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Lounis Ait-»Menguellet, Nouara, Yahiatène… chez Yacine
09/11/2010 06:27
9 Novembre 2010 A. Z. 188 lecture(s) Á: Bcc: Votre adresse email: Message: Le théâtre régional Kateb-Yacine rouvrira ses portes cet après-midi L’inauguration du Théâtre communal Kateb-Yacine constituera, incontestablement, l’événement aujourd’hui, dans la capitale du Djurdjura. Fermée pour des travaux de rénovation qui ont coûté à l’Etat la bagatelle somme de 38 milliards de centimes, le théâtre mythique reprendra à partir de ce soir ses activités au grand bonheur des férus du théâtre et de l’art en général, et combien ils sont nombreux dans la ville des Genêts. La cérémonie inaugurale, prévue cet après-midi, verra la participation d’une pléiade d’artiste, de comédiens mais aussi des autorités locales, qui viendront en force pour découvrir à nouveau ce joyau de la culture à Tizi Ouzou. Le directeur de la culture de Tizi Ouzou déclarera que Tizi Ouzou aura le meilleur théâtre du pays au vu de l’énorme investissement de l’Etat dans la structure. Plusieurs nouveautés en matière d’équipements. Le théâtre Kateb-Yacine est doté d’une sonorisation complète, d’un système d’éclairage spectacle et d’une scène professionnelle. Près d’un millier de personnes sont déjà conviées pour assister à la cérémonie inaugurale qui sera marquée par un spectacle de Lounis Ait Menguellet. C’est donc l’événement culturel majeur de ces derniers jours car, l’inauguration du théâtre Kateb-Yacine permettra à la wilaya de Tizi Ouzou de bénéficier d’un autre espace culturel qui porte une grande symbolique. La cérémonie d’aujourd’hui que présidera le premier magistrat de la wilaya s’annonce d’ores et déjà grandiose et riche en couleurs. Elle permettra surtout au public d’apprécier la nouveau “look” du théâtre, reprendre avec les représentations théâtrales dans une région qui regorge de talents dans le domaine. “Nous avons voulu faire du bon travail et offrir à Tizi Ouzou un théâtre professionnel” a notamment déclaré le directeur de la culture lors de la dernière session d’APW. le théâtre Kateb-Yacine dans sa nouvelle forme comporte, entre autres nouveautés, des ateliers pour la confection de décors et de costumes, une salle de danse, deux studios pour son et caméra qui seront utilisés pour l’enregistrement des spectacles. A. Z.
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ÉCOUTER LE DERNIER ALBUM DE LOUNIS AIT-MENGUELLET
05/10/2010 01:17
http://player.dzmusique.com/streaming:Tawriqt-tacebhant
Ait Menguellet - Tawriqt tacebhant ou le ressourcement vita
Encore une fois le poète a « parlé ». Et avec raison. Comme d’habitude, son CD a été très attendu. Ces dernières années ses productions deviennent très espacées. Est-ce à dire que le poète manque d’inspiration ? Sûrement pas. L’évidence la plus profane sous-tend la réalité créative du poète, assujettie à l’évolution de son art : Ait Menguellet murit, et, avec lui, murit sa poésie. Sa poétique et sa musique mêmes accusent une mutation, dans le ton et la mélodie : gnomique, solennel, mais rarement sentencieux, son verbe coule sur des airs vagabonds ou lénifiants, manifestement plus inspirés par les remous de l’âme que par la magie de sa guitare.

Dans tawriqt tacebhant (la feuille blanche), aussi bien que dans son avant dernier CD, Lounis évoque le savoir des sages de chez nous –race en voie de disparition, hélas ! Il y fait référence en tant que socle culturel où se nourrit et se construit le raisonnement du Kabyle, et qui le guide dans ses actions et ses comportements, au sein de la vie courante. Imbu de cette sagesse (de cette philosophie ancestrale), c’est à travers elle que notre poète analyse, avec la finesse qui le caractérise, la vie, la société, les rapports humains, les avatars… puis rend sa vision des choses en vers chantés, enrobés d’une rhétorique personnelle, jugée parfois hermétique au commun des auditeurs.
Hermétique ? Pas tant que ça, à en juger par la ferveur populaire qui a accueilli ce nouveau CD, en Kabylie.
En effet, sur les routes de Kabylie, rares sont les véhicules où l’on n’entend pas se diffuser Tawriqt tacebhant. De l’adolescent au plus âgé, nul n’est indifférent à la voix du poète. Chanteur transgénérationnel, s’il en est, Ait Menguellet est, aujourd’hui, de plus en plus adulé par les jeunes. Pourquoi ?
Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la jeunesse kabyle a un besoin évident de ressourcement dans sa propre culture. En perte de repères, depuis des décennies, la Kabylie patauge dans un désarroi social, culturel… et linguistique. En cause, un tas de facteurs. Ce n’est pas notre propos ici, mais on peut citer, sur le plan de la chanson kabyle, les « non stop » stérilisants, éternelle rengaine de quelques mots raccommodés à la sauce de chacun, et qui ont réduit dangereusement la kabylité dans les esprits. D’autre part, la jeunesse kabyle, lasse des combats sans lendemains, apparaît blasée par un élitisme politique opportuniste et des théories politiciennes qui foisonnent hors du terrain de la réalité quotidienne (la Kabylie). Manifestement, les discours flagorneurs, qu’ils viennent du pouvoir ou d’un autre pôle idéologique n’ont plus de prise sur leur conscience maintes fois fourvoyée, meurtrie. Son reproche : lui a-ton parlé dans sa langue, à cette jeunesse kabyle, analphabétisée par l’Ecole algérienne ? Cela lui donne le sentiment d’être juste une population à conquérir pour aider à satisfaire les ambitions des uns et des autres, et non des êtres considérés pleinement dans leur existence.
Dans ce cas, les chants de Ait Menguellet viennent à point. Ils ont cette faculté de ressourcer en amenant son public à la méditation, sinon à une écoute critique… Les bouleversements sociaux, la médiocrité régnante, les conflits… assujettissent le quotidien au point de s’imposer comme normalité aux esprits sans discernement. Le cours des choses ne doit-il pas obéir à une logique ?
« …Ce que mon cœur désire Que la paix revienne Ce que mon cœur désire Que les nœuds se démêlent Ce que mon cœur désire Que les brasiers s’éteignent Ce que mon cœur désire Le déclin d’une ascension imméritée… » (ce que le cœur désire)
Bien entendu, les souffrances intimes sont là : les stigmates du temps, les déchirements dus aux aléas de la vie affectent le poète dans la profondeur de son âme. La chanson y est certes un exutoire, mais un exutoire sans relents plaintifs. Ait Menguellet transcende le lamento prosaïque des douleurs intimes, dans une poétique ponctuée d’interrogations, où le dialogue intérieur culmine dans une dialectique dispersante :
« … Je crois avoir finalement compris Pourquoi la situation est confuse Dès que je veux me mettre à écrire Ma raison bat la campagne Entraînée par des tourments Ressentant une pièce qui manquait Comment supporter la douleur de savoir malade L’un des doigts de sa main ?... » (Tawriqt tacebhant).
