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LA KABYLIE
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LA KABYLIE

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  • Créé le : 15/09/2008 03:13
    Modifié : 12/08/2013 15:11

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    LOUNIS AIT-MENGUELLET

    10/11/2008 19:54

    LOUNIS AIT-MENGUELLET







    COFFRET D'OR DE AIT-MENGUELLET

    02/11/2008 04:40

    COFFRET D'OR DE AIT-MENGUELLET


    Le coffret d'or de Lounis Aït Menguellet Vol 1 of 3

    by

    Aït Menguellet

     
       
     
    Le coffret d'or de Lounis Aït Menguellet Vol 1 of 3
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    AIT-MENGUELLET par Farida Ait-Ferroukh

    31/10/2008 03:07

    AIT-MENGUELLET par Farida Ait-Ferroukh


    AÏT MENGUELLET

    tamazight | français | English

    Tikkelt tamezwarut i d-icna Ayt Mengellet di Radyu, 17 n ssna di lâammer-is, d aseggas 1967. Nnuba-yagi qqaren-as "Ighennayen Uzekka", d Ccrif Xeddam i tt-îttfen. Imiren i d-ighenna Lewnis Ma trud. Netta, yugh tanumi ittghenni netta d imeddukkal-is deg Ighil Bb°ammas, taddart-nni anda d-ikker... Maççi, yughal si ccna n tayri ar ccna nniven i d-ittawi ghef liêala deg nella: si ccna-nni ines tamezwarut Idaq wul iban-ed amek ittwali ddunit.

    Maáççi d_tayri kan i_yettghenni, iwala amek tâicin lâibad, amek ttmeslayen ghef lihâla-nnsen. Lhâsun seg wasmi yebda ccna, atâs n tughac n tayri i d-ighenna, mi iwala tbeddel lâeqelya-s, iccna ghef ddunit. Cîtûh akken ighenna daghen ghef tayri, umaâna makken i d-issuffegh ccna-nni isem-is Tayri, imiren i s-ixdâ i ccna icban tagi. Ighenna-d daghen yiwet n taghect anda s-iqqar Qqim deg rebbi-w… netta i ugitâr-is umi la iheddêr. Seg wasmi d-issuffegh taghect-nni Aâli d Waâli i d-iwwi ghef imêhqqaren, akken akken awal-is, inejjer-it-id di tughac icban Agu negh Tibratin Atâs i d-iwwi ghef tegmatt d umennugh ger watmaten, si zik ar tura, d ayen i t-iceghben. Di lmaâna n wawal, ayen ifi d-iccna di taghect Lxuf, ighenna-d daghen fella-s di tughac-agi tineggura. Lewnis Ayt Mengellet isexdam awal, ittak-as lmaâna, maççi d asexlujêd kan i yesxlujûd. Awal iqqar-d ayen illan d wayen ur nelli negh ayen ara yilin, segmi Ayt Mengellet-agi qqaren-as medden d amusnaw.

    Farida Aït Ferroukh


    tamazight | français| English

    C'était en 1967, Lounis Aït Menguellet avait tout juste dix-sept ans quand il passa pour la toute première fois dans une émission radio. C'était alors "les Artistes de demain" assurée par Cherif Kheddam. Notre jeune poète y interpréta Ma trud (Si tu pleures). Celui qui avait l'habitude de chanter entre copains sous le clair de lune d'Ighil Bwammas, son village natal, devient, en quelques mois, cet idole qui bouleverse les coeurs. La transition vers la chanson engagée n'est pas aussi brutale qu'on le dit : l'ébauche de ce que sera plus tard son oeuvre est esquissée dès la première chanson Idaq wul (le Coeur oppressé).

    Plus tard, il rouvre le dossier de l'amour pour le clore avec Tayri (l'Amour). Dans l'intervalle, il se livre à un jeu de mots dans la chanson Qim deg rebbi-w (Mets-toi sur mes genoux !) s'adressant en fait à sa guitare. Il donne le ton à partir de la chanson Ali d waâli (Fin des années 70) qui retrace l'itinéraire d'un despote. Son style ira en s'affirmant avec des chansons fondatrices comme Agu (le Brouillard), Tibratin (Missives)... Certains thèmes comme la fraternité, la désunion utilisés dans ces titres seront repris plus tard. A titre d'exemple, les allégories déjà sollicitées dans Lxuf (la Peur) en 1981-1982 reviennent dans son dernier album. Aït Menguellet a chanté divers thèmes qui confèrent à sa poésie la totalité qui lui vaut d'être apprécié par tout le monde.

    Farida Aït Ferroukh


    tamazight |  français | English

    It was in 1967, Lounis Aït Menguellet was just seventeen years old when he appeared for the very first time in a radio show, "the Artists of tomorrow" animated by Cherif Kheddam. Our young poet interpreted Ma trud (if you cry). The one who was used to sing among friends under the moonlight of Ighil Bwammas, his native village, becomes, in a few months, this heartbreaking idol. The transition towards the "engaged" songs was smoother than what was said. What will be his future work has started to take shape in his first song Idaq wul (the oppressed heart).

    Later, he reopens the file of the love to close it with Tayri (Love). Within this interval, he did a play on word in the song Qim deg rebbi-w (come on my lap) referring in fact to his guitar. He sets the tone starting from the song Ali d waâli (end of the Seventies) which recalls the itinerary of a despot. His style will continue with signature songs such as Agu (Fog), Tibratin (Letters)... Certain themes like fraternity, disunion used in these titles will be picked up later on. As an example, the allegories already used in Lxuf (Fear) in 1981-1982 reappeared in its last album. Aït Menguellet sang various topics giving his poetry a whole making it to be appreciated by everyone.

    Farida Aït Ferroukh






    1er Festival de la musique de «béejaia

    29/10/2008 04:15

    1er Festival de la musique de «béejaia



    Edition du Mercredi 29 Octobre 2008

    Culture

    Un hommage à l’artiste militant Farid Ali
    PREMIER FESTIVAL LOCAL DE LA MUSIQUE ET DE LA CHANSON KABYLEs À BÉJAÏA

    Par : L. OUBIRA

    Cette manifestation, qui se déroulera du 1er au 16 novembre à la Maison de la culture de Béjaïa, sera inaugurée par un récital du chanteur Akli Yahiatène et clôturée par celui de Lounis Aït Menguellet.


    Institué en février dernier par la ministre de la Culture, le Premier festival local de la musique et de la chanson kabyles se tiendra du 1er au 6 novembre de l’année en cours à la Maison de la culture de Béjaïa, dont le directeur M. Aït Aïssi Ahmed est commissaire de cette rencontre artistique et culturelle.  Après les présélections, 22 chanteurs en herbe sur les 45 inscrits ont été retenus au concours de ce festival, représentant huit wilayas.


    Placé en signe d’hommage au grand artiste et militant nationaliste Farid Ali, le festival qui coïncide avec la célébration du déclenchement de la guerre de Libération sera inaugurée par un récital du chanteur Akli Yahiatène et clôturé par celui de Lounis Aït Menguellet.


    Les objectifs assignés à ce festival sont entre autres, selon le commissaire, la valorisation du patrimoine kabyle, la contribution à la sauvegarde de l’héritage culturel kabyle, la promotion de la chanson kabyle, la création d’un espace d’émulation entre jeunes artistes, hommage à l’artiste pour son apport à la chanson kabyle sur les différents côtés de la chanson kabyle, etc. Les soirées du festival seront meublées par des galas artistiques animés par une pléiade de chanteurs professionnels kabyles, dont Agraw, D. Alem, le groupe Tagrawla, A. Yahiatène, L. Menguellet, Yasmina et probablement Cherif Kheddam.


    Parallèlement, des soirées musicales de proximité auront lieu dans diverses communes de la région. Pour revenir au concours de ce festival, le jury est présidé par le professeur de musique Bouzouzou Boualem dit Bazou et les quatre premiers lauréats du festival représenteront la chanson kabyle au Festival national de la chanson amazighe qui se tiendra en décembre prochain à Tamanrasset.


