvons, sans nous tromper, l’affubler de la description qu’en fait Mouloud Mammeri de ce grand poète errant : "Pour lui, la poésie n’était ni un métier, ni un accident : il ne l’avait ni cherchée, ni choisie, elle s’est imposée à lui comme un fatum. Il avait reçu, au vrai sens du mot (la vocation), il avait été (appelé) : testunfk as".
Rien en effet n’est aussi naturel pour Lounis que de composer un poème en l’espace d’une nuit ou même de quelques heures !
Lounis Ait Menguellet n’est pas l’homme qui appartient seulement à son milieu villageois. Natif d’Ighil Bwamas, il est malgré lui le symbole de tous les Kabyles "toutes générations confondues", n’en déplaise aux islamo-baathistes et autres serviteurs du pouvoir.
Lounis a chanté l’amour, le désespoir, l’exil, l’espérance avec tant d’intensité et une profondeur humaine que seul un don inné peut en être l’explication, comme le dit si bien Mouloud Mammeri "testunefk as".
Pour appuyer nos propos, nous nous contenterons de citer un extrait de l’interview (rencontre avec le poète - Timlilit d umedyaz) qui s’était déroulée de 13h00 à 16h30 à Ighil Bwamas le 24 Aout 1996. *1

Question :
Au moment de la création poétique, est-ce que les textes vous viennent d’eux-mêmes ou est-ce plutôt vous qui allez à leur recherche ?
Réponse du poète :
Les moments de créativité viennent sans prévenir ; je ne sais jamais d’avance quand j’écrirais un poème ; et lorsqu’on me demande quand est-ce que je réécrirais de nouveau, je réponds, je ne sais pas, il se peut que cela se fasse l’après-midi même ou bien une année après. J’aurais tellement aimé pouvoir contrôler les moments d’inspiration.
Question :
Croyez-vous (alors)en l’existence des Djinns de la poésie aux forces cachées derrière l’acte d’écrire sachant surtout que les plus grands de nos poètes "comme on dit à propos de Si Mohand et Slimane Azem - qui n’ont pénétré le monde de la poésie qu’après l’apparition de l’ange de la poésie ?
Réponse du poète :
Absolument pas ! Mais ce serait plutôt agréable ! Parce que lier les oeuvres d’un poète à une quelconque force invisible est une preuve du génie et de la qualité de la poésie. Ces créations reflètent, d’autre part, les moments d’éblouissement dus à l’acte poétique qui dépasse de très loin l’imagination humaine. C’est ce qui est arrivé à Si Mohand ou-M’hand puis à Slimane Azem.
Nous terminerons cette modeste contribution au sujet de Lounis en citant cet extrait de l’oeuvre de Platon (le banquet) :
"Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes faits, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis".
Résumé biographique du poète
Abdennebi Ait-Menguellet est né au coeur du Djurdjura en 1950 a Ighil-Bwamas. Il fut prénommé Lounis par sa grand-mère après qu’il lui soit apparu en rêve.
Le prénom officiel de Abdennebi (prénom qui lui a été donné par son oncle qui travaillait à Oran ) était ignoré de tous, même par les membres les plus proches de la famille et ne sera connu qu ?à la constitution du dossier scolaire.
Il n’avait pu entrer à l’école qu’à l’âge de 11 ans à Alger. Concevoir un enseignement n’était pas chose aisée en période de guerre et juste après l’indépendance.
Une fois le cycle primaire achevé, Lounis s’est dirigé vers le collège technologique de (Champ de manoeuvre ) où il a suivi une formation d’ébéniste, métier où il excelle et qui constituera durant longtemps un de ses loisirs favoris.
C’est vers la fin de l’année 1966 et le début de 1967 que le parcours artistique de Lounis a commencé dans l’émission (les chanteurs de demain : Ighenayen u zekka) animée par Chérif Kheddam. Il a participé avec sa première chanson intitulée Ma trud : si tu pleures.
