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LA KABYLIE
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LA KABYLIE

VIP-Blog de t-ould-hamouda
archi_yves@yahoo.ca

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  • Créé le : 15/09/2008 03:13
    Modifié : 12/08/2013 15:11

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    MUSTAPHA BACHA - HOMMAGE DE FERHAT MÉHENNI

    11/09/2009 14:37

    MUSTAPHA BACHA - HOMMAGE DE FERHAT MÉHENNI


    Mustapha Bacha, 15 ans déjà

     

    Azul

    Il y a 15 ans, Mustapha BACHA, alors numéro deux du RCD était terrassé par un malaise cardiaque. C’est une lettre adressée à sa fille qu’en tant que compagnon de lutte je me sens le devoir de rédiger pour mémoire.

    Amitiés

    Ferhat Mehenni

     

     

    Hommage

    Lettre à Sabrina, par Ferhat Mehenni

    MUSTAPHA BACHA

    Lettre à Sabrina

    Par Ferhat MEHENNI

    Chère Sabrina !

    Je devine, pour l’avoir vécue comme toi durant mon enfance, ta frustration de n’avoir pu grandir aux côtés de ton père par la faute de la Faucheuse qui s’était éprise de son cœur alors qu’il n’avait que 40 ans. Du coup, elle t’a privée de l’affection et de la tendresse paternelles pour le reste de ta vie.

    Quand on vient te rappeler, à la manière de ces lignes, que tu avais pour père un homme de la trempe de Mustapha Bacha, un héros de légende, je comprends qu’à chaque fois que l’on évoque son nom devant toi, un sentiment de fierté t’envahit, souvent mêlé d’une ineffable tristesse.

    Ton regard en porte à jamais l’empreinte. Plus tard, face aux épreuves du temps, tu sauras puiser au plus profond de ton âme sa force de caractère, l’un des rares héritages qu’il t’ait vraiment transmis. Avant que tu ne viennes au monde, il n’avait pour richesses que ses convictions et ses capacités d’analyse politique, ses dons d’orateur et ses compétences d’organisateur ; bref, sa carrure d’homme politique et de meneur d’hommes.

