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LA KABYLIE
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LA KABYLIE

VIP-Blog de t-ould-hamouda
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  • Créé le : 15/09/2008 03:13
    Modifié : 12/08/2013 15:11

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    Interview de Ferhat Mehenni par le journal Amenzu de l’ACBB

    23/10/2008 19:59

    Interview de Ferhat Mehenni par le journal Amenzu de l’ACBB


    25e anniversaire du Printemps berbère

    Interview de Ferhat Mehenni par le journal Amenzu de l’ACBB

    dimanche 10 avril 2005


    1) Amenzu : Qui est Ferhat ? Présente- toi aux lecteurs d’Amenzu et aux bretons.

    Ferhat : Il m’est toujours difficile de me présenter. Par pudeur et par gêne morale. Il me semble que ce que l’on attend de moi dans de pareilles circonstances c’est de louer les qualités d’une marchandise que je refuse d’être. Je m’en remets toujours aux autres pour donner l’image qu’ils ont de moi. Par rapport au mien, leur regard me parait souvent plus fiable y compris lorsqu’il est méchant ou complaisant. Mais pour sacrifier à ce rituel d’ « Amenzu » disons que j’ai cinquante quatre ans dont plus de trente consentis au service de la cause identitaire et culturelle berbère à travers la chanson ou le militantisme sur le terrain. Leur facture est toutefois assez lourde : douze arrestations du temps du parti unique, la torture subie sous les ordres de l’actuel général Smaïn LAMARI en avril 80, un nez cassé par les matons de la prison de Tazoult-Lembèse le 2 janvier 1986, des tentatives d’assassinats au début des années 90 … Pourtant c’est l’assassinat de mon fils aîné Ameziane, le 19 juin 2004 à Paris dont je ressens le plus la cruauté puisque tout le monde suppose qu’il a été tué pour me faire payer mes positions politiques. Pour autant, pas plus que les premières épreuves n’avaient pu entamer ma détermination, pas plus qu’aujourd’hui ou demain le cours de l’Histoire ne sera infléchi par des assassins qui par leurs actes ignobles espèrent arrêter la marche du peuple kabyle vers sa liberté. J’ai à mon actif de chanteur six albums dont le dernier dédié à la Kabylie est paru fin 2002, à celui de militant plusieurs organisations et à celui d’écrivain, un livre « Algérie : la question kabyle » paru en 2004 aux Editions MICHALON.

    2) Amenzu :Quel regard portes-tu sur la chanson kabyle actuelle ?

    Ferhat : Mon regard sur la chanson kabyle actuelle peut sembler exagéré ou intéressé. Il est vrai que notre chanson évolue en dents de scie mais cela ne doit pas remettre en cause les progrès qu’elle a accomplis et la beauté qui est la sienne. Personnellement c’est en elle que je puise mes réconforts, que j’accompagne mes états d’âme pour mieux repartir à la conquête de la vie. Ses mélodies, ses sonorités, ses rythmes m’ont toujours soutenu dans la joie, le chagrin ou la douleur. Je l’aime simplement et je suis sûr qu’elle a un bel avenir devant elle.

    3) Amenzu :Quels sont tes projets dans ce domaine ?

    Ferhat : J’ai quatre livres en préparation, un cd pour la fin de l’année 2005 et des conférences ici et là sur les domaines de mon intervention militante.

    4) Amenzu : Tu es aussi homme d’action. Pourquoi avoir créé le mouvement pour l’autonomie de la Kabylie ?