    Une exposition sur les grandes figures de la chanson kabyle se tiendra durant tout le festival dans les halls de la Maison de la culture. En marge du déroulement du festival, un colloque de deux jours, les 2 et 3 novembre, sur la chanson kabyle évidemment aura lieu dans le cadre de la convention d’échange culturel et de partenariat entre le Festival de la musique et de la chanson locale de Béjaïa et le Festival culturel national annuel du film amazigh.
    Placé sous le parrainage artistique de Kamal Hamadi et de Ben Mohamed, ce colloque, sous le thème “Regards croisés sur la chanson kabyle”, “entend amorcer une réflexion sur le vaste sujet qui est la chanson kabyle. Défricher un champ d’étude qui s’étend sur plusieurs siècles de création/recréation pour le chant traditionnel, et sur plusieurs décennies pour la chanson professionnelle, faire le point des travaux réalisés ou en cours de réalisation sur le sujet et, éventuellement, introduire de nouveaux axes de recherches”. Ainsi, pas moins de 10 communications sur divers thèmes ayant trait à la chanson kabyle et une table ronde seront animées par des chercheurs universitaires dans le domaine.
    À signaler que deux projections, l’une sur Slimane Azem, de Rachid Merabet, et l’autre sur Hnifa, de Ramdane Iftini et Sami Allam, sont au menu de la manifestation.
    C’est dire le programme riche de la rencontre, la première du genre. L’enveloppe allouée au festival est de 9 millions de dinars par le ministère de la Culture, et 3 millions de dinars par l’APW de Béjaïa. Le sponsor Cevital a collaboré par l’apport de l’équipement de ciné. Alors, soyez au rendez-vous avec la culture.

    L. OUBIRA 

     

    Copyright (c) LIBERTE 2008
    www.liberte-algerie.com






    Lounis Aït Menguellet

    28/10/2008 22:26

    Lounis Aït Menguellet


    Aït Menguellet


    Si pour beaucoup Aït Menguellet est le poète de la Kabylie, il est avant tout le défenseur ardent de la cause la plus cruciale en l'Algérie, la liberté. Liberté d'agir, de penser et d'aimer sont les thèmes dominants d'une oeuvre riche et sincère.

    C'est en janvier 1950 à Ighil Bouamas en Grande Kabylie que naît Lounis Abdenbi Aït Menguellet. Si ses années d'études se passent à Alger, il n'oubliera jamais les veillées de chants de son enfance et ses origines kabyles et c'est dans la langue amazigh qu'il écrira la plupart des textes de ses chansons.
    Après des études primaires, il suit une formation d'ébéniste dans un collège technique, mais au contact d'un professeur de français particulièrement pédagogue, il s'éprend de littérature, se met à composer des poèmes et à les chanter dans la grande tradition orale de la poésie berbère. Il a tout juste 17 ans lorsqu'il participe à une émission de radio animée par une figure de la modernisation de la chanson kabyle: Cherif Kheddam. La chanson qu'il y interprète "Ma trud 'ist", comme toutes celles de la première partie de sa carrière un poème d'amour. C'est alors la seule thématique envisageable pour un chanteur algérien. Mais rapidement, Aït Menguellet se détache des autres chanteurs en défendant la cause des femmes à qui le plus souvent l'amour est imposé.
    En 1972, pendant qu'il effectue son service militaire, le succès de deux de ses chansons "Ma seber" et "Lwiza" assoient sa popularité. Celle-ci va grandissant et s'étend jusqu'à l'Hexagone où, en 1978, il fait son 1er passage à l'Olympia. C'est à cette époque qu'Aït Menguellet élargit le champ de ses thématiques en abordant des problèmes philosophiques et socio-politiques. En prônant avec talent la cause de la culture berbère, le poète renforce l'amour de ses fans et la défiance des pouvoirs politiques. Cet état de fait arrive à son paroxysme durant les "années de plomb". En 1985, il triomphe devant 6000 personnes au Zénith parisien et se fait emprisonner pour détention illégale d'armes à feu. Comme beaucoup d'algériens, il possède un fusil de chasse, mais comme peu, il prend la défense du chanteur Ferhat, incarcéré pour son appartenance à la nouvelle ligue algérienne des droits de l'Homme.
    Après cette sombre période et malgré les difficultés auxquelles il doit faire face, Aït Menguellet ne songe à quitter son pays que pour honorer des contrats à l'étranger.
    C'est la grande force du chanteur que d'être resté vivre dans son village, gardant un oeil lucide sur l'évolution de son pays tout en essayant d'améliorer les choses autour de lui. S'il ne donne plus de concerts en Algérie, il n'hésite pas à s'y engager dans des actions humanitaires .
    En 2001, Aït Menguellet rompt avec la sobriété coutumière de ses enregistrements. Son fils Djafar, avec qui il travaille depuis des années, lui fait rencontrer le plus célèbre des jeunes musiciens kabyles, Takfarinas, qui produit son album "Inasen" avec beaucoup de respect et de justesse. Si leurs arrangements sont plus luxuriants, ses chansons sont fidèles à ce qu'elles ont toujours été, des mélodies simples au service de textes d'une grande qualité poétique qui décrivent avec d'autant plus de puissance la folie des hommes.



    Benjamin MiNiMuM






    Aït Menguellet ne prépare pas de prochain album

    28/10/2008 14:25

    Aït Menguellet ne prépare pas de prochain album


    Culture

    Retour

    Aït Menguellet ne prépare pas de prochain album

    «Je ne suis pas inspiré»

    1er Salon d’automne à Alger

    L’Algérie avec ses différences et ses complexités

     

     27/10/08

     Aït Menguellet ne prépare pas de prochain album

    «Je ne suis pas inspiré»

    Il devait retrouver son public à la grande salle parisienne de l’Olympia hier dimanche. La veille de son concert, Lounis Aït Menguellet accepte de s’entretenir avec la journaliste de l’Agence algérienne d’information (APS) et revenir sur son travail. Il se confie à vous.
    Par Irane Belkhedim

    «Cette rencontre avec mon public me manque car auparavant, j’avais l’habitude de retrouver régulièrement mes fans. Mais ces dernières années, il y a eu une longue coupure. Cette situation est due à l’absence d’organisateurs de spectacles et de propositions. Quand l’occasion se présente, je ne décline aucune invitation !», dit-il d’emblée. Une manière d’expliquer sa «disparition forcée» de la scène artistique nationale et internationale. D’ailleurs, Aït Menguellet préfère parler plutôt de «manque d’inspiration» pour justifier la non production de nouveaux albums (le dernier date déjà de 2004). «Je ne décide pas d’écrire une chanson. Elle s’impose d’elle-même. Quand elle ne vient pas, je me résigne et j’attends. Généralement, il n’y a pas de régularité dans la composition. Il faut dire également, que ces derniers temps, il y a eu tellement de choses à côté», confie-t-il. Un prochain album ? Le public justement n’en sait rien. Il répond avec un large sourire accroché aux lèvres. «Moi aussi, je l’attends comme mon public. Je n’ai pas de recette toute faite pour écrire. J’attends que les textes viennent», se contente-t-il de répondre sans donner, toutefois, plus de détails sur le sujet et sur son travail.

    41 ans de carrière et de vie derrière
    41 années de carrière, de présence sur la scène artistique. De son parcours, Aït Menguellet dit ne rien regretter. «C’est une carrière que je n’ai nullement planifiée. Je pense avoir fait ce qu’il fallait faire, honnêtement et professionnellement. Si c’était à refaire, je ferai la même chose». Cependant, il estime que son bilan a été positif et qu’il en est fier. «Mais je suis loin d’en être auto satisfait», précise-t-il. Dans ses poèmes, le verbe prend le pas et guide la musique. La parole s’évade, se libère et se déchaîne.
    Elle emporte les rythmes et la mélodie qui semblent se taire devant la férocité de l’expression, la magie du verbe et la folie de la poésie ! Exil, jeunesse, patrie, amour, tradition, terroir, amazighité, berbérité…  Lounis évoque l’Algérie qui passionne, qui blesse, qui vomit, qui donne, qui arrache, qui s’en va, qui meurt et qui vit en lui. Mais, il insiste à dire qu’il refuse tous les qualificatifs qu’on lui donne. Poète, chanteur, philosophe, amusnaw (sage), le savant… «Franchement, ces qualificatifs me font plaisir, je ressens l’admiration de mes admirateurs. Mais, je m’en méfie aussi car je ne suis rien de cela. J’essaye juste d’exprimer les choses qui me tiennent à cœur. Je les dis de la manière que je connais le mieux, par le verbe et par la chanson», affirme-t-il.
    Evoquant l’engagement de l’artiste, Aït Menguellet soutient qu’il se démarque des autres, il insiste sur sa neutralité. «Je m’inspire de la société, de ce qui m’entoure, de notre vécu. Quand le quotidien nous interpelle pour dénoncer des situations, pour exprimer des préoccupations, je le fais mais pas dans le but d’être enfermé dans une catégorie quelconque. Je n’aime pas être catalogué. Je n’aime pas les étiquettes. J’essaye de dépeindre ma société et même de déborder de ce cadre en traitant de sujets universels. Ne dit-on pas que la planète est devenue un grand village ?», ajoute-t-il. C’est cela l’engagement pour lui.