Aussi intime que soit sa rhétorique, l’idiolecte de Lounis prend son sens (sa teneur sémantique et sa formule) dans la langue de ses semblables. L’expression poétique de son langage conjugue la subtilité du propos avec la profondeur de l’idée développée. Sa formule est verbe et son verbe est formule. Les objecteurs de consciences, que font-ils du droit d’opinion, du respect des valeurs humaines ? « … Le père dès qu’il ouvrait la bouche Le fils se levait pour obéir Mais son professeur le retint Lui disant : repars d’où tu viens Dis à ton insolent de père Les choses ne sont plus ainsi Lorsque tu voudras m’envoyer où que ce soit Demande-moi si je suis d’accord ou pas… »
Tawrict tacevhant n’est-elle pas aussi, par analogie, l’exemple du vide culturel, la perte des valeurs, qui affecte la Kabylie, et dont le ressourcement devient vital ? La vision, en tout cas, n’est pas dénuée de vérité.
Cette œuvre d’Ait Menguellet, pleine d’enseignements, ne pourrait se contenter d’un simple article pour être présentée ou commentée. La meilleure façon de s’en imprégner c’est de l’écouter. Lounis qui se nourrit toujours du savoir de nos sages, n’est-il pas lui-même un sage de l’époque moderne ? Son œuvre en est, à juste titre, sa plus belle preuve.
Ahcène Bélarbi
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Tant qu’il y aura Aït Menguellet…
11/08/2010 02:12
Culture (Mercredi 11 Août 2010)
SON NOUVEL ALBUM VIENT DE SORTIR EN ALGÉRIE
Tant qu’il y aura Aït Menguellet…
Par : Farid Belgacem Lu : (151 fois)
Les succès de Lounis s’écoutent et s’apprécient. Les auditeurs sont unanimes : les textes du fis d’Ighil Bwamas sont tellement bourrés d’expressions qu’il faudra du temps pour s’imprégner du contenu d’une chanson.
Très attendu par ses fans, le nouvel album de Lounis Aït Menguellet est, enfin, chez les disquaires. Composé de sept titres, cet énième succès vient couronner les exploits poétiques d’un véritable sage qui a donné toute sa vie à la beauté du texte, avec en sus des mots savants, des expressions et des adages recherchés, mais surtout des tournures de phrases usuelles, souvent oubliées face aux aléas d’un quotidien difficile à vivre. L’album est, encore une fois, dédié à la vie.
À chaque jour suffit sa peine, Lounis finira par mettre le poète devant le fait accompli avec ce sublime texte de Tawriqth tachebhant (la feuille blanche). Est-ce une manière d’inviter le poète à “refaire le monde” ou simplement une façon d’observer une halte devant un rythme de vie tantôt époustouflant, tantôt chargé de chagrins au point de en plus avoir envie de les décrire ? Difficile de répondre devant des mots savants qu’emploie Lounis qui revoit et explore le quotidien d’un poète, lui qui se lève à l’heure du berger et qui ne connaît guère l’heure du thé, sinon pour apprécier, à sa façon, les profonds dons de Dame Nature sur les monts du Djurdjura. Le texte suivant, un enchaînement logique, se veut beaucoup plus un soliloque. Loin d’être un bavardage, Lounis rappellera dans Amenugh (le combat) que les coïncidences de la vie, de la pensée humaine et des philosophies que développe l’homme sont justement inspirées du vécu. Et chaque combat nécessite courage et ténacité. Lebghi nwul (les envies du cœur) et Serreh iwaman adelhun (expression populaire qui signifie le pardon) sont aussi deux beaux textes à travers lesquels Lounis voudrait exorciser la colère humaine des esprits tant que la vie continue. En ce sens, le poète décrira certains aspects de ces péripéties dans ses trois autres textes, à savoir Ghas ma nruh (même si on part), Taggara Ntezwert (la fin du début) et Lewdjab degwadu (la réponse dans le vent). Et le poète fera appel à la conscience humaine pour “accepter” les multiples facettes de la vie, sans forcer le destin. Pour Lounis, rien n’a changé dans la philosophie des choses puisque la vie est un ensemble d’engagements. Bourré d’expressions populaires et poétiques, de métaphores et d’interrogations, il faudra du temps pour s’imprégner du contenu d’une seule chanson. Après tout, les succès de Lounis s’écoutent et s’apprécient. Au plan musical, Lounis préfère plutôt donner la chance à la relève pour intégrer plusieurs instruments à vent, comme l’harmonica dans Lewdjab degwadu. En somme, un album qui redonne de l’espoir à la scène artistique tant qu’il y aura des poètes. Mais surtout des Lounis.
Par : Farid Belgacem
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Portrait de Lounis AIT-MENGUELLET
29/07/2010 02:16
Portrait de Lounis AIT-MENGUELLET
Par Madjid Chérifi
Parler de Lounis Ait-Menguellet n’est pas une entreprise des plus aisées.
L’homme a suscité maints écrits d’auteurs aussi connus les uns que les autres qui ont essayé de cerner la personnalité aussi bien du poète que de l’homme lui-même, c’est-à-dire ( le moi individuel personnalise : celui du don inné et le moi collectif : la personnalité de base.
Kateb Yacine disait de Lounis "il est incontestablement notre plus grand poète".
Pour Ait-Menguellet, la poésie était un destin semblable à celui de Si-Mohand ou M’hand et nous pouvons, sans nous tromper, l’affubler de la description qu’en fait Mouloud Mammeri de ce grand poète errant : "Pour lui, la poésie n’était ni un métier, ni un accident : il ne l’avait ni cherchée, ni choisie, elle s’est imposée à lui comme un fatum. Il avait reçu, au vrai sens du mot (la vocation), il avait été (appelé) : testunfk as".
Rien en effet n’est aussi naturel pour Lounis que de composer un poème en l’espace d’une nuit ou même de quelques heures !
Lounis Ait Menguellet n’est pas l’homme qui appartient seulement à son milieu villageois. Natif d’Ighil Bwamas, il est malgré lui le symbole de tous les Kabyles "toutes générations confondues", n’en déplaise aux islamo-baathistes et autres serviteurs du pouvoir.
Lounis a chanté l’amour, le désespoir, l’exil, l’espérance avec tant d’intensité et une profondeur humaine que seul un don inné peut en être l’explication, comme le dit si bien Mouloud Mammeri "testunefk as".
Pour appuyer nos propos, nous nous contenterons de citer un extrait de l’interview (rencontre avec le poète - Timlilit d umedyaz) qui s’était déroulée de 13h00 à 16h30 à Ighil Bwamas le 24 Aout 1996. *1

Question :
Au moment de la création poétique, est-ce que les textes vous viennent d’eux-mêmes ou est-ce plutôt vous qui allez à leur recherche ?
Réponse du poète :
Les moments de créativité viennent sans prévenir ; je ne sais jamais d’avance quand j’écrirais un poème ; et lorsqu’on me demande quand est-ce que je réécrirais de nouveau, je réponds, je ne sais pas, il se peut que cela se fasse l’après-midi même ou bien une année après. J’aurais tellement aimé pouvoir contrôler les moments d’inspiration.
Question :
Croyez-vous (alors)en l’existence des Djinns de la poésie aux forces cachées derrière l’acte d’écrire sachant surtout que les plus grands de nos poètes "comme on dit à propos de Si Mohand et Slimane Azem - qui n’ont pénétré le monde de la poésie qu’après l’apparition de l’ange de la poésie ?
Réponse du poète :
Absolument pas ! Mais ce serait plutôt agréable ! Parce que lier les oeuvres d’un poète à une quelconque force invisible est une preuve du génie et de la qualité de la poésie. Ces créations reflètent, d’autre part, les moments d’éblouissement dus à l’acte poétique qui dépasse de très loin l’imagination humaine. C’est ce qui est arrivé à Si Mohand ou-M’hand puis à Slimane Azem.