    Ferhat : Il serait prétentieux de ma part de m’approprier une œuvre collective que réalise le peuple kabyle à travers sa trajectoire particulière pour affirmer son existence et se donner un avenir de paix, de liberté et de fraternité. Nous n’avons créé le Mouvement pour l’Autonomie de la Kabylie, le MAK, qu’après avoir épuisé tous les voies et moyens que nous offre le cadre algérien actuel avec son soubassement despotique oriental et sa couverture idéologique jacobine française. Tant qu’il s’agissait pour nous d’aller en prison pour nos revendications nous l’avions accepté, tant qu’il s’agissait de nous dénier le droit à notre langue et notre identité nous avions continué à croire en une issue positive dans l’ensemble algérien. Tant qu’il s’agissait de discriminations ethniques dont nous étions victimes et dont nous souffrons toujours, nous avions placé nos espoirs en des organisations telles que le FFS ou le RCD, voire le MCB. Depuis qu’en avril 2001 le pouvoir a tiré sur nos enfants dans l’indifférence nationale totale comme l’a superbement chanté OULAHLOU dans son magnifique dernier album, nous avons considéré que l’irréparable était désormais arrivé et qu’un régime qui a tiré une fois sur le peuple kabyle, tirera de nouveau sur lui dès que des conditions similaires à celles de 2001 se présenteront, ce dont, malheureusement, nous sommes persuadés car l’Histoire se répète souvent. Alors, pour mettre nos enfants à l’abri de la violence armée de l’Etat, nous sommes condamnés à donner à la Kabylie les instruments de sa souveraineté locale à travers un statut d’autonomie régionale. Cela lui permettra de poser ses problèmes dans le cadre de ses propres institutions étatiques en relation avec le pouvoir d’Alger, au lieu de la rue où, jusqu’ici, elle a exposé la vie de ses citoyens. Elle aura, ainsi, à gérer sa langue et à assurer son développement économique loin des blocages dont le régime algérien a toujours usé pour briser nos élans en ces domaines.

    5) Amenzu : Où en est la construction d’un mouvement autonomiste en Kabylie ?

    Ferhat : En Kabylie, la revendication d’autonomie, si décriée au début par tous les intérêts établis, a fini par gagner le cœur et la raison. Ils sont rares les villages ou les quartiers dans lesquels nous ne comptons pas de sympathisants ou d’adhérents. Le MAK a réalisé un miracle. Il n’a pas encore abouti mais il est sur la voix du succès.

    6) Amenzu : Des tractations ou des discussions ont lieu entre le pouvoir algérien et les représentants des Ârchs. Qu’en pensez-vous ?

    Ferhat : Pour nous, le dialogue est une vertu cardinale. Aucun conflit moderne ne peut se terminer sans que ceux qu’il met aux prises ne se mettent autour d’une même table. L’erreur de ces délégués « dialoguistes » me parait venir de leur propre trajectoire. Ils étaient les premiers à jeter l’anathème sur tous ceux, nombreux, qui dès le départ avaient prôné le dialogue avec le pouvoir pour sortir de la crise en Kabylie. C’étaient eux, également, qui criaient sur tous les toits que la plate-forme de revendications d’El-Kseur était « scellée et non négociable ». Tout ce temps de douleur et de deuil kabyle n’aurait-il finalement servi que pour des règlements de compte et des questions de leadership au sein des Ârchs ? Il y a de quoi être inquiet quant à l’issue de ces « négociations » et de quoi douter de l’accord intervenu entre les dialoguistes et le pouvoir. Ceci est d’autant plus révoltant que cet accord stipule bien que l’Etat algérien ne reconnaît et n’accepte les 15 points de la plate-forme d’El-Kseur que « dans le cadre des lois de la République Algérienne Démocratique et Populaire ». Autant dire que le régime n’accepte que ce qu’il voudrait bien accepter, c’est-à-dire rien. Je pense aussi que les Ârchs auraient dû arriver à un large consensus entre eux pour entamer ces négociations et exclure tout coup de force par lequel un clan confisquerait le combat de tout un peuple. Il aurait fallu au préalable que le dialogue et les négociations aient d’abord lieu entre les membres des Ârchs mêmes avant de l’être avec le régime en place.

    8) Amenzu : Si la plate-forme d’El Kseur était entièrement acceptée par le gouvernement, y aurait-il encore lieu de demander l’autonomie ?