    Je veux chanter pour ceux…
    Aït Menguellet atteste que ses chansons ne s’adressent pas à un public particulier, mais à tout ceux qui veulent l’écouter. «Je ne choisis pas mon public, tout comme je ne fais pas de choix dans mes chansons. Elles viennent comme cela, toutes seules. Je me contente de les écrire seulement, sans me soucier de la catégorie de gens qui les écoutera». L’artiste se définit même comme un
    «musicophage» car il écoute tous les styles musicaux, avouant pencher pour la chanson à texte. Que pense-t-il de la chanson algérienne en vogue ces dernières années ? «Elle se porte bien. Aujourd’hui, la chanson kabyle connaît des hauts et des bas, elle tend à être plus rythmée, plus dansante, comme ailleurs dans le monde. Il y a de beaux textes, de belles voix et de bons et de moins bons chanteurs. Je pense qu’il faut donner à nos jeunes ce genre musical pour éviter qu’ils n’aillent chercher ailleurs ce dont ils ont besoin», lâche-t-il.

    Le piratage des reprises 
    Abordant le phénomène des reprises des anciennes chansons, il s’insurge contre ces «artistes» qui, du jour au lendemain, s’approprient le travail des autres et sont lancés sur scène et deviennent des stars. «Ces chanteurs ne vivent que des reprises. Ils s’approprient, toute honte bue, les œuvres des anciens et n’apportent aucune nouveauté. Nul ne peut interpréter une chanson aussi bien que son premier créateur», maugréa-t-il, ajoutant que cela appauvrit le patrimoine musical national et bloque et décourage la création. «Pourtant des compositeurs et des auteurs talentueux existent chez nous. Ils sont prêts à proposer leurs œuvres aux autres et à collaborer avec les artistes.
    Pourquoi ne les sollicitons pas ? Pourquoi cette facilité à pirater le travail d’autrui», s’interroge-t-il. L’Office national des droits d’auteurs (ONDA), dit-il, tente avec ses moyens d’endiguer ce phénomène, sans vraiment y parvenir, car c’est une question qui interpelle «toutes les instances», d’autres structures doivent s’impliquer dans cette tâche de longue haleine : défendre et protéger la création et les créateurs. Enfin, après son spectacle parisien, Ait Menguellet se produira à la fin de ce mois à Saint-Etienne, puis en décembre à Amiens, au Nord de la France.

    I. B.

    1er Salon d’automne à Alger
    L’Algérie avec ses différences et ses complexités
    Plus d’une cinquantaine d’artistes, toutes disciplines confondues, participent au 1er Salon d’automne, organisé par le Palais de la Culture à Alger et qui a ouvert samedi ses portes au public. «Nous voulons faire de ce salon un important rendez-vous de la création artistique contemporaine algérienne placé sous le signe de la découverte de talents, et surtout, impulser le mouvement créateur», indiquent les organisateurs. La manifestation regroupe des peintres, des sculpteurs, des céramistes, des calligraphes et des photographes, venus de plusieurs wilayas du pays. La rencontre se veut «un mini panorama» des arts plastiques contemporains algériens, qui présente des œuvres de différents styles, techniques, genres et tendances artistiques. A titre d’exemple, Benazouz Noureddine a exposé deux peintures abstraites, riches en matières, qui mettent en valeur la beauté des paysages de campagne. Dans son travail, l’artiste Djebabla Kadira évoque la ville, ses constructions modernes ainsi que son animation en exposant des compositions géométriques rehaussées par des contrastes de couleurs (bleus, jaunes et oranges). Nacer Douadi et Amor Idriss Dokman préfèrent parler de l’être humain, de ses préoccupations et de ses rapports avec l’autre, comme le montrent les tableaux de style abstrait et symbolique intitulés respectivement «L’acteur» et «Mina». L’être humain est également invoqué par Abla Rettab qui a opté pour la céramique de tendance moderne ainsi que le photographe Rachid Merzougi qui a met en valeur ses nombreuses créations par l’ajout de couleurs pastels. Omar Khiter, Hocine Samri et Sebara Khaled ont repris la calligraphie arabe en lui donnant une touche personnelle contemporaine aussi bien du point de vue de la composition que des couleurs. La sculpture occupe également une place de choix dans cette exposition avec notamment la participation de l’artiste Abdelaziz Amrani qui a présenté deux sculptures sur bois portant les titres «Summum de la valeur humaine» et «Egoïsme» et de Yamina Gouichiche qui a utilisé l’os comme matière de base. «Le rassemblement de ces œuvres, par-delà leur apparence, est surtout le témoignage de la vitalité de la création artistique dans notre pays», soutient Driss Lamine Dokman, commissaire de l’exposition, ajoutant qu’il faut donner aux jeunes artistes l’occasion d’exposer, de connaître les critiques et surtout le regard posé par le plus grand nombre sur leurs œuvres.
    R. C.

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    Copyright 2003 Le Jour d'Algérie. Conception  M.Merkouche

     

     





    La simplicité faite homme

    28/10/2008 14:06

    La simplicité faite homme


    La simplicité faite homme
    10 Avril 2008 - Page : 13
    Lu 844 fois 

     

    Aït Menguellet et Fattani

    Il raconte avec naturel les bribes d’une vie taillée dan le socle granitique du Djurdjura.

    Trois heures de discussions à bâtons rompus avec Lounis Aït Menguellet ne laissent jamais indifférent. Des moments qui stimulent des questionnements, le sens, le poids des choses et les avatars de la vie. Ainsi, on est contaminés par une étrange remise en cause des préceptes préétablis et on se dit: finalement on peut porter sa culture au firmament tout en restant soi-même sans les diaprures et les extravagances qui affectent les hommes sur un podium. Tout chez Lounis suggère cela sans qu’il le dise explicitement. «Je ne veux être personne d’autre à part moi même», soutient-il avec une simplicité qui désarme le plus hardi des interviewers, fût-il Marcel Proust. A chaque fois qu’on essaie de comprendre des chansons de Lounis Aït Menguellet dans toute leur complexité, c’est justement la simplicité de l’homme qui nous surprend. Ce monument de la chanson algérienne reste entier en dépit des heurs et les malheurs qui ont jalonné son long chemin d’artiste. Mais d’où tire-t-il cette force, à rester simple jusqu’à la sagesse? Bien évidemment, de sa montagne qu’il chante et de sa «kabylité» qu’il assume. Une kabylité qu’il transcende «ni je romps ni je plie». C’est ainsi qu’il se plaît à contester le slogan fétiche «vaut mieux rompre que plier». Mais avec toutes ses tares, cette kabylité, il la brandit comme un emblème et quelquefois comme un brûlot jeté à la face des poltrons de tout acabit. «Non, je n’arrêterai pas mon gala car je ne reconnaîs pas un second Etat dans ce pays», lançait-il, stoïquement, à la face d’un commissaire de police chargé de le dissuader d’annuler son gala à la salle Atlas en 1991. «Je débarquais de ma montagne pour animer un gala dont les fonds allaient servir à la construction d’une maison de jeunes au village, mais je ne savais pas que les islamistes avaient autant d’autorité et que l’Etat était aussi absent», rappelle-t-il. «Le gala a duré 7 jours et autant de pression, une pression terrible mais il ne fallait pas céder au chantage. A la fin du gala, le même responsable de la police qui voulait me dissuader est venu me proposer de continuer à chanter encore quelques jours et ma réponse a été claire: je ne suis pas venu en provocateur...» A cette époque, l’islamisme bombait le torse à Bab El Oued. Des galas de stars internationales qui devaient se produire à Alger ont été annulés. On se rappelle de la polémique née autour de la venue, pour la première fois en Algérie, de la chanteuse Linda de Suza. Son gala a été annulé d’autorité par les islamistes. La suite de l’ascension de l’islamisme en Algérie est connue. Les assassinats, les attentats et autres crimes rimaient avec les années 90.
    La même Kabylité, meurtrière celle là, pousse Aït Menguellat à rester dans son village natal à Ighil Bouamass durant ces années noires du terrorisme. «Je ne pouvais pas et je peux pas admettre que quelqu’un vienne me faire sortir de ma maison, c’est quelque chose d’inconcevable pour moi.» Et dire qu’il constituait une cible privilégiée pour les terroristes. «Je le dois à la vérité et je dis ici que je n’ai jamais reçu de menaces.» «Durant toutes ces années je n’ai pas changé mes habitudes». Allez savoir pourquoi? Lounis intrigue, inspire le respect et force l’admiration. L’homme raconte avec naturel des bribes d’une vie taillée dans le socle granitique du Djurdjura. Une montagne qu’il n’est pas près de quitter pour ne choir dans les basses plaines. «L’vaz ma ixussith udrar arux kan Ad s’semmin» (sans sa montagne, le faucon serait un simple oiseau)

