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ÉMISSION SPÉCIAL : ASEGGWAS AMEGGAZ IW MEDYAZ
16/01/2009 03:21
RADAR (Jeudi 15 Janvier 2009)
Un magazine culturel canadien lui consacre un numéro spécial
Aït Menguellet, d’Ighil Bouamas à Montréal
Par :Rubrique Radar Lu : (1710 fois)
Le magazine culturel Timlilit Imazighen, que diffuse chaque samedi Radio CFMB 1280 AM Montréal, consacrera son prochain numéro du 17 janvier à Lounis Aït Menguellet à l'occasion du 59e anniversaire de sa naissance. Un hommage à la hauteur de l’homme et à l'un des artistes les plus populaires et les plus attachants de la chanson kabyle contemporaine. Les animateurs du magazine, Madjid et Mourad, mettront en relief la carrière de Lounis en deux parties selon les thèmes traités : la première, plus sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes, et la seconde, plus politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture plus approfondie des textes. De nombreux ouvrages et études ont été consacrés à son œuvre en tamazight, en arabe et en français. Lounis, dernier d’une famille de six enfants, est né dans le village d'Ighil Bouamas, près de Tizi Ouzou, en Grande-Kabylie, le 17 janvier 1950.
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Aït Menguellet et Matoub et le monde carcéral
05/01/2009 01:03
Deux prisonniers, un destin
La littérature kabyle orale a pu immortaliser ces moments d’angoisse, de questionnement et de lutte pour la survie dans des strophes exceptionnellement émouvantes où l’épopée et le lyrisme se trouvent naturellement enchevêtrés. Si Muh U M’hand, la poésie populaire du Mouvement national et de la guerre de Libération, Ferhat Imazighène Imula, Mohya, Aït Menguellet, Matoub Lounès et d’autres poètes dont les pièces ont eu une moindre fortune, la plupart des hommes du verbe kabyle ont eu, à un moment ou un autre de leur carrière artistique, abordé, traité et disséqué la situation du prisonnier.
Par Amar Naït Messaoud
"C’est dans les bas-fonds Qu’on pousse les hauts cris" Jacques Prévert (dans ‘’Fatras’’)
L’histoire de la société kabyle est faite de grande adversité et de lutte permanente pour les libertés. Ayant été cantonnée dans un espace géographique montagneux, elle développa un esprit de résistance sans faille à toute forme d’invasion et de domination.
Le choix même des ces rudes espaces pour y vivre, produire et commercer est un signe d’une volonté irréfragable, d’une volonté de vivre en liberté et de n’accepter aucune soumission. Dans l’histoire de l’Algérie sous domination ottomane- qui offre un minimum de ‘’lisibilité’’ par rapport aux périodes antérieures-, l’établissement d’une principauté sous le nom du ‘’royaume de Koukou’’ qui s’étendait sur les deux Kabylies (grande et petite) est un moment fort de cette tendance à s’autogouverner loin des jougs extérieurs et des dépendances castratrices.
Tout en s’insérant dans le grand ensemble national-aucune situation engageant le destin de la nation ne lui a échappé-,
la Kabylie
a développé en son sein une organisation sociale, une culture politique et une philosophie de la vie dont la profondeur et la portée sont jusqu’à ce jour objets d’études et d’analyses anthropologiques et sociologiques.
Ce destin quelque peu particulier ne pouvait pas s’accomplir dans la sérénité ou sans accros. À chaque fois que l’Algérie est ciblée dans sa stabilité ou sa souveraineté,
la Kabylie
s’offre en sacrifice.
Ce n’est, après tout, qu’une logique de l’histoire pour une région qui symbolise l’authenticité et la permanence d’une identité millénaire. Le climat d’hostilité et de bellicisme imposé par l’histoire à
la Kabylie
s’accompagne à chaque fois de son lot de morts, de blessés, de déportés et de prisonniers.
Dans l’histoire moderne du pays, l’on peut avoir des témoignages assez précis sur les déportés à Cayenne (en Guyane française), en Nouvelle Calédonie, au Sahara, à Paul Gazelles (Aïn Oussara),…comme nous parviennent les cris et pensées des prisonniers de guerre pris dans les tranchées des frontières franco-allemandes entre 1914 et 1918, des détenu(e)s de
la Santé
et de Fresnes en métropole française, des incarcéré(e)s de Barberousse, El Harrach, Lambèse et Berrouaghia.
Toutes les époques ont connu leurs cortèges de prisonniers et la littérature que cette situation a charriée avec elle. Ces noms nous sont devenus familiers car nos aïeux et nos concitoyens y ont séjourné ou y ont rendu l’âme. La lutte qui consiste à faire valoir ses droits en matière de souveraineté, de liberté et d’identité est inexorablement suivie de son lot de peines, de larmes et de captivité.
La littérature kabyle orale a pu immortaliser ces moments d’angoisse, de questionnement et de lutte pour la survie dans des strophes exceptionnellement émouvantes où l’épopée et le lyrisme se trouvent naturellement enchevêtrés.
Si Muh U M’hand, la poésie populaire du Mouvement national et de la guerre de Libération, Ferhat Imazighène Imula, Mohya, Aït Menguellet, Matoub Lounès et d’autres poètes dont les pièces ont eu une moindre fortune, la plupart des hommes du verbe kabyle ont eu, à un moment ou un autre de leur carrière artistique, abordé, traité et disséqué la situation du prisonnier. Étant un fait de société dont le contexte et la réalisation sont bien connus du fait d’une histoire tourmentée, la vie carcérale est étudiée dans son contenu intime et au niveau des mobiles qui lui ont donné naissance.
Dans les deux chansons dont nous présentons la traduction, Aït Menguelet (1979) et Matoub Lounès (1981) mettent toute leur verve poétique au service d’une approche réelle du monde du prisonnier. Dans ‘’Amcum’’, il retrace le destin d’un militant qui s’est sacrifié pour une noble cause engageant le destin collectif de ses compatriotes. L’esprit de la lutte, l’âme de la résistance et le devoir de ne pas fléchir devant l’arbitraire et la tyrannie le conduisent tout droit au cachot. Lui seul subira les affres de la prison. Non pas qu’il menât seul le combat, mais il fut abandonné en cours de route par ses camarades avec qui il mangea du pain sec.