    Ferhat : La plate-forme d’El-Kseur est le reflet d’un consensus des diverses forces politiques présentes à la réunion tenue, dans la localité dont elle porte le nom, à la veille de la grandiose marche kabyle du 14 juin 2001 à Alger. Elle a eu le mérite de poser certains jalons et de mobiliser la Kabylie pour ses droits. Elle a néanmoins des tracés peu lisibles entre des revendications régionales propres à la Kabylie et des revendications nationales, valables pour l’ensemble de l’Algérie qui n’en demandait pas tant. Bien au contraire. Bref, elle est généreuse. Son manque de réalisme et les idéologies en place ne permettaient pas encore à ses rédacteurs d’avoir pour solution l’autonomie régionale. Elle s’attaquait prioritairement aux effets engendrés par la violence. Elle n’avait pas le temps de réfléchir aux causes des troubles que connaît notre région depuis l’indépendance de l’Algérie. Donc, même si la plate-forme d’El-Kseur est acceptée dans sa totalité, la Kabylie ne sera pas pacifiée politiquement parlant. Le problème numéro un de la Kabylie est qu’elle n’est pas qu’une région parmi tant d’autres mais qu’elle est aussi la première patrie du peuple kabyle. La Kabylie se bat, au fond, pour son existence et sa place dans la direction des affaires du pays à commencer par les siennes propres et non contre ce fumeux slogan fourre-tout, un pur produit de l’arabe algérien, qu’on dénomme « la hoggra ». Le projet d’autonomie régionale, lui, est réfléchi et englobe plus que les quinze points de la plate-forme en question. D’ailleurs à y regarder de près, ces quinze points ne peuvent eux-mêmes être satisfaits que dans le cadre d’une autonomie régionale puisque le reste des régions du payse n’en veulent toujours pas. Le MAK a de l’avenir.

    9) Amenzu : La Kabylie autonome privilégiera-t-elle des relations économiques avec la France et, particulièrement, avec la Bretagne ?

    Ferhat : La Kabylie a une relation quasi charnelle avec la France. La France est son horizon pour très longtemps. Elle n’aime pas son centralisme jacobin mais elle a envie d’avoir ses élites et sa modernité. Elle entend ainsi privilégier ses relations économiques et culturelles avec la France et avec tous les peuples d’Europe et plus particulièrement avec ceux qui endurent de dénis similaires à ceux que vit le peuple kabyle comme le peuple breton. La Bretagne est sœur de la Kabylie par son identité et sa projection dans l’avenir. Mais avant d’en arriver au statut d’autonomie nous pouvons déjà réaliser des jumelages entre villes et communes Kabyles et celles de la Bretagne. Nos hommes d’affaires peuvent dès maintenant échanger des informations sur les opportunités d’investissements dans nos deux régions. Nos chanteurs, nos écrivains, nos sportifs et nos artisans peuvent dès maintenant se tendre la main par-dessus les frontières et les obstacles que dresse le pouvoir algérien à de telles initiatives.

    10) Amenzu : C’est la première fois que tu te produis en Bretagne, que connais-tu de cette région ?

    Ferhat : C’est en fait la deuxième fois que j’aurais le plaisir et l’honneur de me produire sur la scène de cette très belle région. J’ai déjà participé à « la fête du peuple breton » si ma mémoire est bonn, en octobre 1981 à Brest. J’avais chanté juste avant Joe Coocker. Ce samedi 9 avril, je serai à Rennes pour célébrer le printemps berbère et pour une communion entre la Bretagne et la Kabylie. Ce que je connais de la Bretagne est plutôt culturel. C’est avec bonheur que j’avais lu en prison « le cheval d’orgueil » de Jakez Helias et c’est au travers des chansons bretonnes de Stivel, de Tri Yann ou de Gilles Servat que j’ai eu à découvrir vraiment la Bretagne.

    11) Amenzu : Ton dernier mot.

    Ferhat : Vive la Bretagne et vive la Kabylie

    Paris le 03/04/2005

     






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