    Brahim TAKHEROUBT

      Lire aussi  
    Ainsi parla aït menguellet
    La noblesse de chanter l’amour
    Le poète visionnaire
    Tout son répertoire en langue arabe
    Ses sources d’inspiration
    Le Questionnaire de Proust

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    Aït Menguellet et Matoub et le monde carcéral

    23/10/2008 19:40

    Aït Menguellet et Matoub et le monde carcéral


    Deux prisonniers, un destin
    Aït Menguellet et Matoub et le monde carcéral

    La littérature kabyle orale a pu immortaliser ces moments d’angoisse, de questionnement  et de lutte pour la survie dans des strophes exceptionnellement émouvantes où l’épopée et le lyrisme se trouvent naturellement enchevêtrés. Si Muh U M’hand, la poésie populaire du Mouvement national et de la guerre de Libération, Ferhat Imazighène Imula, Mohya, Aït Menguellet, Matoub Lounès et d’autres poètes dont les pièces ont eu une moindre fortune, la plupart  des hommes du verbe kabyle ont eu, à un moment ou un autre de leur carrière artistique, abordé, traité et disséqué la situation du prisonnier.

    Par Amar Naït Messaoud

     

     

    "C’est dans les bas-fonds Qu’on pousse les hauts cris"  Jacques Prévert (dans ‘’Fatras’’)

     

    L’histoire de la société kabyle est faite de grande adversité et de lutte permanente pour les libertés. Ayant été cantonnée dans un espace géographique montagneux, elle développa un esprit de résistance sans faille à toute forme d’invasion et de domination.

    Le choix même des ces rudes espaces pour y vivre, produire et commercer est un signe d’une volonté irréfragable, d’une volonté de vivre en liberté et de n’accepter aucune soumission. Dans l’histoire de l’Algérie sous domination ottomane- qui offre un minimum de ‘’lisibilité’’ par rapport aux  périodes antérieures-, l’établissement d’une principauté sous le nom du ‘’royaume de Koukou’’ qui s’étendait sur les deux Kabylies (grande et petite) est un moment fort de cette tendance à s’autogouverner loin des jougs extérieurs et des dépendances castratrices.

    Tout en s’insérant dans le grand ensemble national-aucune situation engageant le destin de la nation ne lui a échappé-, la Kabylie a développé en son sein une organisation sociale, une culture politique et une philosophie de la vie dont la profondeur et la portée sont jusqu’à ce jour objets d’études et d’analyses anthropologiques et sociologiques.

    Ce destin quelque peu particulier ne pouvait pas s’accomplir dans la sérénité ou sans accros. À chaque fois que l’Algérie est ciblée dans sa stabilité ou sa souveraineté, la Kabylie s’offre en sacrifice.

    Ce n’est, après tout, qu’une logique de l’histoire pour une région qui symbolise l’authenticité et la permanence d’une identité millénaire. Le climat d’hostilité et de bellicisme imposé par l’histoire à la Kabylie s’accompagne à chaque fois de son lot de morts, de blessés, de déportés et de prisonniers.

    Dans l’histoire moderne du pays, l’on peut avoir des témoignages assez précis sur les déportés à Cayenne (en Guyane française), en Nouvelle Calédonie, au Sahara, à Paul Gazelles (Aïn Oussara),…comme nous parviennent les cris et pensées des prisonniers de guerre pris dans les tranchées des frontières franco-allemandes entre 1914 et 1918, des détenu(e)s de la Santé et de Fresnes en métropole française, des incarcéré(e)s de Barberousse, El Harrach, Lambèse et Berrouaghia.

    Toutes les époques ont connu leurs cortèges de prisonniers et la littérature que cette situation a charriée avec elle.  Ces noms nous sont devenus familiers car nos aïeux et nos concitoyens y ont séjourné ou y ont rendu l’âme. La lutte qui consiste à faire valoir ses droits en matière de souveraineté, de liberté et d’identité est inexorablement suivie de son lot de peines, de larmes et de captivité.

    La littérature kabyle orale a pu immortaliser ces moments d’angoisse, de questionnement  et de lutte pour la survie dans des strophes exceptionnellement émouvantes où l’épopée et le lyrisme se trouvent naturellement enchevêtrés.

    Si Muh U M’hand, la poésie populaire du Mouvement national et de la guerre de Libération, Ferhat Imazighène Imula, Mohya, Aït Menguellet, Matoub Lounès et d’autres poètes dont les pièces ont eu une moindre fortune, la plupart  des hommes du verbe kabyle ont eu, à un moment ou un autre de leur carrière artistique, abordé, traité et disséqué la situation du prisonnier. Étant un fait de société dont le contexte et la réalisation sont bien connus du fait d’une histoire tourmentée, la vie carcérale est étudiée dans son contenu intime et au niveau des mobiles qui lui ont donné naissance. 

    Dans les deux chansons dont nous présentons la traduction, Aït Menguelet (1979) et Matoub Lounès (1981) mettent toute leur verve poétique au service d’une approche réelle du monde du prisonnier. Dans ‘’Amcum’’, il retrace le destin d’un militant qui s’est sacrifié pour une noble cause engageant le destin collectif de ses compatriotes. L’esprit de la lutte, l’âme de la résistance et le devoir de ne pas fléchir devant l’arbitraire et la tyrannie le conduisent tout droit au cachot. Lui seul subira les affres de la prison. Non pas qu’il menât seul le combat, mais il fut abandonné en cours de route par ses camarades avec qui il mangea du pain sec.

    Par peur, par lâcheté, suite à des pressions ou à des promesses alléchantes, tous les cas de figure peuvent se présenter et conduire à disperser les rangs, à semer la zizanie, le doute et la perplexité parmi les membres du groupe. Le héros du poème se retrouvera seul face à la machine infernale de la répression. Que sont les amitiés militantes devenues ? Que représente le serment de solidarité et de destin commun que les militants ont fait ?

    Matoub, quant à lui, utilisera tout son pouvoir d’imagination pour décrire la situation d’un prisonnier qui attend son procès et dont il entrevoit l’issue fatale, la perpétuité. Sa mère, qui interroge le vent sur le sort de son fils, l’encourage à subir seul son destin au lieu de dénoncer ses camarades de lutte restés en liberté. Le poème grouille d’émouvantes métaphores pour décrire l’attente puis la résignation de la mère.

    Nos deux prisonniers ont cette particularité commune de subir les affres de la répression dans une Algérie indépendante. Ils ont aussi cette grande qualité, cette rare bravoure de ne pas ‘’fléchir devant l’humiliation’’ (Ugin ad knun zdat ddel), une phrase qu’on retrouve textuellement dans les deux poèmes. La vaillance se trouve du côté de ceux qu’on a voulu humilier et avilir par une privation de la liberté. D’après Bernard Schaw, "l’homme le plus inquiet d’une prison est le directeur’’.

    Dans un rêve que fait un prisonnier, Matoub le fait voyager chez lui pour revoir ses parents, sa femme et ses enfants. C’est dans un poème faisant partie de l’album “A Tarwa l’hif’’ (1986) :

     

    " Si je pouvais me détacher,

    Je viendrais vous voir le jour de l’Aïd.

    Je vous saluerais alors chers parents.

    Quand je me présenterai au village,

    Je ne serai pas surpris par votre perplexité.

    Ce n’est pas mon visage d’antan

    Qu’auront à rencontrer vos yeux.

    Parce qu’il ne me reconnaîtra plus,

    Mon fils me fuira.

    Ma femme légitime, je ne sais

    S’il elle se souviendra de moi.

    J’aurai alors dérangé la quiétude de tout le monde

    Jusqu’à leur faire perdre la parole.

    À la fin nous nous reconnaîtrons ;

    Le village hâtera le pas à ma rencontre.

    Ce n’est là qu’une espérance ;

    Mon rêve n’a pas duré longtemps.

    La porte de la prison est bien close.

    Sur elle mon étiquette se pose,

    Bien collée et sigillée,

    Me désignant à perpétuité ".

     

    Dans ‘’Asefru’’, Aït Menguellet nous transmet les sentiments blasés et les sensations de désenchantement d’un prisonnier qui a perdu le goût des belles choses suite à une incarcération castratrice de réflexion et du sens de l’esthétique :

     

    "La rose à la belle figure,

    j’envie ceux qui l’admirent encore.