Ma trud ula ad nek aktar
tzarzegd iyi ad dunit-iw
Am umesluv yakfa svar
deg zenkan yenza yexf-iw
Il faut également souligner que Lounis avait crée en compagnie d’autres jeunes, produits par l’émission (chanteurs de demain) un groupe qui portait le nom d’Imazighen. Le but du groupe était à la fois artistique, politique et idéologique mais qui n ?a pas duré longtemps.
Suite à cela, Lounis a quitté Alger et est reparti à son village où il y demeure toujours et qu’il ne quitte qu’en de rares occasions.
M.CHERIFI
*1- M’hamed Djellaoui - L’image poétique dans l’oeuvre de Lounis Ait-Menguellet)
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AIT-MENGUELLET - TEXTES DE CHANSONS
23/09/2009 00:52
id’ul sangga a nruh’
a yit’ij h’ader a ttγlid’, la nleh’u maddam tellid’, nuggwad ad aγ dd-yelh’eq yid’, a yid’ul sangga a nruh’, nsawel-ak-in ma teslid’, neh’ma neggwad an ismmid’, nesarem ad yid-nneγ tellid’, a yid’ul sangga a nruh’,
h’man idammen i tikli, xas akka ifadden-nneγ aεyan, ned’meε tagmatt di lγaci, ad neγsen seg-nneγ wurfan, xas ma la nteddu h’afi, a netbeε later iγ dd-ððan, akken ad aγ dd-lhun wusan, a yid’ul sangga a nruh’,
tiγilt i(gg) yekkfan felleγ, a dd-tban mazal tayed’, lweqt i ttεeddi, i εerqeγ, id aγ dd-icqan d-asiwed’, laεqel ma yebda yett(e)ffγeγ, xas ma yettnuz at i dd-naγ, a yid’ul sangga a nruh’….
Transcription : Icerfan
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AIT-MENGUELLET À BOUIRA
23/09/2009 00:48
Concert musicalAït Menguellet à Bouira
A 10h30, Lounis Aït Menguellet arrive à Bouira. Il est tout de suite “happé” par les jeunes de Tagherma et des membres du comité des fêtes de la ville. L’artiste suivra ses hôtes à la salle Errich, histoire “d’apprivoiser” la scène où il est programmé. La salle semblait lui convenir. Une seule appréhension cependant : contiendra-t-elle les inconditionnels de Lounis qui viendraient même des wilayas limitrophes ? Entouré de jeunes au salon de Errich, le poète essaye, sans en donner l’impression, de comprendre Bouira (culturellement s’entend). “Nous vous attendions depuis très longtemps, Lounis”, lui reprochera presque un jeune. “On m’a jamais sollicité”, répondra-t-il tout simplement. L’entretien informel aida sans doute l’artiste à se faire une petite idée de Bouira. L’un des organisateurs l’invite à le suivre à la Villa d’hôtes pour se reposer. Il ne bougera pas avant de s’assurer du “sort” de ses musiciens. 17 h, une heure avant le coup de clap du gala, un dispositif important maîtrise les alentours de la salle. Une, deux, trois…générations se sont entremêlés par la grâce et le génie du awal intemporel de Lounis. 18 h passées, Aït Menguellet entre en scène : “L’âeslama-nnwen (bienvenus !)… mmh”. Lounis n’en dira pas plus. Il termine son “…mmh” par “d ayen (ça y est) !” Pas étonnant le “d ayen”. Les poètes ne parlent pas : ils disent. Il ne parle pas. Il préfère mettre celle qu’il aime sur ses genoux pour caresser ses fils et nous faire voyager à travers les générations et suspendre le temps dans une salle envoûtée. Le public y trouvait son compte et plus. “Telt ayam di lâemer-iw”, “abernus-iw”, “asefru”, “Louisa”, “da Yidir” …le répertoire a été maintes fois interrompu par des fleurs offertes en signe de reconnaissance par un public conquis, depuis très longtemps. “Amghar azemni” est la chanson qui sera entrecoupée d’applaudissements et écoutée comme un oracle. Lounis terminera sa première soirée à Bouira avec “Ketchini ruh, nek ad quimegh”.