Par peur, par lâcheté, suite à des pressions ou à des promesses alléchantes, tous les cas de figure peuvent se présenter et conduire à disperser les rangs, à semer la zizanie, le doute et la perplexité parmi les membres du groupe. Le héros du poème se retrouvera seul face à la machine infernale de la répression. Que sont les amitiés militantes devenues ? Que représente le serment de solidarité et de destin commun que les militants ont fait ?
Matoub, quant à lui, utilisera tout son pouvoir d’imagination pour décrire la situation d’un prisonnier qui attend son procès et dont il entrevoit l’issue fatale, la perpétuité. Sa mère, qui interroge le vent sur le sort de son fils, l’encourage à subir seul son destin au lieu de dénoncer ses camarades de lutte restés en liberté. Le poème grouille d’émouvantes métaphores pour décrire l’attente puis la résignation de la mère.
Nos deux prisonniers ont cette particularité commune de subir les affres de la répression dans une Algérie indépendante. Ils ont aussi cette grande qualité, cette rare bravoure de ne pas ‘’fléchir devant l’humiliation’’ (Ugin ad knun zdat ddel), une phrase qu’on retrouve textuellement dans les deux poèmes. La vaillance se trouve du côté de ceux qu’on a voulu humilier et avilir par une privation de la liberté. D’après Bernard Schaw, "l’homme le plus inquiet d’une prison est le directeur’’.
Dans un rêve que fait un prisonnier, Matoub le fait voyager chez lui pour revoir ses parents, sa femme et ses enfants. C’est dans un poème faisant partie de l’album “A Tarwa l’hif’’ (1986) :
" Si je pouvais me détacher,
Je viendrais vous voir le jour de l’Aïd.
Je vous saluerais alors chers parents.
Quand je me présenterai au village,
Je ne serai pas surpris par votre perplexité.
Ce n’est pas mon visage d’antan
Qu’auront à rencontrer vos yeux.
Parce qu’il ne me reconnaîtra plus,
Mon fils me fuira.
Ma femme légitime, je ne sais
S’il elle se souviendra de moi.
J’aurai alors dérangé la quiétude de tout le monde
Jusqu’à leur faire perdre la parole.
À la fin nous nous reconnaîtrons ;
Le village hâtera le pas à ma rencontre.
Ce n’est là qu’une espérance ;
Mon rêve n’a pas duré longtemps.
La porte de la prison est bien close.
Sur elle mon étiquette se pose,
Bien collée et sigillée,
Me désignant à perpétuité ".
Dans ‘’Asefru’’, Aït Menguellet nous transmet les sentiments blasés et les sensations de désenchantement d’un prisonnier qui a perdu le goût des belles choses suite à une incarcération castratrice de réflexion et du sens de l’esthétique :
"La rose à la belle figure,
j’envie ceux qui l’admirent encore.
Naguère, comme eux, j’en connaissais le parfum ;
Ores, je ne veux plus la regarder.
Quand je vois une main ceinte d’une gourmette,
Ce sont les chaînes qui me viennent à la tête.
N’en cherchez pas la raison ;
Dites seulement que je suis à plaindre ".
Amar Naït Messaoud
Textes
Aït Menguellet : “Amcum’’
1-Il vous appellera ;
Lui répondrez-vous ?
Si vous faites sourde oreille,
Rien d’étonnant à cela.
Ne disait-on pas
Que c’est dans l’adversité
Que l’on reconnaît son ami ?
S’il est prévenant,
Il bravera toute difficulté.
2-Il vous appellera ;
Vous l’entendrez, il le sait.
C’est clair que vous l’entendrez ;
Mais, rendrez-vous-lui écho ?
L’homme, cupide qu’il est,
Est devenu tel un aigle :
Voyant un bâton,
Il le prit pour un serpent.
3-Voilà que je le trouve égaré,
Piégé derrière les barreaux.
C’est son sens de la dignité qui l’y a mené,
Refusant de fléchir devant l’humiliation.
Le jour où vous entendîtes ses cris,
ô vous, ses amis,
Chacun vaquait à ses propres affaires.
4- Il avait affronté l’impossible,
Se croyant par vous soutenu.
Comptant vous avoir derrière lui,
Il vous appellerait au besoin.
Le jour où vous entendîtes ses cris,
ô vous, ses amis,
Chacun, fuyant, prit son chemin.
5- Il était allé affronter le feu
Pour sauver ce qui restait encore.
Vous l’aviez aidé par des mots creux,
Alors qu’il défendait votre bien.
Le jour où vous entendîtes ses cris,
ô vous, ses amis,
Chacun avançait un empêchement.
6- Vous l’avez envoyé à l’avant-poste, il y est allé
Sans avoir personne à ses côtés.
Vous dites l’aimer comme vous-mêmes,
Mais trop risquée est la voie qu’il a choisie.
Le jour où vous entendîtes ses cris,
ô vous, ses amis,
Vous fûtes enchaînés par la peur.
7- Vous rafistolez les lacérations, enfin,
C’était à bon droit.
Si vous l’aviez alors rejoint,
Qui aurait bénéficié des fruits de la lutte à la fin ?
Et le jour où vous entendîtes ses cris,
ô vous, ses amis,
Vous dîtes de lui qu’il n’était pas rusé.
8- Quand il regrettait, il était bien tard ;
Il comprit qu’il n’étai pas rusé,
Bien qu’il éveillât plus d’un.
Sur ce dont vous traitez à présent.
Et si vous entendiez ses cris,
ô vous ses amis,
Sans doute vous en perdriez le sommeil !
Matoub : ‘’Bagnard à Berrouaghia’’
1-Son âme agonise
Tel un grain dans une meule.
Il attend son tour et pleure
Mon bagnard !
2-Il craint que vous voyiez en lui un téméraire,
à la fin, vous risquez de l’oublier.
Vers lui, qui ouvrira la voie ?
Mon bagnard !
3-L’arbitraire montre ses repousses.
Vers l’avant se dresse un précipice,
La mort approche par derrière.
Mon bagnard !
4-Appelle-le donc, ô mon cœur, appelle-le !