    Naguère, comme eux, j’en connaissais le parfum ;

    Ores, je ne veux plus la regarder.

    Quand je vois une main ceinte d’une gourmette,

    Ce sont les chaînes qui me viennent à la tête. 

    N’en cherchez pas la raison ;

    Dites seulement que je suis à plaindre ".

     

    Amar Naït Messaoud

     

    Textes

     Aït Menguellet : “Amcum’’

     1-Il vous appellera ;

    Lui répondrez-vous ?

    Si vous faites sourde oreille,

    Rien d’étonnant à cela.

    Ne disait-on pas

    Que c’est dans l’adversité

    Que l’on reconnaît son ami ?

    S’il est prévenant,

    Il bravera toute difficulté.

     

    2-Il vous appellera ;

    Vous l’entendrez, il le sait.

    C’est clair que vous l’entendrez ;

    Mais, rendrez-vous-lui écho ?

    L’homme, cupide qu’il est,

    Est devenu tel un aigle :

    Voyant un bâton,

    Il le prit pour un serpent.

     

     

    3-Voilà que je le trouve égaré,

    Piégé derrière les barreaux.

    C’est son sens de la dignité qui l’y a mené,

    Refusant de fléchir devant l’humiliation.

    Le jour où vous entendîtes ses cris,

    ô vous, ses amis,

    Chacun vaquait à ses propres affaires.

     

    4- Il avait affronté l’impossible,

    Se croyant par vous soutenu.

    Comptant vous avoir derrière lui,

    Il vous appellerait au besoin.

    Le jour où vous entendîtes ses cris,

    ô vous, ses amis,

    Chacun, fuyant, prit son chemin.

     

    5- Il était allé affronter le feu

    Pour sauver ce qui restait encore.

    Vous l’aviez aidé par des mots creux,

    Alors qu’il défendait votre bien.

    Le jour où vous entendîtes ses cris,

    ô vous, ses amis,

    Chacun avançait un empêchement.

     

    6- Vous l’avez envoyé à l’avant-poste, il y est allé

    Sans avoir personne à ses côtés.

    Vous dites l’aimer comme vous-mêmes,

    Mais trop risquée est la voie qu’il a choisie.

    Le jour où vous entendîtes ses cris,

    ô vous, ses amis,

    Vous fûtes enchaînés par la peur.

     

    7- Vous rafistolez les lacérations, enfin,

    C’était à bon droit.

    Si vous l’aviez alors rejoint,

    Qui aurait bénéficié des fruits de la lutte à la fin ?

    Et le jour où vous entendîtes ses cris,

    ô vous, ses amis,

    Vous dîtes de lui qu’il n’était pas rusé.

     

    8- Quand il regrettait, il était bien tard ;

    Il comprit qu’il n’étai pas rusé,

    Bien qu’il éveillât plus d’un.

    Sur ce dont vous traitez à présent.

    Et si vous entendiez ses cris,

    ô vous ses amis,

    Sans doute vous en perdriez le sommeil !

     

    Matoub : ‘’Bagnard à Berrouaghia’’

     

    1-Son âme agonise

    Tel un grain dans une meule.

    Il attend son tour et pleure

    Mon bagnard !

     

    2-Il craint que vous voyiez en lui un téméraire,

    à la fin, vous risquez de l’oublier.

    Vers lui, qui ouvrira la voie ?

    Mon bagnard !

     

    3-L’arbitraire montre ses repousses.

    Vers l’avant se dresse un précipice,

    La mort approche par derrière.

    Mon bagnard !

     

    4-Appelle-le donc, ô mon cœur, appelle-le !

    Dis-lui, s’il écoute,

    De se garder de dénoncer qui que ce soit.

    Mon bagnard !

     

    5- ô vent qui berce les oliviers

    Apprends-moi, je t’implore, les nouvelles.

    Je ressemble à du bois vermoulu

    Que les gens refusent même à brûler dans les foyers.

    Quelle raison l’a exilé

    Et l’a ravi brutalement aux siens ?

    ô vent qui me rend visite,

    T’a-t-il chargé d’un message, mon bagnard ?

     

    6-A trop écouter les gens,

    Mes mains se refusent à l’ouvrage.

    Le chagrin attise mes malheurs

    Et remplit mes jours de noirceur.

    J’ai surpris des gens converser,

    À ma vue ils ont baissé les yeux.

    Vent, c’est à toi de m’apprendre

    S’il est encore en vie mon bagnard.

     

    7-Le cœur halète à l’arrivée du vent de mars.

    Dès que je porte la coupe aux lèvres,

    On vient me l’en saisir.

    Aujourd’hui, je sais, je l’ai perdu ;

    Mes yeux ne le reverront plus.

    Vent, viens me dire

    Où la vague a largué mon bagnard.

     

    8-La paix que j’attendais a failli

    Au rendez-vous pourtant accordé.

    La belle tragédie s’est fardée

    Et vient m’offrir des cadeaux chez moi.

    Maintenant je comprends la raison de son retard,

    Et pourquoi son retour est une chimère :

    Il refuse de fléchir devant l’humiliation

    Dans le pénitencier de Berrouaghia,

    Mon bagnard !

     

    Traduction : Amar Naït Messaoud

     

     

     

     
       





    A Yagu ou la Révolution qui dévore ses enfants

    23/10/2008 19:39

    A Yagu ou la Révolution qui dévore ses enfants


    Lecture de A Yagu d’Aït Menguellet
     
    La Dépêche de Kabylie 17/10/2007
    Les aspirations à l’émancipation et au recouvrement des libertés sont énoncés dans A yitij hader atteghlidh et Da nnubak freh.

    La chanson d’Aït Mengulelet A Yagu a été éditée en 1979. Elle fait partie d’un album-éponyme qui a succédé à deux autres albums d’un destin exceptionnel : Si lxedma n luzin s axxam ( 1976 ) et Amjahed (1977). Le contexte politique de l’époque, fait de répression des libertés et de règne de la pensée unique, a fait que certaines chansons de notre poète ( à l’exemple de Amjahed ), sans qu’elles aient subi la censure en Algérie, aient été d’abord popularisées par des émission de…Radio Tanger à une année avant l’explosion d’avril 1980, Lounis nous donne les éléments de lecture de ce qui va devenir le destin particulier d’une région, d’une culture.

     

    L’album A Yagu comprend cinq chansons lesquelles constituent un concentré de sensibilité poétique et esthétique de grande facture, une analyse historique et politique de la situation du pays et, enfin, une ébauche de perspective où les aspirations à la liberté et à la citoyenneté sont clairement exprimées.

    Nous sommes en 1978. Le Président Boumediène meurt à la fin du mois de décembre. La guerre de succession a valu à la Kabylie la mise en scène de l’avion militaire, Hercule C 130, qui ‘’a déposé des armes’’ à Cap Sigli, dans la wilaya de Béjaïa. L’héritage de la période Boumediène a été très lourd non seulement en matière de déni des droits et de despotisme, mais également par les jeux malsains et dangereux auxquels se sont livrées les autorités sur le plan maghrébin. L’affaire du Sahara Occidental a éclaté en 1975, moins d’une année après le départ des Espagnols de ce territoire peu connu. Il n’y a pas lieu de discuter ici de la légitimité de la lutte des Sahraouis pour rendre effective l’indépendance de leur pays, indépendance non admise par les Marocains. Néanmoins, le degré d’implication de l’Algérie dans ce conflit a fait que des contingents entiers de soldats algériens y furent envoyés. Certains y perdront la vie, d’autres seront faits prisonniers. Même si l’affaire d’Amgala ne fait pas partie de l’historiographie officielle du pays, elle n’en marquera pas moins l’esprit et la mémoire des Algériens.

    Dans l’album A Yagu, nous retrouvons l’atmosphère de la guerre des sables à travers la chanson Ardjuyi. À part les indications spatiales précises, ce conflit n’est pas situé temporellement. Mais, il est bien dit que «ceux qui gouvernent m’ont crée des ennemis» et aussi : «Ils m’ont appris que la guerre est prioritaire». Sous forme épistolaire (le soldat du contingent s’exprime dans une lettre à sa femme), Ardjuyi est un chef-d’œuvre en la matière. Outre la dénonciation d’une guerre qui ‘’ne nous regarde pas’’, le poème, conduit à la manière d’une épopée, est un véritable hymne à la paix où le lyrisme a aussi sa place. La fille du soldat, qui naîtra en son absence, sera dénommé Lahna (Paix) sur recommandation de son père posté sur le front et dont le seul souci et que la paix se rétablisse.