T. Ould Amar
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AIT-MENGUELLET - TEXTES DE CHANSONS
23/09/2009 00:45
CAUCHEMAR - diyir targuit
Am di yir targgit kecmeγ, mi sliγ tbeddeld’ axxam, ggwreγ-dd d-awh'id nt'areγ, ugwiγ ad s'ebreγ fell-am,
Ma malaleγ-kkem-idd yiwen was, γurem wajeb-dd i tmuγli-w, a kkem in εeqleγ ger tullas, fell-am ad cfunt wall(e)n-iw, teððid’-dd cama d-ars'as', ma kkem ttuγ di ddunit-iw ?
Ma feγγ-am si lbal wisen, ciwer ul-im ad am yinni, yibbwas an εediγ γurwen, bbalakk a kkem i dd-ismekti, d-ul-iw i(gg) yenaεtaben, sebb-as d-kemmini,
D-kem i ttamezwarut, i yesneγ di ddunit-iw, d-kemmini d-ttasarut, i feth'en lebγi bb-ul-iw, d-kem i(gg) yecban lmut, mi terz'id' lmektub-iw…
Transcription :Icerfan
mektighd d lexxyal-im aqli am mjreh’ n rs’as’ tejjid’-iyi ctaqegh udem-im a tin ttargugh kul as
yeh’req wul ma d yemekti yettmmeni ad zid’ ghures xas yibwas ad am yinni si ljjiha-m mazal yuyes s’ah’a di zzehr-iw yeghli iruh’, wisen anga yet’es yebwi yides zhu n temz’i sawlegh yugwi ad ih’eses
limer h’s’igh aka teffegh ur d gwerigh g lmuh’al udem-im ur tettisinegh ul-iw ur d-am nisawal ifat lh’al mi ndemegh ghilegh lmektub ur yettmal s-lh’ub-im na3tabegh sanga rrigh, 3erqen lecghal
z’righ si ljjiha-m tettud’ d nek id yurez ttexmam ur tett3awaz’ed’, ur tettrud’ ghurem d-it’ij yekes t’lam s tsusmi-m, kra di trennud’ yenghayi uh’eber fell-am
mektighd d lexxyal-im aqli am mjreh’ n rs’as’ tejjid’-iyi ctaqegh udem-im a tin ttargugh kul as
yeh’req wul ma d yemekti yettmmeni ad zid’ ghures xas yibwas ad am yinni si ljjiha-m mazal yuyes s’ah’a di zzehr-iw yeghli iruh’, wisen anga yet’es yebwi yides zhu n temz’i sawlegh yugwi ad ih’eses
limer h’s’igh aka teffegh ur d gwerigh g lmuh’al udem-im ur tettisinegh ul-iw ur d-am nisawal ifat lh’al mi ndemegh ghilegh lmektub ur yettmal s-lh’ub-im na3tabegh sanga rrigh, 3erqen lecghal
z’righ si ljjiha-m tettud’ d nek id yurez ttexmam ur tett3awaz’ed’, ur tettrud’ ghurem d-it’ij yekes t’lam s tsusmi-m, kra di trennud’ yenghayi uh’eber fell-am
mektighd d lexxyal-im aqli am mjreh’ n rs’as’ tejjid’-iyi ctaqegh udem-im a tin ttargugh kul as
yeh’req wul ma d yemekti yettmmeni ad zid’ ghures xas yibwas ad am yinni si ljjiha-m mazal yuyes s’ah’a di zzehr-iw yeghli iruh’, wisen anga yet’es yebwi yides zhu n temz’i sawlegh yugwi ad ih’eses
limer h’s’igh aka teffegh ur d gwerigh g lmuh’al udem-im ur tettisinegh ul-iw ur d-am nisawal ifat lh’al mi ndemegh ghilegh lmektub ur yettmal s-lh’ub-im na3tabegh sanga rrigh, 3erqen lecghal
z’righ si ljjiha-m tettud’ d nek id yurez ttexmam ur tett3awaz’ed’, ur tettrud’ ghurem d-it’ij yekes t’lam s tsusmi-m, kra di trennud’ yenghayi uh’eber fell-am
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LA RADIO NATIONALE REND HOMMAGE À AIT-MENGUELLET
23/09/2009 00:41
La Radio nationale rend hommage à Aït-MenguelletQuarante ans d’un phénomène
Quarante ans ou pas, la carrière des grands a certes un début, mais n’aura peut-être jamais une fin.Il en est ainsi de Lounis Aït-Menguellet qui a célébré ses «40 ans» de chanson lors d’un hommage qui lui a été rendu à la Radio nationale, dans l’émission «Ighzif ay idh» de la Chaîne II.