Dis-lui, s’il écoute,
De se garder de dénoncer qui que ce soit.
Mon bagnard !
5- ô vent qui berce les oliviers
Apprends-moi, je t’implore, les nouvelles.
Je ressemble à du bois vermoulu
Que les gens refusent même à brûler dans les foyers.
Quelle raison l’a exilé
Et l’a ravi brutalement aux siens ?
ô vent qui me rend visite,
T’a-t-il chargé d’un message, mon bagnard ?
6-A trop écouter les gens,
Mes mains se refusent à l’ouvrage.
Le chagrin attise mes malheurs
Et remplit mes jours de noirceur.
J’ai surpris des gens converser,
À ma vue ils ont baissé les yeux.
Vent, c’est à toi de m’apprendre
S’il est encore en vie mon bagnard.
7-Le cœur halète à l’arrivée du vent de mars.
Dès que je porte la coupe aux lèvres,
On vient me l’en saisir.
Aujourd’hui, je sais, je l’ai perdu ;
Mes yeux ne le reverront plus.
Vent, viens me dire
Où la vague a largué mon bagnard.
8-La paix que j’attendais a failli
Au rendez-vous pourtant accordé.
La belle tragédie s’est fardée
Et vient m’offrir des cadeaux chez moi.
Maintenant je comprends la raison de son retard,
Et pourquoi son retour est une chimère :
Il refuse de fléchir devant l’humiliation
Dans le pénitencier de Berrouaghia,
Mon bagnard !
Traduction : Amar Naït Messaoud
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Salle comble pour Lounis Aït Menguellet
05/01/2009 00:26
Tamanrasset clôture du 1er Festival de la musique et de la chanson amazighes
Le premier Festival culturel national de la musique et de la chanson amazighes, qui s’est tenu du 25 au 31 décembre 2008 à Tamenrasset, a été clôturé dans l’après-midi du mercredi 31 décembre par le chanteur Lounis Aït Menguellet et a drainé des foules nombreuses au théâtre communal du chef-lieu de la wilaya.
De Tamanrasset, Amar Chekar
Par ailleurs la salle Dassine, du Centre culturel de Tamenrasset, a été archicomble, lors des récompenses des lauréats venus des quatre coins du pays. Six lauréats ont été primés parmi les dix-huit groupes qui ont pris part a cet événement culturel et artistique.
Khenchla a eu le prix du meilleur groupe moderne d’une valeur de 150 000 DA chacun est revenu au groupe Dihia (chaoui), au groupe Ithrane d’Ahaggar (Touareg) et au groupe Eclipse (Béjaïa). Le prix du meilleur groupe traditionnel est attribué au groupe Igudad (chaoui), au groupe Tassili (touareg) d’une valeur de 150,000 DA.
Le prix du meilleur instrumentiste et revenu à deux révélation musicales le jeune dynamique Kheir-eddine Kari du groupe Eclispse et Djamel Ben Boucherit du groupe Ithrane (50.000 DA chacun). La meilleure voix est revenue aux artistes Mohamed Abd El Ali du groupe Tassili (Touareg) et Djemai Hoggas du groupe Tamza (chaoui) et au groupe Dihia de Khenchla qui a participé avec trois groupes : le groupe Dihia, la troupe Tamza et le groupe Assala, lesquels ont brillamment représenté les Chaoui des Aurès, a leur tête Mme Fatima, qui dira lors de son intervention : « Nous sommes très heureux de participer à ce festival qui a regroupé les différents artistes de la culture amazighe au grand Sud algérien” , où elle prépare activement le Festival du théâtre pour enfants pour le mois de mars 2009. Le prix des laureats est de 45 000 DA. Le prix d’encouragement a été decerné à Fatima Belhadj (15 000 DA). Quant au prix d’honneur constitué de cadeaux symboliques, il a été attribué à Abdellah Mesbahi du groupe Tassili (Touareg). Le groupe Chachnak de Tizi-Ouzou a été classé hors complétion.
A.C.
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Tamanrasset boucle l’année 2008 avec Lounis Aït Menguellet
03/01/2009 23:52
Clôture du 1er Festival de la chanson et de la musique amazighes
03-01-2009
Photo : Riad
De notre envoyée spéciale à Tamanrasset Karima Mokrani
Forte présence du public à la dernière soirée artistique du 1er Festival national de la chanson et de la musique amazighes de Tamanrasset. Lounis Aït Menguellet est à l’honneur. C’est lui qui clôture le festival. Ses fidèles se comptent par centaines de personnes, toutes ravies de passer le réveillon en compagnie de ce grand nom de la chanson kabyle. L’homme paraît encore timide et parfois même très méfiant. Même regard, même démarche, même mise… qu’il y a plus de quarante ans de chansons. Fidèle à sa guitare, sa compagne de toujours, Lounis chante l’amour, la vie, la mort… sa langue maternelle qui est le berbère… la guerre, l’exil… Il dénonce l’injustice, le crime, la lâcheté… et appelle à la sagesse. Sa voix est une voie de la raison. Les amoureux de la chanson de Lounis Aït Menguellet s’y retrouvent pleinement pour la simple raison qu’il raconte leur propre vie. Une vie à la fois simple et complexe, joyeuse et triste. Des années d’or aux chansons politiques… toute une philosophie ! Lounis aime, observe, critique, milite… à sa propre manière. Sans offenser, sans défoncer. La soirée de mercredi dernier, au théâtre communal de Tamanrasset, était fort agréable pour tout un public qui a su répondre à des chansons qu’il connaît déjà par cœur. Chants, danses… une véritable ambiance de fête. Un réveillon en famille à ne pas oublier. La clôture de ce 1er Festival de la chanson et de la culture amazighes par la voix de Lounis Aït Menguellet, qui est lui-même un militant engagé dans la défense de la culture amazighe, donne plus de crédit à cette manifestation culturelle, la première du genre en Algérie. Un festival relativement bien réussi, même s’il y a encore des lacunes à combler. Une chose est sûre, c’est qu’un premier pas a été franchi. C’est ce qui est le plus difficile. Le reste devrait suivre mais cela dépend de la volonté de tous. Une volonté citoyenne plus qu’une volonté politique, d’autant plus que le festival est institutionnalisé depuis 2003.