Nous terminerons cette modeste contribution au sujet de Lounis en citant cet extrait de l’oeuvre de Platon (le banquet) :
"Quand on entend d’autres discours de quelque autre, fût-ce un orateur consommé, personne n’y prend pour ainsi dire aucun intérêt ; mais quand c’est toi qu’on entend, ou qu’un autre rapporte tes discours, si médiocre que soit le rapporteur, tous, femmes, hommes faits, jeunes garçons, nous sommes saisis et ravis".
Résumé biographique du poète
Abdennebi Ait-Menguellet est né au coeur du Djurdjura en 1950 a Ighil-Bwamas. Il fut prénommé Lounis par sa grand-mère après qu’il lui soit apparu en rêve.
Le prénom officiel de Abdennebi (prénom qui lui a été donné par son oncle qui travaillait à Oran ) était ignoré de tous, même par les membres les plus proches de la famille et ne sera connu qu ?à la constitution du dossier scolaire.
Il n’avait pu entrer à l’école qu’à l’âge de 11 ans à Alger. Concevoir un enseignement n’était pas chose aisée en période de guerre et juste après l’indépendance.
Une fois le cycle primaire achevé, Lounis s’est dirigé vers le collège technologique de (Champ de manoeuvre ) où il a suivi une formation d’ébéniste, métier où il excelle et qui constituera durant longtemps un de ses loisirs favoris.
C’est vers la fin de l’année 1966 et le début de 1967 que le parcours artistique de Lounis a commencé dans l’émission (les chanteurs de demain : Ighenayen u zekka) animée par Chérif Kheddam. Il a participé avec sa première chanson intitulée Ma trud : si tu pleures.
Ma trud ula ad nek aktar
tzarzegd iyi ad dunit-iw
Am umesluv yakfa svar
deg zenkan yenza yexf-iw
Il faut également souligner que Lounis avait crée en compagnie d’autres jeunes, produits par l’émission (chanteurs de demain) un groupe qui portait le nom d’Imazighen. Le but du groupe était à la fois artistique, politique et idéologique mais qui n ?a pas duré longtemps.
Suite à cela, Lounis a quitté Alger et est reparti à son village où il y demeure toujours et qu’il ne quitte qu’en de rares occasions.
M.CHERIFI
*1- M’hamed Djellaoui - L’image poétique dans l’oeuvre de Lounis Ait-Menguellet)
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Tawriqt Tacebhant, le nouvel album de Lounis Aït Menguellet
26/07/2010 03:56
Musique Il est sur les étals
Durant toute une journée, ou plutôt toute une ère, cette feuille blanche, refusait de contenir, de recevoir l’encre du stylo par lequel l’humain transcrit ses pensées. Dans cette 1re chanson, ce n’est pas de n’importe quel humain qu’il s’agit, Lounis parle beaucoup plus du poète, peut-être de lui-même.
Traduit en français, ça donnerait ceci:Je me suis réveillé tôt le matin, Décidé à écrire La feuille vierge m’attendait Qu’allais-je lui raconter? J’avais peur de m’y mettre Et que la raison ne soit pas au rendez-vous Peut-être espère-t-elle un arbre Pour qu’elle puisse s’y adosser La feuille blanche reste figée L’encre ne voulant la noircir Après une absence de cinq années, Lounis Aït Menguellet a repris sa plume pour un nouvel album. Pour produire du neuf, pour écrire de nouveaux textes, il faut prendre une «feuille blanche», c’est du moins ce que les gens interpréteraient en entendant Lounis parler de «Feuille blanche» et, comme à son habitude, il aura à éblouir son public. Comprendrons-nous que Lounis veut «tourner la page» ? C’est à ce questionnement qu’il répond dans son nouvel album, intitulé «Tawriqt Tacebhant», entendre par là : «La feuille blanche». «Je me suis réveillé tôt le matin, décidé à écrire, la feuille blanche m’attendait», sont les trois vers qui entament le nouvel album contenant sept chansons, au lieu des huit prévues. Durant toute une journée, ou plutôt toute une ère, cette feuille blanche, refusait de contenir, de recevoir l’encre du stylo par lequel l’humain transcrit ses pensées. Dans cette 1re chanson, ce n’est pas de n’importe quel humain qu’il s’agit, Lounis parle beaucoup plus du poète, peut-être de lui-même. Pour notre aède, la journée représente-t-elle, la période d’un album à l’autre, ou encore plus que cela. Cette journée n’est que ressentiments et sensations. Au moment ou le désespoir vient, au moment il n’y a plus d’issue, que la rivière est sèche, c’est là où les paroles viennent abreuver cette rivière et la rendre en crue ; c’est aussi au moment ou tout être est résigné à attendre la sortie, le bout du tunnel, que l’espoir renaît, la solution vient à lui. Même si la porte n’est pas mentionnée dans ce texte de Lounis, «Tawriqt Tacebhant» y fait allusion dans le passage suivant ! J’allais sortir, résigné, La raison continuait de m’ignorer Je me retournai, pourtant, Pour contempler cette feuille blanche J’y ai trouvé disposés les mots De tout ce que je viens de décrire Ressemblants à des hirondelles Sur un fil perchées La feuille blanche est enchevêtrée Noircie par l’encre L’hirondelle n’annonce-t-elle pas le printemps ? Telle la sortie de crise imaginée et imagée par Lounis Aït Menguellet qui dira dans cette chanson pour la clôturer : Lorsqu’ on ne sait plus que dire, le poème nous fait nous souvenir,lorsque nous nous mettons à oublier, le poème est là pour nous réveiller. Dans la 2e chanson intitulée «Amennu$», le conflit, Lounis traite de l’individu, la famille, le pays ou tout simplement le monde. La raison de tout conflit n’est autre que la gourmandise, l’égocentrisme, le narcissisme, et ce, depuis que le monde est monde. Du conflit personnel, entre soi-même et son ego, au conflit familial et enfin mondial, l’aboutissement ne peut être autre que la fin du monde où il ne restera qu’une seule personne qui se demandera avec qui elle entrera en conflit, et ce n’est que ce jour que la paix reviendra, d’après Lounis. Dans le 1er couplet, ou la naissance du monde, donc le début du conflit, entre deux «poissons», la vie est ainsi faite, le grand dévore le petit . Mais voila que surgit son frère. Il le bouscule et le renverse, puis le dévore avant qu’il n’ait pu crier Au second couplet, c’est l’homme lui même qui ne s’est pas reconnu devant un miroir, ne comprenant pas ni ne reconnaissant ce que le miroir lui renvoya, il promit à Dieu «le ciel», de suivre sa volonté. Pour être en accord avec sa conscience Et pouvoir affronter le lendemain Il leva les yeux vers le ciel Et lui dit: je ferai selon ta volonté. Mais c’est ce jour là que le conflit débuta. Dans les couplets qui suivent, au nombre de cinq, le même problème resurgit cette fois entre des pays Un pays se dressa contre un autre Et lui dit : je veux m’agrandir Tu me laisseras tes terres De gré ou de force Tu ne pourrais te défendre Je détruirais jusqu’à tes fondations Il me faut ta terre Moi je saurai la bâtir. Un conflit peut aussi paraître lorsqu’on met la charrue avant les bœufs comme dans ce 4e couplet de la chanson amenough. Aller à la recherche d’une clef avant de trouver la porte qu’elle ouvrira c’est comme chercher une solution à un problème qui n’existe pas, ou qu’on ne connaît pas. On pense au printemps, ou comment sera-t-il alors qu’on tombe transis de gel. En poète