    C’était à la veille de la marche que nous projetions de faire le 07 avril 1980 à Alger, moins de deux semaines avant la date historique du « printemps berbère » que j’eus le privilège de le rencontrer vers 23h30. Mon ami Arezki Ait Larbi qui avait sollicité une réunion du comité de la cité universitaire de Ben Aknoun dont Mustapha Bacha était le membre le plus influent, revenait de la séance abattu. Je l’attendais dans une voiture que m’avait prêtée un ami, Mohand Ouzzefoun. « L’Ancien, il n’y a que toi qui puisses renverser la vapeur et les décider à participer à la marche ! » C’est ainsi qu’il m’accompagna à la salle de réunion où un comité de six personnes siégeait. C’était un jeune homme brun aux cheveux raides et à la mèche rebelle souvent retombant sur ses yeux, un tantinet corpulent, qui était mon principal interlocuteur. C’était ton père. En très peu de temps et grâce à lui, j’eus le feu vert de la participation du comité à la première marche politique organisée à Alger contre le régime en place et son parti unique. Il connut ainsi sa première arrestation le 7 avril 1980 vers 10h30. Ce n’était qu’un début, un baptême de feu pour lui comme pour des dizaines d’autres militants de ce qui allait être désigné comme étant la « cause amazighe ». Il fut relâché le jour-même entre 20heures et 22heures, après son premier interrogatoire au commissariat central d’Alger. Au lieu qu’il en fusse intimidé, cela lui avait donné davantage de force pour relancer la solidarité de l’université d’Alger avec celle de Tizi-Ouzou qui était en grève depuis l’interdiction d’une conférence que devait y animer Mouloud Mammeri, un immense écrivain de chez nous, le 9 mars 1980. Il tenait chaque jour une assemblée générale devant la bibliothèque universitaire d’Alger, tout comme il montait de temps en temps à la faculté de droit à Ben Aknoun pour haranguer ses camarades et narguer la nuée de policiers qui venaient, tels des paparazzis du verbe, voler tout visage et tout propos qui étaient contre le pouvoir algérien. Il était fiché au département des opposants au régime sous l’étiquette de « berbéro-materialiste ». Oui, matérialiste, cela voulait dire qu’il avait pour méthode d’approche le matérialisme marxiste. Ton père était alors de gauche, je dirais même de l’extrême gauche. Lorsqu’il fut arrêté pour la deuxième fois le 22 avril de la même année, il avait assumé son appartenance aux GCR (Groupes Communistes Révolutionnaires), un groupe trotskiste de l’époque et était incarcéré à Berrouaghia où il faisait partie des 24 détenus du printemps berbère 1980. Après leur remise en liberté provisoire, qui était en fait une simple libération non assumée comme telle par les dirigeants d’alors, nous nous étions revus à un de mes concerts tenus au Théâtre National d’Alger fin juillet pour m’inviter, comme d’autres amis l’avaient fait avant lui, à participer au Séminaire d’Yakouren qui allait se dérouler du 02 au 16/08/80. Nous fréquentions des clans politiques différents mais j’avais l’avantage aux yeux de ton père d’être, en ces temps-là, un « marxisant » dans une groupe qui ne l’était nullement. Nous n’avions pas eu à nous affronter. Chacun avait alors l’intelligence de passer l’essentiel avant l’accessoire et les querelles de chapelles étaient reléguées au second plan. Il n’était vraiment fâché contre moi que 3 ou 4 ans plus tard, lorsqu’il apprit que j’avais dit dans un débat à l’université de Tizi-Ouzou que « ne pas être marxiste à 18 ans, c’est ne pas avoir de cœur, le demeurer à 30 ans c’est ne pas avoir de tête ! ». Entre temps il avait de nouveau été arrêté le 19 mai 1981 avec une autre vingtaine de camarades à l’occasion de la journée nationale de l’étudiant et fut condamné en appel à huit mois de prison ferme par Leïla Aslaoui qui, après la démocratisation du pays, se présentait comme une ministre « républicaine ». C’est surprenant combien les femmes et les hommes du pouvoir algérien sont capables de tourner mille fois casaque sans rougir !

    C’est à la création du RCD que nous eûmes la chance de nous côtoyer de manière quotidienne. C’était Faredj Mahiou, l’un de ses meilleurs amis en 1988, qui avait fait la jonction entre lui et nous, le noyau dur du MCB d’alors. Il était ainsi l’un des quatre fondateurs du RCD dont il était devenu le Secrétaire national à l’organique jusqu’au 09/08/94 date de son fatal infarctus. EN 1988 il travaillait à l’Eniem, une entreprise publique d’électroménager située à ce jour à Oued Aissi, à quelques 10 km à l’Est de Tizi-Ouzou et y animait aussi des activités syndicales avec Ahmed Haddag. Il avait quitté ses fonctions administratives dès que le parti était en mesure de lui assurer un salaire, même inférieur à ses émoluments d’avant. Il entreprit alors un formidable travail de formation des jeunes cadres du RCD et leur apprit à se battre et affronter l’adversité y compris la plus intenable. Je me souviens de nos efforts conjoints pour ré-imposer le RCD sur l’échiquier du MCB qui n’était plus qu’un instrument au service exclusif du FFS depuis la création de notre parti et surtout depuis notre bourde de nous opposer à la marche du 25 janvier 1990. C’était donc vers fin janvier 1992 que nous réintégrâmes notre place naturelle au sein de ce mouvement dont les principaux animateurs ne savaient plus comment réagir à notre présence. A deux, avec la moitié de la salle qui nous était acquise, nous avions sauvé, pour la première fois, l’honneur du Rassemblement en Kabylie en imposant une résolution qui reprit autant les mots d’ordre du FFS que ceux du RCD. Nous ne savions pas tous les deux que nous étions en train d’approfondir la fracture entre Kabyles en agissant de la manière dont nous l’avions fait. Les uns et les autres, FFS et RCD, et à notre insu, nous faisions le jeu du pouvoir qui n’espérait pas meilleure situation pour lui que celle d’arbitre entre Kabyles que nous lui offrions et qui d’ailleurs continue à ce jour d’être offerte par les deux structures citées et par les Archs « dialoguistes » d’aujourd’hui. Tout un chacun estimait et continue de croire de son côté que ce combat fratricide engageait son honneur personnel alors qu’il compromet celui de toute notre région et de générations entières de notre glorieux et grand peuple kabyle.