K. M.
Avant l’organisation de cette soirée artistique, des prix ont été distribués aux lauréats
1er prix : meilleur groupe de la chanson moderne (50 000) : Dihia (Chaoui) Itran Ahaggar (Touareg) Eclipse (Kabyle/ Béjaïa)
2ème prix : meilleur groupe de la chanson traditionnelle (150 000 DA) : Igudar (Chaoui) Tassili (Touareg)
3ème prix : meilleur instrumentiste (50 000 DA) Kheirredine Kati (mandole/guitare) du groupe Eclipse (Kabyle) Djamel Ben Boucherit (nnay) du groupe Itran (Kabyle)
4ème prix : meilleures voix (45 000 DA) Moncef Harrat du groupe Dihia (Chaoui) Mohammed Abd El Ali du groupe Tassili (Touareg) Djemaï Hoggas du groupe Tamza (Chaoui)
5ème Prix : prix d’encouragement (15 000 DA) Fatima Belhadja
6ème Prix d’honneur : cadeau symbolique remis par un représentant des autorités locales Abdellah Mesbahi du groupe Tassili (Touareg)
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tAMANRASSET : Aït Menguellet pour animer la soirée du 31
01/01/2009 03:22
Tamanrasset Festival de la musique et de la chanson amazighesAït Menguellet pour animer la soirée du 31
De Tamanrasset, Amar Chekar
Le Festival de la musique et de la chanson amazighes qui se tient à Tamenrasset du 25 au 31 décembre 2008, connaît des hauts et des bas à l’instar d’autres festivals, malgré l’activité qui continue depuis son inauguration. Les insuffisances techniques manquaient dès la première journée de l’inauguration, d’où l’annulation de la représentation du tout premier groupe de Béjaïa, entre autres la troupe Eclispse, troupe Ould Slimane, troupe Chachnak de Tizi Ouzou, la troupe Ithrane de Bordj Bou Arréridj, troupe Algorythme de Jijel, troupe Assirem de Boumerdès, qui devait se produire le jeudi 25 décembre, et fut reporté au mardi 30 décembre, ce qui se répercutent d’une manière ou d’une autre sur l’organisation du festival. Selon les citoyens, Tamenghasset en tamazight, (Tamanrasset actuel), est le synonyme d’une espèce de mouche en couleur qui vivait dans la localité dans le temps des ancêtres, a fait la joie du public local et des participants de part son climat, les routes et l’immobilier qui donne l’image d’une wilaya qui s’accroche coûte que coûte au dévelopment local: le tarif de la course (taxi) sur un rayon de 1 a 7 km,si l’on imagine l’importance de l’accueil touristique en matière de transport, où le bus urbain est quasiment inexistant, sauf en dehors de la ville vers d’autres communes comme abaissa qui se situe à 80 km, qui est la plus proche du chef du centre de la wilaya. Par ailleurs, l’on enregistre des activités plus au moins riche en, conférences sur le patrimoine immatériel de la région tout au long du festival, dont la conférence de presse organisée lundi passé avec Lounis Ait Menguellet et Djamel Allam, pour débattre sur un bon nombre de questions relative au festival de la musique et la chanson amazighes, le piratage, le rôle de L’office national des droits d’auteurs (ONDA), l’évolution de la chanson amazighe, qui feront dire à Djamel Allam dans sa communication dans les coulisse que "le plus’important c’est ce qui se déroule dans le festival surtout, avant la présence de Lounis et Djamel", ce qui laisse dire que l’événement se crée aussi avec des noms et des valeurs, mais sans jugement de valeurs, tant que la vie humaine, réside dans l’action au service du pays et de sa culture au delà des considérations secondaires. Au cours de ce festival, pas moins de 18 troupes sont venues des 13 wilayas qui ont participé à cette fête, ont pour objet la sélection des lauréats et l’animation culturelle et artistique dans le cadre de l’institutionnalisation du festival à Tamanrasset, qui sera désormais annuel, et qui nécessite des efforts sur tous les plans, notamment l’organisation et la mise en valeur des valeurs intrinsèque des artistes locaux, mais aussi la rencontre des différentes cultures et traditions du pays, ô combien importante sur le plan du développement socio culturel et économique selon les avis recueillis dans cette wilaya du grand sud algérien, d’où l’exemple salutaire de certains citoyens qui ont rendu leurs terre en véritable terre agricoles, qui change l’image du désert en terre fertile, d’où la richesse intellectuelle, culturelle, l’attachement à la terre, mais aussi et surtout l’amour du pays et de l’engagement pour servir au lieu de se servir. Sollicité à donner son point de vue sur la disponibilité de l’administration, un citoyen dira "plus on s’éloigne d’Alger, et plus la bureaucratie augmente".
Ce qui n’est pas faux, ni totalement juste, du moment que le rôle de l’homme est à toute construction et développement de la culture d’échange de connaissances et d’expérience, d’où l’importance du festival de la musique et de la chanson amazighes, qui fait valoir sienne a Tam.
En outre, un budget de 2,2 milliards de centime, a été accordé à cet événement culturel et artistique. Le gala de Lounis Aït Menguellet est prévu pour la soirée du 31 décembre 2008 au théâtre de Tamanrasset.
A.C.
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ENTRETIEN AVEC AIT-MENGUELLET
17/12/2008 04:28
Entretien avec Lounis Aït Menguellet“Je n’ai pas pour habitude de fabriquer des chansons”
En marge du spectacle qu’il a donné à l’occasion de la clôture du Festival arabo-africain de la danse folklorique, Lounis Aït Menguellet a bien voulu répondre à nos questions.
La Dépêche de Kabylie : Vous venez de clôturer le Festival arabo-africain de la danse folklorique, quelles sont vos premières impressions ?
Lounis Aït Menguellet : Eh bien, à ma grande honte, je dois dire que je n’ai pas assisté au festival (rire ndlr), je viens juste de rentrer. C’est donc à l’arrachée que j’ai pu faire ce gala de clôture du festival.
Cependant, j’ai demandé autour de moi et d’après aussi ce que j’ai vu aujourd’hui, je pense que le festival s’est bien déroulé.