prévoyant, et extralucide Lounis, dans cette chanson, parle du narcissisme qui habite certains individus Chacun finit par ne voir que ce qu’il a envie de voir Entre eux la concorde est devenue trouble. L’école est aussi citée, dans ce texte, où l’éducation qui existait dans le temps a disparu, ceci lorsque le professeur conseille mal son élève, lui demandant et ordonnant de désobéir à son père Le père, dès qu’il ouvrait la bouche Le fils se levait pour obéir Mais son professeur le retint Lui disant : repart d’où tu viens Dis à ton insolent de père : Les choses ne vont plus ainsi Lorsque tu voudras m’envoyer où que ce soit Demande moi si je suis d’accord ou pas Avant d’arriver à la fin du monde qui pourrait être la solution …, le problème d’héritage resurgit et devient le facteur déterminant du conflit entre frères, où l’aîné exige la grande part. Lorsque ce monde se sera vidé de tout et de tous, le dernier des vivants, se retrouvera donc seul, et se demandera sur qui déverser sa haine. Dans la chanson du thème suivant, Lounis qui a pour habitude de faire parler «Amghar» (le sage), a, cette fois ci, changé de «registre», en s’adressant au «fou». Et le poète s’en est allé chargé de questions à poser au fou, pour avoir des réponses sur le comment ce dernier voit la vie. Et le fou n’est pas allé par quatre chemins en lui répondant : Pour ce qui t’a amené Voici mes réponses, comprends les Prends les si tu en as besoin Si elles ne te plaisent pas passe ton chemin Voila comment ce pauvre fou Voit la vie. Ainsi le fou, lui a parlé d’un peu de tout, du temps, de l’age et de la mort pour conclure dans la chanson qui porte comme titre : «serreh i waman ad lhun» Laisse la rivière suivre son cours. Laisse l’eau suivre son cours Voici ce que peut t’offrir un fou Des mots simples mais qui viennent du cœur S’ils ne te profitent pas, ils ne peuvent te nuire Du fou et des questionnements sur la vie, Aït Menguellet nous livre cette fois-ci, ce que «son» cœur désire, mais aussi ce que son cœur refuse et rejette, cette chanson de 12 couplets. Parmi les quelques désirs du cœur… Ce que mon coeur désire Partir loin au-delà du seuil Ce que mon coeur désire Aller d’errance en errance Ce que mon coeur désir Pour quelques exemples de ce que le cœur rejette et refuse, nous les trouverons dans le dernier des 12 couplets de la chanson. Ce que mon coeur refuse L’injustice des puissants Ce que mon coeur refuse Les ennuis d’où qu’ils viennent La cinquième chanson, «Ghas ma nruh», (même si nous partons), nous plonge dans l’aller, le retour. De ce qu’on laisse derrière soit mais aussi de ce que nous trouvons à notre retour. La chanson suivante, la 6e, est un peu un remake de ce qui a été dit dans les 5 premières, où un couplet de chacune est repris. Dans cette chanson, nous revoyons un peu le titre «tiregwa» qui ont été un résumé de presque toutes les chansons «des années d’or» de Lounis Aït Menguellet. Il n’est pas aisé ni facile de parler des poèmes de Lounis Aït Menguellet qui, à chaque album, donne du fil à retordre à ses fans. La poésie de Lounis est un régal pour tout un chacun, Lounis est une école ; à travers la poésie, ce sont des messages, des constats aussi mais surtout des prévisions qu’il nous livre. A cette poésie, le sel familial a rajouté une beauté rare à trouver, celle des arrangements faits par son fils Djaffar. La touche de ce dernier ne laissera pas le public indifférent, bien au contraire. La 7e et dernière chanson de cet album est une adaptation d’une chanson de Bob Dylan «Blowing in the wind», qu’il avait interprétée en 2003 à Bercy en duo avec Hugues Aufrey. Lounis l’a adaptée en kabyle sous le titre «la réponse est dans le vent» (ledjwav deg wadu). Quant à la huitième, prévue dans cet album, une adaptation, d’une chanson d’Akli Yahiaten « Lmenfi». Yahiaten n’étant pas présent pour le duo lors de l’enregistrement, Ait Menguellet a préféré surseoir et ne pas l’inclure dans cet album.
M.AB
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« Mon histoire avec Matoub Lounès n’était pas aussi dramatique... »
23/07/2010 02:34
Lounis Aït menguellet. Poète, chanteur, compositeur
« Mon histoire avec Matoub Lounès n’était pas aussi dramatique... »
Lounis Aït Menguellet ou l’accueil des plus chaleureux : « L’interview, nous la ferons chez moi, à Ighil Bwammas, je vous y invite pour lundi. Cela vous va-t-il ? », nous dit-il tout de go. Ighil Bwammas via Larbaâ Nath Irathen, Aïn El Hammam puis Yatafen. Un trajet, fort agréable, qui fait le rappel des descriptions pointues d’un Feraoun dans Jours de Kabylie, ou de Fadhma n’Ath Mansour dans Histoire de ma vie. Des villages attachés les uns aux autres sur les cimes à redents, tels que chantés si bien par le poète Lounis : « Tamourtiw dizurar ghaf idurar. » Avant d’arriver chez lui, une poignée de jeunes villageois regroupés devant une épicerie semblent nous attendre. « Voyez-vous, nous avertit-il, mes deux couleurs préférées : le noir et le blanc. » Cette dualité qu’on retrouve dans le yin et yang, un joli tableau accroché au mur, deux faces opposées d’un monde à déchiffrer. Deux objets, cependant, captent tout particulièrement notre attention : des arcs, dont l’un est magnifiquement taillé dans un bois rare et sculpté avec un raffinement d’orfèvre. « Arc de chasse, précise-t-il. Peu de gens savent que je suis archer. » Comme dans Ulysse, il faut de la force, du savoir-faire et du doigté pour le tendre. Alors, Aït Menguellet se plaît-il à décocher des flèches empoisonnées ? Pas forcément !
Qui est Lounis Aït Menguellet dans la vie de tous les jours ?
Dans la vie de tous les jours, je suis un citoyen ordinaire qui s’occupe de sa famille, de ses soucis familiaux surtout, et Dieu sait qu’il y en a ! Chacun de nous a des problèmes et je ne fais pas exception. J’essaye d’organiser ma vie, c’est-à-dire je fais tout pour que ma vie familiale soit harmonieuse, et pour cela il faut des ingrédients. Disons que je suis quelqu’un qui essaye d’utiliser son temps à bon escient, entre la vie familiale, les enfants et les loisirs qui me permettent un équilibre physique et mental.
Quels rapports entretenez-vous avec les habitants de votre village, Ighil Bwammas ?
D’excellents rapports ! Il ne pourrait en être autrement, parce que je suis né à Ighil Bwammas, je connais tout les villageois et tous les villageois me connaissent. J’apprécie tout le monde et je peux dire que, globalement, tous m’apprécient et c’est aussi parce que je ne suis pas venu d’ailleurs pour m’intégrer à la vie du village, bien au contraire, tous les villageois me considèrent, à juste titre, comme un des leurs.
C’est ce qui explique votre attachement au village…
Absolument, il faut aussi savoir une chose, c’est qu’à Ighil Bwammas, j’en arrive à oublier que je suis un personnage public, un chanteur. On me le fait oublier tellement je ne suis considéré que comme un citoyen du village.
Pendant que d’autres artistes ont choisi d’émigrer, d’évoluer ailleurs, vous, vous avez préféré rester parmi les vôtres. Pourquoi ?