    La chanson Amcum est un réquisitoire contre la trahison et l’effilochement des amitiés militantes. Le héros est un élément d’un groupe de militants pour la liberté que son destin offrira en hostie, alors que ses anciens amis s’en désolidarisent.

    Les aspirations à l’émancipation et au recouvrement des libertés sont énoncés dans A yitij hader atteghlidh et Da nnubak freh.

    Quant au titre A Yagu, il renvoie à un exilé dont la patrie subit le règne de l’arbitraire. Dans un prélude où la poésie se mêle à la méditation, il s’adresse à ses anciens amis. Il les hèle vainement. Il les retrouve dans le rêve. Il les considère comme la seule voie de secours pour chasser l’angoisse qui le hante et qui le dévore sur une terre étrangère.

    Dans un rappel historique, le poète met en scène un pays innommé, mais il s’agit bien sûr de l’Algérie, où toutes les cartes sont brouillées. Ceux qui, hier, furent du côté de l’ennemi sont aux commandes. Ils ont chassé tous les autres, ceux-là même qui ‘’ont préparé la grenaille de plomb» pour l’ennemi au moment où les autres lui préparaient des ‘’agapes’’.

    Mais, la génération d’alors, happée par les nécessités terre à terre d’aujourd’hui, ne se souvient plus. La mémoire de la nouvelle génération ne s’articule sur aucun relais. Il faut bien procéder à un travail de mémoire. Le héros du poème rappelle que, à la fin de cette ‘’malédiction’’ (la guerre), il finit par tomber sous la férule et la protection des anciens félons.

    Gardant sa fierté et ne voulant céder à aucun clientélisme, il fait valoir l’authenticité de ses racines :  ‘’ C’est du bois de chêne que je suis fait et non de l’engeance du roseau ’’. C’est alors qu’il décide de s’exiler laissant son frère aux commandes ‘’ se livrer à ses lubies ’’ (‘’ labourer et battre le blé ’’, selon le texte kabyle).

    Ce sont tous les avatars de l’Algérie indépendante qui sont sériés dans ce texte d’Aït Menguellet. C’est la révolution dévoreuse de ses enfants. Exilés politiques, artistes réduits au silence, exilés de la parole libre, bref, tous ceux qui ont subi le retour de manivelle d’un combat dénaturé et perverti par les ‘’légionnaires’’ de la 25e heure et les médiocres à qui le destin a curieusement et injustement souri. Une vacuité sidérale hante le pays et un malaise indéfinissable habite les esprits.

    Le poète y met une poésie d’une rare beauté faisant intervenir un élément du cosmos, la lune, que l’exilé interrogera par une série de questions. Ici, la lune est considéré comme un élément fédérateur observé par l’exilé depuis son lieu d’élection mais aussi par les amis qu’il a laissés au pays. Subitement, un autre élément de la nature survient. C’est le brouillard. L’exilé engagera un dialogue avec cette masse brumeuse. Il la questionnera sur son lieu de provenance. Le brouillard vient du pays du proscrit. Qu’a-t-il vu ?

    Il a vu les amis chéris de notre infortuné proscrit. Ce dernier veut savoir si son frère tien toujours les rênes du pouvoir. Le brouillard lui répond par l’affirmative en lui faisant observer que c’est un ‘’pouvoir sans brides’’ qui ne redouterait rien ni personne à vouloir se perpétuer. L’arbitraire continue, lui apprend-t il. Même si, par intermittences, il est mis en veilleuse, il se régénère.

    Voulant savoir où se destine exactement le brouillard que ramènent les vents jusqu’au lieu où se trouve le proscrit, cet élément de la nature lui annonce qu’il vient en mission, sur ordre des frères régnant sur le pays, pour voiler le soleil de l’infortune exilé !

    Mordante allégorie à la situation d’arbitraire vécue par l’Algérie pendant les années 70 après une révolution sanglante mais prometteuse, A Yagu est l’un des textes d’Aït Menguellet les plus élaborés sur le plan du style, du contenu politique et revendicatif et sur le plan de la ‘’narration’’ si l’on peut se permettre ce concept appliqué à la prose.

    ( Publié dans ‘’ Passerelles ’’ de juillet 2007 )
     

    La chanson d’Aït Mengulelet A Yagu a été éditée en 1979. Elle fait partie d’un album-éponyme qui a succédé à deux autres albums d’un destin exceptionnel : Si lxedma n luzin s axxam ( 1976 ) et Amjahed (1977). Le contexte politique de l’époque, fait de répression des libertés et de règne de la pensée unique, a fait que certaines chansons de notre poète ( à l’exemple de Amjahed ), sans qu’elles aient subi la censure en Algérie, aient été d’abord popularisées par des émission de…Radio Tanger à une année avant l’explosion d’avril 1980, Lounis nous donne les éléments de lecture de ce qui va devenir le destin particulier d’une région, d’une culture.
    par Amar Naït Messaoud.






    AIT-MENGUELLET LOUNIS

    29/09/2008 02:39

    AIT-MENGUELLET LOUNIS


    aitmen.gif

    Lounis Aït Menguellet dit qu’il a commencé à entretenir sa petite barbichette et élever les bouts de sa moustache par pur hasard, un beau jour des années soixante dix.
    lundi 25 avril 2005.

    Aït Menguellet s’est surpris avec ce look à la veille d’un départ pour Paris. Il avait alors pris son rasoir pour raser sa barbe de plusieurs jours. Ça pourrait paraître maladroit de tirer la lame de bas en haut. Mais il s’y est pris comme ça.
    Lounis Aït Menguellet.

    Les deux bouts se sont alors rebiffés en suivant le mouvement de l’objet tranchant. Le portrait qui en est ressorti ne lui a pas déplu. Il lui est resté fidèle jusqu’à aujourd’hui. Il était là à nous attendre, dans son bureau aménagé tel un grenier en son magasin d’articles de sports à Tizi-Ouzou. C’était mardi dernier en fin de matinée. Une fois n’est pas coutume, on l’avait surpris dans un tout autre environnement. Si ce n’était cette affiche au mur qui rappelait son passage au Palais des Congrès en 1993, d’aucuns l’auraient pris dans ce décor administratif pour un studieux comptable devant sa calculette, et son fax… C’est l’autre Aït Menguelet que tout le monde ne connaît forcément pas. Avec sa facette moins publique. A commencer par ce nom complet : Abdenbi Lounis Aït Menguelet. Petit, il a vu le jour un certain 19 janvier 1950 à Ighil Bouamas. Il est le dernier né d’une famille de 3 sœurs, 2 frères et beaucoup d’oncles. « J’ai eu la chance de naître, et grandir dans une famille un peu particulière mais très enrichissante.

    En fait, j’ai eu le privilège d’avoir 4 grands-mères. Mon grand père que je n’ai pas connu s’est marié avec trois femmes qui ont toujours vécu ensemble jusqu’à leur disparition. Ce qui fait que j’ai plusieurs oncles issus des trois liaisons. Ma quatrième grand-mère est celle maternelle de ma propre mère », explique-t-il. Ce grand-père est décédé en 1945, soit près de 5 ans avant la naissance du petit Lounis. Si ce dernier met plus l’accent à évoquer les sujets féminins de la famille, c’est parce que les hommes de la famille dont son propre père étaient presque émigrés dans la région oranaise. « Ma famille avait pour tradition le commerce. On avait une sorte de ferme et des magasins dans l’Oranais, à Rahouia. Les hommes y allaient à tour de rôle pour faire marcher les commerces. Les femmes et les enfants restaient en Kabylie ». Il fera à peine sa rentrée à l’école à Ighil Bouamas. « J’y été pendant une année, avant que l’école ne soit détruite, brûlée par les Moudjahiddine. Je me dis que je lui ai porté chance ». La suite ? « Elle a été un peu compliquée. J’ai tenté de reprendre les études au village, et j’ai fait quelques années encore avant l’indépendance. Puis, après 1962, je suis parti avec mes frères sur Alger ou j’ai repris le cursus primaire dans une école aux Champs de Manœuvres, et de là, j’ai atterri au collège d’enseignement technique ou j’ai fais trois ans ». Durant sa dernière année, Lounis a dû tout abandonner après la mort du grand frère qui l’avait à sa charge. Le défunt qui, était un jeune commissaire à Alger, était tout pour Lounis avant de périr dans un accident de circulation.