    C’était dans les rangs du parti qu’il avait rencontré celle qui allait faire son bonheur et lui donner une fille aussi belle que toi. Tu es le meilleur fruit de cet amour militant.

    Un mois et dix jours avant sa mort Mustapha Bacha était à la tête de la marche dite des « démocrates » alors qu’elle n’était que celle du RCD dont le plus haut responsable voulait squatter la date anniversaire de l’assassinat du Président Boudiaf pour s’imposer comme seul leader des « démocrates » en Algérie face aux « réconciliateurs » dont faisait partie bien sûr le FFS. Personnellement j’avais refusé de prendre part physiquement à cette irresponsable initiative qui s’était terminée dans le sang. Deux bombes « artisanales » avaient éclaté à la tête du cortège et malgré la gravité de la situation et les risques qu’il y avait à continuer la marche ton père, selon ceux qui y étaient sur place, galvanisa la foule des rescapés et dévia la procession vers le siège du RCD à Alger alors qu’elle devait se rendre à la présidence de la république. Une fois rentré chez lui à Tizi-Ouzou, il médita sur cet événement et décida de ne plus mettre le pied dehors. Pourquoi ? Avait-il conclu que c’était lui qui était visé par les attentats du 29 juin 1994 ? En tous les cas, il ne décida de sortir que le jour où, apprenant que j’étais au Bureau Régional du RCD, fraîchement arrivé de France où je me trouvais depuis plus d’un mois, il vînt me rendre visite. Il m’entraînas tout de suite vers un bureau vide et me lança cette phrase qui me laissa abasourdi : « L’Ancien, tu ne peux pas savoir à quelle décevante conclusion je suis arrivé ! » Devant mon étonnement, il ajouta, « Je me suis rendu compte que nous nous sommes trompés et de moyens politiques et de moyens humains ! ». N’ayant pas montré suffisamment d’intérêt sur le champ à cette affirmation gravissime, il m’abandonna sur mon siège. Vers le 29 juillet, il vint me voir pour me dire qu’on venait de lui proposer de prendre la Direction du RCD pour que son secrétaire général puisse s’occuper de celle du MPR (Mouvement pour la République), une structure parallèle créée en novembre 1993. Nous nous revîmes une dernière fois, le 04 août au siège communal du RCD à Tizi-Ouzou, dans une réunion du MCB à l’issue de laquelle j’étais élu président de la Coordination Nationale que j’avais créée le 4 avril 1993. L’annonce de sa mort était pour moi d’une violence inouïe. Tôt le matin du 09/08/1994, on me téléphona pour m’apprendre sa mort. « Qui l’a tué ? » répondis-je surpris, croyant qu’on venait de l’abattre ! Nous étions à l’époque où de nombreux assassinats politiques, officiellement attribués aux GIA (Groupes Islamiques Armés) étaient quotidiennement perpétrés. Je n’arrivais pas à croire que c’était son cœur qui venait de le lâcher.

    C’est par devoir de mémoire que j’ai fouillé dans mon passé ces quelques bribes, de la vie de ton géniteur, accrochées encore à mes neurones, en espérant que cela t’aiderait à te construire une image aussi proche que positive de ton père. Ta mère m’en avait fait la demande depuis quelques années déjà.

    Je m’étais exécuté de bonne grâce sans pour autant avoir eu l’occasion de lui remettre mon témoignage que j’avais fini par perdre, faute de numéro où je pouvais la joindre. C’est ainsi que j’ai saisi la date anniversaire du départ de ce géant du militantisme amazighe, là où nous le rejoindrons tous un jour, pour t’écrire cette lettre ouverte en espérant qu’elle réponde à tes attentes et à celles de tes grands parents et tes nombreux tantes et oncles. La vie n’a pas été tendre avec toi, durant ta plus tendre enfance. Je formule le vœu qu’elle devienne plus généreuse, les années à venir. Affectueusement.

    Azazga, le 08/09/05






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