J’ai préféré rester ici parce qu’à mon sens, je dois tout au village. Je dois tout à ma naissance dans ce village, je dois tout à ma vie parmi les miens, chose qui ne m’a jamais empêché de m’enrichir de la culture universelle par mes nombreux voyages. Cela dit, mon port d’attache, mon véritable port d’attache reste mon village et c’est ce qui fait ma force.
Malgré le danger de mort qui vous guettait ? Je fais allusion aux années de terrorisme...
Il n’y a absolument aucun danger qui me ferait quitter les miens. La seule chose qui pourrait le faire, c’est la déception, c’est une déception qui émanerait du village ; c’est de découvrir par exemple que je me suis trompé dans mes considérations, dans mes jugements, et là, je crois que ce serait la déception de ma vie ; et donc, dans ce cas-là seulement, je partirai sans me retourner. Enfin, j’espère que ça n’arrivera pas, et je suis sûr que ça n’arrivera jamais. Maintenant, les dangers, je ne pense pas qu’il y en ait un qui me ferait quitter mon bercail, j’ai vécu ces moments les plus durs où tout le monde voulait quitter l’Algérie.
Que répondez-vous à ceux qui disent qu’Aït Menguellet doit sa survie à un compromis avec les groupes armés ?
Vous conviendrez que ce sujet a été rabâché et n’attendez pas de moi de m’étaler là-dessus. Ceci dit, si c’était le cas, le dernier des terroristes capturé aurait donné mon nom. Quant à ceux qui ont propagé ce genre d’accusations, je ne daigne même pas les mépriser, car Dieu sait, je n’aime pas mépriser les gens, et je leur laisse ce réconfort si c’en est un de vouloir excuser leur incapacité d’affronter la situation en accusant de trahison ceux qui ont eu le courage de l’affronter. La voilà ma réponse.
Des partis politiques ont toujours recherché vos opinions. Que leur répondez-vous, et quelle est votre position politique si vous en avez une ?
Franchement, je n’ai pas de position politique, je ne suis pas partisan et je ne l’ai jamais été, parce que j’estime que si on se mettait à étudier chaque programme de chaque parti, on y trouvera du bon comme du mauvais. Certainement, vous me diriez que c’est un peu trop facile de prendre tout ce qui est bon de chaque parti politique… N’appartenant à aucun d’entre eux, j’ai cette prétention… je me sens libre d’avoir mes opinions. Alors, d’un coup, je pourrais être d’accord avec tel parti, et d’un coup, je paraîtrai d’accord avec un autre. En fait, ce n’est ni un changement d’opinion ni de l’hypocrisie politique, allant du principe que je n’ai aucun parti pris.
Vous venez de signer récemment une pétition que les journaux ont reprise ; n’est-ce pas là une position politique ?
Non, ce n’est pas une position politique que de défendre ceux qui se sont sacrifiés pour que nous vivions libres aujourd’hui. Je les défendrai quel que soit le prix. Je ne considère nullement cela comme une attaque envers quiconque, je considère que c’est une opinion que je me dois d’exprimer et que j’exprimerai toujours. Je suis un nationaliste dans l’âme, parce que je suis un enfant de la guerre. J’ai vécu la révolution de notre pays dans une très mauvaise condition, c’est-à-dire une position où un enfant comprend tout, se souvient de tout, mais n’a aucun moyen de se défendre, d’agir ou de faire quoi que ce soit. D’ailleurs, on oublie souvent de parler des enfants de la révolution parce qu’au moment où un adulte pouvait prendre son parti, il pouvait soit prendre les armes et aller rejoindre le maquis, soit, ma foi, si telle était sa conviction, s’allier avec le colonialiste. Par contre, un enfant n’avait même pas ce choix, il subissait tout simplement. Et c’est dans cette situation que j’ai vécu la guerre, je l’ai subie, et je m’en souviens. Alors, quiconque s’attaquerait à des gens qui ont fait que nous soyons libres, je m’élèverai contre lui.
Que pensez-vous de l’autonomie de la Kabylie ?
Alors là ! Cela ne fait pas du tout partie de ma façon de voir. La Kabylie est une parcelle de l’Algérie, comme le dit si bien cette expression devenue un cliché : « Il n’y a pas de Kabylie sans l’Algérie, comme il n’y a pas d’Algérie sans la Kabylie ». Me concernant, je considère que nos chouhadas ne se sont pas sacrifiés pour qu’aujourd’hui on s’isole. Ils se sont sacrifiés pour l’Algérie entière, pour libérer tout le territoire. Tout le territoire algérien nous appartient.
Et le gouvernement provisoire du MAK ?
N’étant pas d’accord avec le principe, je ne vois pas comment je serais d’accord avec tout ce que cela peut générer.
On vous a beaucoup critiqué lors de la campagne présidentielle de 1999 où vous avez applaudi le discours de Bouteflika à la salle Saïd Tazrout de Tizi-Ouzou. Que répondez-vous aujourd’hui à tête reposée ?
Depuis 1962, il y a eu en Algérie des militants contre la dictature, contre l’interdiction de la parole, d’attitude… et ce qui est curieux, c’est qu’aujourd’hui on a abouti, soi-disant, car je n’y crois pas trop à cause de tout cela à un semblant de démocratie et qu’est-ce qu’on me demande, ou plus exactement, qu’est-ce qu’on exige de moi ? On exige de moi d’être sous contrôle, on m’interdit d’être libre, et personne n’a fait état de cela. Tout le monde journalistique m’a tiré dessus, sans faire cette remarque qu’on voulait empêcher un citoyen d’agir à sa guise, sans faire de mal à quiconque et sans entraîner qui que ce soit avec lui. J’aurais compris si j’avais organisé une campagne pour dire aux gens : « Venez, on va applaudir Bouteflika ». Là, j’aurais compris, là j’aurais assumé en tant que partisan ou partisan d’une idée, mais moi, j’avais tout simplement agi en tant que citoyen et on a voulu m’empêcher d’avoir une attitude que j’avais envie d’avoir. Je répète que je ne devais ni ne dois d’explication à personne au nom de cette même démocratie qu’ils disent défendre. Malheureusement, nos journalistes de l’époque n’avaient pas assez de maturité pour penser à ça, et ceci est grave et ça fait peur, hélas.
Vous avez refusé une tournée lors de la campagne présidentielle passée, qu’elle en était la raison ?
Une tournée à connotation culturelle, c’est honorer la culture et honorer mon pays, mais une tournée à connotation politique ne fait partie ni de mes ambitions ni de ma façon de voir les choses.
Parlez-nous de votre relation avec le regretté Matoub Lounès ?
Je crois que j’avais brossé l’essentiel du tableau dans l’interview que j’avais accordée à la chaîne de télévision Berbère TV, disons que j’avais dit l’essentiel. Matoub était un ami, au contraire de ceux qui se prétendent maintenant amis et qui ne l’ont en fait jamais été. Il est vrai qu’on avait des différends du moment qu’il avait sa personnalité et que j’avais la mienne. Qu’il y ait eu des divergences entre nous, cela n’est vraiment pas exceptionnel. Le fait qu’on soit fâchés aussi ne l’est pas. Peut-être que s’il était encore de ce monde, aujourd’hui nous serions redevenus de bons amis. Ce sont des choses qui arrivent, et c’est la vie. Seulement, les gens prennent les choses à leur façon et malheureusement de la mauvaise. Ils construisent donc des tas d’histoires qui n’ont pas lieu d’être.