J’ai rencontré de nombreux participants.
Franchement c’est une grande réussite, et on doit être reconnaissant envers les initiateurs et promoteurs de la manifestation.
Je rends à l’occasion un hommage particulier à M. Ould Ali pour tout ce qu’il fait à la tête du secteur de la culture à Tizi-Ouzou
Dans les spectacles que vous donnez, on constate que vous avez réussi à jeter des ponts entre les générations, toujours le même accueil, la même faveur populaire vous est réservée, votre sentiment...
C’est un plaisir ! Un sentiment de ne pas être inutile. Quand je vois tant de gens venir, c’est ma véritable récompense et donc c’est un plaisir qui se renouvelle tous les jours.
Je souhaite que ça dure le plus longtemps possible, nos spectacles sont souvent une communion qui se crée avec le public.
Justement quel est le secret de cette communion ?
Il n y a pas de secret ! Tout simplement on a appris à s’apprécier.
La cerise sur le gâteau est pour moi quand je vois les jeunes venir nous écouter et ainsi assurer une certaine relève.
Certains viennent me dire que c’est leurs parents qui leur ont appris à aimer mes chansons cela me fait énormément plaisir.
Peut-on écouter prochainement le nouveau produit de Lounis?
Du nouveau, je n’en ai pas encore, je n’ai pas pour habitude de fabriquer des chansons, j’attends qu’elles viennent.
Je peux dire qu’en 40 ans de carrière je n’ai jamais été malhonnête avec mon public. Si le public attend du nouveau qu’il sache que moi je l’attends aussi.
Un message pour la jeunesse actuelle ?
Moi je fais confiance à la jeunesse, qu’ils soient conscients, à différents niveaux bien sûr.
Revenons au festival, pensez-vous qu’il pourra apporter quelque chose au secteur de la culture ?
Déjà le fait de s’être produit est positif en soi, maintenant les répercussions, elles ne peuvent être que positives.
Quel est le constat que fait Lounis sur les états des lieux de la chanson engagée ?
Je dirai de la chanson en général qu’il y a du bon, du moins bon, je ne suis pas d’accord avec ceux qui disent de la chanson qu’elle est finie, qu’elle se dégrade, non il y a de très bons jeunes chanteurs qui émergent...
Qu’en est-il de la chanson engagée ?
Il est difficile de parler d’engagement. Moi je considère que déjà, chanter c’est s’engager, c’est un engagement en soi, lorsqu’il y avait un engagement spécifique, ce n’était plus facile de parler de la chanson engagée, mais dans la situation actuelle elle a pris, disons une couleur différente...
Laquelle ?
C’est beaucoup plus social que politique.
Ne trouvez-vous pas que votre public se reconnaît toujours dans votre engagement politique même si le contexte n’est pas le même ?
Oui à chaque fois que le public applaudit une de mes chansons, je ne dis rien, c’est un public qui a de la mémoire, même si les faits ne sont plus les mêmes que ceux des années 80, se rappeler est une très bonne chose.
Entretien réalisé par A. Z.
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Aït Menguellet ou la lucidité inquiète
17/12/2008 04:05
Quoi de nouveau sous le soleil ?
Interrogé au cours de ses dernières apparitions en public sur un éventuel produit artistique qu’il couverait dans ses carnets, Aït Menguellet répond simplement qu’il n’est pas encore inspiré. Une réponse simple au contenu complexe, et pour cause. Être inspiré, recevoir une ‘’révélation’’ de l’intérieur de soi, n’a visiblement rien à voir avec le jeu des anagrammes ou du scrabble.
Plus que des mots à aligner et des prépositions à installer pour les mettre en relation, Aït Menguellet nous a habitués à l’exploration de nous-mêmes pour faire l’aventure intérieure. Il dit pour nous les inquiétudes de l’être et du monde face à une réalité en perpétuelle métamorphose.
Le dernier produit d’Aït Menguellet remonte à 2005. La profondeur et la portée de Innad Umghar semblent venir couronner un parcours, une réflexion et une méthode. Dans un premier travail, nous situons au moins trois poèmes dans le champ d’investigation sur lequel nous nous sommes engagés jusqu’ici, à savoir la réflexion philosophique sur l’être et le monde. D’abord, les deux chansons qui justifient le titre même de l’album : Amghar azemni mi t id nesteqsa et Maci di tesleb ddunit, ensuite Tekkerd sbah gher ceghlik. Cette dernière traite de la fuite du temps, du déroulement d’une vie faite de labeur et de simplicité à la manière de pauvre Martin de Brassens immortalisé en kabyle par Mohia dans Amuh n’Muh wwet aqabac. C’est un thème qui a fait l’objet de profondes études menées par des philosophes comme Bergson et par des écrivains dans leurs œuvres de fiction et dont la plus importante sans doute est Le désert des Tartares écrite par Buzzati. Baudelaire, dans son poème L’Horloge, traduit parfaitement ce sentiment de la fuite du temps en nous jetant dans l’absurde d’où sont exclues hypocrisie et illusions.
Les deux poèmes qui font intervenir, dans un dialogue, le peuple qui constate l’âpreté et le flou de la vie actuelle, et le vieux sage qui répond que “cela a été toujours ainsi’’, constituent la substantifique moelle d’une pensée qui, en ces temps de médiocrité et de mépris, se veut vigoureuse, vigilante et, de surcroît, esthétiquement éthérée et haute en couleurs. Même si, comme le soutient un penseur, tout a été dit par le passé, y compris, pouvons-nous ajouter, dans la culture kabyle, le plus important pour
la société-qui, en fin de compte ne fait qu’écrire le même livre depuis toujours- est la nouvelle formulation, l’appréhension personnelle que fait le poète des problèmes de toujours, la nouvelle esthétique qui prend en charge tous ces questionnements et ces observations.
Démence du monde
Pour revenir au dialogue établi par Lounis entre la société et le vieux patriarche, il importe de dire qu’il touche à tous les aspects de la vie : cognitif, social, politique, individuel,…
" Le monde n’es-il pas pris de démence ?
L’erreur surpasse la rectitude ;
Où s’arrêtera la tragédie
Lorsque des hommes en arrivent à tuer leurs semblables ?