Mais pour rendre hommage et commémorer quarante ans de carrière, il fallait voir grand. Et inviter, et c’est surtout l’essentiel, les «grands» qui ont marqué toutes ces années. A commencer par ceux qui ont côtoyé le poète. C’est ainsi que l’immense Benmohammed, Kamel Hamadi, Akli Yahiatène, Nouara, Taleb Rabah et d’autres encore, en passant par Si Moh jusqu’à son digne fils, Djaâfar, sont tous passés par là. Ils étaient tellement nombreux que les responsables de la Radio avaient décidé de prolonger l’émission d’une heure. Ce qui ne dissuadera, certainement pas, les nombreux fans venus (re)écouter celui qui a bercé, quarante années durant, des générations entières. C’est ce qui explique la diversité des présents. Des enfants, des jeunes, de adultes et même des vieilles kabylophones ou pas. Ils admirent tous le poète, que Azedine Mihoubi, directeur général de la Radio nationale, compare en même temps aux grands poètes et grands chanteurs universels.
Le fatidique exercice des questions-réponses emmène les auditeurs et les présents à entendre les débuts d’un chanteur que les premiers pas prédistinaient à une grande carrière. Des premières touches de guitare, harmonisées avec une voix presque éteinte de timidité, jusqu’à une olympia pleine à craquer, les anecdotes ne manquaient pas. Plus que des anecdotes, ce sont de véritables histoires qui ont été racontées quatre heures durant. Comme cette première Olympia, racontée par l’éthnomusicologue M’henna Mahfoufi, lorsque le poète, à peine agé de 28 ans, se produisait devant une salle archicomble, avec des centaines de personnes à l’éxtérieur. Le comble, raconte l’universitaire, c’était que des journalistes curieux se posaient la question de savoir qu’est-ce qui pouvait bien attirer ces foules alors que le chanteur n’avait ni une voix exceptionnelle ni encore moins une instrumentation particulière. C’est que l’homme possède quelque chose de mythique : c’est son verbe. La même histoire, ou presque, s’est répétée bien des années plus tard. A Oran, cette fois-ci. Abdelkader Bendaâmache, qui raconte, certifie qu’un policier s’est étonné que le public oranais soit resté, une fois n’est pas coutume, «sage» avant de se rendre compte que le troubadour n’est en réalité qu’un poète cisèlant les mots.
C’est justement pour que le poète puisse acquérir un public encore plus large que Azedine Mihoubi annonce une traduction en arabe de l’ensemble de l’oeuvre de Lounis pour qu’il puisse être lu notamment au Moyen-Orient. Un autre projet de traduction, achevé celui-là, a été aussi présenté par M. Saâdoune et sera édité prochainement en Algérie.