    Enfance difficile

    Son autre frère étant parti de son côté, Lounis a dû alors se retrousser les manches pour assumer son rôle de tuteur, le papa ayant été souvent absent après s’être remarié à Oran. « Je me suis fait embaucher au ministère des Travaux publics comme secrétaire subdivisionnaire. J’étais là pour la réalisation de la première tranche du complexe du 5 Juillet. Après, j’ai été admis sur concours dans la dernière banque française qui était encore installée en Algérie. J’ai fait une année avant de me retirer pour rentrer au village, en 1970. C’était à la rue Ali Boumendjel ou siège aujourd’hui le CPA. A l’époque, c’était la CFCB ». Parallèlement, Aït Menguelet avait déjà fait un bout de chemin dans la chanson. Son début dans le domaine remonte, en faite, à 1967 au sein du groupe Imazighen avec un certain Lamara Boukhalfa, El Hachemi N’Aït Kaci, Djaffar Fettouchi de Souamâa, Malik, et son frère M’hena de la même bourgade, et Dalil Omar qui s’est joint par la suite à la troupe. « On était des débutants, on a beaucoup bourlingué, fait des galas, des fêtes un peu partout en Kabylie. Je me rappelle bien de ce gala qu’on avait fait à la salle des fêtes de Tassaft. Elle était archicomble, j’en garde un très bon souvenir. C’était là notre premier gala réussi, ça nous a vraiment galvanisé. Les gens nous avaient bien accueillis et encouragés.

    Ce jour là, il y avait avec nous Ramdane Metref qui jouait du violon, Ahcène de Souamâa à la mandoline que j’ai d’ailleurs retrouvés, il y’a deux ans à Souamâa. Ça m’a fait vraiment plaisir de les revoir avec les anciens copains ». De cette période, Lounis se rappelle aussi bien de ce jour où son cousin Ouahab l’avait pris presque de force pour l’emmener subir l’incontournable et très redouté passage à l’émission « Nouva Ihafadhen » de la Radio kabyle alors animée par Cherif Kheddam. « C’est lui qui m’avait vraiment poussé à y aller. Dans le temps, il était au groupe comme un manager, il nous débrouillait des galas, le transport. Il était très actif avec nous jusqu’en 1970. Moi, je suis rentré au village, les autres se sont dispersés, et le groupe a fini par disparaître. Mine de rien l’expérience a quand même durée près de 3 ans ». De retour chez lui à Ighil Bouamas, Lounis se fait recruter comme secrétaire à la Kasma de la région, et se marie. Mais il a dû quitter son poste après seulement quelques mois d’exercice, pour aller sous les drapeaux. Sa première fille viendra au monde alors qu’il accomplissait l’instruction à Blida avant d’aller faire ses dix huit mois à Constantine.

    “Ma première et dernière déception amoureuse à 16 ans”

    C’est aussi à cette période qu’il s’élancera véritablement dans la chanson. « Kamel Hamadi m’avait, en faite, beaucoup aidé à foncer. Je venais en permission week-end, et Kamel me réservait à l’avance le studio de Mahbou Bati à Alger pour enregistrer. A l’époque, c’était des 45 tours. Je laissais alors la bande à Kamel pour chercher un éditeur, s’en occuper, et moi je reprenais le train pour Constantine dimanche en soirée ». C’est ainsi qu’il ne s’en rendra compte du succès qu’a son second tube « A Louiza » que plusieurs mois plus tard. « Je n’en savais absolument rien. Moi j’étais loin, à Constantine enfermé dans une caserne… » Aït Menguelet était sans doute loin d’imaginer qu’il venait d’entamer une épopée, la sienne qui sera par la suite qualifiée d’années d’or. A ce sujet il précise : « Ce titre je n’ai jamais eu la prétention de le proposer. C’est l’éditeur qui s’en est servi sans même m’aviser. Je ne l’aurai jamais osé. Je l’ai découvert comme tout le monde sur les jaquettes des cassettes rééditées. Alors s’il est mauvais je ne suis pas responsable, et si les gens ont trouvé qu’il convient je n’ai aucun mérite non plus ».

    Le poète aura également une explication sur les différents prénoms dont il a usé dans ses chansons de l’époque. « A vrai dire j’en ai effectivement cité plusieurs que je prenais dans le tas mais je prenais soin de ne pas faire référence aux personnes qui auraient pu se reconnaître. Mon but à l’époque était de personnaliser la femme sans plus. Car si on se replaçait dans le contexte de cette période là, nous les jeunes chanteurs d’alors, on avait en plus pas mal de tabous à faire sauter. C’était un peu ce que j’ai tenté de faire dans ce sens. Mais sinon je n’ai visé personne. Je n’était pas ce qu’on pourrait appeler un dragueur, d’ailleurs si j’étais près de l’être je ne pense pas que j’aurais eu autant de succès dans la chanson. Je vivais mes rêves beaucoup plus seul, intérieurement sans trop laisser éclater ma sensibilité pour la beauté ou pour un autre sentiment. Mais je suis aussi un être ordinaire qui était aussi sensible aux contrariétés des jeunes de l’époque, j’étais un parmi eux, j’avais donc les mêmes soucis et les mêmes aspirations de ma génération, je ne pouvais pas faire exception. Lorsque quelqu’un me disait que cette chanson est comme si elle était faite pour moi, je répondais : Oui, c’est normal, par ce qu’on est dans le même pétrin » !

    Aït Menguelet se confessait ainsi, avec le sourire, et la nostalgie. Il concède que son rêve à cette époque là était de fonder un foyer, et avoir des enfants. Une chose est sûre, il est aujourd’hui parvenu à le réaliser. Pour repartir dans le temps, il avoue avec un timide éclat de rire qu’il n’a « jamais été un prince charmant des contes. Comme tous les jeunes de mon temps, on a tous eu nos folies, des coups de coeur mais sans plus… » Un moment de silence, puis le poète replonge dans sa jeunesse pour se remémorer ces temps ou on n’a pas vraiment conscience de tout. « J’ai eu ma première et dernière déception amoureuse à l’âge de 16 ans. Donc si vous voulez j’ai été vacciné très jeune, et j’ai composé alors ma toute première chanson, « Mathroudh ou la d’dhenek akther ». A l’époque j’étais encore loin de penser à devenir chanteur mais aujourd’hui, je me rends compte que ça été un début puisque j’ai fini par l’enregistrer avec trois autres chansons en 1969 à Oran. J’avais alors sorti mes deux premiers 45 tours en même temps. C’est mon cousin Ouahab qui m’avait pris contact avec un éditeur, Yahia L’hadi qui était aussi un célèbre chanteur arabe d’Oran. La fameuse chanson « Manich Mena » était de lui. Pour moi, tout ce qui est venu après n’était pas nécessairement mon propre vécu. » L’artiste fait référence à toutes ses chansons d’amour qui ont suivi par la suite, et grâce auxquelles il fera vite d’acquérir une autre dimension bien avant son départ pour la France en 1974. Sa renommée avait déjà précédé son déplacement outre mer.

    « Kamel Hamadi m’a montré le chemin »

    « Kamal Hamadi avait beaucoup fait pour moi pendant que j’étais du service National. A ma sortie, cela m’a encouragé à trancher pour continuer la chanson. C’était un choix difficile car j’avais déjà une famille à charge, des enfants à nourrir, à éduquer, et à élever. Ce n’était pas facile, le choix était pesant mais je l’ai fait. J’ai commencé alors à me rendre en France dès le début des années soixante dix mais ça ne durait jamais longtemps. Je prenais l’avion pour aller faire des galas ou des enregistrements mais je ne tardais pas trop, je ne pouvais pas me le permettre. De plus, je venais d’avoir un deuxième enfant. Ce n’était pas sans soucis, il fallait avoir les moyens, et puis à cette époque là, c’était encore les années de l’émigration pure et dure. Déjà gagner sa croûte n’était pas une mince affaire. » Le début de cette autre aventure, Lounis l’entamera grâce à un certain M.Abdelmalek, un émigré de chez lui, et qui était aussi un ami de la famille qui l’avait incité à tenter le déplacement. « Il m’a beaucoup encouragé à me rendre en France, Allah Irahmou. Moi je n’avais pas les moyens pour m’y rendre mais il m’avait promis qu’il s’enchargerait de tout pour moi, et il a tenu promesse jusqu’au bout.