Le ciel même a subi un changement ;
Nous l’apprîmes de ceux qui se souviennent encore.
Vieux, nous voulons savoir
Ce qui aujourd’hui est en train de voir le jour.
Nous voyons le temps comment il est bâti ;
Démoli, nulle trace de lui.
Ce que nous estimons être bon,
On nous ordonne de l’abandonner, car ‘’altéré.’’
Les interrogations de l’ ‘’assemblée’’ continuent en citant tous les travers, incompréhensions et impasses qui se dessinent devant les horizons des hommes. La justice? Elle est chassée et remplacée par l’arbitraire. Le pauvre ? Il subit son sort dans le silence et l’indifférence des riches. L’amour? L’âge mûr l’a éloigné des horizons même si, paradoxalement, on en rêve toujours. La santé ? Elle est malmenée par les épreuves et les vicissitudes de la vie.
" A chaque fois que nous nous lavons,
Nous reprenons nos saletés.
Comment voulez-vous qu’il vous écoute,
Celui qui a subi un lavage de cerveau ?
(…) Vieux, nous voulons savoir
Ce qui aujourd’hui est en train de voir le jour. "
Dans l’erreur, ils continuent leur chemin
Les réponses du patriarche sont trempées dans la sagesse ancestrale, qui ne se fait pas trop d’illusions sur le monde, le sort de l’humanité, les destins individuel et collectif. La même course du soleil, la même terre supportant les hommes, les mêmes problèmes qui se posent à l’humanité depuis qu’elle existe. ‘’Vanité des vanités, tout est vanité !’’ dit l’Ecclésiaste, en ajoutant que ‘’il n’y a rien de nouveau sous le soleil’’, citation que Lounis reprend dans une interview. Les problèmes se déplacent, se transforment, prennent d’autres aspects ; mais, ils ne disparaissent jamais. C’est, sans doute la raison pour laquelle on a imaginé le péché originel. A la recherche éperdue de bonheur, l’homme mourra sans en avoir connu la teneur. C’est le désir de l’absolu. Ce bonheur existe-il seulement ? Tchekhov nous apprend que le bonheur n’existe pas, seul existe le désir d’y parvenir. A moins que cela soit, comme le suggère le philosophe Alain, de petits instants fugaces que peu d’hommes savent happer dans la foulées des épreuves et de la démence du monde. Dans sa réponse, le patriarche avance :
"Ce qui advient, même si c’est d’une autre façon,
C’est déjà produit jadis.
Rien de nouveau n’a eu lieu.
Le toit du ciel recouvre la terre ;
Il la regarde depuis qu’elle est là.
Il observe les jours qui font les siècles.
Il sait ce qui est déjà arrivé et ce qui arrive.
Il a vu des hommes tuer leurs semblables,
Et ceux qui, dans l’erreur, continuent leur chemin.
(…) La justice est une parole en l’air ;
Un membre forcé de la famille.
L’arbitraire a toujours mené le monde.
Lorsqu’il a pris place parmi vous,
Il est bien sustenté par la peur ".
Dans un éternel recommencement, l’humanité retombe dans les mêmes travers, n’arrive pas à faire émerger ni encore moins à faire régner la justice, le bonheur et le bon sens.
" Ceux qui aspirent à la paix,
N’en trouvent nulle trace.
Ceux qui en jouissent,
N’en connaissent pas la valeur. "
Retrouvant ses excellentes tournures qui expriment la dialectique de la nature, Aït Menguellet nous replonge dans une sorte d’aporie grecque où l’effet et la cause se mêlent pour créer une situation d’absurdité indépassable :
" Avec de l’eau propre, tu t’en vas te laver.
L’eau sera salie, et tes mains seront nettoyées.
Vous salissez ceux qui vous souhaitent propreté.
Vous lâchez la bride de ceux qui sont tordus. "
Nous retrouvons évidemment dans les anciennes chansons de Lounis ces exemples de métaphores où les contraires se nourrissent les uns les autres en donnant lieu à des situations d’apparence absurde.
" Sans doute que c’est le couteau qui nous a égorgés
Qui pourra nous faire relever " (1989)
" Celui qui a bien vu a fini par dire :
Pourquoi le soleil a dévoré l’eau,
Et l’eau a voilé le soleil "
in album Awal 1994.
En abordant des thèmes aussi profonds, et qui réellement constituent une continuité de la réflexion de l’auteur depuis une trentaine d’années, Lounis Aït Menguellet projette incontestablement la poésie kabyle dans l’arène de l’universalité la plus raffinée. C’est, assurément, en partant de l’héritage culturel kabyle- que Mouloud Mammeri place dans le panthéon de la pensée humaine- que Lounis a su donner une autre dimension à cette littérature qui rejoint aujourd’hui, dans ce qu’elle a de plus profond et de plus fondamental, la grande littérature mondiale. Le théâtre de Samuel Becket, ‘’Le Mythe de Sisyphe’’ de Camus, La Conversation de Claude Mauriac et les romans de Kafka ne sont pas les seules œuvres de l’expression du sentiment de l’absurde. Il faut ajouter à ce panel une forme rare de la formulation de cette catégorie philosophique : la poésie d’Aït Menguellet. Car, en poésie, seul Baudelaire a pu dire de la façon la plus pertinente les sentiments de la déchéance de l’homme, du sens équivoque des choses et du non-sens de la vie. " C’et le privilège splendide des poètes que de savoir parer de rythmes la prose des jours et exalter l’action des prestiges de la parole ", disait Mouloud Mammeri.
Amar Naït Messaoud
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LE CISELEUR DE VERS - LOUNIS AIT-MENGUELLET
16/12/2008 03:30
Il est plus enraciné que jamais dans les tréfonds de son pays. Le chanteur et poète Lounis Aït Menguellet est différent des autres artistes, nombreux, qui sont complètement déracinés et dont certains marchandent même leur personnalité et l’image du pays uniquement pour se faire offrir un titre de séjour dans l’Hexagone.
vendredi 3 septembre 2004.
Lounis Aït Menguellet reste l’inamovible interprète des rêves et le traducteur fidèle des réalités et du vécu de ses auditeurs.