Cette gêne, cette mésentente qui ressort en filigrane dès qu’on parle de vous deux est-elle justifiée ?
Justifiée, certainement, en ce sens où deux amis ont des différends et se sont fâchés par la suite. Il y a toujours une raison à cela et c’est toujours justifié. Matoub et moi étant tous deux des personnages publics, les gens ont interprété les choses à leur guise et nous ont mélangés à toutes les sauces. C’est parfaitement injuste, mais c’est dans l’ordre des choses, et on n’y peut rien. Sous d’autres cieux, cela aurait pu être un prétexte à l’enrichissement même de la culture. Il est dommage que chez nous on y voit que le côté négatif des choses. Si par contre on nous avait confronté Matoub et moi d’une autre manière, c’est-à-dire d’une manière plus saine, je crois que cela aurait donné quelque chose d’enrichissant. Mais les auteurs de ce genre de supputations ne sont pas sains eux mêmes dans leur tête et donc ils donnent des connotations malsaines. Sinon, mon histoire avec Matoub n’était pas aussi dramatique que le laissaient supposer les gens.
Peut-on dire qu’Aït Menguellet vit de son art ?
Oui, oui, chanter m’a fait vivre. Il est vrai qu’avec ce phénomène du piratage de haute volée, l’industrie du disque connaît une crise, mais à côté de cela, il y a les galas, les droits d’auteur, et comme je ne mène pas une vie sur un grand pied… Je mène en fait une vie simple qui ne me demande pas de grands moyens.
Donc, on peut dire qu’Aït Menguellet vit de son art...
Oui, j’ai cette chance-là, je crois que beaucoup d’artistes ne pourront pas en dire autant malheureusement, car j’estime que c’est une chance. Maintenant, est-ce qu’elle durera ? Je n’en sais rien. J’en vis décemment, je n’ai pas l’habitude de faire des folies, donc cela me permet de vivre dans une aisance relative.
Que pensez-vous du statut de l’artiste dans notre pays ?
Le statut de l’artiste, c’est très délicat d’en parler. Je crois que les pouvoirs publics renvoient dos à dos les propositions de l’artiste avec ce que le ministère concerné pourrait faire. C’est-à-dire que l’Etat conditionne ce statut à l’organisation préalable des artistes, en associations, en syndicats… ; les artistes, quant à eux, placent le statut avant toute organisation ! Convenez que c’est un cercle vicieux. Sincèrement et sérieusement, un statut on en a besoin, car jusqu’à présent l’artiste pratique son art en dilettante, il n’est ni assuré ni n’a de reconnaissance légale réelle. Là, on parle spécialement de la chanson. Spécialement, car la chanson a participée à tous les mouvements qui ont fait avancer les choses dans notre pays, depuis l’ère sombre de la colonisation jusqu’à nos jours. L’artiste a toujours eu une place prépondérante et un mérite dans l’évolution positive du pays, alors cela ne serait que justice que de le respecter en mettant sur pied un statut qui puisse le valoriser et le reconnaître en tant que tel.
Que pensez-vous de la situation actuelle de la chanson kabyle ?
A mon sens, la chanson kabyle est toujours allée en dents de scie, un coup ça va, un coup ça ne va pas, ça descend et ça remonte, mais globalement, on peut dire qu’elle se porte bien en ce sens qu’il y a un foisonnement de chanteurs et de genres. D’ailleurs, cela a toujours été ainsi, la décantation se fera. Il y aura ceux qui seront abandonnés en chemin et ceux qui vont perdurer ; donc, le tri se fera de lui-même, car ceux qui écoutent savent apprécier et finissent par élire. Me concernant, j’aime bien le fait qu’il y ait foisonnement, qu’il y ait justement de la matière pour que le choix se fasse. Et il me semble qu’il y a aujourd’hui une pléiade de jeunes promis à un bel avenir dans le monde de la chanson kabyle.
Par exemple ?
Si Moh, Zimou, Ali Amran, Djamel Kaloun… pour ne citer que ceux-là. Mais il y a tant d’autres, et à mon sens, il n’y a pas lieu de s’inquiéter pour l’avenir de la chanson kabyle. Je citerai aussi Djafer, et ce n’est pas parce que c’est mon fils, mais c’est parce qu’il est bourré de talent.
Qu’auriez-vous été si vous n’étiez pas chanteur ?
Si je n’étais pas chanteur, je crois que j’aurais fini par embrasser finalement ma première vocation, celle d’ébéniste. J’ai toujours adoré travailler le bois.
Quelle place occupe le sport dans votre vie ?
Le sport occupe une place prépondérante dans ma vie, mais disons que j’ai toujours été contre la compétition, bien que je ne tire pas sur ceux qui aiment la compétition, car ce sont des gens qui veulent s’affirmer et c’est tout à fait légitime. De mon point de vue, le sport, je l’ai adopté beaucoup plus pour un équilibre physique et mental.
Et à part le sport, que faites-vous de votre temps libre ?
Oh, mon Dieu ! Il y a tellement de choses à faire ! D’abord, gérer sa famille ; je crois que les pères de famille ne me contrediront pas, pour gérer sa famille on a besoin de tout le temps qu’on a. Principalement, mon temps, je le consacre à mes enfants, à ma famille. Le reste ? D’aucuns pensent que le travail d’artiste dégage un temps libre… Peut-être oui, quand on est célibataire ! Mais là, en étant père, j’avoue qu’il ne m’en reste pas beaucoup. Entre la chanson, mes occupations familiales et mes loisirs, je mène une vie assez bien remplie.
Je vois ici deux beaux arcs, des sabres, le fameux Yin et Yang et une série d’objets que je présume être des souvenirs de vos nombreux voyages. Parlez-nous un peu de ce petit musée autour de nous ?
Un musée ? Non ! Ce sont en fait des choses que j’aime, et comme nous sommes là à faire l’interview dans mon studio, là où je passe beaucoup de temps, j’aime être entouré de ces objets. J’ai mes arcs et peu de gens savent que je suis archer depuis 1978. Je pratique le tire à l’arc, mais en tant qu’amateur ; d’ailleurs, je pratique tout en tant qu’amateur. Le sport pour moi doit faire partie de l’hygiène de vie, de la vie même, parce qu’il est d’une utilité incontestable, aussi bien pour rester en forme que pour rendre visite le moins possible au médecin. Le sport fait partie de ma vie et j’essaye de varier de façon à ce que cela fasse aussi partie de mes loisirs. Je n’aurais pas pu faire du sport si je n’y prenais pas plaisir avant tout, c’est important.
Etes-vous intéressé par d’autres formes d’expression artistique ; si oui, lesquelles ?
Intéressé en tant qu’amateur, oui. J’aime l’art en général. J’apprécie les belles peintures ; d’ailleurs, j’en possède une belle collection. La sculpture également, le théâtre aussi… Bref, j’apprécie tout ce qui est beau, tout ce qui est bien exécuté.
Et quelle place faites-vous à la lecture ?
La place qu’occupe la lecture est au moins aussi importante que celle qu’occupe le sport. Je ne peux pas vivre sans la lecture, cela veut tout dire. Vous me demanderez peut-être ce que j’aime lire. Je suis un lecteur plutôt éclectique, je m’intéresse à tout, je suis curieux de tout et je passe ma vie à chercher des réponses à tout. (Rires). Vous avez des préférences pour certains auteurs, certains livres J’avoue que j’ai un faible pour la science-fiction, le polar, mais j’ai lu et aimé tous les genres, je vous ai dit que j’étais éclectique. J’ai par exemple tout lu de Yasmina Khadra, que j’ai eu le grand plaisir de le rencontrer.