Côté animation, le public a été gratifié de plusieurs chansons tirées du répertoire du poète. Silence radio. On écoute d’abord, puis on commente. On dirait que nous sommes aux premières années du début de l’artiste. On ne se lasse jamais de réécouter Louisa ou A mmi chantée avec le fils, Djaâfar, ou encore Amjahed entonnée avec cette jeune admiratrice qui vient, à coup sûr, en plus de faire étalage de sa voix angélique, de réaliser le rêve de sa vie, elle qui connaît le répertoire de Lounis par coeur.
Et au bout de quatre heures, c’est un voyage dans le temps, qui a quarante ans, qui vient d’être effectué. Et l’autre poétesse, Hadjira Oubachir, a résumé l’oeuvre et la carrière de Aït-Menguellet : «C’est vrai que Lounis nous a procuré beaucoup de joie. Mais nous ne devons pas oublier qu’il nous avait fait pleurer lorsqu’on était jeunes». Et le phénomène Aït-Menguellet continue.
Ali Boukhlef
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TEXTES DES CHANSONS DE LOUNIS AIT-MENGUELLET
23/09/2009 00:34
Tanemirt i icerfan pour tous ces textes, si je les ai repris sur mon blog ce n'est point dans le but de nuire, c'est juste que j'adore cet artiste qui reste pour moi, un phylosophe kabyle.
URGIGH WIN TURGGA TERYEL
urğğaγ win turğğa teryel, xas ul yettrağğun yuyes, rağğu yuγal d-lbat’el, lemh’ibba-w tugi a tt-nγes,
usan a tt-εeddin felli, akken a tt-εeddin fell-am, win yent’erren d-nekkini, d-acu ur qebleγ si lğğiha-m… lexxyal-im yedder γuri, xas akka a tt-εeddin laεwam…
urğğaγ win turğğa teryel, xas ul yettrağğun yuyes, rağğu yuγal d-lbat’el, lemh’ibba-w tugi a tt-nγes,
wisen anwa (a)kken id as yenan : «yesen umeslub tabburt-is » ? ul-iw yesen akkw iberdan, at yesiwd’en γer lebγi-s, mi (gg) ruh’ ad yawed’ s-amkkan, ugur a dd-yegr iman-is…
urğğaγ win turğğa teryel, xas ul yettrağğun yuyes, rağğu yuγal d-lbat’el, lemh’ibba-w tugi a tt-nγes,
uggwadeγ as m-akkem in awd’eγ, zman ad yekffu ceγl-is, degg mkkan-im a n-affeγ, tamγart i cab caεr-is, ulla d-nekk ad imγureγ, kkul wa ad yelhu d-yiman-is…
Transcription : Icerfan
Err-iyi-dd a yadrar s'ut, xas ma yella dayen i dd-qareγ, d-acu i yeččabin lmut, d-ttin aεzizen i furqeγ, am iniγ ud(e)m-iw ttut, amek ad aγ dd-yas s'ber ??
Ma trud ulla d-nekk kter, t(e)zarzegd’-iyi ddunit-iw, am umeslub yekkfa s'ber degg zenqan yezgga yix(e)f-iw...
Yeh'zen wul m-ikkem i n-yeğğa, yerra ttexmam d-axs'im-is, ach'al bb-usan yurğğa, a dd-tefreh' ddunit-is, ziγ di lmektub-iw yura, zher felli yef(fe)r ud(e)m-is...
Am (w)in yugmen s-uγarbel, yettεemir wer dd-ittawi, d’emεeγ lemh'ibba leh'lal, d'elbeγ-tt i lmektub yugwi, d-w(in) ur tesin i yes'ah' wawal, rağğu yuγal d-akwerfi.....
A win (i) tt-yebbwin ur (a)kk sneγ, akk wes'iγ h'ad(e)r s'ifa-s, fekk-dd s'ut-is as sleγ, u lukkan d-yiwen was, tebbwid' lwiz i h'emleγ, teğğid'-iyi bbγir lsas...