    C’était un homme admirable », reconnaît aujourd’hui encore Lounis. Pour l’anecdote, il dit que c’est à la veille de son départ qu’il s’est surpris pour la première fois dans une glace avec son légendaire look fait de cette éternelle barbichette et de la moustache au deux bouts relevés. Il venait de prendre son rasoir pour se défaire de sa barbe de plusieurs jours. Ca pourrait paraître maladroit de tirer la lame de bas en haut. Mais il s’y est pris comme ça. Les deux bouts de la moustache se sont alors rebiffés en suivant le mouvement de l’objet tranchant. Le portrait qui en est ressorti ne lui a pas déplu. Il lui est resté fidèle depuis. Comme il l’est toujours pour l’artiste qu’il a inlassablement voulu être. Et il ne s’en plaint pas de ce coté là. Car le succès, il l’a eu dès le départ. La réussite s’est enclenchée d’elle-même. Mais il n’a jamais eu la grosse tête, ni avant, ni maintenant. A cette époque là, ne se rendant presque pas compte, il se contentera de multiplier son plaisir à aller au fond de ce qu’il aimait par-dessus tout : Chanter comme il sent. C’est ainsi qu’il passera d’un palier à un autre, d’un thème à un autre sans trop prendre conscience de la mutation qu’il vivait. « Je ne peux pas dire que c’est à partir de telle ou telle date ou encore à partir de telle cassette que je me suis dit, tiens je vais chanter autre chose que l’amour. Je n’ai pris aucune décision. C’est venu instantanément. Peut-être que c’est venu avec le temps, avec l’âge. En tous les cas ça n’a pas du tout été réfléchi.

    D’ailleurs la transition, je l’ai vécue progressivement. Peut-être qu’il faudrait rappeler que le fer de lance de la revendication c’était la chanson. Les gens ont peut-être tendance à l’oublier mais avant l’émergence d’autres créneaux d’expression on n’avait que le chant pour dire notre mal. Il y’avait aussi certes le stade, la JSK mais c’était restreint. En fait, la JSK a plus été un symbole, et son mérite est de l’être resté ». A travers « Les autres créneaux », Lounis fait référence à avril 80, Octobre 88, et par la suite l’ouverture des champs politique. « Cette période je l’ai vécu comme tout un chacun qui aspirait à un changement » C’est le commentaire qu’il fait de cette ère qui lui a value certaines attaques qui le rongent encore intérieurement. Et à l’homme de lâcher ses mises au point comme pour dire son mot, et corriger l’histoire qu’on lui a voulu coller. Il le fait avec beaucoup de tact : « Les gens ont inventé beaucoup de chose à propos de ma vie. Je n’ai jamais changé. Je n’ai jamais fui. Depuis que j’ai commencé à partir en France en 1974, je l’ai toujours fait périodiquement à chaque fois que j’ai affaire là bas, mais je rentrais aussitôt après. Même durant les années sanglantes j’ai toujours continué à faire la même chose que j’ai toujours faite. J’ai vécu toutes ces années là chez moi, au village, sans céder ni à la panique, ni à quoi que ce soit d’autre…et je n’ai à ce jour encore absolument rien changé à mes habitudes. On s’est attaqué à moi sans me connaître. Mais pourquoi toute cette méchanceté gratuite ? » Visiblement l’homme souffre encore. Avec le recul, après tout il préfère ne pas trop s’étaler sur le sujet. Mais en l’évoquant, le mal lui remonte à la surface et le fait réagir. Les douloureux souvenirs se bousculent dans son esprit.

    « Je n’ai pas visé les aarchs »

    Il veut dire, et ne plus rien dire à la foi. Il paraît comme confus mais la pression fini par le faire éclater : « Qu’on sache que Aït Menguelet n’a jamais appartenu à aucun parti politique comme je n’ai jamais voulu faire de la politique et je continu à ne pas le vouloir. Ca ne m’intéresse pas. Je suis quelqu’un qui monte des chansons, j’observe selon mes moyens psychologiques, j’apprécie la société dans laquelle j’évolue. Je ne suis pas quelqu’un qui est enfermé dans sa tour d’ivoire, bien au contraire je suis en plein dedans. Je crois que la meilleure preuve à donner c’est qu’il y’a plein de gens qui se reconnaissent dans ce que j’écris, ce que je chante. Si je suis souvent proche de la réalité c’est parce que je n’invente rien, je fais le récit de ce que je vis. Mais ce que je n’ai rien compris dans les attaques qui m’ont ciblé c’est que c’est venu de gens qui se disent démocrates et prêche la liberté. Pourquoi autant de machination ? Comment oser tenter de museler, d’éteindre des voix, et modeler les gens à leur façon de voir ? J’appellerais ça du fascisme.

    Ils ont été fascistes sans s’en rendre compte. Qu’un citoyen décide d’aller quelque part, d’applaudir ou de ne pas le faire ou il veut quand il veut…J’aurai bien voulu qu’on vienne m’expliquer, m’illuminer de leur façon de voir…Non ! Ils se sont contentés d’attaques crapuleuses sans aucun fondement. Ca a engendré en moi une profonde et définitive cassure. J’avais tant d’espoir sur la conscience politique de gens qui voulaient changer les choses. Maintenant je ne crois plus en eux. Ni en personne de ce rang d’ailleurs si ce n’est à ce petit peuple dont je fais parti et qui est capable de comprendre les choses. Mais pas à ces gens là. Ils fait trop de mal, et peut-être continuent à le faire autrement ». Lounis explique qu’une chanson comme « Nedjayaouen Amekane » n’a pas été le fruit d’un hasard. « Ce n’est pas une chanson que je renie maintenant. Je la revendique encore et elle demeure toujours d’actualité. La cicatrice est encore béante mais si je suis là encore c’est parce que je me suis aperçu que le bon sens populaire a pris le dessus. Heureusement d’ailleurs » ! La transition est toute faite et Lounis en profite pour tirer un autre point au clair : « Pas du tout, je n’ai jamais visé les aarchs dans mon dernier album. Mais plutôt ceux qui nous trompent depuis toujours. J’ai été franchement fasciné par l’instantanéité avec laquelle les aarchs se sont affirmés. Je me suis dit enfin une entité du peuple qui dit ouvertement aux décideurs de tous poils d’arrêter leurs conneries. Maintenant il s’est trouvé certains qui ont vite conclu… Mais ce n’est pas forcément la bonne interprétation. Pourquoi n’a-t-on pas essayé d’adapter la chanson à d’autres situations de la même époque mais beaucoup plus grave ? Je n’y peux rien ». Ainsi s’explique Lounis.

    « Je ne crois plus en personne »

    C’est son côté paradoxal : Il chante pour faire passer son message mais il ne vous appellera jamais un chat : Un chat. Il s’est toujours pris ainsi. Forcément ce n’est pas évident de le saisir. Mais on l’écoute encore et on l’apprécie toujours, malgré tout. De loin il parait telle une forteresse imprenable mais de plus près il se révèle cool, Smaïn est un bon ami à lui…Il très accueillant, simple, ouvert à la contradiction. Mais aussi agréablement saint d’esprit. Il écoute autant qu’il parle si ce n’est plus. Largement réceptif, il est tout le temps prêt à apprendre même s’il n’ignore plus presque rien. Il n’a pas eu droit à l’école normale mais il en a bien profité de celle de la rue. Elle a fait de lui ce qu’il est : « Un homme normal » qui jardine, lit, fait du sport. Il est 1èr Dan de Karaté, tout comme deux de ses enfants. « Je rends hommage à Rabah Amriou qui m’a presque tout appris dans le domaine. C’est un grand Monsieur du Karaté ». Du Karaté, Lounis en fait toujours, « chez moi, j’ai mon propre tapi réglementaire ».

    Mais sinon il concède qu’il adore aussi bricoler. « Je reconnais que je suis meilleur dans le bricolage que dans le commerce. Cette boite est pour moi beaucoup plus un point de chute ici à Tizi-Ouzou qu’un commerce. D’ailleurs c’est à peine qu’elle couvre les charges de l’ouvrier qu’elle mobilise ». Avant de tenter le commerce d’articles de sport, il a débuté dans le créneau de l’électroménager, puis la cassette. Sa boutique date de 1979, et il se souvient encore que « mon vieil ami Hannachi que j’apprécie toujours autant m’a filé un coup de main pour l’avoir même si à l’époque j’ai introduit ma demande d’attribution comme tout le monde ». Depuis du temps a passé, des événements se sont succédés. Et tout n’a pas été forcément réjouissant pour Lounis qui vit aujourd’hui mal le déchirement qui frappe les siens. Pour oublier, il tente de perpétuer son bonheur au sein de sa petite famille composée de deux filles et quatre garçons. Mais il arrive que tout lui remonte à la surface. Pour panser sa souffrance, il a décidé de redescendre dans à nouveau dans cette rue pour se ressourcer. Il sera en tourné en Algérie très prochainement.

    Par Djaffar Chilab, depechedekabylie.com



    Commentaire de Zazy (04/10/2008 16:20) :

    Azul Pour moi Lounis restera l'éternel poète philosophe et poète Kabyle. Châpeau Lounis pour toutes tes strophes qui serviront un jour de leçons aux générations futures. Tanemirt s-gul





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