Quel est votre livre de chevet ?
En ce moment, c’est le livre de Mammeri Yennayas El Cheikh Mohand, j’adore aussi bien le personnage de Cheikh Mohand que celui de Mammeri qui a été à la hauteur pour appréhender ce personnage. Mais bon, je dois avouer que mes livres de chevet changent périodiquement (rires) : Nietzsche, Machiavel, Jostein Gaarder qui m’a fait revisiter mes cours de philosophie…
Le dernier roman que vous avez lu...
C’est en cours, je me suis attaqué au roman de Stieg Larsson, un Suédois. Il a écrit trois tomes volumineux qu’il a intitulés Millenium. En fait, dans le roman, Millenium est une revue. Je trouve l’histoire géniale, car c’est un bon thriller en même temps, très agréable à lire, avec beaucoup de suspense et d’action. Il est très instructif aussi. Malheureusement, l’auteur, qui était également journaliste, est mort d’une crise cardiaque au moment où il remettait ses trois volumes à l’éditeur, ce qui est bien triste. En restant toujours dans le registre suédois, j’apprécie beaucoup un écrivain de romans policiers, Hening Mankell. J’adore sa façon d’écrire car, comme je viens de le dire, je me suis beaucoup frotté au monde du roman policier, je trouve que c’est le summum dans le genre.
Etes-vous tenté par l’écriture ?
Euh, pas vraiment… D’ailleurs, je ne sais pas si j’en suis capable. Peut-être ? Si un jour l’envie d’écrire me prend, je serai dans l’obligation de m’associer avec quelqu’un qui a une belle plume pour que je puisse exprimer mes idées.
Qu’en est-il de Passerelles ?
Eh bien, Passerelles est une revue que nous avons créée dans un but purement culturel. C’est une revue qui nous a apporté beaucoup de satisfaction, qui nous a demandé également énormément d’efforts, mais qui a tout fait, sauf nous enrichir, quoi qu’en pensent certaines gens. Il y avait des moments où nous puisions de nos poches, aussi bien mon associé que moi, mais c’était un plaisir de dépenser pour voir une aussi belle revue paraître. Malheureusement, cette revue, tant que nous disposions de l’argent de la publicité pour couvrir les frais de sa publication, nous la publiions chaque mois ; donc, c’est une revue mensuelle, mais à présent la publicité faisant défaut, nous nous retrouvons obligés de ne la faire paraître qu’occasionnellement, cela veut dire que ce que nous faisons maintenant, c’est ramasser des miettes, petit à petit, jusqu’à ce que nous arrivions à rassembler la somme qu’il faut pour pouvoir l’éditer.
Votre film préféré. ..
Franchement, je n’ai pas de film préféré, je ne pense pas être un grand cinéphile, même si je sais apprécier un bon film.
Et en tamazight ?
J’aime beaucoup le film de Belkacem Hedjadj, Machaho, je le trouve bien fait à tous égards
Puis-je revenir à votre vie « un peu plus privée » ?
Vous n’y êtes pas déjà ? Allez-y !
Djaffar, enfant, a eu un accident, pouvez-vous nous en dire plus ?
Oui, c’est vrai, mon fils Djaffar a eu un accident qui a failli lui être fatal. Il a été électrocuté à 30 000 volts ! Ceci pour dire qu’il a eu de la chance ! C’était une période que j’ai très très mal vécue et que j’ai affrontée avec la force du désespoir parce qu’il fallait le sauver. D’ordinaire, je suis quelqu’un de plutôt calme et lent, mais dès qu’il s’agit de ma famille, je deviens plus efficace. J’ai heureusement tout fait pour faire face à cette situation et Dieu merci, il a été sauvé. Je n’aurais jamais cru goûter à ce plaisir de tenir sur mes genoux ce fils Djaffar et le voir grandir aujourd’hui. C’est pour moi un immense bonheur.
Beaucoup de choses ont été dites sur la condamnation de votre fils Ribouh en France, pourriez-vous nous livrer la vraie version des faits ?
Pour répondre à cette question, il y a trois versions : la version longue, la version courte et la version très courte. Je vais vous raconter la version très courte. Mon fils a été victime d’une machination et je lui en ai voulu parce qu’il n’a pas su m’écouter et voir le piège qui lui a été tendu. Je l’ai averti qu’il allait lui arriver quelque chose de fâcheux, qu’il avait affaire à des gens qui allaient se servir de lui, qu’il serait le bouc émissaire parfait, qu’il serait condamné sans que personne ne puisse lui venir en aide et que moi-même je serais dans l’impossibilité de faire quoi que ce soit. Je l’ai aidé à se déconnecter de cette situation mais lui, en voulant faire le Don quichotte, parce que mon fils aime jouer les justiciers, il l’a appris à ses dépens qu’on ne peut pas tout le temps jouer aux justiciers impunément. Et c’est pour ça qu’il est tombé dans le piège contre lequel je l’avais averti. Un piège bien préparé, et les gens qui l’ont préparé ont eu tout le temps de le faire.
Est-ce que par ce piège on voulait toucher à votre personne ?
Non ! Effectivement, beaucoup de gens ont pensé que c’est un complot qui me visait moi ; en fait, c’est faux ! C’est une situation qui s’est créée indépendamment de moi, mais dont je connaissais l’origine, dont je voyais les ficelles. Simplement, mon fils a été aveuglé par sa bonté, il a été victime par son esprit de sacrifice.
Où en est l’affaire à présent ?
Ribouh est quelqu’un qui se comporte très bien. Il est très bien considéré, donc il bénéficie de grâces régulièrement, j’espère qu’il sortira bientôt.
Il a été dit que l’Etat français vous a proposé la légion d’honneur, pourquoi l’avoir refusée ?
La seule légion d’honneur que j’accepterai sera celle de mon pays, si un jour elle existe.
Vous avez également refusé l’invitation de Zidane lors de sa visite à Béjaïa, pourquoi ?
Vous savez, on m’a invité à plusieurs événement soi-disant grandioses ; je n’aime pas trop me montrer, je n’aime pas me servir de la popularité des autres pour briller. Sans être prétentieux, je brille déjà assez comme ça. Cette lumière me suffit largement. C’est la lumière des humbles qui m’intéresse. Donc, briller aux côtés d’un Zidane que j’admire, que j’adore - Zidane m’a fait aimer le football - donc briller à côté de lui ne m’intéresse pas, tout simplement parce que c’est bien à lui de briller étant donné que moi j’avais ma place ailleurs.
Revenons à votre actualité ; votre album est-il fin prêt ?
Pratiquement. Jeff s’occupe des dernières retouches
Etes-vous satisfait du travail ?