Taεğğebd’-iyi a lwerd ifsan, segg ul yes'f'an d nniya, lexyal-im mkkul lawan, zdat wall(e)n-iw i yella, ruh' tura εic di laman, xas fekkr-iyi-dd di tnafa...
Transcription : Icerfan
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LE POETE À LA VERVE INTARISSABLE
24/05/2009 03:21
L’œuvre d’Aït Menguellet honorée à Tizi Ouzou
Le poète à la verve intarissable
L’allure athlétique, le verbe haut et beau, à 59 ans, Lounis Aït Menguellet n’a rien perdu de sa verve. Le sage garde tous ses dons. Ni philosophe ni penseur, tout juste poète, se définit modestement ce ciseleur de mots qui compte à son actif plus de 200 chansons.
En signe de reconnaissance pour son parcours artistique et pour célébrer son anniversaire (Il est né le 17 janvier 1950), la direction de la culture de la wilaya de Tizi Ouzou organise une semaine d’activités à la maison de la culture Mouloud Mammeri. Le coup d’envoi a été donné jeudi 15 janvier par le vernissage d’une exposition de peinture de Hallou Fariza. A travers une trentaine d’aquarelles, cette jeune artiste raconte, selon ses visions, les chansons de Lounis. Lmektub (le destin), Tamurt n tirga (le pays des rêves), Tibratin (les missives), Tafat n ddunitiw (la lumière de ma vie), Ssensla (la chaîne), Tameghra ( la fête), les tableaux exécutés d’une main de maître revisitent, via des couleurs chatoyantes, un pan de l’œuvre titanesque d’Aït Menguellet. La tâche étant des plus ardues.
« Traduire la poésie relève déjà d’une gageure impossible, peindre les chansons d’Aït Menguellet, une à une, est, soit du domaine divin, ce à quoi seul un ange peut s’y frotter, soit de celui humain, auquel cas, il faut être un demi-dieu tel que fut Hercule pour accomplir un de ces travaux. Celle qui s’y est aventurée, Mlle Hallou Fariza, n’est ni déesse ni surhumaine, mais juste une jeune artiste, pétillante, naïve et foncièrement sincère. « Le défi et la gageure ainsi sont-ils admirablement relevés quand les sentiments cités dessus sont rehaussés par la passion, l’estime… J’allais dire l’amour qu’on éprouve en regardant l’œuvre », fait remarquer à ce sujet Hocine Haroun, un artiste peintre qui a contribué à cet hommage. Dans l’après-midi, le public était convié à une rencontre culturelle autour de l’œuvre de Lounis Aït Menguellet animée par Arezki Azzouz (Chaîne II).
De nombreux artistes étaient présents. On citera Nouara, Slimane Chabi, Hassan Abassi, Ali Méziane, Djamel Kanoun et Bélaïd Abranis. Il y avait aussi des poètes et des hommes de culture et des amis de Lounis. Ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement ont témoigné par le biais de messages sonores ou écrits. Il s’agit notamment de Chérif Kheddam, Idir, Kamel Hamadi et Mohand Saïd Fellag. Le plateau artistique a été inauguré par Bélaïd Abranis qui a repris avec une touche de modernité Arjuyi (attends-moi), un des chefs-d’œuvre d’Aït Menguellet. La diva Nouara a puisé dans son riche répertoire qui l’a propulsée au firmament.
La voix chaude et intacte malgré le poids des années, elle a épaté son auditoire. Elle avait chanté, en duo, avec Aït Menguellet il y a ... 40 ans. « J’écoute toujours ses chansons », déclare-t-elle en public. Hassan Abassi, lui, se contentera d’un « achaouik ». Toujours égal à lui-même, Slimane Chabi interprétera des chansons comiques. Djaffar Aït Menguellet rendra hommage à son père. Emouvant. Après le fils, place au papa. Avant même de gratter les fils de sa guitare, la salle s’enflamme. Applaudissements, youyous, hourras. Aït Menguellet est toujours prophète dans son pays.
Par Ahcène TahraouI
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