L’ailleurs pour lui, c’est ici ; ce sont sa culture, sa langue, sa personnalité identitaire, et sa terre. Lors d’une tournée en France, raconte-t-il, une journaliste du Monde venue l’interviewer lui demande pourquoi il ne chantait pas en français. « J’ai ma propre langue madame ! » , lui répond-il. « Pourquoi êtes-vous en France alors ? », questionna-t-elle, encore. Lounis, solidement attaché à son pays et à sa culture, lui répond : « En France, j’ai un important public, et c’est pour lui que je suis là. Autrement , j’aurais visité la tour Eiffel et je serais rentré dans mon pays. » Les répliques étaient telles que la journaliste n’a pas publié l’interview, témoigne-t-il encore.
Après 37 ans de carrière, plus de 200 chansons produites et une notoriété bien établie, Lounis est toujours resté ce campagnard fier, ce montagnard au fort caractère, coulant des jours paisibles dans son village, Ighil Bouamas (Tizi Ouzou). « La vie au village n’est pas aussi ennuyeuse qu’on le pense. Le village où l’on est né présente des attraits que d’autres personnes ne peuvent pas voir. Le fait de me réveiller le matin et de voir la même montagne depuis que je suis né m’apporte toujours quelque chose. » De l’inspiration, de la réflexion, de la méditation, certainement. Et du recul par rapport à une actualité pressante, harcelante. La fin des années 1990 et le début de ce millénaire, il les a vécus dans la douleur. Des articles de presse enflammés contre sa personne, une regrettable diatribe avec le regretté chanteur Matoub Lounès, une invitation à controverse à la campagne du président Bouteflika en septembre 1999 ont meublé ses jours, lui, qui défend sa liberté de « vivre en homme à part entière », de mener sa vie de poète, et de créateur à l’écoute des pulsions de sa société, loin des considérations temporelles et des alliances conjoncturelles.
Lounis Aït Menguellet est tellement simple, entier et sans calculs qu’il ne songe jamais qu’il y a des pièges tendus et des plans à déjouer. Il ne laisse pas indifférent tant il impose le respect et que sa parole porte toujours, car il est demeuré invariablement lié à son entourage, à sa société, à son pays. Son incarcération en 1985 pour une sordide histoire de « détention d’armes de guerre » a duré 6 mois. Durant les années 1991 et 1992, dans un élan humanitaire et social, il organise des galas pour collecter des fonds pour la construction de châteaux d’eau à Ibarbachen (Barbacha), dans la région de Béjaïa. Généreuse initiative que nul artiste n’a songé à mettre en œuvre. Mais, au visionnaire, il est reproché paradoxalement son « manque d’engagement ».
« Sensible aux sensibilités » Pour Lounis Aït Menguellet, les manifestations publiques « sont devenues tendancieuses. Dans le royaume de l’étiquetage et du catalogage », il ne peut s’empêcher d’éviter les colleurs d’étiquettes. Il s’explique : « Je suis sensible aux problèmes des gens et du pays, je suis également sensible aux sensibilités, mais sans que l’on soit catalogué. Car il arrive toujours qu’on vous reproche votre présence dans une manifestation et non pas dans une autre, parce que tout simplement, c’est tendancieux. » Le poète est libre de ses pensées, des dires. Ne s’empêche-t-il pas alors, tout en reconnaissant « les capacités extraordinaires » de son peuple, de débiter des vérités amères sur le même peuple.
La chanson Ayaqbayli est une pièce de l’histoire moderne du pays, une critique des féodalités, une dénonciation de l’aliénation culturelle et des rivalités dévastatrices. Beaucoup d’amertumes et de désillusions après un combat inachevé. Chaâlat agh tafath (éclairez-nous), s’était-il écrié, il y a plusieurs années. Le plus grand auteur algérien, Kateb Yacine, dans la préface à l’ouvrage Aït Menguellet chante de Tassadit Yacine, a écrit : « Incontestablement, Aït Menguellet est aujourd’hui notre plus grand poète. Lorsqu’il chante, que ce soit en Algérie ou dans l’émigration, c’est lui qui rassemble le plus large public : des foules frémissantes, des foules qui font peur aux forces de répression, ce qui lui a valu les provocations policières, les brimades, la prison. Il va droit au cœur, il touche, il bouleverse, il fustige les indifférents. » Observateur averti, il énonce des réalités et dénonce des injustices. Tout en posant des questions sur l’avenir, il se remet en question et interpelle les consciences. Le visionnaire n’a pas été écouté et l’on ramasse aujourd’hui les morceaux d’un édifice écroulé. L’illusoire union tant chantée s’est aujourd’hui effilochée.
Dans une Kabylie hyperpolitisée, Lounis , malgré lui, et grâce à sa stature, est un élément nodal. A travers lui seul, une lecture de son œuvre, l’on peut avoir le déroulé de la scène politique dans la région de Kabylie des deux dernières décennies ; les avancées, les stagnations et les régressions. Il récolte, néanmoins, abondamment de reproches. « Il essaie de se mettre toujours au-dessus de la mêlée », dit-on. Il dérange. N’est-ce pas sa raison d’être ? Aujourd’hui, le poète, n’a-t-il pas raison, au moment où « les agitateurs politiques » n’ont pas fait leur mea culpa. Pourtant, l’échec est patent. Il est loin le temps où il faisait sa formation en ébénisterie à Alger, une ville dans laquelle il était quasiment « honni » de s’exprimer en kabyle. Premières amères expériences d’un déni linguistique.
Retrait de la scène en 1991 C’était dans les années 1960. En 1991, après avoir atteint le firmament de la gloire, il songea carrément à se retirer de la scène. Dans un entretien publié en 1991 dans le n°1 de la revue Tinhinan (qui a cessé de paraître depuis), Aït Menguellet justifiait son intention d’arrêter de chanter : « Quand on commence à chanter, c’est parce qu’on a envie de s’exprimer. Par la suite, arrive un moment où cette envie devient un devoir. (...) La chanson s’est avérée une arme terrible, car elle a contribué à changer les choses. Je ne sais pas si je suis arrivé à apporter ma petite contribution mais je sais pertinemment que je l’ai fait en toute sincérité. A un certain tournant de l’histoire, on est quandmême parvenus à un résultat. Les choses ont changé. Je me suis dit que j’avais eu assez de leçons par le passé. Des gens avaient chanté avant moi, avaient été portés aux nues, adulés et puis d’un seul coup, ils ont été oubliés parce qu’ils n’ont pas su s’arrêter au bon moment. Je ne voudrais pas vivre le même cheminement. » L’ouverture démocratique du début des années 1990 a été indirectement un coup d’assommoir à la chanson contestataire tous azimuts ; des chanteurs sont oubliés et d’autres se sont fait oublier. Mais Lounis Aït Menguellet n’est pas uniquement chanteur ; il est surtout poète. C’est pour cette raison qu’il est toujours là, plus de 10 ans après ces déclarations.