Oui, je suis satisfait car c’est un travail réalisé en famille, j’ai écrit mes chansons comme d’habitude et Djaafar les a embellies avec des arrangements que seul lui peut réussir pour la simple raison qu’il ne peut y avoir dans le monde un arrangeur qui me comprendrait mieux que lui ; ajoutons à cela qu’il est talentueux, donc je lui fais entièrement confiance. Je vous apprends encore autre chose, la conception de la maquette a été faite par mes deux enfants Tarik et Hayat qui se sont attaqués à la conception de la jaquette à partir des photos qui ont été prises par ma fille Hayat qui est une ancienne artiste de l’école des beaux-arts et qui se révèle être aussi excellente photographe. La traduction de mes textes en français a été assurée par mon fils Tarik, et comme il est aussi infographe, il a aidé sa sœur dans la conception de la jaquette. L’enregistrement, je le fais conjointement avec mon fils Djaffar. Donc, comme vous le voyez, c’est un travail en famille et j’en suis très fier. Vous avez évoqué dans la presse « des bonus » en annexe… Oui, cette fois-ci, à côté de mes nouvelles créations, six chansons, j’ai traduit en kabyle la chanson mythique de Bob Dylan Blowing in the wind. En fait, depuis que je l’avais interprétée en duo avec Hugues Aufrey, c’était à Bercy en 2003, l’idée de l’enregistrer n’a pas quitté mon esprit. Maintenant que l’occasion s’est présentée, c’est chose faite. Vous avez parlé aussi d’une reprise du chanteur Akli Yahiatene... Oui, en effet, j’allais adjoindre à mes chanson un duo que j’ai interprété avec Akli Yahyaten sur sa célèbre chanson Ya l’menfi, lors du gala qui nous a associés il y a quelques jours au Palais des sports à Paris. Malheureusement, lui n’étant pas disponible en Algérie pour placer sa voix en studio, j’ai dû surseoir, et la chanson ne sera pas présente dans l’album.
Donc, l’album ne comptera que sept chansons...
Exact.
Est-il prévu des tournées pour la promotion de votre album ?
Des tournées, s’il y en a, ça ne sera certainement pas pour la promotion de l’album. Vous m’avez demandé tout à l’heure si je vivais de mon art, donc c’est tout simplement une affaire de travail pour moi, parce qu’il faut vivre, il faut travailler. J’ai un travail bien agréable, les tournées me permettent de retrouver les gens que j’aime et ce n’est pas de la démagogie, car si je ne les aimais pas, j’aurais certainement fait autre chose. Donc, faire une tournée c’est pour moi le plaisir de retrouver les gens, un plaisir qui m’assure également mon quotidien, alors je me consacre à ce plaisir de chanter, d’être écouté, d’être acclamé, de vivre des moments de parfaite symbiose avec mon public.
Le nouvel album Tawriqt le 24 juillet
Selon son fils Djaffar, Tawriqt de Lounis Aït Menguellet paraîtra le 24 juillet prochain. Un nouvel album, tant attendu par un public impatient de retrouver son idole après une longue absence, qui a duré cinq ans après son album Yennad umghar. Cet album comportera six chansons : Amenugh, Sserh i waman adelhun, Tawriqt iguevgha uliw, Tagara n’tezwara, Ghas ma nruh et Lejwab g wadu. Cette dernière chanson est une traduction de la chanson mythique Blowing in the wind de Bob Dylan. |
Par Nadjet Bendaoud
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LOUNIS AIT-MENGUELLET ENVOÛTE SON PUBLIC
22/02/2010 18:04
IL A ANIMÉ HIER UN CONCERT À LA SALLE ATLAS Lounis Aït Menguellet envoûte son public 22 Février 2010 - Page : 21 Lu 218 fois Le grand chanteur et poète algérien a donné, samedi dernier, un concert exceptionnel, un événement phare de la semaine. Dix-neuf ans après avoir donné un concert à l’Atlas, dans un climat délétère, marqué par la montée de l’intégrisme islamique, ‘’Da Lounis’’ revient et se produit pour la énième fois dans la même salle sise à Bab El Oued. 15 heures, soit presque une heure avant le début du concert, une foule compacte se pressait devant les portes de l’Atlas. On doit jouer des coudes pour pouvoir y accéder. D’ailleurs, ils étaient nombreux, les admirateurs de notre Brassens kabyle, qui n’ont pu y assister. Incontestablement, le concert de Lounis Aït Menguellet est l’évènement phare de la semaine. «Ça fait longtemps qu’on n’a pas vu autant de monde ici...», nous fait remarquer Karim qui habite juste à côté de la salle. 16 heures passées de quelques minutes, le spectacle commence. Ce sont ses amis, Ben Mohamed et Kamel Hamadi qui montent les premiers sur scène, pour parler de Lounis: «Nous sommes très contents qu’il soit parmi nous aujourd’hui, et on espère que ce ne sera pas la dernière fois», diront-ils. Quelques minutes après, c’est le grand artiste-poète qui fait son apparition sur scène, sous les youyous des femmes et les applaudissements de l’assistance. Même à 60 ans, le sage d’Ighil Bouhamès, à l’allure athlétique, fait vibrer son public et l’emporte dans une promenade musicale et poétique. Il entame son concert par ses fameux titres des années d’or. Tout à tour, le chanteur interprète Içhal ihedhregh fellam, (J’ai longtemps parlé de toi), Ikhef itrun (Larmes), Warasdhelmagh, ainsi que d’autres chansons qui ont fait le succès de ce fier montagnard. Le public en grand connaisseur du répertoire de cette figure de la chanson kabyle, reprend en choeur certains titres. Des chansons sentimentales, il enchaîne avec ses chansons engagées de la fin des années 1980. Tantôt à caractère politique et tantôt à caractère social, comme Achimi (Pourquoi), Amedyas (Le poète) ou encore Atas Atas Mazal El Hal, il faut dire que ces textes sont la preuve que les changements politiques en Algérie à la fin des années 1980 et puis le début de la tragédie nationale ont laissé leur empreinte sur l’oeuvre de Lounis. Dans cette période, l’artiste met en musique des textes quelque peu différents des précédents. Il écrira des poèmes, dans lesquels il abordera d’autres questions sociales et politiques. C’est au cours de cette période d’ailleurs que ce révolté fait preuve d’un engagement inaltérable en faveur de l’identité berbère du peuple algérien. A peine 19 heures, celui que Kateb Yacine considérait comme le plus grand poète algérien, quitte la scène. «J’espère qu’on aura souvent l’occasion de se rencontrer...», dira-t-il avant de saluer son public qui se disperse entonnant toujours les chansons merveilleusement interprétées par leur idole. Hadjer GUENANFA
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UN VRAI RÉGAL - AIT-MENGUELLET À L'ATLAS - 20 FÉVRIER 2010
21/02/2010 10:19
Lounis Aït Menguellet à la salle Atlas, un vrai régal

La salle Atlas était archicomble, pleine comme un œuf. Elle a connu, hier après-midi, l’ambiance des grands jours. Lounis Aït Menguellet a drainé, comme à l’accoutumée, la grande foule. Il a rassemblé, l’espace de deux heures, plusieurs générations de ses admirateurs, du grand-père au petit-fils. Un beau spectacle que celui de voir une vieille dame et sa petite-fille reprendre en chœur les œuvres du chanteur. Des familles entières ont fait de longs déplacements pour assister à l’unique concert du chanteur programmé depuis environ 8 ans à Alger. C’est son fils Djaffer, artiste plein de talent qui a donné le “la” en interprétant, à la flûte, un morceau de musique. Son père, Lounis, accueilli avec des applaudissements nourris à son entrée sur scène, a enchaîné en interprétant “Tajra ilili” (laurier rose), suivie par neuf autres chansons, dont la JSK, la chanson fétiche des supporters de l’équipe de Kabylie des années 70 et 80. Aït Menguellet a consacré la première partie du concert à ses premières chansons, celles avec lesquelles il avait débuté dans le monde artistique, il y a une quarantaine d’années, telles que A tviv dawiyi composée par Kamel Hamadi. La petite piste séparant la scène de la salle a été envahie à plusieurs reprises par les spectateurs et les spectatrices. La deuxième partie était dédiée aux chansons à textes. Un vrai régal.
Tags: Arts & Culture
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