Toujours porteur d’espoir Aujourd’hui, à 54 ans, autant certains de ses titres sont d’un pessimisme débordant, autant l’artiste est toujours porteur d’espoir. Les cinq ans d’absence de la scène (de 1999 à 2004) ne l’ont pas coupé de son public. Il a eu à le vérifier le mois de juin dernier lors de sa production à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou. Pour beaucoup de ses fans, c’était un virage difficile à prendre pour reprendre la ligne droite. Celle qu’il a tracée en commun avec son public. Les cinq années de rupture sont longues et pouvaient semer le doute dans les esprits d’un public sevré de spectacles, meurtri par la répression policière puis avachi par des déchirements fratricides. Cinq galas, l’un après l’autre, tous semblables ; qualité de l’auditoire, prestations de l’artiste et sentiment de satisfaction renouvelé et partagé. Belaïd, gérant des éditions musicales Izem, qui a apporté sa touche aux spectacles de Lounis Aït Menguellet, s’exclame : « Ce qui fait énormément plaisir, c’est la présence de jeunes de moins de 20 ans dans la salle. Cela prouve que la chanson à textes est toujours vivante. » Lounis Aït Menguellet, que nous avons suivi dans sa loge, est concentré, mais visiblement heureux. Il n’en demandait pas tant. Nous ne savions pas si l’on pouvait lui poser des questions au risque de le perturber.
Celui que l’on présente comme un personnage austère et inaccessible est finalement très modeste et très courtois. La surprise a été agréable. Il livre ses sentiments sur son come-back. « C’est extraordinaire ! La réaction du public m’a aidé et il n’y a pas eu réellement de perte de repères. C’est comme si mon dernier gala remonte à la semaine dernière. Il y a toujours de la constance dans le comportement du public. » Dans sa loge, des bouteilles d’eau sont déposées sur le sol, des thermos à café et des fruits sont posés dans un coin de la pièce. Le repas est toujours léger. Avant de monter sur scène, un chanteur amateur se produisait. Au bout de la troisième chanson, Lounis se lève et se rapproche de la scène. Il demande toujours à ses accompagnateurs qui veillent « à sa récupération et à son repos » l’état de l’ambiance dans la salle. C’est un rituel. Histoire de prendre la température de cette atmosphère joyeuse et festive. Il est crispé ; il a toujours le trac avant d’entrer sur scène, avoue-t-il. Le répertoire qu’il a proposé à ses spectateurs est tout un programme. Expression plutôt de ses perceptions des choses, ses appréhensions, ses espoirs et sa détermination à refléter les aspirations des siens. Sur scène, des décors nouveaux sont plantés ; des banderoles portant des extraits de ses chansons sont accrochées. Ahkim ur nsaa ara ahkim (pouvoir sans contre-pouvoir), Idul sanga anruh, (le chemin est long) Nekni swarach n ldzayer (nous, les enfants d’Algérie).
Aït Menguellet a délibérément choisi de chanter ces poèmes, plus longs et plus composés, comme une invite au public à une lecture et au sens. Aigri par la situation sociale et politique du pays, Lounis puise de moins en moins dans son répertoire de chansons sentimentales qui ont caractérisé ses débuts. Chanteur à textes, Lounis Aït Menguellet n’en n’a pas moins introduit une recherche musicale depuis que son fils Djaâffar, musicien, fait partie de son orchestre qui ne dépasse pas quatre membres (deux percussionnistes, un guitariste et son fils qui joue au synthétiseur et à la flûte).
Si Lounis écrit des vers et compose des airs, il parle peu. Son public l’admire. Il a besoin d’artistes comme lui, tout comme le ciel a besoin des étoiles. Aït Menguellet l’a si bien chanté.
Parcours Lounis Aït Menguellet est né le 17 janvier 1954 à Ighil Bouammas où il vit toujours. Il est père de six enfants. Il a fait ses études en ébénisterie à Alger dans les années 1960. Ses premiers pas dans la chanson, il les fit à l’âge de 17 ans dans l’émission « Ighanayen ouzekka » (chanteurs de demain), une émission radiophonique (Chaîne II) animée par l’artiste Chérif Kheddam. Ce n’est qu’en 1973, après son service militaire qu’il effectua à Blida et à Constantine, qu’il se consacra profondément à la chanson. Lounis dit qu’il est incapable de donner le nombre exact de ses chansons, qui avoisinent les 200 titres. Lounis est son prénom de tous les jours (donné par sa grand-mère avant même sa naissance). A l’état civil, son oncle l’enregistre sous le prénom Abdennebi.
En 1985, dans le sillage de la création de la Ligue des droits de l’homme et l’arrestation de ses éléments, il est également arrêté pour une histoire montée de détention d’armes à feu. Il était pourtant connu pour être un collectionneur d’anciennes armes ayant servi durant la guerre de Libération. Il fera quand même six mois de prison.
La carrière de Lounis Aït Menguellet peut être scindée en deux parties selon les thèmes traités : la première, sentimentale de ses débuts, où les chansons sont plus courtes et la seconde, politique et philosophique, caractérisée par des chansons plus longues et qui demandent une interprétation et une lecture des textes. De nombreux ouvrages et études ont été consacrés à son œuvre en tamazight, en arabe et en français.
Par Saïd Gada, El Watan
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AIT-MENGUELLET - AATTAR
05/12/2008 04:26
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LOUNIS ET BEN AU RESTAURANT "LE THASSAFT"
04/12/2008 02:58
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